Dès les premières années de découverte de l’infection à VIH/SIDA, qui est rapidement devenue une pandémie préoccupante, la tuberculose longtemps contenue dans les pays développés, est devenue une maladie réémergente. Dans les pays en développement elle est un défi permanent de Santé Publique, en partie due à la paupérisation croissante de nos populations. La tuberculose est considérée partout dans le monde, comme l’affection opportuniste la plus fréquemment associée à l’infection à VIH, et constitue depuis 1993, un critère clinique entrant de la définition du SIDA.
En Afrique Sub-saharienne, la tuberculose est au premier rang des infections pulmonaires au cours du SIDA et cette co-infection a mérité l’appellation de « duodiabolique » [10]. Il se confirme de plus en plus, que le SIDA est à l’origine d’une augmentation des cas de tuberculose dans les pays en développement et que sa prévalence, chez les séropositifs, reflète le niveau de l’endémie tuberculeuse de la population environnante.
RAPPELS
EPIDEMIOLOGIE
Epidémiologie de la tuberculose
Généralités :
La tuberculose est une maladie contagieuse due à la mycobactérie tuberculeuse (bacille de Koch = BK ) et sévit de façon endémique dans nos régions. Elle peut être multifocale ou localisée préférentiellement (80 %) au niveau des poumons.
Agent pathogène :
L’homme est le principal réservoir des mycobactéries. Le bacille tuberculeux responsable de la tuberculose appartient à la famille des mycobactéries qui comprend deux (02) groupes :
– Les mycobactéries tuberculeuses avec trois (03) espèces :
❖ Mycobacterium tuberculosis (BK: bacille de Koch) ;
❖ Mycobacterium bovis ;
❖ Mycobacterium africanum.
– Les mycobactéries non tuberculeuses ou atypiques ou mycobactérioses se rencontrent surtout chez les immunodéprimés ; les espèces plus fréquentes dans nos régions étant :
❖ Mycobacterium fortuitum ;
❖ Mycobacterium kansasii ;
❖ Mycobacterium ulcerans (agent de l’ulcére de Buruli) ;
❖ Mycobactérium hoemophilum etc…
Caractères biologiques des mycobactéries tuberculeuses
Le bacille tuberculeux est aérobie strict, ce qui explique son tropisme pulmonaire. IL se divise par scissiparité avec un temps de dédoublement long de vingt (20) heures. Il existe divers types de bacilles dans les lésions et au sein de l’organisme. Ces Bacilles tuberculeux ont des membranes riches en lipides expliquant leur affinité tinctoriale résistant à la décoloration par l’alcool et à l’acide, d’où l’appellation de bacilles Acido-Alcoolo-Résistants ou BAAR. Deux types de coloration bacillaires sont possibles :
– La coloration en rouge par la technique de ZIEHL NIELSEN faisant intervenir de la fuschine basique à chaud ;
– La coloration par immunofluorescence à l’auramine qui a révolutionné l’examen direct des BK.
– La culture des bacilles tuberculeux peut se faire au milieu de LÖWENSTEIN JENSEN ou de COLETSOS.
La Tuberculose dans le monde
→ La Morbidité de la tuberculose :
– La prévalence de la Tuberculose dans le monde : Selon le rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) [34], en 2000, 3.671.973 cas de tuberculose ont été notifiés dans le monde ; dont 1.529.806 nouveaux cas de TP+, avec une incidence de 144 cas pour 100 000 habitants.
– La prévalence de la Tuberculose en Afrique :
L’Afrique rapporte dans ce document, 728.565 cas de tuberculose notifiés en 2000 ; parmi lesquels 353 550 nouveaux cas de TP+. Ce rapport montre également que parmi les 22 pays africains à forte incidence de tuberculose, on retrouve l’Afrique du sud avec 526 cas pour 100.000 habitants, l’Ouganda 351 cas pour 100.000 habitants et le Nigéria 305 cas pour 100.000 habitants.
