Caractérisation des acteurs de l’AMP et perception des menaces comme source de vulnérabilité

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Cadre biophysique

L’AMP de Saint-Louis regorge d’habitats naturels qui renferment une importante biodiversité et qui procurent aux populations locales des Biens et Services Ecosystémiques (BSE).
– Biodiversité (Faune et flore)
o Faune :
A Saint-Louis on note une importante biodiversité particulièrement en ressources halieutiques et aviaires (Niang, 2012). Cependant la population de tortue n’est pas abondante et celle de mammifèremarin vivant est de nos jours presque inobservable (AMP-SL, 2014).
o Flore terrestre:
La partie terrestre formée de bande de sable (qui fait actuellement plus de 7 km), est essentiellement parsemée de Casuarina equisetifolia (filaos), espèces dominantes sur le littoral et bien adaptée à la forte salinité des terres. Ces bandes de filaos sont le fruit de reboisements, effectués depuis des années, par les agents de l’AMP. En octobre 2016, 55 hectares de filaos ont été reboisés sur la langue de barbarie (Annexe 3), Elles ont pour rôle principal de fixer des dunes de sables et de former des rideaux contre le vent à des fins de protection du littoral (Mailly et al, 1994).
o Flore aquatique :
La mangrove est définie comme étant l’ensemble des formations végétales arborescentes ou buissonnantes qui colonisent les atterrissements intertidaux marins ou fluviaux des côtes tropicales dont l’espèce dominante est le palétuvier (Rhizophora) (Marius, 1985). Des activités de reboisements de filaos et de la mangrove sont souvent effectuées par les agents de l’AMP à travers des projets mais aussi par les populations (Annexe 3).
« La vaste étendue de vasières où se sont développés des herbiers marins dominés par les zostères (Zostera noltii) et les cymodocées (Cymodocea nodosa), constituent cet écosystème à forte influence estuarienne et base d’un réseau alimentaire complexe (AMP-SL, 2009). Les algues microscopiques semblent être abondantes, notamment grâce à la présence de diatomées benthiques dans les vasières non recouvertes d’herbier. » (AMP-SL, 2009).

Cadre climatique

Le climat est du type sahélien avec une saison des pluies, une saison sèche froide et une saison sèche chaude. La ville est néanmoins constamment balayée par les alizés maritimes. Les températures moyennes annuelles sont respectivement 16°C pour les mois les plus froids et 30°C pour les mois les plus chauds (Niang, 2017). La pluviométrie est faible, mal répartie dans le temps et est de l’ordre de 250 mm en moyenne annuelle, avec une saison des pluies courte de trois mois (mi-juillet à mi-octobre) (Seck, 2004). La région est au carrefour de l’océan Atlantique, du désert du Sahara et des régions soudano-sahéliennes. Le régime des vents de la station de Saint-Louis est contrôlé par la présence de trois centres d’action: l’harmattan, la mousson et l’alizé maritime.
Les facteurs climatiques que sont la pluviométrie, la température, le vent, l’humidité relative et l’évapotranspiration et la durée d’insolation, se corrèlent pour définir ensemble le climat.

Cadre socio-économique :

La région de Saint-Louis a connu une forte hausse de sa population allant de moins de 5000 habitants en 1960 à plus 150000 habitants vers début 2000 (AMP-SL, 2009). Les quartiers de la langue de barbarie enregistrent les plus fortes densités de peuplement. (AMP-SL, 2009). La pêche représente la principale source de revenus pour ces populations et une activité primordiale au sein même de la région de Saint-Louis (ANSD, 2015). Ce secteur d’activité associé à des activités connexes comme le mareyage et la transformation emploient la majorité de la population. Une partie de la population s’est tournée vers d’autres secteurs d’activités comme le maraichage et il en existe même qui font la rotation durant l’année entre ces activités, selon des conditions climatiques ou la disponibilité des ressources halieutiques. Le commerce et le tourisme sont plus ou moins développés mais sont aussi victimes de nombreuses contraintes surtout d’ordre organisationnel et structurel (AMP-SL, 2014). Les cultures sous pluie se tiennent pendant l’hivernage sur des sols assez fertiles et concerne les spéculations telles que l’arachide, le niébé, la pastèque, le mil, l’oseille et le manioc. Cependant les facteurs limitant restent le déficit pluviométrique et la salinisation des terres (AMP-SL, 2014). En plus de ces activités, l’élevage est une activité qui reste marginale avec l’aviculture.

