CARACTÉRISATION DES ÎLES-DE-LA-MADELEINE
L’aquaculture: historique et contexte globaux
L ‘ aquaculture désigne une activité d’élevage ou de culture d ‘ organismes aquatiques animaux ou végétaux. Historiquement, on peut en retracer les premières expétiences de culture de poissons en Égypte (2500 av. J.-c.), Chine (2000 av. J.-C.) et Inde (300 av. J.-c.) (pAO, 1987). Cependant, ces premiers essais se limitaient au grossissement de poissons juvéniles jusqu’à la taille adulte. Ce n’est qu’en l733 que, grâce aux efforts d’un aquaculteur allemand, on retrouve le premier exemple d’écloserie permettant la production et la fertilisation d’oeufs de truite (MIT-Sea Grant, 2004). Les techniques d’écloserie piscicole se développeront ultérieurement au courant du 20ème siècle sur les plans commercial et technologique. Concernant la conchyliculture, ses origines remontent à l’époque des Romains, friands d’huîtres au point de développer les premiers exemples d’ostréicultures dont les techniques de base étaient très similaires à celles utilisées encore aujourd’hui. Depuis trente ans, l’aquaculture a connu un développement sans précédent.
D ‘ après l’ Organisation pour l’Alimentation et l’ Agriculture des Nations Unies (FAO) , l’ aquaculture fournirait, à l’échelle mondiale, plus du tiers des produits alimentaires d’origine aquatique (FAO, 2002). Passant d’une production de 3,5 à 51,4 millions de tonnes entre 1970 et 2002 (FAO, 2002), elle continue de croître à la fois dans les pays développés et les pays en voie de développement. La FAO prévoit, d’ ici 2015-2030, que 40 % de notre consommation de produit aquatique poulTait provemr de l’ aquaculture. Cette importante croIssance est justifiée, d’une part, par l’augmentation constante de la demande de produits aquatiques et, d’autre part, par la crise des pêcheries au niveau mondial. Ces dernières ne lai ssant entrevoir que peu de progrès pour l’avenir et la majorité des stocks d ‘ intérêts étant exploitée à leur plein rendement ou même surexploité (FAO, 1997), l’aquaculture représente une alternative pour pallier ce besoin croissant en protéine aux vues de l’ augmentation constante de la population humaine (FAO, 2001). L ‘aquaculture se place donc à ce jour comme une industrie incontournable, qui fournira une partie cruciale de l’approvisionnement alimentaire futur.
En plus de constituer un moyen intéressant pour réduire la pression sur les stocks naturels , ainsi qu’une source non négligeable de production alimentaire, l’ aquaculture présente d ‘autres points positifs. Elle apparaît comme une source de diversification des activités économiques, principalement dans les régions rurales en zone côtière. Elle peut aussi contribuer à l’ agrément des pêcheurs en devenant une activité complémentaire à la pêche. Il suffit d’observer les différentes activités de repeuplement et d ‘ensemencement, principalement au Japon , en Amérique du nord et en Europe, contribuant au rétablissement ou au maintient des ressources halieutiques naturelles (Kitada, 1999 ; Manzi, 1990). De plus, ce type d’activité offre des bénéfices tels que l’approvisionnement en nourriture, la création d ’emploi , la diminution de la pression sur les stocks naturel s (Beveridge, 1996). Cependant, malgré ses différents avantages , la croissance de l’ industrie aquacole peut aussi causer des effets négatifs sur l’environnement.
En mili eu marin , l’aquaculture (mari culture) est le plus souvent développée dans les zones abritées et d’ accès faci le comme les fjords, les baies ou les lagunes . Dans ces écosystèmes où les échanges d’eau avec l’océan sont limités, l’aquaculture intensive peut être source de surfertili sation dans le cas de la pisciculture et de dépassement de la capacité trophique dans le cas de la conchyliculture. L’aquaculture intensi ve peut aussi causer des phénomènes de pollution génétique (Youn gson et al., 2001) et de diffusion de pathogènes dans les écosystèmes (Heggberget et al. , 1993; Read et Fernandes, 2003). Il est tout de même important de di stinguer deux types d’aquaculture: (1) l’aquaculture extractive, dans le cas d’organi smes qui retirent leur nourriture directement de l’environnement occupé (e.g. bivalves filtreurs) et (2) l’ aquaculture introductive, dans le cas d’organismes nécessitant l’introduction artificielle de nourriture dans l’environnement occupé (e.g. poissons et crustacés). C’est ce deuxième type d’aquaculture qui a généralement plus d’ impact sur l’environnement suite à des phénomènes d’eutrophisation (Milewski, 2000, Holmer et al., 2001).
