Généralités sur la riziculture aquatique dans le Sud Est de Madagascar
86% des superficies cultivées en riz sont celles des bas fonds et des plaines des deux régions Vatovavy Fitovinany et Atsimo Atsinanana (SIRSA, 2006). Dans ces deux régions, il y a une grande diversité de situations rarement rencontrées dans d’autres parties de l’île. En effet, il peut y avoir (selon S.RAZAFIMANDIMBY, 2009):
Deux types de rizières : les bas fonds drainés et les bas fonds non drainés qui se rencontrent surtout dans les bas bassins versants de Manakara et de Vohipeno ; et les plaines rizicoles/ petits périmètres irrigués se concentrant à Farafangana et dans les hauts bassins versants de Manakara
Trois types de disponibilité en eau pour l’irrigation : les bas fonds drainés, les rizières à mauvaises maitrises d’eau ou RMME des bas fonds et éventuellement des plaines, et les rizières irrigués des plaines essentiellement.
La disponibilité en eau et le niveau d’aménagement des zones rizicoles constituent les causes de cette variabilité de types de rizières (aquatiques). Cependant, malgré le problème de maîtrise de l’eau (drainage ou irrigation), la majorité des exploitations rizicoles (42%) arrivent encore à pratiquer deux saisons de riz par an : le riz de saison ou « Vary Vatomandry » de Novembre à Mai et le riz de contre saison ou « Vary Hosy » de Juin à Janvier (MAEP, 2003). Les rendements sont en général faibles : de l’ordre de 600 à 1400 kg/ha dans les bas fonds (base de données SD Mad Manakara, 2008) et de 1500 à 3000 kg/ha dans les petits périmètres irrigués (agent technique AVSF Bekatra, 2009). Les agriculteurs du Sud Est ont accès à plusieurs types de rizières. Sur ces différents types de rizières aménagées ou non, il existe des calendriers des travaux différents.
La pluviométrie : le responsable des inondations
Le sud Est de Madagascar est caractérisé par un climat humide à deux saisons distinctes :
a) L’été : Durant d’Octobre à Avril, elle est caractérisée par une température maxima avec une moyenne de 30°C et une température minima avec une moyenne de 22°C (ROR, 2006). Cette saison se divise encore en deux périodes : une période sèche et chaude d’octobre à début décembre et une période à forte pluviosité et chaude à partir de mi-décembre à Avril
b) L’hiver : cette saison est marquée par des températures plus fraîches avec une moyenne de 15°C. (A.PEPIN et J Guegan, 2008/2009 ). Mais ce qui différencie la partie sud Est de Madagascar, c’est la forte pluviométrie pouvant dépasser les 2500 mm/an (H. de LAUNLANIE, 2003). L’histogramme suivant montre les quantités de pluies quotidiennes, d’après les données climatiques de SDmad Manakara et SDmad Farafangana. Les chiffres s’étalent du 1er septembre 2007 au 28 Février 2010, pour le cas de Farafangana et du 1er janvier 2008 au 31 Janvier 2009 pour le cas de Manakara. Ainsi, c’est vers fin décembre/début janvier que les premières pluies tombent. A partir de Janvier jusqu’en Avril, la fréquence d’arrivée des pluies à forte intensité augmente d’où l’inondation de toute les zones basses du Sud Est et la montée des lits de rivières et f Les zones encerclées sont des pics inhabituels de pluies à forte intensité durée arrivent à remonter rapidement le lit d’une rivière momentanément les rizières au bord.
Les itinéraires techniques identifiés à Ampasimasay
Les saisons « Vary Vatomandry » et « Vary Hosy » sont pratiquées sur des rizières plus ou moins différenciées que ce soit sur les rives de la rivière Matitanana ou à Vohitraziny : différentes appellations locales sont données à ces rizières selon le niveau de l’eau de la rizière. Il y a :
• Les « Masondrano » : ce sont les rizières en situation permanente d’excès d’eau car impossible à drainer : en effet le niveau de ces types de rizières se trouve en dessous de celui de la rivière. D’où l’inondation de la parcelle. Sur ces rizières se font généralement une double riziculture par an (« Vary Vatomandry » et « Vary Hosy »). Ce sont des RMME humides à deux saisons de riziculture.
