Caractérisation du bassin versant

Données socio-économiques

Dans le cadre de la valorisation des données nationales, les bases de données communales issues d‟une enquête nationale en 2007 ont été utilisées pour l‟estimation de la valeur du service écosystémique. Le principal objet de cette enquête réalisée par le FID et la banque mondiale a été de constituer une base de données sur les infrastructures économiques et services sociaux existants dans toutes les communes de Madagascar (Mozer et al., 2008). Des questionnaires qui se portent sur 16 sections touchant différents domaines ont été traités. La collecte des informations s‟est réalisée au niveau de chaque commune par le biais des entretiens collectifs avec un groupe de personnes ou « focus group ». D‟une manière générale, le focus group est constitué de 6 à 8 personnes. Toutefois, des entretiens individuels ont été organisés pour certains thèmes trop spécifiques comme les prix des produits, la santé, l‟éducation et la sécurité publique (Mozer et al., 2008). A l‟issue de ces enquêtes, les données exploitées pour la présente étude concernent surtout le prix des rizières irriguées ou non et le coût de l‟entretien des rizières.

Caractérisation du bassin versant

A partir des modèles numériques de terrains, plusieurs caractéristiques du bassin versant ont pu être obtenues comme la direction de l’écoulement des eaux, la délimitation de la zone d‟étude, la délimitation des sous-bassins versants ainsi que leurs superficies.

a. Délimitation du bassin versant et des sous-bassins versants La délimitation du bassin versant ainsi que les sous-bassins versant s’effectue en plusieurs étapes à l’aide de l‟extension ArcHydro dans ArcMap. D‟abord, les 4 images brutes du MNT ont été rassemblées en une seule. Ensuite, l‟outil « Fill sinks » a été lancé afin d‟identifier et corriger les erreurs de valeurs. La valeur d‟altitude des pixels présente une erreur lorsqu‟elle est incohérente avec leurs entourages c‟est-à-dire lorsque cette valeur induit un écoulement significativement différent de l‟écoulement général. L‟outil « Flow dir » a permis ensuite d‟identifier pixel par pixel la direction de l‟écoulement des eaux. Puis, « Flow acc » a été utilisée afin de générer automatiquement les différents réseaux hydrographiques dans la zone. Enfin, la délimitation des sous bassins versant a été obtenue grâce à l‟outil « Catchment grid ».

b. Superficie des sous-bassins versants Encore dans ArcMap, l‟outil « Geometry » a permis de calculer automatiquement et avec rapidité les superficies du bassin versant et de chaque sous bassin versant. Les résultats peuvent varier selon la projection de la couche de données. Aussi, il est indispensable de vérifier que les distances dans les « shapefile » sont exactes et que les projections sont les mêmes pour toutes les couches de données utilisées. Par ailleurs, cette technique a été aussi utilisée dans la détermination des superficies des différentes classes d‟occupation du sol.

c. Détermination des pentes du bassin versant La pente figure parmi les forts indicateurs de l‟érodibilité du bassin versant. Pour une pente forte, l‟érosion est souvent plus accentuée bien que cela dépend plus aussi d‟autres facteurs comme la roche mère, la couverture végétale, etc. L‟outil « Slope » ou pente d‟IDRISI a permis de ressortir la carte des pentes de la zone d‟intérêts en utilisant comme souche les couches de cartes dérivées du traitement de la MNT.

Analyse de la méthode coût de remplacement

Faute de descente sur terrain, certaines informations utilisées comme données d‟entrée (coût d‟aménagement d‟une nouvelle rizière) sont obtenues à partir de la base de données nationale issue de l‟enquête réalisée par le FID en 2007 (Mozer et al., 2008). La principale force de la méthode coût de remplacement est qu‟elle est robuste (Boyer, 2013) et que les données d‟entrées peuvent s‟obtenir plus facilement par rapport aux autres méthodes.Toutefois, quelques faiblesses peuvent être révélées par l‟utilisation de cette méthode dans ce cas-ci. Considérant que la méthode coût de remplacement se base sur l‟évaluation de la substitution des rizières endommagées par la dégradation de l‟écosystème, les valeurs peuvent être sous-estimées. En effet, il se peut qu‟après que les rizières sont ensablées, les riziculteurs se sont converties à dans d‟autres activités de production comme l‟élevage, la culture sur les « tanety », etc. Ce qui fait que ce type de conversion n‟est pas comptabilisé par la présente méthode.

