Caractérisation physico-chimique de l’huile de graines de Moringa oleifera Lam. (Moringaceae)

La cosmétologie est un art aussi ancien que l’humanité. Toutefois depuis quelques années, elle devient une science précise et rigoureuse avec de nouvelles technologies qui font évoluer la gamme des prestations. Ce secteur industriel aussi puissant que l’industrie pharmaceutique diffuse ses produits dans le monde entier. La tendance actuelle est au bio et à l’utilisation d’actifs naturels.

Parmi les plantes sources d’actifs, Moringa oleifera Lam., un arbre tropical largement cultivé pour ses nombreuses applications nutritionnelles et thérapeutiques se démarque. En effet, ses feuilles et ses graines sont très prisées. La graine produit une huile végétale similaire à l’huile d’olive par sa composition chimique, riche en tocophérols et acide oléique (Gharsallah et al., 2020). Selon Gué et al.,(2017), son taux élevé d’acide oléique lui confère des effets bénéfiques pour la santé en réduisant le cholestérol et les maladies cardiaques. En cosmétologie, elle entre aussi dans la fabrication des savons et est également intéressante dans l’industrie des parfums pour stabiliser les senteurs (Louni, 2009). Cependant, malgré les investigations menées sur Moringa oleifera, les propriétés de cette huile sont méconnues dans nos contrés. L’avenir de l’industrie se tourne sur la valorisation des plantes et la recherche de bioactifs remplaçant le synthétique. C’est dans ce cadre que nous avons choisi de mener cette étude qui a pour objectif général de contribuer à une meilleure valorisation de l’huile des graines de Moringa oleifera. Les objectifs spécifiques de cette étude sont d’extraire l’huile des graines de M. oleifera, de déterminer ses caractéristiques physico-chimiques et de formuler un savon et une émulsion à base de cet actif d’origine végétale.

Moringa oleifera Lamarck 

Synonymes, taxonomie et dénominations

➤ Synonymes
D’après la Pharmacopée OOAS (2013), Moringa oleifera a pour synonymes : Moringa pterygosperma Gaem Moringa aptera .

➤ Classification systématique
Règne : Plantae
Sous-règne : Tracheobionta
Super-division : Spermatophyta
Division : Magnoliophyta
Classe : Magnoliopsida
Sous-classe : Dilleniidae
Ordre : Capparales
Famille : Moringaceae
Genre : Moringa
Espèce : Moringa oleifera (Lamarck)

➤ Noms communs
En français : Arbre de raifort, Arbre à baguette, Arbre d’huile de Ben, Arbre miracle, Arbre clarificateur, Arbre de Kelor, Meilleure amie de la mère
En anglais: West Indian tree
Drumstick tree: pour rappeler la forme du fruit qui ressemble à une baguette
Never die tree: immortel, en référence à sa capacité de résistance à la sécheresse, à son aptitude à se propager rapidement à partir de semis ou de boutures et à se régénérer même après des coupes très sévères (Malo, 2014)
En arabe: Rawag Shagara Al Ruwag (Sattah et al., 2019).

➤ Noms vernaculaires :
Moringa oleifera est un arbre qui est connu sous diverses appellations :
Wolof: Nébéday
Serère: Sap sap, Mbum (Kerharo et Adam, 1974)
Mooré: Arzan tiga
Dioula: ArdjinaYiri
Bambara: Nevrede
Malinké: Séguiné
Peul (fulfudé Burkina Faso): Gilgandja
Eve (Togo): Yovovigbé
Dagari (Ghana): Zangala (Pharmacopée OOAS, 2013)
Fon (Benin): Kpadjima, Yovovi (Adjanohoun, 1989).

