Origine du lapin
Historiquement, le lapin sauvage (lapin de Garenne) fut « découvert » en Espagne vers l’an 1 000 avant notre ère par les Phéniciens et aurait été disséminé par les Romains dans leur empire comme gibier et consommé au stade de fœtus ou de nouveau-né sous le nom de laurice. C’est l’unique espèce domestiquée appartenant à l’ordre des Lagomorphes (Lebas, 2002). Plus tard, les moines consommaient également les laurices en période de carême. C’est grâce à eux que la domestication du lapin de garenne s’est poursuivie et que la cuniculture s’est répandue dans d’autres pays d’Europe Centrale et Orientale. Pour habitation Varon (6-27 avant notre ère), préconisait de garder les lapins dans des leporaria, parcs murés dans lesquels on conservait aussi des lièvres et autres gibiers afin d’en faciliter la chasse (Lebas et al., 1984). C’est au début du XIX è siècle que l’élevage de lapin en clapier se développa et que le lapin fut disséminé dans le monde entier par les européens.
Principales races
Les races cunicoles se classent en fonction du format ou de la nature des poils (Hanne, 20 Il). Selon le format nous avons:
. Races géantes
•Elles ont un bon potentiel de croissance. De grand format, ces races atteignent 6 à 8 kg à l’âge adulte. Pour ces animaux, l’entrée en reproduction peut se faire vers 5 à 6 mois. On distingue plusieurs races: le Géant Anglais, le Géant Blanc, le Géant des Flandres, le Géant Papillon, le Bélier Français etc.
. Races moyennes : Les races moyennes ont une vitesse de croissance élevée et un important développement musculaire tout comme les races géantes. Cependant, de par leur conformation, ces animaux sont adaptés à la vie en cage contrairement aux races géantes. Leur poids vif adulte est de 4 à 5 kg et les reproducteurs sont accouplés vers 4 à 5 mois. Dans cette catégorie, figurent des races qui ont une prolificité élevée et de bonnes aptitudes maternelles: la Fauve de Bourgogne, le Néo-Zélandais, le Californien, l’Argenté de Champagne etc.
. Petites races : Ce sont des animaux de petit format. Mais les lapines appartenant à ces races possèdent, malgré tout, de bonnes aptitudes maternelles. En plus, leurs besoins alimentaires sont plus faibles que ceux des autres races. Leur développement corporel est très précoce ce qui veut dire que ces lapins atteignent l’âge adulte plus rapidement que les animaux de races plus lourdes. Les lapins de ces races pèsent 2 à 3 kg de poids vif à l’âge adulte et peuvent être mis à la reproduction à partir de 3 à 5 mois. En ce qui concerne leur chair, elle est fine et excellente. Parmi ces races on distingue: la Havane, l’Argenté Anglais, [e Papillon Anglais, le Rex, le Sussex, le Petit Russe, le Petit Chinchilla, le Hollandais, le Havane Français, la race locale du Burkina etc.
. Races très petites : Ces races ont un poids adulte de [‘ordre de 1 kg. La prolificité est faible de même que la vitesse de croissance. On les utilise essentiellement pour la sélection sportive et pour des besoins expérimentaux. On distingue: le Bélier Nain, le Nain Angora etc.
Race bo bo
Elle est issue de croisements entre les races importées par le « Projet Lapin» en 1980 (Néo-Zélandais, lignée synthétique Z, Géant, Blanc) pour leur aptitude à la croissance et la race locale pour sa rusticité (3/8 locale, 1/4 lignée Z, 1/8 Néo- zélandais, 1/4 Géant blanc). Les croisements ont abouti à la création de lapins intermédiaires qui sont mieux adaptés aux conditions locales et assez performants. Ils ont été baptisés race bobo en 1987, susceptibles d’une supériorité zootechnique par rapport à la race locale car bénéficiant de la vigueur hybride. Ces lapins ont un format moyen, la couleur de la robe est aussi variée comme chez le lapin de race locale, la peau épaisse, les poils denses, lesoreilles plus longues et plus larges que celles de la race locale (Ouattara, 1989).
