Caractérisation écologique de marais à Hapalemur alaotrensis

Les lémuriens sont des animaux emblématiques de Madagascar. 101 espèces ont été décrites et sont endémiques de l‟île (Mittermeier et al., 2010). Par leur forte endémicité, leur conservation constitue une priorité mondiale (Mittermeier, 2009 ; Mittermeier et al., 2010). Les lémuriens se répartissent dans différents types de formations végétales. Leur habitat est particulièrement menacé par la déforestation et la dégradation (Harper et al., 2007). L‟agriculture et les pratiques destructrices des ressources, comme le « Tavy », le feu et la coupe sélective des bois ont un effet dramatique sur leur habitat, en altérant les milieux qui leur sont indispensables (Irwin et al., 2010). La destruction de leur habitat affecte la présence, l‟abondance, la distribution et la phénologie des ressources (Arnhem, 2008 ; Arrigo-Nelson et al., 2006 ; Irwin, 2006). L‟habitat de Hapalemur alaotrensis, unique espèce de lémuriens endémiques de la région du lac Alaotra, est l‟un des habitats les plus menacés actuellement.

Lac Alaotra, le plus grand lac de Madagascar, s‟étend sur une superficie d‟environ 20.000 ha. L‟ensemble du lac et de ses marais environnants constituent la zone humide d‟Alaotra qui a été classée comme un site Ramsar en 2003 (Andrianandrasana et al., 2005). Sa classification officielle en tant que site Ramsar et Nouvelle Aire Protégée dans le cadre du Système des Aires Protégées de Madagascar a eu lieu en Janvier 2007 (Ranarijaona, 2007). La végétation marécageuse entourant le lac constitue l‟habitat du lémurien Hapalemur alaotrensis. Elle est dominée par Cyperus madagascariensis et Phragmites communis (Pidgeon, 1996). Le feu et l‟extension de la riziculture pour la pratique de « voly vary jebo » conduisent à la destruction incessante de cet habitat. Auparavant, sa superficie a été estimée à 60.000 à 80.000 ha (Moreau, 1987). En 1984, elle a diminué à 35.000 ha (Nicoll et Langrand, 1989), puis en 2000, il ne restait plus que 23.500 ha (RAMSAR, 2003). La perte de l‟habitat est une énorme menace pour la biodiversité car elle provoque un déséquilibre dans l‟écosystème concerné.

Face à la diminution alarmante de la surface de leur habitat naturel, la population de Hapalemur alaotrensis est en déclin. Elle comptait environ 10.000 individus vers 1990 (DWCT, 2000). Elle ne comptait que 7500 individus en 1994 (Mutschler et Feistner, 1995) puis 5000 à 7000 individus en 1999 (Mutschler et al., 1999). La dernière estimation de la population totale dans l‟ensemble du marais est de 2480 individus en 2002 (Ralainasolo, 2004). La chasse et le braconnage constituent aussi des menaces qui accentuent ce déclin (Mutschler, Randrianarisoa et Feistner, 2001). Hapalemur alaotrensis est ainsi classée dans la catégorie des espèces en danger critique d’extinction (CR), (UICN/CBSG, 2001).

Plusieurs études ont montré que cette espèce de lémurien est plus menacée dans son habitat naturel (Maminirina et al., 2006 ; Guillera-Arroita et al., 2010 ; Rendigs et al., 2015). Des actions de conservation et de gestion de cette espèce et son habitat sont nécessaires pour éviter sa disparition. Des efforts de conservation ont été déjà effectués depuis quelques années par les organisations environnementales opérant dans la région et par les communautés locales. Pour renforcer ces actions de conservation déjà entreprises, des compléments des connaissances et des compléments des données existantes sur les marais du lac Alaotra sont nécessaires. En effet, la survie de l‟espèce Hapalemur alaotrensis appelée localement « Bandro » dépend de la végétation de ce marais, sous l‟appellation locale « Zetra » qui leur sert à la fois de source d‟alimentation et de refuge (DWCT, 2006). La disparition du « Zetra » équivaut à l‟extinction de ce lémurien spécifique de la région d‟Alaotra. La conservation de son habitat est une des principales solutions pour sauvegarder cette espèce. La caractérisation écologique de ce milieu permet de connaitre son état de dégradation afin de trouver les moyens de restauration pour la conservation. Aucune étude bioécologique se rapportant à la flore et à la végétation du marais du lac Alaotra n‟a été faite jusqu‟à maintenant, d‟où l‟intérêt de cette étude portant sur les « caractérisations écologiques de marais à Hapalemur alaotrensis dans le Sud-Ouest du lac Alaotra ».

