MILIEU PHYSIQUE
L’altitude de la NAP Antrema varie de 0 à 89 m et la partie la plus élevée se trouve à l’Est. A l’Ouest, l’altitude ne dépasse pas les 20 m et baisse progressivement vers la mer (RAZAFIMAHEFA, 2001). La NAP est constituée d’un bassin sédimentaire formé par une succession de formations monoclinales s’étendant du Karoo à l’actuel. Les plaines alluviales sont les éléments les plus marquants du paysage. Les alluvions occupent les fonds des vallées, les plaines internes, en bordure des estuaires et des deltas (BESAIRIE, 1966). Le réseau hydrographique est constitué par des lacs et des rivières. Le lac Sahariaka est le plus important. Il y a trois principales rivières : Andranomasabo, Ambatolafia et Antsoherimasiba qui se jettent toutes dans le canal de Mozambique (GAUTHIER et al., 2000). La zone côtière est soumise au balancement des marées. Le bassin de Mahajanga bénéficie d’un climat tropical sec de l’Ouest, caractérisé par untemps chaud en toutes saisons. Ce domaine subit l’alternance d’une sécheresse hivernale et des pluies estivales (DONQUE, 1975). Les températures moyennes mensuelles varient de 24,7 °C (en juillet) à 28,8 °C (en février) et les moyennes annuelles atteignent 25-26 °C près de la côte. La température maximale mensuelle peut monter jusqu’à 33,4 °C au mois de novembre. La température minimale mensuelle se situe au mois d’août avec une valeur pouvant baisser jusqu’à 18 °C. La moyenne de la pluviosité totale annuelle est de l’ordre de 1497,7 mm, repartie sur 83 jours. La saison sèche, qui se situe d’avril à octobre, se caractérise par des précipitations mensuelles d’environ 12,28 mm. Les précipitations mensuelles sont élevées de décembre à février, pouvant aller jusqu’à 532,1 mm en janvier et le minimum de précipitation a été enregistré en août avec une valeur de 0,5 mm. L’humidité relative est très élevée durant la saison des pluies ; elle peut dépasser les 80 % en février et peut descendre jusqu’à 60 % en août. La valeur moyenne annuelle est de l’ordre de 71 %. Cette région est soumise à deux vents dominants:
la mousson venant du nord-ouest qui souffle d’octobre à avril apportant une forte précipitation pendant cette période.
l’alizé : vent du sud-est soufflant de mai à septembre, avec ses masses d’air chaud et sec dues au phénomène de Foehn.
Flore et végétation
La NAP Antrema appartient au domaine de l’Ouest (HUMBERT, 1955) et est comprise dans la zone éco floristique occidentale de basse altitude de 0 à 800 m (RAJERIARISON et FARAMALALA, 1999), dont la végétation climacique est constituée par une forêt dense sèche semi-caducifoliée de la série à Dalbergia, Commiphora et Hildegardia. Une diversité de formations végétales peut être caractérisée en fonction de la variation topographique et pédologique du milieu (RANDRIANJAFY, 1999). Ainsi, on peut distinguer :
Les forêts denses sèches qui se développent sur les sols ferrugineux et sur les dunes. Elles ont un caractère caducifolié, si bien que leur physionomie change complètement selon les saisons (PETIT, 1995).
Les fourrés arbustifs à Euphorbia qui occupent les sols sableux.
Sur les plateaux, on rencontre une vaste étendue de savane à Bismarckia nobilis constituées de plantes herbacées surtout graminéennes avec quelques éléments ligneux.
Les mangroves occupent les sols vaseux halomorphes des estuaires et les zones littorales à sols sablo-vaseux.
Les formations marécageuses constituées par Raphia farinifera (ARECACEAE) et Ravenala madagascariensis (STRELITZIACEAE).
