Caractères botaniques de Adansonia digitata
Biologie et description
Le genre Adansonia compte plusieurs espèces en Australie et à Madagascar, mais une seule en Afrique, Adansonia digitata (Giffard, [7]). Il appartient à la famille des Bombacacées. Adansonia digitata est caractéristique des paysages sénégalais et malien avec un tronc boursouflé posé sur le sol comme une énorme bouteille ventrue. IL peut atteindre plus de 20 – 25 mètres de hauteur (Giffard, [7]). C’est un arbre ayant un port très caractéristique à cause de son tronc énorme, souvent creux et pouvant atteindre 7 m de diamètre qui présente des branches robustes et tortueuses (Arbonnier, [11]). La cîme formée d’énormes branches tortueuses et courtes, offre un aspect décharné, surtout lorsqu’elle est défeuillée entre Décembre et Juin (Giffard, [7]). Les jeunes sujets ressemblent à des bouteilles au sommet desquelles se trouvent les rameaux (Von Maydell, [10]). Son apparence particulière résulte de ce que les épaisses branches semblent avoir été enfoncées dans le tronc à la manière de bouchons de liège (Owen, [23]). Le baobab possède la faculté de régénérer son écorce lorsqu’elle est prélevée (Wickens, [21]). Adansonia digitata a une capacité exceptionnelle de résister à la sécheresse et aux feux, deux des ennemis principaux de la flore dans les régions sèches de l’Afrique (Owen, [48]). Le baobab produit un système radiculaire latéral très étendu jusqu’à 50 mètres du tronc dont la terminaison se présente souvent sous forme de tubercules. Mais les racines principales des arbres âgés sont relativement peu profondes et se prolongent rarement au delà de 2 m. Ils sont de ce fait très sensibles aux forts vents de type tempête, orage qui peuvent le déraciner. (http://www.futurasciences.com/fr/comprendre/dossiers/doc/t/botanique/d/baobab larbre-pharmacien-larbre-devie_666/c3/221/p5/[48]).
L’écorce est lisse. Le tronc est constitué de tissus parenchymateux gorgés d’eau. Un baobab adulte peut emmagasiner plus de 120 000 litres d’eau (Samba et al., [9]). Les fruits appelés “ pains de singe “ de 12 à 36 cm de long et de 7 à 17 cm de diamètre, suspendus à l’extrémité d’une longue corde (Von Maydell, [10]) ont des formes variables selon les espèces de baobab (sphérique, ovoïde, allongé ellipsoïde). L’enveloppe est pelucheuse, dure, ligneuse, vert brunâtre ou gris jaunâtre, rempli d’une pulpe blanche ou rosée. Cette pulpe contient de nombreuses graines de la taille d’un haricot, dures, réniformes, brun noir avec des incrustations brun rouge. Ces fruits, arrivés à maturité durant la saison sèche avant les nouvelles floraison et feuillaison qui précèdent la saison des pluies, tombent de l’arbre, ce qui casse la coque et permet aux termites de manger la pulpe et de libérer les graines (Von Maydell, [10]). Ces dernières sont dispersées, quand elles ne germent pas in situ, par des singes, rats, éléphants, élans, oiseaux ou enfin par l’homme qui est également un gros consommateur des fruits. Un fruit contient en moyenne 350 graines, ce sont des graines dures, brunes, assez grosses et de forme caractéristique (Le Flamboyant, [50]). On sépare facilement les bonnes graines des graines avortées par flottaison dans l’eau. Les graines qui flottent sont vides et sont rejetées. Il faut environ 4 kg de fruits pour 1 kg de graines (2000 à 4000 graines par kg) (Le Flamboyant, [50]). Les fruits se développent 5 à 6 mois après la floraison. On estime que les baobabs sont prêts à produire des fruits entre 8 et 23 ans (collière, [15]). Les feuilles sont longuement pétiolées, digitées, avec 3 à 9 folioles entières, lancéolées, longues de 4 à 15 cm et jusqu’à 5 cm de large. Elles sont brillantes au dessus et poilues en dessous (Von Maydell, [10]).