CONCLUSION

L‟importance de la riziculture dans la vie économique des ménages à Madagascar n‟est plus à démontrer. Le riz est un produit à la fois économique, social et politique. Les gouvernements qui se sont succédés à Madagascar ont tous mis un point d‟honneur sur la question de l‟autosuffisance en riz. Toutefois, la situation devient précaire face à l‟augmentation démographique. Madagascar peut néanmoins relever ce grand défi grâce à ses régions grandes productrices de riz. La région Boeny est l‟une de ces régions qui est dotée d‟une vocation économique et agricole importante où il est possible de pratiquer à la fois des cultures industrielles, vivrières, de pêche, des activités de transformation. Elle dispose, au niveau de deux districts d‟Ambato Boeny et de Marovoay, de grandes surfaces cultivées de riz qui font d‟elle le second grenier à riz de Madagascar. Il est donc important de s‟intéresser à la manière de rendre cet atout durable. Une étude plus approfondie qui vise à évaluer les menaces sur la production rizicole ainsi qu‟à déterminer les facteurs de durabilité est indispensable pour cela.

Cette étude a comme objectif générale de déterminer l‟évolution de la valeur des services écosystémiques procurés par la forêt dans les bassins versants des deux districts producteurs de riz afin de définir les grandes lignes d‟actions à réaliser pour la gestion durable des rizières et des forêts pour aboutir au développement durable de la région. Pour arriver à ces fins, deux grandes méthodes ont été utilisées dont l‟analyse spatiale à l‟aide de la télédétection des changements d‟occupations du sol entre les dates 1994 et 2014 et la méthode de coût de remplacements, la bibliographie a constitué un support pour ces deux méthodes.Les résultats des analyses ont fait ressortir que la région présente un bassin versant divisé en vingt sous bassin versants. Ce bassin versant couvre 1/3 de la Région, il est riche en forêt particulièrement en forêt naturelle dont Ankarafantsika, Analabe et Alan‟Ihaso. A cause des feux de brousse, de l‟exploitation minière illicite, de l‟exploitation forestière illicite et le « tavy », ces superficies forestières diminuent au fil des années. Toutefois, si entre 1994 et 2005 le taux de déforestation de la zone était de 1,24%, il a considérablement diminué entre 2005 et 2014 (0,54%). Parallèlement à cette diminution de superficie forestière, les rizières connaissent un déclin, les cartes ont montré une diminution de leur superficie à cause de l‟ensablement.

En effet, puisque la forêt constitue une barrière de protection contre l‟érosion du sol, l‟ensablement des rizières est corrélé à la dégradation de la forêt en savane ou en zone de culture autre que la riziculture.Face à cette perte de superficie cultivable, les populations ont tendance à trouver d‟autres zones cultivables pour remplacer les rizières ensablées. Au début, cette solution semble efficace, mais à long terme, étant donné que la superficie de terre qui pourrait substituer les zones ensablées est réduite, il faut envisager d‟autres alternatives. C‟est de cette évidence qu‟est née la volonté de déterminer la valeur des services fournis par la forêt.Il existe en effet une correspondance entre la valeur des services d‟un écosystème et le coût de réhabilitation des rizières ensablées vu que la dégradation de forêt en amont est un facteur essentiel de l‟ensablement. La valeur du service écosystémique du bassin de Betsiboka en 2007 est estimée à 37 969, 87 Ar/ha/an.