Inventaire floristique
L’inventaire floristique permet de déterminer et de connaitre toutes les espèces de plantes qui sont présentes dans le site d’étude, afin d’obtenir la liste floristique et les autres caractéristiques des espèces végétales de la NAP Antrema. Les récoltes itinérantes et systématiques des spécimens fertiles lors de la prospection et pendant les inventaires à l’intérieur des parcelles de relevés ont permis d’inventorier toutes les espèces existantes. Les échantillons collectés ont été séchés en herbier, identifiés par des spécialistes puis vérifiés au niveau des herbaria de la MBEV et de Tsimbazaza (herbarium TAN). Les paramètres floristiques sont choisis pour avoir la liste floristique et les autres caractéristiques des espèces végétales. Ces paramètres sont :
Nom vernaculaire : le nom de la plante selon le dialecte local ;
Nom scientifique : le nom attribué selon les lois internationales régissant la nomenclature botanique ;
Phénologie : elle permet de déterminer l’état de développement de la plante pendant la période d’étude (en état végétatif, en période de floraison, en période de fructification) ;
Types biologiques : établis par RAUNKIAER (1905) et adaptés aux types tropicaux par LEBRUN (1947) en fonction de la position et du degré de protection des bourgeons pendant la mauvaise saison. Ce sont :
o Phanérophytes : arbres et arbustes dont les bourgeons se situent à plus de 0,5 m de la surface du sol.
Trois subdivisions peuvent être distinguées :
Mésophanerophytes (mP): 8 m < h < 30 m ;
Microphanérophytes (mp) : 2 m < h < 8 m ;
Nanophanérophytes (np) : 0,5 m < h < 2 m.
o Chaméphytes (Ch) : herbes et plantes subligneuses dont les bourgeons se situent à moins de 0,5 m du sol.
o Epiphytes (E) : plantes qui vivent fixées au niveau des troncs à différentes hauteurs suivant leurs exigences écologiques.
o Lianes (L) : (ligneuses ou herbacées) plantes grimpantes qui fleurissent à la même hauteur que les arbres.
Caractères floristiques
a. Richesse floristique globale : Dans les deux sites d’étude, l’identification des échantillons d’herbiers issus des neuf relevés a permis de recenser 115 espèces, réparties dans 86 genres et 52 familles (Annexe I). Deux familles endémiques de Madagascar représentées par Asteropeia micraster de la famille des ASTEROPEIACEAE et Rhopalocarpus similis de la famille des SPHAEROSEPALACEAE ont été identifiées.
b. Types biologiques et caractères biologiques : La répartition par type biologique des espèces présentes dans les sites d’étude montre que les phanérophytes sont les plus abondants ; les microphanérophytes sont les mieux représentés avec un taux de 53 % (Fig. 6) ; par contre, les épiphytes et les chaméphytes sont moindres. Étant soumises à des conditions climatiques et écologiques sévères, les espèces manifestent des particularités biologiques, telles que :
Caducifolie : s’exprime par la chute des feuilles durant la saison sèche. La plupart des arbres et arbustes sont affectés de ce phénomène tel est le cas de Diospyros ferrea ;
Epiphytisme : se manifeste par l’utilisation d’une autre plante comme support. Sa présence est faible due à des conditions climatiques très sévères. Les espèces appartiennent surtout à la famille des ORCHIDACEAE comme Sobennikofia humbertiana (orchidée endémique)
Lianescence: c’est un type d’adaptation de la plante pour avoir le maximum de lumière ; la longueur des tiges peut atteindre la voûte de la strate supérieure. C’est le cas de Vanilla madagascariensis (Photo 2) ;
Parasitisme : c’est le cas de Cassita filiformis qui puise des éléments nutritifs d’une autre plante servant de support ;
Pachycaulie : se rencontre chez les individus à tige renflée et gorgée d’eau. Ce système constitue une réserve pendant la période où l’eau manque. C’est le cas des Pachypodium spp (Photos 3 et 4) ;
Sclérophyllie: se définit par le durcissement des feuilles comme le cas de Terminalia taliala (Photo 5).