L’arbre n’a pas de feuille durant la plus grande partie de l’année (Terrible, [25]). Ses feuilles apparaissent pendant la saison des pluies. Elles sont alternes, quinquafoliées et présentent une longueur d’environ 20 cm. Elles tombent durant la saison sèche. Les fleurs grandes (15 – 25 cm de diamètre) et blanches pendent au bout d’un pédoncule de 25 cm de longueur et supportent plus tard le fruit (Terrible, [25]). La pollinisation se fait par la chauve-souris et d’autres micro-mammifères (Von Maydell, [10]).
Distribution géographique et origine de Adansonia digitata
Le baobab est une espèce essentiellement de la zone soudano-sahèlienne (600 à 900 mm de pluies annuelles). Il s’adapte à tous les sols, mais préfère les sols calcaires (Le Flamboyant, [50]). Cependant, le baobab peut se développer sur une large variété de sols. Thompson [51] a indiqué que les baobabs sont habituellement trouvés sur les sols rocheux et latéritiques. Le baobab a été enregistré dans des sols argileux (Harrison et Jackson, [52]), sableux (Rosevear, [53] ; Jenik et al., [54]) et dans des vases alluviales (Astle et al., [55]). On le trouve également sur les plaines mal vidangées du delta du Zambèze (Wickens, [21]). Les peuplements sont très souvent communs et grégaires. Les peuplements les plus denses et les plus vigoureux sont situés au Sénégal aux environs de Bargny sur les marnes calcaires (Giffard, [7]). Cette essence longévive (jusqu’à 1000 ans) est sans doute d’origine littorale (Le Flamboyant, [50]). Cet arbre aux usages multiples et souvent vénéré par les populations, a été propagé par l’homme (Giffard, [7]). Von Maydell [10] pense que les jeunes plants se développent mieux dans les cultures auprès des habitations pour échapper aux feux, aux herbivores et aux rongeurs et que la présence de Adansonia est souvent liée à l’occupation humaine. En brousse, sa présence signale des villages disparus (Arbonnier, [11]). Cependant, Wickens [21] estime que les populations ont pu construire leurs villages là où existaient déjà certains baobabs. Giffard [7]) pense qu’il est difficile de déterminer les types de formations forestières où l’essence a existé primitivement, car sa présence est toujours liée à une occupation ancienne ou récente du terrain par les hommes qui l’ont propagée au cours des siècles en épandant des graines après avoir mangé la pulpe farineuse des fruits. Selon Auberville cité par Giffard [7], l’aire a d’abord été littorale comme le laisse supposer l’abondance des baobabs dans certains districts maritimes entre l’Angola et le Sénégal sur la côte occidentale, entre le Natal et le Kenya sur la côte orientale. Cependant, selon Busson cité toujours par Giffard [7], l’hypothèse selon laquelle l’arbre avait été introduit par voie maritime à partir de la flore Australienne ou Malgache a été émise. “ Baobab “ provient du terme arabe “ bu hibab “ qui signifie fruit avec de nombreuses graines. La vitesse de croissance et la longévité de l’arbre ont donné lieu à des controverses sur l’âge de Adansonia digitata (Giffard, [7]). Adanson estimait que certains spécimens pouvaient atteindre 5000 à 6000 ans (Giffard, [7]). Adam [56], qui procéda à des mensurations sur des sujets dont il avait pu déterminer l’année de plantation, situe l’accroissement moyen annuel sur le diamètre à 3 cm pendant les cinquante premières années. Il reconnaît toutefois qu’il est possible que le rythme de croissance diminue ensuite. Ce que confirme SWART [57] qui en 1963, avec des échantillons de bois du cœur d’un baobab de 4,5 mètres de diamètre abattu près du lac Kariba dans la vallée du Zambèze a pu dater cet échantillon au carbone 14 et estimer son âge à 1010 ± 100 ans.
Multiplication et culture du Baobab
Le baobab est une essence de lumière comme la plupart des espèces des régions semi-arides et sub-humides. Il possède une haute résistance au feu et à la sécheresse grâce à son tronc succulent (Von Maydell, [10]). Le bois est en effet spongieux et stocke de grandes quantités d’eau. IL se reproduit habituellement par graines. Il y en a 2000 à 3000 par kg. Ces graines peuvent rester viables pendant des années. La germination des graines n’ayant subi aucun prétraitement requiert 3 à 5 semaines après semis direct (CILSS, [58]). Selon Roussel [59], le prétraitement peut s’effectuer soit par trempage dans de l’eau bouillante (24 à 48 heures), soit dans de l’acide sulfurique concentré (6-12 heures) suivi d’un trempage dans l’eau froide (15- 20 mn). Ce dernier prétraitement réduit significativement la durée de germination à une vingtaine de jours seulement (Danthu et al., [60]). Toute fois une scarification manuelle par simple élimination d’une partie du tégument réduit encore plus la durée de germination de 6 à 8 jours (Samba et al, [9]). Dans la nature la levée de dormance se fait dans le tube digestif des gros mammifères. Pour des chocs thermiques de 50 à 100°C, la germination des graines de baobab n’est pas altérée. Elles perdent cependant leur viabilité après une exposition à 150°C (ISRA-CNRF, [61]).