Technique d’accouplement
Une bonne reproduction ne nécessite qu’un seul mâle pour 7 à 8 femelles ou plus, mais dépend aussi de l’intensité des saillies, de la chaleur de la femelle, du stress, de l’âge du mâle, de l’état nutritionnel de l’animal, etc. L’accouplement doit s’effectuer pendant les périodes les plus fraîches de la journée, c’est-à dire tôt le matin ou tard dans la soirée. En élevage cunicole, la saillie a toujours lieu dans la cage du mâle. Mais avant que la femelle y soit introduite, il est nécessaire de contrôler son état de santé et d’observer sa vulve pour savoir si elle est en phase de chaleur. Une vulve rouge signifie qu’elle est en chaleur et prête à être saillie. On constate que la saillie a vraiment eu lieu si, après avoir monté la femelle, le mâle retombe sur le côté ou en arrière. Souvent, il (et non elle) pousse aussi un cri caractéristique (Mavinga et al., 1991)
Importance socioéconomique du lapin
Les lapins sont destinés soit à l’autoconsommation, soit à la commercialisation. Ces deux phénomènes ont une importance comparable mais l’autoconsommation domine dans les pays en voie de développement. Toutefois, dans certains de ces pays comme le Cameroun, les éleveurs préfèrent plutôt vendre les animaux que de les consommer en raison du prix rémunérateur qu’ils en tirent (Fagbohoun, 2006). La commercialisation des lapins produits est réalisée sous différentes formes: lapins vivants; lapins abattus mais sans aucune présentation; carcasse ; découpe et présentation sous barquette; lapin congelé. La commercialisation est assurée par les marchés, les boucheries traditionnelles. A côté de la viande, le lapin peut assurer la fourniture d’autres produits, qui selon les cas, constituent la production principale ou un sousproduit améliorant la rentabilité de l’élevage: poil, peau du lapin Rex en particulier (dans l’industrie de la couperie pour la fabrication de feutre destiné à la confection de chapeaux ou d’engrais, dans l’industrie de la pelleterie pour la fabrication des gants), fumier et sQus-produit d’abattage. Par ailleurs, le lapin est utilisé comme animal de laboratoire et animal de compagnie. Avec une production mondiale de poils d’environ 10 000 tonnes/an, il constitue la troisième de ces fibres spéciales derrière la soie (72 000 tonnes/an) et le mohair produit par la chèvre angora (22 000 tonnes/an) (Fagbohoun, 2006)
Caractéristiques socioéconomiques des élevenrs
Il ressort de cette étude que les éleveurs lapin sont pour la plupart de sexe masculin, célibataires, mossi dont l’âge est compris entre 12 à 67 ans, avec une prédominance de jeunes. Ils n’ont pas bénéficié de formation en cuniculture. Ce constat est conforme aux résultats de Guindjoumbi (2007) scion lequel, ce sont les jeunes de sexe masculin n’ayant pas suivi de formation en cuniculture qui pratique l’élevage des lapins au Sénégal. Cet élevage de lapin n’est pas fonction de la religion comme l’ont rapporté (Djago et Kpodekon, 2007) au Bénin. De plus, les éleveurs sont dans leur majorité des élèves et étudiants avec une expérience de moins de 5 ans. Leur situation socioéconomique explique l’absence de professionnalisme dans le traitement des animaux. Ce sont des initiatives qu’il faut soutenir pour le développement de cette filière et l’autosuffisance nationale en protéine animale.
Caractéristiques de l’élevage
Il ressort de cette enquête que la cuniculture au Burkina Faso est encore au stade familial. Les exploitations se trouvent non loin des habitations humaines voire dans les habitations. Les races locales et la race bobo sont les plus utilisées par les éleveurs. Les éleveurs sont motivés par la passion et la rentabilité économique. D’autres animaux comme la volaille et les petits ruminants sont associés à la cuniculture. Ces résultats sont similaires à ceux de Ranne (2011) au Sénégal. En matière de reproduction, il a été constaté que le choix du reproducteur au démarrage de l’élevage se fait rarement sur la base de croisements génétiques de souches et de formats précis. En général, pour la mise en place de leur clapier, les éleveurs achètent les