L’aquaculture au Québec Au Québec, la mariculture est une industrie relativement récente qui a vu ses débuts commerciaux au milieu des années 1980. La période s’étendant des années 1980 au début des années 1990 est généralement considérée comme la première phase du développement de la mariculture au Québec, où l’industrie procédait par essai-erreur avec un succès économique médiocre (SODIM, 2002). Dans une deuxième phase commencée au milieu des années 1990, le Québec s’est doté des ressources et des infrastructures permettant la recherche et le développement en appui à l’industrie aquacole afin de développer une certaine compétitivité technologique et productive sur les marchés. Cette stratégie a donné fruit, entre 1996 et 2001 , à une production passant de 76 à 639 tonnes, soit une croissance moyenne annuelle de 53,5 % (SODIM, 2002). A ce jour, le chiffre d’affaires de la mariculture au Québec est estimé à 1 M $, soit une production annuelle supérieure à 600 tonnes (MAPAQ, 2005).
Jusqu’à maintenant, l’industrie maricole québécoise a misé sur la culture des mollusques bivalves, notamment la moule bleue (Mytilus edulis), le pétoncle géant (Placopecten magellanicus) et le pétoncle d’Islande (Clamis islandica). Depuis quelques années, il y a une volonté de diversifier la production maricole avec d’autres espèces de bivalves (e.g. mye et huître atlantique), d’échinodermes (oursin vert), et de poissons (loup atlantique). Dans ce dernier cas, il s’agit d’activités encore à l’état expérimental. Les activités maricoles se pratiquent dans les quatre régions maritimes du Québec: la Gaspésie (près de 52,2 % de la production totale du Québec), les Îles-de-Ia-Madeleine (47,1 %), la Côte-Nord (0,6 %) et le Bas Saint-Laurent (0,1 %). Si c’est aux Îles-de-la-Madeleine que l’on retrouve le plus grand nombre d’entreprises maricoles au Québec, c ‘est en Gaspésie qu ‘ il y a la production la plus importante: 328 tonnes estimées dont 98 % de moules (SODIM, 2002).
Aux Îles-de-la-Madeleine, la production maricole se limite à l’élevage de mollusques bivalves. La conchyliculture a pris de l’importance car elle permet de répondre à une demande que ne peuvent satisfaire les méthodes traditionnelles de récolte de mollusques sauvages (Environnement Canada, 2001). C’est en 1984 que les premiers permis pour la mytiliculture ont été délivrés aux Îles-de-Ia-Madeleine. Puis au début des années 1990, des producteurs se sont lancés dans l’élevage du pétoncle, suite à la crise des stocks naturels de cette espèce. Cependant, ce n’est que vers la fin des années 1990 que des progrès significatifs en terme de quantité de production et de valeur ajoutée sont apparus dans ces deux secteurs maricoles. Au même moment, un troisième type de conchyliculture à vu le jour: la myiculture. En 1997, une ferme expérimentale pour la production de la mye (Mya arenaria) a été créée aux Îles-de-la-Madeleine. Concernant la mytiliculture, deux entreprises sont en activités à ce jour aux Îles-dela- Madeleine. Ces deux producteurs se consacrent au même type d’ activité, soit l’ élevage en suspension sur boudin traditionnel Uusqu’en 2003) et boudin continu de la moule bleue. De 1996 à 2001, la production de ces deux entreplises est passée de 52 tonnes à 161 tonnes commercialisées, soit de 0,07 M$ à 0,2 M$ en terme de valeur déclarée (MAPAQ, 2005). Les surfaces occupées sont destinées au captage de naissain (23 ha) dans la baie de Bassin et à l’élevage en suspension dans les lagunes de Grande-Entrée (250 ha) et de Havre-aux- Maisons (234 ha).
Concernant la pectiniculture, deux entreprises étaient en activité lors de la réalisation de cette étude aux Îles-de-la-Madeleine. Les deux, s’ intéressent à la production du pétoncle géant, mais n’ ont pas les mêmes stratégies productives. Dans un cas, l’élevage en suspension dans la lagune de Havre-aux-Maisons est couplé à l’ensemencement en milieu ouvert. À cet effet, la compagnie dispose d’un site de pré-élevage en lagune (Havre-aux- Maisons) de 116 ha et de deux sites d’ensemencement en milieu ouvert de 4840 ha et 2677 ha. Entre 1990 et 2000, 29 millions de pétoncles ont été ensemencés au large des Îles-de-la- Madeleine. Une première pêche de pétoncles ensemencés a été réalisée en 2001 , avec une récolte de 135 tonnes de pétoncles (MAPAQ, 2005). Dans le deuxième cas, la compagnie dispose de deux sites d’élevage en suspension dans la lagune de la Grande-Entrée ayant des superficies de 102 ha et 130 ha, respectivement.