A cause de l‟inflation annuelle, cette valeur diminue d‟années en années. La valeur actuelle calculée est donc arrivée à moins de 10 000 Ar/ha/an. Face à cette dégradation, le programme Bassin Versant et Périmètre Irrigué a été mise en œuvre pour lutter contre l‟érosion et protéger les rizières. La stratégie qu‟il utilise repose sur l‟aménagement des sous-bassins versants à travers la mise en place des infrastructures antiérosives. Pourtant, ce programme n‟arrive pas à couvrir toute la zone, d‟où l‟ensablement demeure toujours menaçant ainsi la viabilité des rizières dans certains sous-bassins versants.De nouvelles mesures ayant réussi dans d‟autres cas doivent être prises en compte pour renforcer les efforts actuels de pérennisation des forêts et des rizières. Elles sont constituées notamment par la valorisation durable, la conservation et la restauration des écosystèmes forestiers, la mise en place d‟un mécanisme intégrée de paiement pour les services écosystémiques et le développement du sentiment d‟appartenance à ce mécanisme.Cette étude est une initiation, elle est principalement limitée à l‟étude des cartes et des données socio- économiques de l‟année 2007.

Les résultats trouvés ainsi que les recommandations avancées constituent des points de départs qui méritent encore d‟être appuyées par d‟autres recherches. Leur mise en œuvre pratique pourrait être renforcée notamment par la connaissance des consentements à payer par les différents acteurs dans le système PSE et éventuellement par l‟évaluation des autres pertes causées par l‟ensablement, par exemple les impacts sur les autres systèmes de cultures et les infrastructures d‟irrigation.

Table des matières

Remerciements
Résumé
Abstract
Famintinana
Liste des cartes
Liste des figures
Liste des tableaux
Liste des acronymes
Glossaire
Introduction
Chapitre 1. Méthodologie
1.1. Problématique et hypothèses
1.2. Milieu d‟étude
1.3. Cadre théorique
1.3.1. Biens et services environnementaux
1.3.2. Concept de valeur
1.3.3. Méthodes d‟analyse économique
1.4. Matériels
1.4.1. Données spatiales
1.4.2. Logiciels utilisés
1.4.3. Données socio-économiques
1.5. Méthodes
1.5.1. Traitement des images satellites LANDSAT
1.5.2. Caractérisation du bassin versant
1.5.3. Changements d‟occupation du sol
1.5.4. Valeur du service écosystémique de protection du bassin versant
1.5.5. Analyse statistique : test de corrélation de Pearson
1.6. Limites du travail
1.7. Cadre opératoire
1.8. Synthèse méthodologique
Chapitre 2. Résultats
2.1. Caractéristiques spatiaux du bassin versant et des sous-bassins versants
2.1.1. Délimitation des sous-bassins versants
2.1.2. Pentes
2.2. Dynamique spatio-temporelle de l‟occupation du sol
2.2.1. Validation de la classification
2.2.2. Situation des forêts et de la déforestation
2.2.3. Situation des rizières et de leurs ensablements
2.2.4. Analyse des interrelations entre la dynamique des forêts et des rizières
2.3. Valeur économique du service écosystémique de protection du bassin versant
2.3.1. Valeur économique du service écosystémique proprement dite
2.3.2. Interrelation entre la valeur économique totale et la déforestation
2.3.3. Valeur économique future du service écosystémique
Chapitre 3. Discussions et recommandations 
3.1. Discussions
3.1.1. Données spatiales utilisées
3.1.2. Analyse de la méthode coût de remplacement
3.1.3. Place de la valeur du SE de protection du bassin versant de la basse-Betsiboka
3.1.4. Vérification des hypothèses
3.2. Recommandations
3.2.1. Objectifs : développer une agriculture durable à travers la conservation des écosystèmes forestiers
3.2.2. Plan d‟actions
Conclusion
Références bibliographiques
Annexe I : Milieu d‟étude
Annexe II : Matrice de transition
Annexe III : Paramètres utilisées pour la modélisation

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