Historiques et Problématiques environnementaux liés à la sécheresse et aux aménagements

Après la rude sécheresse des années 70, la plupart de la population saint-louisienne a abandonné les champs et s’est convertie en pêcheurs. La pêche artisanale a été le réceptacle des victimes de cette sécheresse grâce à son accès facile et gratuit. Ainsi, la pêche est devenue un héritage culturel et familial au cœur de quartiers populaires de la langue de barbarie.
Le barrage anti-sel de Diama a été installé en 1986 sur le fleuve Sénégal à 30 km en amont de Saint Louis pour empêcher la remontée de la langue salée et étendre les superficies cultivées pour accroître les rendements des cutures, surtout rizicoles grâce à l’irrigation. Mais aussi alimenter en eau potable les villes de Saint-Louis et Dakar.
Par ailleurs, les terres du Bas Delta ont été soumises à des phénomènes de salinisations importantes depuis la construction du barrage, une dégradation des formations arborées et des terres de cultures, l’érosion, une menace pour la faune ichtyologique et ornithologique ainsi que la prolifération de plantes envahissantes comme le Typha.
Les inondations sont fréquentes car la quasi-totalité des zones situées en dehors de l’île sont dépressionnaires, le bas et les marges du delta sont des zones basses. Les populations se sont installées après la régression des eaux qu’elles voyaient auparavant inonder ces surfaces (Sy et Sy, 2010).
Officiellement appelé canal de délestage ou brèche, cet aménagement avait comme objectif de baisser le niveau des eaux pour sauver la ville de Saint Louis des inondations en octobre 2003. Ce canal qui à l’origine avait 3 mètres de largeur a connu une tendance très rapide à l’élargissement (Sy et Sy, 2010) (Photos 3, 4, 5 et 6). L’ancienne embouchure s’est progressivement ensablée depuis la réalisation de la brèche et s’est déplacée vers l’aval de la région de Saint-Louis. Ceci a entrainé des modifications du circuit d’accès des pêcheurs Guet Ndariens à l’océan Atlantique par le biais du canal. Ce qui leur permet d’éviter actuellement un détour d’environ 40 km pour accéder à l’océan. (AMP-SL, 2009).
Face à l’action conjuguée du boom démographique (avec environs 8 enfants/ménage), le quartier de Guedj-Ndar a vu sa population doubler entre 2002 et 2010 (Sy et Sy, 2010) et du rétrécissement progressif de l’espace (dû aux actions du barrage et de la brèche). Ainsi, la question du devenir des habitants de la Langue de Barbarie se pose. Les conséquences de cette pression démographique se manifestent par une forte pression sur les ressources halieutiques. Ce qui implique une raréfaction de certaines espèces de poissons et le développement de facteurs anthropiques dans l’AMP de Saint-Louis.

MATERIEL ET METHODES

Matériel

Matériel de terrain

Comme outils de terrain, nous avons utilisé : un GPS etrex Garmin, un ichtyomètre, une balance, une clé de détermination des poissons (Bellemans et al. 1988), une paire de jumelle, un guide de détermination des oiseaux (Borrow & Demey, 2012), un appareil photo, un stylo, une voiture 4*4 pick-up et une pirogue. Et comme support papier, nous avons utilisé des fiches d’enquêtes : un guide d’entretien (Annexe 4), de questionnaires (Annexe 5 et 6), une grille de lecture des influences ressources-aléas/risques (Annexe 7), d’une fiche d’identification des espèces halieutiques (Annexe 8) et un bloc-note pour relever les observations de terrains.

Bases de données :

Ce sont des données d’enquêtes, de suivies et d’autres types comme des coordonnées géographiques, des images, etc. prises au terrain. Des bases de données (sur plusieurs années), nous ont été fournies par des structures comme l’ANACIM de Saint-Louis et la DPM.

Logiciels utilisés

Les logiciels de traitement de données sont les suivants: Sphinx Plus² (5.0), Google earth (7.1.8), ArcGIS (10.2), Zotéro (5.0.60) et Microsoft Office 2013 (avec Excel et Word).