reproducteurs au niveau d’autres exploitations ou bien les reçoivent sous forme de don ou encore par héritage familial. Mise à part les mises-bas dans les terriers, [‘effectif total des lapins dans les élevages enquêtés est de 589 lapereau~ non sevrés, 866 lapereaux en croissance et 1253 lapins adultes. La quasi-totalité des cuniculteurs pratiquent le système extensif. Cela pourrait être expliqué par la non maitrise des techniques d’élevage et le manque de formation en cuniculture. En général, les animaux ne sont pas logés dans de bonnes conditions. En effet, la majorité d’entre eux occupent des bâtiments traditionnels voire des cages disposées sur la terre ou en liberté dans les habitations. Ces résultats corroborent les observations de Kpodekon (1988) sur les élevages traditionnels au Bénin. Le respect du calme et de la densité des animaux n’est pas toujours observé. Dans les cas où un bâtiment existe, il est mal entretenu du fait des difficultés de nettoyage et de désinfection. Il en résulte, l’accumulation des poussières et de l’ammoniac qui serait responsable de pathologies cutanées et respiratoires récurrentes; la même observation a été faite par Djago et Kpodekon, 2007) au Bénin. La majorité des cuniculteurs utilisent comme matériels d’élevage des mangeoires (en matériel d’usager, de poterie et de menuiserie), des abreuvoirs (en matériel d’usager, de ménage usager et de poterie) et des nids (en terre cuite et des canaris de poterie). D’une manière générale, les éleveurs ne maîtrisent pas les données économiques de leur exploitation pouvant leur permettre d’apprécier la rentabilité ou non de cette spéculation. La plupart des éleveurs n’ont pas de clientèles potentielles comme les supermarchés, les hôtels et les restaurants. De ce fait, au niveau des exploitations le lapin est soit vendu sur pied /tête dans la plupart des cas ou au kilogramme. L’animal est acheté sur pied entre 2000 et 2500 FCFA /kg et une moyenne de 2250 FCFA. Ceci est presque similaire avec les résultats de Hanne (2011) qui montre que le prix de vente par kg varie entre 2600F CFA et 5DDDf CFA avec une moyenne de 3700F CFA au Sénégal. Le prix de vente sur pied! tête varie d’un producteur à un autre et en fonction de l’âge de l’animal; les jeunes lapins ont un prix variant de 1500 à 5000 FCFA avec une moyenne de 2083 FCFA et celui des adultes varie de 1500 à 7000 FCFA avec une moyenne de 2250 FCFA. Cependant, il faut noter que, le lapin se vend bien dans les zones nord et sud soudanienne où le prix attient respectivement 7000 et 6000 FCFA l’unité. Ce constat peut s’expliquer par le niveau de vie élevé dans les grandes villes comme Ouagadougou et Bobo-Dioulasso. La santé des animaux est un point très primordial sur l’ensemble des élevages. Les mesures d’hygiène dans les clapiers ne sont pas respectées. En effet, il n’existe pas un planning journalier de travail, prenant en compte les différentes opérations (production, alimentation, hygiène, administration). Par ailleurs, les pathologies les plus fréquemment suspectées sont les pathologies digestives suivies de celles cutanées. En effet, les troubles digestives et cutanées (gale, diarrhée et les abcès) sont au premier plan des pathologies. Cela peut s’expliquer par le manque d’hygiène, de nettoyage et de désinfection des habitats des lapins puis par le type d’aliments frais qui sont mal conservés. Les pathologies digestives peuvent s’expliquer par la distribution d’aliments non spécifiques ou mal conservés. La mortalité avant sevrage est la plus fréquente. Le traitement vétérinaire n’est pas exclusivement utilisé car bon nombre des éleveurs n’ont pas accès au service d’élevage par ignorance ou par manque de moyen. Sur le plan alimentaire, le constat général est qu’ils n’utilisent pas de rations équilibrées. Or on sait que selon le stade physiologique les besoins nutritionnels diffèrent. Le type d’aliment utilisé, le fourrage vert, les sous-produits agricoles (son, fanes d’arachide et niébé), les feuilles de ligneux (manioc, manguier) et les restes de cuisine n’est pas confonne à celui préconisé par Loucoumana (1997). Celui-ci propose plusieurs types d’aliments complets granulés en fonction du stade physiologique de l’animal et du type de production. Cependant, l’usine de production d’aliment pour bétail du CPAVI ne propose qu’une seule formule alimentaire qui, en plus, semble trop chère pour beaucoup d’éleveurs.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE: SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