Répartition géographique et écologie 

Moringa oleifera est une espèce originaire des Indes. Aujourd’hui, elle a une extension géographique très développée et on la retrouve dans la plupart des pays subtropicaux ou tropicaux. Elle peut être cultivée comme une plante annuelle ou sous serre en zone tempérée. Dans le continent américain, on la retrouve aux États-Unis d’Amérique spécialement dans le Sud de la Floride, en Californie, au Pérou, au Paraguay et au Brésil (Agroconsult, 2016). Dans la sous-région ouest africaine, cette espèce est plus importante dans les territoires relativement arides car dotée d’une résistance à la sécheresse. Toutefois elle se développe mieux dans des sols gardant une certaine humidité surtout au début de sa croissance et par la suite peut survivre sans arrosage. Moringa oleifera est intolérante à l’engorgement des sols et produit moins de feuillage lorsqu’elle est en permanence sous stress hydrique (Pharmacopée OOAS, 2013). Ce qui pourrait expliquer le fait que dans certains pays du centre de l’Afrique Centrale comme le Gabon, elle ne pousse pas naturellement mais est importée. Très peu exigeante quant au sol, elle est répandue au Burkina Faso. Au Sénégal, elle est cultivée dans les villages surtout aux environs de Dakar et en Casamance (Kerharo et Adam, 1974).

Description botanique 

Port

Moringa oleifera est généralement présentée comme un arbre tropical vivace de petite ou moyenne taille pouvant atteindre 12 m de haut (Pharmacopée d’Afrique de l’Ouest, 2013). A maturité, ses branches sont retombantes avec un tronc à écorce brunâtre ou grisâtre . Les branches poussent de manière désorganisée et la canopée est en forme de parasol (Boussoufa, 2018). Sa tige est fragile mais ses racines tubéreuses ont tendance à être profondes. M. oleifera est couramment cultivée dans certains pays africains comme barrière vivante.

Feuilles
Les feuilles coriaces sont de couleur vert foncé sur la face supérieure et vert pâle presque mauve sur la face inférieure. Elles sont composées, tripennées à la base et bipennées au sommet; comptent jusqu’à neuf folioles pétiolées comme illustre la figure 2. On distingue une grande variété de taille entre 0,7-5,3 cm de long et 0,3 à 3,6 cm de large. Ses feuilles opposées présentent une marge entière de formes allant d’elliptique à ovale (Pharmacopée OOAS, 2013).

Fleur
Les fleurs mesurent 2,5 cm de large et se présentent sous forme de panicules axillaires et tombantes de 10 à 25 cm. Elles sont généralement abondantes et dégagent une odeur agréable. Elles sont blanches ou couleur crème, avec des points jaunes à la base . Les sépales, au nombre de cinq, sont symétriques et lancéolés. Les cinq pétales sont minces et spatulés, symétriques à l’exception du pétale inférieur, et entourent cinq étamines (Louni 2009).

Fruit
Les fruits sont des capsules pendantes, vertes quand elles sont jeunes et brunes à maturité comme le montre la figure 2. De forme triangulaire, les capsules sont effilées aux deux extrémités et mesurent 30 à 120 cm de long sur 1,8 cm de large. Lorsqu’il est sec, le fruit se fractionne sur la longueur en 3 parties pour laisser découvrir les graines (Pharmacopée OOAS 2013)

Graines
Chaque capsule contient entre 12 et 35 graines. Les graines sont rondes, avec une coque marron semi-perméable. La coque présente trois ailes blanches qui s’étendent de la base au sommet à 120 degrés d’intervalle. Un arbre peut produire 15000 à 25000 graines par an. Une graine pèse en moyenne 0,3 g et la coque représente 25% du poids de la graine (Louni 2009).

Ces différents organes de la plante renferment des composés chimiques très diversifiés.

Composition chimique

➤ Les feuilles
Les feuilles de M. oleifera sont riches en stérols et triterpènes (terpénoïdes), en caroténoïdes, en acides aminés essentiels, en flavonoïdes, en tanins, en sucres et en fibres. Millogo et al. (2012) ont montré la présence de nutriments tels que le calcium, le magnésium, le cuivre, le zinc, le fer, le potassium, les vitamines A, B et C dont les proportions .