Méthodes

Approche adoptée

– Zone d’étude :
Les données ont été collectées dans les limites géographiques de l’AMP (Figure 1), sauf dans le cadre des enquêtes de pêche artisanale qui concernent, plus généralement toute la zone de pêche de St-Louis (de la nouvelle embouchure ou brèche au sud, jusqu’à la frontière Sénégalo-mauritanienne).
Comme l’illustrent les cartes des figures 2 et 3, la mise en évidence des unités écologiques par la cartographie de celles-ci a permis de mieux cerner les Biens et Services écosystémiques (BSE) de l’AMP et par ricochet, m’a permis de mieux appréhender les menaces qui en découlent.
– Choix de paramètres d’études et d’indicateurs de suivis
Un travail de synthèse a été établi en prenant en compte 2 types de systèmes (faunistiques et milieu naturel). Comme paramètres d’études, on aura les composantes de ces systèmes ainsi que les aléas et les risques qui coexistent avec ces derniers. Les différentes composantes ont été regroupées sous forme d’un tableau, puis on y a répertorié les aléas sous formes de thématiques ainsi que les risques présentes ou éventuels.
Nous nous sommes basés sur le fait qu’un indicateur doit être pertinent, clair, valable, applicable et fiable pour en choisir, par rapport au suivi de la nature tel que pratiqué actuellement au sein de l’AMP de Saint-Louis. Des indicateurs de pression, d’état et de réponse ont été utilisés pour mener une analyse de vulnérabilité face aux enjeux.

Collecte de données

• Enquêtes
Nous avons procédé à différents types d’enquêtes au cours de ce travail.
Les enquêtes exploratoires ont été menées dans les structures étatiques, chez la population locale et à travers des personnes ressources comme le conservateur de l’AMP, les gestionnaires de parc (Guembeul, PNLB), le bureau administratif de l’AMP, les membres du comité de gestion de l’AMP, des chercheurs de l’UGB… Cette étape nous a permis de faire ressortir la perception des acteurs sur les menaces pesantes sur l’AMP.
Par la suite, une enquête qualitative a porté sur les ressources halieutiques présentes dans l’AMP : la diversité biologique des espèces présentes dans l’AMP mais aussi présenter quelques espèces phares et leurs caractéristiques. Pour cette étape, nous avons employé divers moyens afin de connaitre les espèces présentes durant la période de pêche (2 saisons et 2 intersaisons de pêche) qui va de Mai 2017 à Avril 2018 (Annexe 9). Ces enquêtes ont visé d’abord à connaître les appellations vernaculaires auprès des pêcheurs, pour toutes les espèces débarquées. Les noms scientifiques sont déterminés grâce à des enquêtes spécifiques à l’aide d’un manuel d’identification des poissons (Bellemans et al. 1988) ou auprès des techniciens du service régional des pêches. Ainsi nous avons cherché à connaître quelques caractéristiques intrinsèques de quelques espèces pêchées au niveau de l’AMP en termes d’habitat, de catégorie trophique, taille moyenne, poids moyen, période d’abondance (Annexe 8). Cette étape nous a ainsi permis de faire un premier inventaire de la diversité biologique des espèces pêchées ou présentes dans l’AMP durant les saisons de 2017 à 2018 et vont ainsi servir de repère pour la cible d’espèce à caractère vulnérable.
C’est à travers ces enquêtes effectuées auprès des pêcheurs, que nous avons pu élaborer une liste exhaustive d’espèces devenues rares dans les eaux saint-louisiennes.
Les enquêtes sur les tortues marines à travers des suivis intenses des plages pendant la période de reproduction permet de donner une idée sur le niveau de fréquentation des plages par les tortues pour leur reproduction. Cette activité est menée depuis quelques années par le PNLB qui est parfois en collaboration avec l’AMP de Saint Louis (le PNLB est contigüe à l’AMP de Saint-Louis). Les données relatives aux mammifères marins sont issues d’enquêtes auprès des populations de pêcheurs, mais aussi des échouages in situ de cétacés.
On a pu répertorier lors de nos enquêtes sur la vulnérabilité de l’environnement physique et recherches préliminaires, les menaces d’ordres anthropiques et relevant du naturel qui pèsent sur l’AMP de Saint-Louis.
• Données quantitatives des mises à terres halieutiques
En plus des enquêtes de terrain, une étude sur l’évolution du réservoir marine a été réalisée avec des données obtenues dans le cadre général du système de collecte d’informations de la DPM sur la pêche artisanale sénégalaise durant ces dernières années. Les données analysées ici vont de 2005 à 2017.
• Données relatives aux ressources aviaires
Nous avons effectué des suivis de la faune aviaire tous les 15 de chaque mois pendant la période de notre étude. Ces données ont été complétées par celles de l’AMP acquises en 2013, 2015 et 2017. Nous avons ensuite analysé l’ensemble de ces données pour voir l’état de la biodiversité aviaire au niveau de l’AMP et les tendances de la dynamique des espèces d’oiseaux.
• Données climatiques
Elles ont été obtenues à l’ANACIM de Saint-Louis. Une base de données constituée de documents écrits avec des données brutes (collectées mensuellement de 1981 jusqu’en 2017) qui renferment les températures et la pluviométrie nous ont été fournies. En plus de la température et de la pluviométrie, une analyse brève sera tenue sur le vent.
• Relevées de coordonnées géographiques
Des coordonnées de la Langue de barbarie ont été prises pour l’analyse par télédétection de l’évolution de la brèche. Pour actualiser la carte de l’AMP, nous avons relevé des coordonnées géographiques des différentes unités écologiques tels que les mangroves, les bandes de filaos, de bolong, les marais salant, de l’ancien village Doun baba dieye, d’amas coquillier, les hôtels etc., lors de nos différentes sorties de terrain. Celles des récifs artificiels immergés ainsi que de la nouvelle embouchure, nous ont été transmises par l’équipe chargée de ces immersions.