CHAPITRE 1: GENERALITES SUR LE LAPiN
1.1. Ethnologie
1.1.1. Origine du lapin
1.1.2. Systématique
1.2. Description de lapin
1.3. Principales races
1.4. Races de lapin exploitées au Burkina Faso
1.4.1. Race locale
1.4.2. Race bobo
1.4.3. Races étrangères
1.5. Besoins nutritionnelles du lapin
1.5.1. Besoin en eau
1.5.2. Besoin en énergie
1.5.3. Besoin en Iipides
1.5.4. Besoin en Minéraux et en Vitamines
1.5.5 Besoin en matières azotées
1.5.6 Besoin en cellulose
1.5.7. Besoin en amidon
1.5.8. Besoin en fibres
1.6. Différents types d’aliments pour lapin
1.6.1 Type traditionnel
1.6.2. Type modernisé
1.7. Reproduction chez le lapin
1.7.1. Reproduction chez le mâle
1.7.1.1. Age de la puberté
1.7.1.2. Technique d’accouplement
1.7.2. Reproduction chez la femelle
1.7.2.1. Age de la puberté et maturité sexuelle
1.7.2.2. Rythme de reproduction
1.7.2.2.1. Rythme intensif
1.7.2.2.2. Rythme semi-intensif
1.7.2.2.3. Rythme extensif
1.7.2.3. Détermination des sexes
CHAPITRE Il: GENERALITES SUR LA CUNiCULTURE
2.1. Importance socioéconomique du lapin
2.2. Importance agronomique des déjections du lapin
2.3. Elevage de lapin
2.3.1. Bâtiment
2.3.2. Matériels
2.3.2.1. Cages
2.3.2.2. Mangeoires
2.3.2.3. Abreuvoirs
2.3.2.4. Boîtes à nid
2.3.3. Alimentation
2.3.4. Santé
DEUXIEME PARTIE: ETUDE EXPERIMENTALE
CHAPITRE 1 : MATERIEL ET METHODES
1.1. Présentation de la zone d’étude
1.1.1. Zone nord sahélienne
1.1.2. Zone sud sahélienne
1.1.3. Zone nord soudanienne
1.1.4. Zone sud soudanienne
1.3. Méthode d’échantillonnage
1.4. Définition des paramètres mesurés dans l’étude
1.5. Matériel et collecte de données
1.6. Traitement et analyse des données
CHAPITRE Il : RESULTATS ET DISCUSSION
2.1. RESULTATS
2.1.1. Caractéristiques Socioéconomiques
2.1.1.1. Statut socioéconomique des éleveurs
2.1.1.1.1. Genre, âge, statut matrimonial et religion des cuniculteurs
2.1.1.1.2. Ethnie des éleveurs
2.1.1.1.3. Activités socio-professionnelle et expérience des éleveurs
2.1.1.1.4. Niveau d’étude des producteurs et formation en cuniculture
2.1.1.2. Pratique de J’élevage par les ménages
2.1.1.2.1. Animaux élevés et motivation des cuniculteurs
2.1.1.2.2. Modes d’acquisition des premiers reproducteurs, modes d’élevage, raisons des prélèvements des lapins et taille du cheptel des exploitations
2.1.1.2.3. Types d’habitat et de matériel d’élevage rencontrés dans les exploitations
2.1.1.2.3. Prix de vente des lapins
2.1.1.3. Gestion de la reproduction
2.1.1.4. Conduite sanitaire
2.1.1.4.1. Principaux signes de maladies des lapins
2.1.1.4.2. Modes de prévention des maladies
2.1.1.4.3. Causes de mortalités des lapins
2.1.1.4.4. Ressources alimentaires disponibles pour lapin
2.1.1.5. Principales contraintes dans la chaine de production du lapin
2.1.2. Caractéristiques phénotypiques
2.1.2.1. Caractéristiques qualitatives
2.1.2.1.1. Nature et Longueur des poils
2.1.2.1.2. Structure et Forme des poils
2.1.2.1.3. Motifs de la robe
2.1.2.1.4. Couleur du pelage
2.1.2.1.5. Types de queue, profil de la tête, type d’oreille et visibilité des irrigations sanguines des oreilles
2.1.2.1.6. Couleur des yeux, de la peau et des griffes
2.1.2.2. Caractéristiques quantitatives
2.1.2.2.1. Comparaison entre sexe
2.1.2.2.2. Comparaison des mensurations entre zones agroécologiques
2.1.2.2.3. Comparaison des mensurations entre sexe et zones agroécologiques
2.2. DISCUSSION
2.2.1. Caractéristiques socioéconomiques des éleveurs
2.2.2. Caractéristiques de l’élevage
2.2.3. Caractéristiques phénotypiques
2.2.3.1. Caractéristiques qualitatives
2.2.3.2. Caractéristiques quantitatives
2.2.3.2.1. Selon le sexe des lapins
2.2.3.2.2. Selon les zones agroécologiques
CONCLUSION
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