➤ Les graines
Les études menées par Khayra et al. (2020) ont montré la présence de terpénoïdes et tanins dans les graines de M. oleifera. Riches en lipides (30 à 42 %), elles sont source de protéines, de glucides, de cadnium, de cuivre, de magnésium, de plomb et de zinc. Plusieurs composés bioactifs ont été isolés à partir de la graine comme les glucosinolates, les isothiocyanates et les hémagglutinines (Louni, 2009 ; Yehe et al., 2019). La composition en acides gras de l’huile de Moringa est similaire à celle de l’huile d’olive. Dans sa composition on remarque la présence d’acides gras saturés : acide palmitique (6,4 % des acides gras totaux), acide stéarique (4,2 %) mais aussi d’acides gras essentiels tels que les acides oléique (77,3 %), linoléique (10,8 %) et linolénique (1,3 %) (Decottignies et al., 2014). D’après Gharsallah et al. (2020), l’huile de graines contiendrait également des taux élevés de tocophérols (thea tocophérol 51%) avec un marqueur dominant de stérolsitostérol. L’huile de Moringa est utilisée pour ses vertus dues à sa teneur en vitamines et en minéraux. Elle pénètre facilement dans la peau, en améliore l’apparence et l’éclat grâce à sa teneur en vitamine A qui contribue à bâtir le collagène de la peau et stimule le renouvellement cellulaire pour une action réparatrice des peaux sèches et irritées. Elle a un effet anti-âge reconnu en réduisant les rides et les ridules grâce à sa teneur en vitamines C et E (Agroconsult, 2016).

➤ Autres constituants chimiques
Les fleurs se sont révélées riches en potassium, en calcium, en kaempférol et en quercétine. L’écorce du tronc contient majoritairement un alcaloïde (moringinine) et la tige de la vanilline (Louni, 2009). La racine quant à elle renferme de l’athomine et de la pteryospermine qui sont des antibiotiques (Diop et al., 2018). D’après Anwar et al. (2007), Moringa oleifera fournit une rare phytohormone: la zéatine.

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Table des matières

INTRODUCTION 
I. Moringa oleifera Lamarck
I.1. Synonymes, taxonomie et dénominations
I.2. Répartition géographique et écologie
I.3. Description botanique
I.3.1. Port
I.3.2. Feuilles
I.3.3. Fleur
I.3.4. Fruit
I.3.5. Graines
I.4. Composition chimique
I.5. Activités biologiques
I.5.1. Activité anti-hypertensive
I.5.2. Activité antidiabétique
I.5.3. Activité antibactérienne
I.5.4. Activité antioxydante
I.5.5. Autres activités
I.6. Usages
I.6.1. Alimentation
I.6.2. Médecine traditionnelle
I.6.3. Autres usages
II. GENERALITES SUR LES HUILES VEGETALES
II.1. Définition et composition
II.1.1. Alcools
II.1.2. Acides gras
II.2. Procédés d’obtention des huiles végétales
II.2.1. Prétraitement
II.2.2. Extraction
II.2.3. Raffinage
II.3. Propriétés physiques des huiles végétales
II.3.1. Propriétés physiques générales
II.3.2. Densité et indice de réfraction
II.4. Indices chimiques des huiles
II.4.1. Indice de peroxyde
I.4.1.1. Définition
I.4.1.2. Principe
II.4.2. Indice d’iode
II.4.2.1. Définition
II.4.2.2 Principe
II.4.3. Indice d’acide
II.4.3.1. Définition
II.4.3.2. Principe
II.4.4. Indice de saponification
II.4.4.1. Définition
II.4.4.2.Principe
II.4.5. Indice d’ester
III. EMULSIONS
III.1. Définition et caractéristiques
III.2. Instabilité
III.2.1. Taille des gouttelettes
III.2.2 Migration des gouttelettes
III.3. Stabilisation des émulsions
III.3.1. Epaississants
III.3.2. Tensioactifs
III.3.2.1. Tensioactifs ioniques
III.3.2.2. Tensioactifs non ioniques
III.4. Contrôle de qualité de l’émulsion
IV. SAVONS
IV.1. Quelques types de savon
IV.1.1. Savon noir africain
IV.1.2. Savon glycériné transparent
IV.2. Méthode de fabrication
IV.2.1. Phase grasse
IV.2.2. Phase aqueuse
IV.2.3.Procédés
IV.2.3.1. Saponification à froid
IV.2.3.2. Saponification à chaud
IV.2.3.3. Fabrication à partir de base de savon
IV.3. Caractérisation du savon
IV.3.1. Détermination du pH
IV.3.2. Détermination du taux d’humidité
CONCLUSION

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