Traitement des données :

– Exploitation et Analyse des données :
Les données d’enquêtes collectées ont été saisies et traitées à l’aide des logiciels Sphinx et Excel. Les graphes sont générés à l’aide du tableur EXCEL. Cette phase a consisté d’abord au codage des données qualitatives qui s’y apprêtaient. Quant aux données quantitatives, elles ont été traitées par regroupement thématique afin de dégager les orientations prédominantes et de tirer la synthèse.
Pour le traitement des données aviaires, la fréquence de la présence des espèces au niveau des relevées nous a permis d’utiliser quelques qualificatifs comme les espèces: Commune (abondante et toujours présente), Assez Commune (souvent rencontrée, pas rare), Assez Rare (rencontrée de temps en autre, peu commune) et Rare (seulement rencontrée quelques fois sur l’ensemble des relevées, dont la présence est exceptionnelle).
En ce qui concerne la brèche, avec Google Earth, nous avons fait la télédétection de la zone sur plusieurs années pour pouvoir effectuer des mesures de distances et ainsi suivre son évolution. La réactualisation de la carte de l’AMP a été faite à l’aide du logiciel Arcgis en travail d’équipe. L’ensemble des informations ainsi obtenues est synthétisé et analysé en vue de dégager les différentes tendances relatives aux questions des impacts, d’adaptation et de vulnérabilité. Nous allons évaluer la vulnérabilité des écosystèmes faunistiques et des milieux naturels en nous appuyant sur les éléments qui composent et qui interagissent au sein de l’AMP.
– Détermination et priorisation des rangs de vulnérabilités
On a dressé un tableau croisé composantes ou ressources / aléas et risques et à chaque cellule, on affectera un indice de vulnérabilité selon le degré d’influence de l’aléa sur la composante fondé sur la base : des résultats d’enquêtes de la population, des personnes ressources de l’AMP et des analyses que nous avons tirées du terrain suivant le temps et l’espace. Pour calculer les indices de vulnérabilités, nous allons scinder ce tableau en 2 parties c’est-à-dire pour chaque type de système. Après cette étape, nous allons calculer les scores des indices de vulnérabilité (indice d’exposition de la composante ou de l’indice d’impact de l’aléa ou du risque).
Pour ce faire, nous appliquerons la formule suivante :
A partir de ces scores, on pourra en déduire le rang du niveau de vulnérabilité de chaque composante et le rang du niveau d’impact de chacun des aléas. Et par la suite utiliser ce rang à des fins de priorisations de vulnérabilités de ces écosystèmes.
La détermination du rang du niveau d’impact permet de voir l’aléa qui menace le plus l’AMP de Saint-Louis ainsi que le risque le plus probable, et pour chaque système, la composante la plus vulnérable.
– Evaluation du niveau de vulnérabilité face aux enjeux actuels de développement
Il faudra, en suivant le rang de vulnérabilité des différents systèmes, dresser des tableaux pour pouvoir traiter les indicateurs d’impacts (pressions et états) avec les indicateurs de réponses (enjeux en cours pour remédier aux impacts). A la fin faire une petite analyse pour voir si les enjeux en cours ont contribué à Atténuer(A) ou non (niveau Elevé(E) ou Critique(C)) la vulnérabilité des systèmes.