MILIEU D‟ETUDE

LOCALISATION DE LA ZONE D‟ETUDE

Le lac Alaotra est localisé dans la partie Nord-Est de Madagascar, dans la région Alaotra-Mangoro. Il est situé entre les latitudes 17° 19‟-17° 55‟S et les longitudes 048°13‟- 048°39‟E (Nicoll et Langrand, 1989). Le travail a été effectué dans l‟immense marais, qui se situe essentiellement dans le Sud-Ouest de ce lac. Andreba Gara, Andilana Sud et Anororo constituent nos sites d‟étude. Le premier site, Andreba Gara, de coordonnées 17° 37‟ S ; 048° 29‟ E, se trouve sur la rive Est du lac, dans le District d‟Ambatondrazaka. Les deux autres sites : Andilana Sud, 17° 34‟S ; 048° 18‟E, et Anororo, 17° 31‟S ; 048° 26‟E, sont localisés sur la rive Ouest, dans le District d‟Amparafaravola . Du point de vue administratif, Anororo est une commune rurale formée par deux fokontany (Anororo et Betafo). Andilana Sud est un fokontany de la commune Amparafaravola. Andreba Gara fait partie de la commune Ambatosoratra . Ces trois sites sont gérés par MWC.

MILIEU BIOTIQUE

Flore

La végétation de l‟ensemble du marais du lac Alaotra compte 75 espèces végétales dont 28% seulement sont endémiques de Madagascar. Des espèces appartenant à la famille des Cyperaceae et des Poaceae dominent la végétation dont les principales espèces caractéristiques sont Cyperus madagascariensis, Cyperus latifolius et Phragmites communis. Quelques espèces végétales exotiques telles que Salvinia molesta, Typhonodorum lindleyanum, Eichornia crassipes occupent la surface d‟eau libre (Pidgeon, 1996).

Faune

Pour les espèces animales, 72 espèces d‟oiseaux, 15 espèces de poissons dont 3 endémiques de Madagascar Rheocles alaotrensis, Ratsirakia legendrei et Paratilapia polleni et 9 espèces des Mammifères y compris l‟endémique Hapalemur alaotrensis ont été inventoriées dans le lac Alaotra. De nombreux invertébrés ont été aussi recensés, ce sont surtout les espèces qui appartiennent à la classe des Insecta, Arachnida, Crustacea, Turbellaria et des Gasteropoda (Pidgeon, 1996). Hapalemur alaotrensis fait partie des petits lémuriens de Madagascar, un adulte pèse en moyenne 1,24 kg avec un minimum de 900 g et un maximum de 1600 g (Mutschler et al., 1999). La longueur totale de l‟ensemble de la tête et du corps mesure entre 380 à 400 mm et  la longueur de la queue varie entre 390 à 410 mm (Mutschler et al., 1999).

L‟animal présente dans la partie dorsale une fourrure dense et laineuse de couleur généralement gris rougeâtre qui quelquefois reflète une couleur brune, la partie ventrale est légèrement pâle. La période de reproduction se déroule entre les mois de septembre et mars, il peut y avoir naissance de jumeaux, ceci avec une probabilité de 40% (Mutschler et al, 1999).

Population et ses activités
Les Sihanaka constituent la grande majorité de la population dans l‟Alaotra suivis par les Merina. Les Betsimisaraka se trouvent en troisième position, avant les Betsileo et les Antandroy. Le reste est composé de groupes minoritaires de diverses provenances de l’île. Les principales activités de la population autour du lac Alaotra sont la riziculture et la pêche (Razanamasy, Com. pers.). Le taux de croissance de la population dans les sous-préfectures d‟Amparafaravola et d‟Ambatondrazaka est plus élevé à cause de l‟immigration importante vers ces zones à forte potentialité agricole.

METHODES D‟ETUDE 

ETUDES PRELIMINAIRES 

Etudes bibliographiques
Les recherches bibliographiques consistent à faire des documentations et collecter les données existantes sur le milieu d‟étude : données géographiques, climatiques, pédologiques et sur les différentes méthodes à appliquer. Elles permettent de faciliter les travaux sur le terrain. Des ouvrages et articles divers relatifs au thème de notre étude ont été consultés avant les travaux sur terrain et durant la rédaction du mémoire. Des études cartographiques de la zone d‟étude ont été aussi faites à partir de consultations et de photo-interprétations des images satellitaires (Images de Google Earth et Landsat).