Greffage du baobab
L’aptitude au greffage du baobab a été réussie en test (ISRA-CNRF, [61]). Le greffage des sujets juvéniles est possible avec un fort taux de réussite (> 96%) quelle que soit la technique de greffage. Lorsque le greffon est prélevé sur un arbre adulte, la réussite du greffage est significativement inférieure à celle obtenue avec les greffons juvéniles dans le cas greffes de rameaux fente terminale ou placage (Danthu, [13]).
floraison et fécondation du baobab
La floraison a lieu du mois de Mai aux environs du mois d’Août (http://www.senegalaisement.com/senegal/baobab.php [62]). Les fleurs commencent à s’ouvrir vers la fin de l’après-midi, s’ouvrent complètement en soirée et tombent le lendemain à l’aube. Elles ne durent donc que 12 heures. Les fleurs émettent un parfum aigrelet, soufré, voire putride qui attire en particulier les chauves-souris qui vont jouer ainsi le rôle de pollinisateur (http://www.senegalaisement.com/senegal/baobab.php [62]). Le gros bouton floral sphérique pend à l’extrémité d’un long pédoncule. Il s’entrouvre, le calice se fend en 5 parties qui se recourbent peu à peu, la fleur s’épanouit 2 heures après le début de l’ouverture, les sépales se retournent entièrement en s’enroulant vers le haut. Les pétales suivent ensuite le même chemin, ils se déplient, se défroissent. La pleine éclosion se fait rapidement, en un quart d’heure environ, les changements de la fleur sont visibles à l’œil nu. Les fleurs sont grandes, blanches, la corolle est composée de 5 pétales tordus, les étamines sont nombreuses (1500 à 2000), les anthères forment une grosse masse sphérique, le style est simple, filiforme, terminé par un stigmate proéminent (http://www.senegalaisement.com/senegal/baobab.php). Le nombre de fleurs par arbre varie de 1 ou 2 jusqu’à 10-50 par jour et la floraison peut se prolonger pendant 6 semaines. (http://www.futura sciences.com/fr/comprendre/dossiers/doc/t/botanique/d/baobab-larbre-pharmacien larbre-devie_666/c3/221/p5/ [49]). La fleur du baobab étonne par la position qu’elle occupe sur l’arbre ; en effet, à l’extrémité du pédoncule flasque d’une longueur d’environ 50 cm, les pièces florales du calice, de la corolle, de l’androcée ainsi que le style se recourbent vers le haut. L’odeur qu’elle dégage est peu agréable. C’est une fleur d’une nuit, car le lendemain elle paraît déjà fanée, elle perd son éclat, la blancheur est ternie et le soir suivant toutes les pièces florales tombent ensembles. La fécondation a lieu pendant la nuit (http://www.senegalaisement.com/senegal/baobab.php [62]). La pollinisation est assurée par les chauve-souris et autres micro-mammifères. La visite qu’effectue la chauve-souris est très brève, quelques secondes pendant lesquelles elle s’accroche avec ses griffes dans les tissus de la corolle. La chauve-souris, amatrice de fruits et de jus sucrés, est attirée par le nectar assez abondant dans la fleur (http://www.senegalaisement.com/senegal/baobab.php [62]).