Caractérisation des acteurs de l’AMP et perception des menaces comme source de vulnérabilité

Au total nous avons pu interroger 180 personnes. Acteurs directs, indirect et membres du comité de gestion de l’AMP de Saint- Louis tous ont pour la plupart été enquêtés et sont tous âgés d’au moins 20 ans. Le groupe enquêté est constitué de 82% d’hommes et 18% de femmes. Environs 57,78% des cibles sont de la communauté locale et l’autre tranche des personnes ressources. Les populations sont constituées majoritairement par le groupe de pêcheurs (51,7%) puis diversement réparties entre les mareyeurs, les transformatrices de produits halieutiques et les maraichers entre autres.
Ces enquêtes ont révélé comme menaces : l’ouverture de la brèche, la construction de barrages, la forte démographie urbaine, un parc piroguier très important de plus de 5000 pirogues entrainant ainsi une surexploitation des ressources halieutiques, la gestion des eaux usées émanant des infrastructures hôteliers, l’insalubrité ( gestion des déchets ménagers), la coupe du bois de chauffe pour la transformation, la faible pluviométrie, les fortes houles, l’érosion, la salinisation dans certains zones et beaucoup de problèmes rencontrés dans les différents secteurs d’activités. Les populations les plus dépendantes de ces ressources s’inquiètent sur le sort de cet écosystème car sa sensibilité face aux menaces est sans équivoque.

Changement climatique

Evolution des températures

A travers les données brutes mensuelles de 1981 à 2017, on a pu noter une température maximum enregistrée qui est de 37.2° en novembre 2006 et un minimum de 14.53° en janvier 2009. Sur une échelle de 36 ans, nous avons traduit des données brutes en une courbe évolutive qui montre la tendance de la température moyenne annuelle à accroitre au fil des années, Ce scénario climatique a enregistré au fil de ces années, des températures moyennes avec un minimum de 24.59° en 1982 et un maximum de 27.51° en 2008 (Figure 4). On peut nettement observer une augmentation des températures moyennes d’environ 2° (à 3°C par moments) sur une période de 36 ans. Le cumul des températures mensuelles (minimal, maximal et moyenne) de 2006 à 2017(Annexe 10).

Evolution de la pluviométrie

Un cumul des précipitations a montré un pic d’environ 593 mm en 2010 et un déficit pluviométrique d’environ 58,9 mm en 1992 (Annexe 11). L’analyse des données pluviométriques sur 30 ans (chaque 10ans) a montré une réelle baisse de la quantité de pluie allant d’un pic de 270.3 mm en 1987 pour atteindre un maximum de 89 mm en 2017 (Figure 5). On observe aussi le décalage des saisons par l’arrivée et la fin précoce de la saison des pluies. Les enquêtes ont révélées que le dérèglement climatique était bien réel de par leur observation. Ils parlent d’érosion, de changement de la direction des vents (qui sert d’orientation aux pêcheurs), de réduction des jours de pêches par les houles de plus de 3m et même de la fréquence des interdictions de sorties en mer….

Faune menacée

Ressources Halieutiques :