• Les « Fitaky » : ce sont les rizières situées à plus de 50 m de la rive droite de la rivière (c’està-dire au milieu de la plaine). Elles sont souvent hautes par rapport au niveau du lit de la rivière mais peuvent toujours être inondées. Leurs sols sont encore des sols noirs tourbeux : ils sont boueux en saison de pluies et d’inondation et durs en saison sèche et froide. Il n’y a pas de riz « Vary Hosy » sur ces parcelles. Ce sont des RMME sèches à une saison de riziculture.
• Les « horaky» : ce sont la majorité des parcelles de rizières dans la plaine. Elles ont les caractéristiques d’un bas fond non drainé. Pendant une inondation, toutes ces parcelles sont à des profondeurs différentes sous l’eau : en général plus on s’éloigne du bord de la rivière moins est la profondeur. Comme les « Fitaky », leurs sols sont noirs tourbeux et boueux en saison des pluies et d’inondation et durs en saison sèche et froide. Ces rizières sont toutes cultivées en saison « Vary Vatomandry ». La saison « Vary Hosy est faite suivant la disponibilité de l’eau sur la parcelle et de l’état de dureté du sol. Ce sont aussi des RMME humides à deux saisons de riziculture
• Les « Nosy » : ce sont des ilôts au milieu de la plaine. Ils sont les zones de pépinières à sec pendant les deux saisons de riz : elles sont hautes et sont peu inondées lors de la crue de la rivière. Elles peuvent être aménagées en rizières si besoin est. Cependant, seule la saison « Vary Vatomandry » sera possible car l’eau pose problème en saison « Vary Hosy ». Sur ces zones de riziculture, quatre itinéraires techniques ont été identifiés :
→ Double riziculture à repiquage en foule sur « Masondrano » : Les pépinières sont réalisées à sec sur les « nosy » ou les parcelles sur bas de pente. La quantité de semence est de l’ordre de 80à 100kg pour repiquer un hectare. A cause de la présence permanente de l’eau, un fort enherbement des parcelles conduit à un itinéraire technique rizicole assez particulier
→ Simple à aléatoirement une double riziculture sur « fitaky » : Ces types de rizières sont toutes cultivées en saison « Vary Vatomandry » ; elles sont difficiles à travailler en saison « Vary Hosy » à cause de l’absence d’eau et de la dureté du sol. Toutefois, certains agriculteurs essaient de conserver une certaine quantité d’eau pour pouvoir utiliser la rizière pendant la saison « Vary Hosy » mais la production est minime par rapport à la saison « Vary Vatomandry ».
→ Double riziculture à repiquage en foule serrée sur les marais ou « horaka » : Comme sur les « Masondrano », le fort enherbement composé de cypéracées de ces rizières nécessite le fauchage. Et les pépinières sont aussi réalisées à sec sur les « Nosy » ou les bas de pente avec une dose de 80 à 100 kg/ha
→ Double riziculture à repiquage en ligne à Vohitraziny sur «Fitaky» ou « Masondrano »: Ce dernier système était récemment diffusé par l’ONG AVSF/Vohipeno. Des variétés introduites « Mihary », X265 et des Sebotas sont utilisées en plus des variétés locales. Mihary et X265 sont des variétés précoces. Toutes les pépinières sont toujours faites à sec sur bas de pente ou sur les « Nosy »
Une intensification rizicole vouée à l’échec dans certaines zones du Sud Est