Remarques méthodologiques
Malgré la durée limitée du travail, des données floristiques, structurales et écologiques de la végétation ont été collectées. Ceci a été possible grâce à l’utilisation des méthodes. Pourtant, certains sites cibles n’ont pas pu être prospectés à cause de l’inaccessibilité et l’insécurité (l’extrême sud de la NAP Antrema). Pour la potentialité en stockage de carbone de la forêt d’Antrema, la présente recherche s’est basée uniquement sur l’estimation de la biomasse aérienne et racinaire selon les données obtenues. Toutefois, l’idéal serait de prendre en compte et de mesurer les autres composantes essentielles telles que la biomasse de la litière, du sol.Donc, le résultat obtenu pour cette étude peut être considéré comme un résultat préliminaire, surtout sur la potentialité en stockage de carbone de la forêt dense sèche.
RECOMMANDATIONS
Afin d’améliorer les études à venir et pour corriger les points faibles méthodologiques de l’étude à venir, quelques recommandations sont nécessaires :
Dans l’étude de la forêt dense sèche du sud d’Antrema, il serait intéressant de :
Disposer de plus de temps afin d’effectuer des relevés pour avoir des données statistiquement plus représentatives et valables.
Mener des études de plus en plus approfondies sur la flore dans l’ensemble de la forêt
Evaluer le stock de carbone dans les feuilles, les litières et le sol, des analyses au laboratoire sont à recommander.
Dans le but de renforcer la conservation et la protection de la forêt de la NAP Antrema, il faut :
Renforcer la surveillance des côtes situées près des forêts. Les exploitants illicites de bois qui utilisent des pirogues comme moyens de transport seront repoussés. Pour cela, il est nécessaire d’augmenter les patrouilles de VNA ou Vaomieran’Ny Ala et les VOI ou Vondron’Olona Ifotiny.
Encourager la population locale à conserver les écosystèmes afin de préserver la valeur de la NAP. Ceci peut être réalisé à l’aide d’une sensibilisation régulière au sein de la population locale par des éducations environnementales à travers les services écosystémiques fournis.
Faire comprendre aux autorités concernées que les forêts de la NAP pourraient être une source importante de revenu et de création d’emploi par la mise en place de projets de conservation et de développement, par la compensation crédit carbone vu que le résultat de cette recherche confirme un taux assez élevé de carbone.
Pour intégrer dans les projets crédit carbone, il serait intéressant d’:
Envisagé une mise en échelle de l’étude de carbone dans l’ensemble de la Nouvelle Aire Protégée d’Antrema.
Evaluer la totalité du stock de carbone de la Nouvelle Aire Protégée d’Antrema.
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Table des matières
INTRODUCTION
Première Partie : MILIEU D’ETUDE
I. LOCALISATION GEOGRAPHIQUE
II. MILIEU PHYSIQUE
III. MILIEU BIOLOGIQUE
III.1. Flore Et Végétation
III.2. Faune
IV. L’HOMME ET SES ACTIVITES
Deuxième Partie : METHODES
I. ÉTUDES PRELIMINAIRES
I.1. Consultations Bibliographiques
I.2. Étude Cartographique
I.3. Prospection Et Choix Des Zones De Relevés
II. COLLECTES DES DONNEES
II.1. Inventaire Floristique
II.2. Méthode De Relevé Linéaire
II.3. Méthode De Relevé De Surface
III. ANALYSES DES DONNEES
III.1. Analyses Floristiques Et Structurales De La Végétation
III.2. Identification Des Groupements Végétaux
III.3. Évaluation Des Stocks De Carbone
Troisième Partie : RESULTATS ET INTERPRETATIONS
I. CARACTERISTIQUES GENERALES DES DEUX SITES D’ETUDE
I.1. Caractères Floristiques
I.2. Caractéristiques Stucturaux
II. RESULTATS DE L’ANALYSE MULTIDIMENSIONNELLE
II.1. Groupes Floristiques
II.2. Groupes Structuraux
II.3. Groupements Végétaux
II.4. Description Des Groupements Végétaux
III. EVALUATION DES STOCKS DE CARBONE DE LA FORET DENSE SECHE DU SUD DE LA NAP ANTREMA
III.1. Biomasses Aérienne Et Racinaire
III.2. Stock De Carbone
Quatrième Partie : DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
I. DISCUSSIONS
I.1. Remarques Méthodologiques
I.2. Discussions Des Résultats
II. RECOMMANDATIONS
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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