 Diversité halieutique dans l’AMP
Nous avons pu identifier 121 espèces halieutiques au niveau de l’AMP et sa périphérie à la suite d’observations et d’échanges avec les pêcheurs (Annexe 12). Ces espèces sont réparties en 4 groupes zoologiques dont :
– 81,8% de poissons osseux ou Ostéichtyens (mérous, dorades, pagres, rouget, etc.)
– 8,3% de poissons cartilagineux ou Chondrichtyens/élasmobranches (raies, requins…)
– 6,6% de Mollusques : de bivalves (arches, huitres), de céphalopodes (seiches, pieuvres, calmars), de gastéropodes, principalement des volutes (« yeet »)
– 3 ,3% de crustacés (crevettes, crabes, langoustes, etc.)
Nous avons identifié au moins deux espèces les plus fréquentes pour chaque saison de pêche et nous avons pu établir leurs caractéristiques et leur statut de conservation sur la liste rouge de l’UICN (Annexe 13).
 Détermination quantitative des débarquements annuels:
Les données de l’annexe 14 nous ont permis d’apprécier l’évolution quantitative des stocks du réservoir marin de 2005 à 2017 à travers les débarquements annuels (Figures 7,8 et 9).
NB : Les données de la DPM prennent rarement en compte les produits de la pêche non exploités par les mareyeurs. Ainsi beaucoup d’espèces consommées directement par les populations locales ne sont pas prises en compte dans les relevés de la DPM. C’est le cas de petits poissons du fleuve, des crustacés comme les crabes…
Pour les débarquements de poissons, au fil des années, on note un pic de tonnage de 79126 en 2012 et un minimum de 11509 tonnes en 2017 (Figure 7). Pour l’année 2017, on a noté une chute des mises à terre de 82% par rapport à l’année 2016. En ce qui concerne les Crustacés, une forte baisse est observée allant de 75,7 tonnes en 2005 pour osciller entre environ 7 et 21 tonnes ces cinq dernières années (Figure 8). Pour la population de mollusques, on a enregistré un maximum de 369.45 tonnes en 2009 et un tonnage de 25,3 en 2016 (Figure 9). En somme, les débarquements de l’année 2017 ont été très faible comparés aux douze dernières années.
 Enquête sur les espèces rares ou menacées :
Ces enquêtes nous ont permis de constater une baisse de la biodiversité halieutique depuis quelques années (voir annexe 15). Les prises d’espèces démersales ont diminué. Les pélagiques sont plus fréquentes au niveau des prises.
Les résultats des enquêtes font aussi état de la disparition d’espèces comme Pristis sp qui reste introuvable depuis plusieurs années. Actuellement proclamées absentes dans les eaux saint-louisiennes par la plus-part des pêcheurs, les espèces Dentex canariensis et D. gibbolus sont péchées en dehors de Saint-Louis. Mais, il existe aussi quelques pêcheurs qui parlent juste de la raréfaction de ces dernières. La population de requins et raies voient leurs effectifs décliner et c’est l’exemple du requin-marteau (Sphyrna mokarran).
En plus de la non application des bonnes pratiques par les acteurs, les principales causes de la rarefaction des ressources halieutiques formulées par cette population de pêcheurs sont :

Avifaunes:

A travers des relevés de décomptes mensuels de 2013, 2015 et 2017, on a pu établir un tableau de 57 espèces d’oiseaux d’eau (Annexe 16) qui fréquentent l’AMP de Saint-Louis.
Seule 39% des espèces sont fréquentes dans l’AMP (dont 21% très fréquentes et 18% peu fréquentes). Le reste (61%) des espèces sont considérées comme rares au niveau de l’AMP et ses environs(Figure 11). Nous avons indiqué aux annexes 16 et 17 les périodes de nidification pour certaines espèces qui sont fréquentes au niveau de l’AMP.

Tortues marines et mammifères marins:

Quatre (04) espèces de tortues marines sont signalées au niveau de l’AMP et ses environs. Il s’agit de la tortue luth (Dermochelys coriacea), la tortue imbriquée ou à écaille (Eretmochelys imbricata), de la tortue verte (Chelonia mydas) et de la tortue Olivâtre (Lepidochelys Olivacea). Toutefois, leur observation est devenue difficile à cause des effets combinés du braconnage et de la pollution des eaux par les déchets plastiques. Il est fréquent de rencontrer des cadavres de tortues sur la plage (Photo 7). Parfois, des pêcheurs signalent la remontée d’individus pour la reproduction pendant l’hivernage et aussi des prises accessoires pendant les périodes de pêches. Des indices d’échouages de tortues sont présentés en annexe 19.
Cependant, d’après 80% des personnes enquêtées, on note une absence de cétacés depuis quelques années dans les eaux saint-louisiennes. Selon eux, on y voyait autrefois des lamantins, des phoques, des dauphins ainsi que des baleines. Mais ces espèces sont devenues rares. Les rares observations d’échouages de certaines espèces de petits cétacés sur les plages de la Langue de Barbarie (au niveau de l’AMP) (phoque moine, Monachus monachus, en 2006, une petite baleine en août 2007, un Dauphin pilote (ou Globicéphale noir) en 2014 et les restes d’un dauphin en 2017 (Photo 8) ont permis de signaler leur présence dans le site.