Intensifier en riziculture signifie un surplus d’investissement et de volume de travail. Or tant que les rizières ne sont pas sécurisées face aux aléas tels les inondations, la productivité du travail restera faible. La stratégie adoptée par les agriculteurs pour augmenter leurs productions rizicoles est d’étendre la superficie cultivée sur les « horaky » ou marais et sur les îlots de tanety au milieu des rizières. Cette stratégie d’extension de la riziculture aquatique est possible dans les villages étudiés sauf dans la commune de Bekatra où les bas fonds étroits et irrigués de la commune de Bekatra sont déjà saturés. D’où l’existence de deux situations différentes selon les exploitations dans cette commune:
Amélioration de la riziculture par intensification des travaux en repiquage en ligne et en sarclage. Cette options est adoptée par les agriculteurs de type 2, type 3 et éventuellement type 4. Seulement, il faut vérifier la productivité du travail
Extension la riziculture sur les tanety par la pratique de la riziculture sur brûlis pour les exploitations de type 5 et type 6 qui ne peuvent pas intensifier. Le SRA ou le SRI ne seront donc adoptés dans le sud Est de Madagascar qu’une fois les possibilités d’extension des rizières limitées.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I. CONTEXTE DE L’ETUDE
1.1. POSITION DU PROBLEME
1.2. GENERALITES SUR LA RIZICULTURE AQUATIQUE DANS LE SUD EST DE MADAGASCAR
1.3. LE PROJET BVPI/SEHP
1.4. LE RESEAU DE FERMES DE REFERENCES
PARTIE II. PROBLEMATIQUE
2.1. PROBLEMATIQUE
2.2. HYPOTHESES
2.3. RESULTATS ATTENDUS
2.4. METHODOLOGIE DE TRAVAIL
2.5. LES LIMITES DE L’ETUDE
PARTIE III. LES ZONES D’ETUDE
3.1. PRESENTATIONS DES VILLAGES ETUDIES
3.2. LES ZONES DE RIZICULTURE DANS CHAQUE ZONE D’ETUDE
PARTIE IV. RESULTATS
4.1. LES CONDITIONS ECOLOGIQUES DU MILIEU DETERMINANT LE CHOIX DES ITINERAIRES TECHNIQUES
4.1.1. L’Hydrographie
4.1.2. La pluviométrie : le responsable des inondations
4.1.3. Les animaux sauvages et domestiques : ravageurs des pépinières et des plants de riz au moment de l’épiaison et de la montaison
4.2. LES ITINERAIRES TECHNIQUES IDENTIFIES RESPECTIVEMENT DANS LES 7 VILLAGES
4.2.1. LES ITINERAIRES TECHNIQUES IDENTIFIES A AMBODIVOAHANGY
4.2.2. Les itinéraires techniques identifiés à Ampasimasay
4.2.3. Les itinéraires techniques identifiés dans les périmètres irrigués de Farafangana
4.2.3.1. Typologie des rizières
4.2.3.1.1. Critères de classification utilisés
4.2.3.1.2. Typologie des rizières chez les Zafisoro
4.2.3.1.3. Typologie des rizières chez les Antefasy/Vohimasy
4.2.3.2. Les itinéraires techniques à Mahazoarivo
4.2.3.3. Les itinéraires techniques à Marohaka
4.2.3.4. Les itinéraires techniques à Vohimasy
PARTIE V. ANALYSE DES RESULTATS
1.1. LA PREVISION DES INONDATIONS PRIORISE LES RIZIERES A CULTIVER EN UNE SAISON
1.2. ANALYSE DES DETERMINANTS AU NIVEAU DE L’EXPLOITATION
1.2.1. L’accessibilité aux différents types de rizières
1.2.2. La disponibilité de l’argent
1.2.3. La disponibilité de forces de travail
1.2.4. Le social
1.3. VERIFICATION DES HYPOTHESES DE DEPART
PARTIE VI. DISCUSSION ET RECOMMANDATIONS
6.1. DISCUSSIONS
6.1.1. Une intensification rizicole vouée à l’échec dans certaines zones du Sud Est
6.1.2. Le rendement rizicole, est-ce la priorité dans le sud est de Madagascar ?
6.2. RECOMMANDATIONS
6.2.1. Vulgariser la herse
6.2.2. Favoriser et améliorer les revenus issus des cultures pérennes et du petit élevage pour augmenter la disponibilité de l’argent et des capitaux circulant pour les rizières
6.2.3. Endiguer les cours d’eau qui débordent
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
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