Les deux entreprises pectinicoles emploient le même mode d’approvisionnement de naissain , à savoir le captage dans la baie de Plaisance, où 2030 ha sont assujettis à un bail d’exploitation. Pour ce qui est de la myiculture, la seule entreprise actuellement en activité aux Îlesde- la-Madeleine commence tout juste à réaliser une production à l’échelle commerciale. Ses stratégies de production consistent en la récolte de naissain de mye en milieu naturel pour ensuite les ensemencer dans la zone intertidale. En terme d’espace, il possède un site de captage des naissains au Cap Vert dans la lagune du Havre-aux-Maisons de 7,5 ha et un site d ‘ ensemencement en zone intertidale sur la dune du Nord de 14,6 ha. Actuellement, la conchyliculture aux Îles-de-Ia-Madeleine se concentre donc exclusivement dans les lagunes exception faite des activités d’ensemencement de pétoncle en mer.
Or ces plans d’eau intérieurs constituent des espaces réduits limitant le développement maricole futur. Se tourner vers les milieux ouverts (milieu marin hors des plans d’eau intérieurs) ou les espaces telTestres (aquaculture en bassin) constituerait une alternative au développement à venir de la mariculture aux Îles-de-Ia-Madeleine. Des projets pilotes vont d’ailleurs dans ce sens au niveau de la mytiliculture. Des biologistes de la Station technologique maricole des Îles-de-Ia-Madeleine (STMIM) du MAPAQ tentent d’établir les paramètres et les techniques de production mytilicole en milieu ouvert dans la baie de Plaisance. A ce jour, l’identification des secteurs propices à la mmiculture aux Îlesde- la-Madeleine est nécessaire, non seulement pour le succès du développement de la mariculture, mais aussi pour assurer la gestion des espaces aquatiques des Îles-de-Ia- Madeleine.
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Table des matières
REMERCIEMENTS
RÉSUMÉ
TABLE DES MATIERES
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES FIGURES
LISTE DES FIGURES
CHAPITRE 1
1. INTRODUCTION
TABLE DES MATIERES
1.1 L’aquaculture: histolique et contexte globaux
1.2 L’aquaculture au Québec
1.3 Objectifs de l’étude
CHAPITRE II
2. CARACTÉRISATION DES ÎLES-DE-LA-MADELEINE
2.1 Caractéristiques générales de la zone d’étude
2. 1. 1 Cadre géographique
2. 1.2 Géomorphologie
2. 1.3 Principaux plans d ‘eau intérieurs
2. 1.3. 1 Lagune de Grande-Entrée (LGE)
2.1.3.2 Lagune du Havres-aux-Maiso ns (LHAM)
2.1.3.3 Baie du Havre-aux-Basques
2.1. 3.4 Bassin aux Huîtres
2.1.3.5 Baie de Bassin
2.1.3.6 Secteurs visées par l’ évaluation
2.2 Caractéristiques biophysiques et chimiques
2.2. 1 Paramètres physico-chimique de l’eau
2.2.2 Marnage
2.2.3 Ve nt
2.2.4 Glace
2.2.5 Courant
2.2.6 Substrat et nature des fonds
2.2 .7 Bathymétrie
2.3 Qualité de l’environnement
2.3. 1 Principales sources de contaminations
2.3.2 Salubrité des eaux coquilli ères
2.3 La faune marine
2.4 La flore marine
CHAPITRE III
3. APPROCHE METHODOLOGIQUE
3.1 Introduction
3.2 Evaluation du potenti el marico le
3.2. 1 Critères d’exclusion
3.2.2 Cartographi e des zones d’exc lusion
3.2.3 L’ analyse hi érarchique multicritère
3.2.3. 1 Sélecti on des critères d ‘ évaluation
3.2.3.2 Pondération des critères d’évaluati on
3.2.4 Standardisation des critères d ‘évaluat ion
3.2.5 Évaluation quali tative et cartographi e des sites
CHAPITRE IV
4. RESULTATS
4.1 Critères d’exclusion
4.2 Pondération des critères d’évaluation
4.2. 1 Élevage en suspension
4.2 .2 Ense mence ment de pétoncles
4.3 Évaluation globale du potentiel maricole
4.3 .1 Élevage de bivalves en suspension
4.3 .2 Ensemencement de pétoncles en milieu ouvert
CHAPITRE V
5. DISCUSSION
5.1 É levage en suspension de moules et de pétoncles
5.2 Ensemencement de pétoncles
5.3 Critique de la méthode analytique
CHAPITRE VI
6. CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXE!
ANNEXE 2
ANNEXE 3
ANNEXE 4
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