Facteurs de dégradation du milieu naturel

Facteurs anthropiques

Aménagements : hydro-agricole (barrage de diama), brèche et hôtels

En effet, l’AMP de Saint-Louis est directement sous l’influence des aménagements du fleuve qui ont été faits pour d’autres raisons que la pêche côtière ou la gestion des ressources.
 Le barrage de Diama
Les enquêtes auprès des populations locales ont permis de mettre en exergue une diminution importante voire une disparition d’espèces à affinité marine et estuarienne suite à l’installation du barrage de Diama.
Ce genre d’ouvrage peut constituer une barrière physique contre la migration des poissons et entraîne ainsi une perte d’habitat du fait du rétrécissement de la zone estuarienne. Le mode de gestion du barrage de Diama (retenues et lâchers périodiques d’eau) entraîne des variations brusques des facteurs abiotiques du milieu (ph, composition chimique, variation physique…) qui deviennent néfastes aux espèces inféodées à ces milieux. Ainsi le peuplement marin inféodé à l’estuaire du fleuve s’arrête à Diama et n’atteint donc plus ses zones de reproduction situées en amont. Une telle fragmentation de l’environnement perturbe la dynamique des eaux, l’augmentation de la salinité des eaux en aval avec des taux avoisinant l’eau de mer entraînant du coup la salinisation des terres, de la nappe phréatique, le dessèchement des cuvettes, la baisse de la production agricole notamment dans le Gandiol, la prolifération de plante aquatique comme le typha et le développement de certains maladies (paludisme, bilharziose en dehors de la zone de l’AMP…).
 L’élargissement de la brèche et la progression de l’embouchure vers le sud Le logiciel Google Earth nous a permis de mesurer la largeur de l’ouverture de la brèche et de mettre en évidence son élargissement vers le sud (Figure 12). Cette largeur est passée de 3 mètres à son ouverture en 2003 à 723 mètres en 2004, 2570 mètres en 2009, 5380 mètres en 2014 et avoisine les 4993 mètres en 2018. On assiste ainsi à un important gain de terre vers la partie nord et une perte vers la partie sud.

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Table des matières

INTRODUCTION :
CHAPITRE I : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
I.1 Concepts clés
I.1.1 Aire Marine Protégée(AMP)
I.1.2 Concept de la Vulnérabilité
a. Définition de la Vulnérabilité
b. Niveau de vulnérabilité:
c. Facteurs de Vulnérabilité
I.1.3 Enjeux actuels de développement :
I.2 AMP de Saint-Louis
I.2.1 Contexte et Objectifs de création :
I.2.2 Cadre géographique :
I.2.3 Cadre biophysique
I.2.4 Cadre climatique
I.2.5 Cadre socio-économique :
I.3 Historiques et Problématiques environnementaux liés à la sécheresse et aux aménagements
CHAPITRE II : MATERIEL ET METHODES
II.1 Matériel
II.1.1 Matériel de terrain
II.1.2 Bases de données :
II.1.3 Logiciels utilisés
II.2 Méthodes
II.2.1 Approche adoptée
II.2.2 Collecte de données
II.2.3 Traitement des données :
CHAPITRE III : RESULTATS ET DISCUSSION
III.1 RESULTATS
III.1.1 Caractérisation des acteurs de l’AMP et perception des menaces comme source de vulnérabilité
III.1.2 Changement climatique
III.1.2.1 Evolution des températures
III.1.2.2 Evolution de la pluviométrie
III.1.3 Faune menacée
III.1.3.1 Ressources Halieutiques :
III.1.3.2 Avifaunes:
III.1.3.3 Tortues marines et mammifères marins:
III.1.4 Facteurs de dégradation du milieu naturel
III.1.4.1 Facteurs anthropiques
a. Aménagements : hydro-agricole (barrage de diama), brèche et hôtels
b. Pollution sur le complexe fluvio-océanique et côtier :
c. Pratiques clandestines : coupe de bois, prélèvement sable et coquillage
III.1.4.2 Facteurs naturels
a. Erosion et inondation
b. Salinisation de la nappe et des sols
c. Désertification
III .1.5 Détermination du rang du niveau de vulnérabilité des composantes
III.1.6 Détermination du niveau de vulnérabilité de l’AMP face aux enjeux actuels de développement
III.2 DISCUSSIONS
CONCLUSION, RECOMMANDATIONS ET PERSPECTIVES
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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