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
CHAPITRE I : Le cadre de l’étude
I. Localisation de l’étude
II. Sénégal Oriental/ Haute Casamance
III. Sud Bassin Arachidier
IV. Centre Nord Bassin Arachidier
CHAPITRE II : Données bibliographiques
I. Caractères botaniques de Adansonia digitata
I. 1 Biologie et description
I. 2 Distribution géographique et origine de Adansonia digitata
I. 3 Multiplication et culture du baobab
I. 4 Greffage du baobab
I. 5 floraison et fécondation du baobab
I. 6 Pollinisateurs de Adansonia digitata
I. 7 Apiculture
I. 8 Position systématique
I. 9 Quelques noms en langues locales de Adansonia digitata
I. 10 Caractéristiques des autres Adansonia
II. Utilisations de Adansonia digitata
II. 1 Intérêt culturel et domestique
II. 2 Intérêt textile
II. 3 Usages alimentaires et culinaires
II. 4 Actions pharmacologiques
II. 5 Utilisation en médecine traditionnelle des différentes parties du baobab
III. Travaux menés sur la chimie de Adansonia digitata
III. 1 Composition chimique des feuilles
III. 2 Composition chimique du fruit (pulpe)
III. 3 Composition chimique de la graine
III. 4 Composition chimique des racines et de l’écorce
IV. Rôle du mucilage des feuilles de baobab dans la digestion et l’absorption alimentaire
V. Rôle des glucides dans l’organisme
V. 1 Définition
V. 2 Importance biologique des glucides
V. 2. 1 Au niveau extracellulaire
V. 2. 2 Au niveau intracellulaire
V. 2. 3 Au niveau intercellulaire
VI. Intérêts de quelques minéraux et oligo-éléménts dans l’organisme
VI. 1 Le Calcium
VI. 2 Le Fer
VI. 3 Le phosphore
VI. 4 Le Magnésium
CHAPITRE III : Typologie paysanne du baobab
I. Méthodologie
II. Analyse des données
III. Résultats
III. 1 Description des sites de collecte
III. 2 Classification paysanne du baobab
CHAPITRE IV : Caractérisation morphologique des morphotypes de baobabs
I. Matériel et méthodes
I. 1 Matériel végétal utilisé
I. 2 Méthodes d’étude
I. 2. 1 Identification et collecte des morphotypes de baobabs
I. 2. 2 Paramètres mesurés sur l’arbre et les fruits
I. 3 Analyse des résultats
II. Résultats
II. 1 Caractérisation morphologique des morphotypes de baobabs
II. 2 Relation entre les paramètres morphologiques du fruit des morphotypes
II. 3 Variance des caractères morphologiques du fruit des morphotypes
CHAPITRE V : Caractérisation physico-chimique de la pulpe de fruit des morphotypes de baobabs
I. Matériel et méthodes
I. 1 Détermination et choix des paramètres à analyser
I. 2 Sélection des échantillons
I. 3 Préparation des échantillons
I. 4 Méthodes d’analyses
I. 4. 1 Dosage du Calcium
I. 4. 2 Dosage du Magnésium
I. 4. 3 Détermination de l’humidité
I. 4. 4 Détermination du taux de cendres
I. 4. 5 Détermination de l’acidité
I. 4. 6 Dosage des sucres réducteurs
I. 4. 7 Dosage des sucres totaux
I. 4. 8 Détermination du Fer
I. 4. 9 Détermination du Phosphore
I. 5 Analyses statistiques des résultats
II. Résultats
II. 1 Caractérisation Physico-chimique de la pulpe des morphotypes de baobabs
II. 2 Relation entre les paramètres physico-chimiques du fruit des morphotypes de baobabs
II. 3 Variance des paramètres physico-chimiques de la pulpe des morphotypes
CHAPITRE VI : Effet des conditions pédologiques et de la pluviométrie sur les caractéristiques morphobio-biochimiques du fruit des morphotypes de baobabs
I. Principe
II. Méthodologie
III. Analyses statistiques des résultats
IV. Résultats
IV. 1 Effet des conditions pédologiques
IV. 1. 1 Corrélation entre les caractéristiques physico-chimiques du sol et les caractéristiques morphologiques du fruit des morphotypes de baobabs
IV. 1. 2 Corrélation entre les caractéristiques physico-chimiques du sol et les caractéristiques biochimiques du fruit des morphotypes de baobabs
IV. 2. Effet de la pluviométrie
IV. 2. 1 Effet de la pluviométrie sur les caractéristiques morphologiques du fruit des morphotypes de baobabs
IV. 2. 2 Effet de la pluviométrie sur la composition physico-chimique de la pulpe des morphotypes de baobabs
CHAPITRE VII : Discussions
CHAPITRE VIII : Conclusions