Prospection du milieu
Une prospection du milieu a été faite avant d‟effectuer les relevés avec l‟appui d‟un guide local de l‟AGBA (Association de Guides Bandro, Andreba Gara). La prospection a permis d‟identifier les différentes formes de végétations occupant la station, de déterminer les espèces les plus fréquentes et de mettre en évidence les variations physionomiques et hydrologiques. Des vérifications des données cartographiques prétraitées ont été effectuées pendant la prospection.

Choix des sites d‟étude

Après les prospections, les sites d’étude ont été identifiés, en fonction des critères suivants :
-la présence de l‟espèce cible Hapalemur alaotrensis dans la zone ;
-les trois critères d‟homogénéité : uniformité des conditions écologiques apparentes;homogénéité physionomique et homogénéité de la composition floristique (Gounot, 1969) ;
-le degré de perturbation de la végétation;
-la disponibilité de l‟eau ;
-les caractères physionomiques et floristiques de la végétation (espèce dominante, espèce caractéristique).

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Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE 1 : MILIEU D‟ETUDE
I- LOCALISATION DE LA ZONE D‟ETUDE
II- MILIEU ABIOTIQUE
II-1 Climat
Température
Précipitations
Vents
II-2 Géologie
II-3 Pédologie
II-4 Hydrographie
III- MILIEU BIOTIQUE
III-1 Flore
III-2 Faune
III-3 Population et ses activités
PARTIE 2 : METHODES D‟ETUDE
I– ETUDES PRELIMINAIRES
I-1 Etudes bibliographiques
I-2 Prospection du milieu
I-3 Choix des sites d‟étude
II- RELEVES ECOLOGIQUES
II-1 Paramètres étudiés
II-2 Recherche de l‟aire minimale
II-3 Relevé de surface
II-4 Relevé linéaire
III- ANALYSE ET TRAITEMENT DES DONNEES
III-1 Détermination des échantillons
III-2 Traitements des données
III-2-1 Identification de groupes structuraux par CAH
III-2-2 Etude de relation entre Hapalemur alaotrensis et son habitat par ACP
IV- ENQUETES ETHNOECOLOGIQUES
V- ETUDE DE LA DYNAMIQUE SPATIO-TEMPORELLE
V-1 Téléchargement d‟images utilisées
V-2 Prétraitements d‟images
V-3 Méthodes de classification
PARTIE 3 : RESULTATS ET INTEPRETATIONS
I – LOCALISATION DE PARCELLES DE RELEVES
II- CARACTERISTIQUES FLORISTIQUES GLOBALES
II-1 Richesse floristique
II-2 Spectre biologique
II-3 Affinités biogéographiques
III- IDENTIFICATION DES GROUPES STRUCTURAUX
IV- DESCRIPTION DES GROUPES STRUCTURAUX
IV-1 Groupe structural 1 : Marais relativement intact
IV-1-1 Caractéristiques stationnelles
IV-1-2 Caractéristiques floristiques
IV-1-2-1 Aire minimale
IV-1-2-2 Richesse floristique
IV-1-2-3 Spectre biologique
IV-1-3 Caractéristiques structurales
IV-2 Groupe structural 2 : Marais moyennement dégradé
IV-2-1 Caractéristiques stationnelles
IV-2-2 Caractéristiques floristiques
IV-2-2-1 Aire minimale
IV-2-2-2 Richesse floristique
IV-2-2-3 Spectre biologique
IV-2-3 Caractéristiques structurales
IV-3 Groupe structural 3 : Marais dégradé
IV-3-1 Caractéristiques stationnelles
IV-3-2 Caractéristiques floristiques
IV-3-2-1 Aire minimale
IV-3-2-2 Richesse floristique
IV-3-2-3 Spectre biologique
IV-3-3 Caractéristiques structurales
V- PREFERENCES ECOLOGIQUES de Hapalemur alaotrensis
VI- UTILISATIONS, PRESSIONS ET MENACES SUR LE ZETRA
VI-1 Importances et utilisations
VI-2 Pressions et menaces sur le «Zetra»
VII- EVOLUTION SPATIO-TEMPORELLE DE L‟HABITAT
PARTIE 4 : DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
I-DISCUSSIONS
I-1 Sur les méthodes d‟étude
I-2 Sur les résultats
I-2-1 Caractéristiques floristiques
I-2-2 Relation entre la végétation et Hapalemur alaotrensis
I-2-3 Possibilités d‟évolutions de l‟habitat à Hapalemur alaotrensis
II- RECOMMANDATIONS POUR LA CONSERVATION DE L‟HABITAT
CONCLUSION

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