– La prévalence de la Tuberculose au Sénégal :
Le Programme National de lutte contre la Tuberculose a notifié en 2000 [37], 8.924 cas de tuberculose dont 5.823 nouveaux cas de TP+, avec une incidence de 96,2 cas pour 100.000 habitants.
→ La Mortalité par la tuberculose :
Selon le rapport de l’OMS [35], parmi les cas de tuberculose notifiés en 2000, la mortalité variait selon l’application ou non de la stratégie DOTS. Ainsi :
– Globalement dans le monde en 2000, il y a 4,4 % de décès parmi les 990.057 cas de tuberculose sous stratégie DOTS et 3,1 % de décès chez les 412.281 cas non suivis par cette stratégie ;
– Egalement en 2000, selon le même rapport, en Afrique, il y avait 7,1 % de décès parmi les 284.902 cas de Tuberculose sous stratégie DOTS et 5,6 % de décès chez les 28.223 cas de tuberculose notifiés et suivis en dehors de cette stratégie ;
– Au Sénégal, selon le Programme National de lutte contre la Tuberculose [37], sur les 4.818 nouveaux cas de tuberculose à microscopie positive (TPM+) évalués en 2000, il y avait 4 % de décès (n = 201). Cependant, si on tient compte dans cette analyse du nombre important de 25 % (1.200 cas) de perdus de vue, ce nombre de décès en 2000 pourrait être revu à la hausse. Ceci pourrait également se produire dans les pays où la prévalence de l’infection mixte VIH/Tuberculose est forte. Si toutes ces considérations étaient prises en compte, les projections de mortalité par tuberculose seraient voisines de celles qu’avait publiées MURRAY [30].
Epidémiologie de l’Infection VIH
La pandémie dûe au VIH continue de se propager dans les pays pauvres, malgré les succès rencontrés par les programmes de prévention [33].
De nouveaux foyers apparaissent dans des zones jusqu’ici peu touchées, comme en Europe de l’Est, où la crise économique et la désintégration des systèmes de soins, facilitent le développement de la toxicomanie et l’augmentation des infections sexuellement transmissibles. En 1996, le SIDA aura provoqué 1,5 millions de décès. Pour la première fois depuis le début de l’épidémie, la mortalité liée au Sida a baissé dans les pays développés, sous l’influence de changements thérapeutiques (antirétroviraux) dont l’efficacité à long terme est encore incertaine. Les deux tiers des personnes touchées par le Sida dans le monde vivent en Afrique Sub saharienne [33]. Le VIH a été isolé dans la plupart des liquides biologiques humains : le sang, le plasma, l’urine, le liquide céphalorachidien, le sperme, les sécrétions vaginales. Toutefois, la transmission du VIH nécessite une porte d’entrée et il existe trois modes bien documentés de transmission du VIH :
– La voie sexuelle ;
– La voie sanguine ;
– La transmission de la mère à l’enfant.
Epidémiologie de l’Association Tuberculose-VIH
L’augmentation parallèle de la prévalence de la tuberculose pulmonaire et de l’infection par le Virus de l’Immunodéficience Humaine (VIH) avait été noté dès 1986 dans les pays industrialisés et dans les pays en développement [33].
Actuellement, la tuberculose est l’affection opportuniste la plus fréquemment associée à l’infection à VIH et constitue depuis 1993 un critère clinique entrant dans la définition du SIDA, quel que soit la localisation. En 1995 un tiers environ des 15 millions de personnes infectées par le VIH dans le monde l’était également par Mycobactérium tuberculosis [12]. La grande majorité d’entre eux (78 %) vivaient en Afrique (2.375.000), du fait que la prévalence de l’infection à VIH y était la plus élevée et qu’on estimait que 48 % de la population âgée de 15 à 49 ans était infecté par la tuberculose. Chez une personne déjà infectée par Mycobacterium Tuberculosis, l’infection à VIH est un facteur puissant d’évolution vers la maladie tuberculose [33]. Ainsi, un sujet infecté par le VIH avait dix fois plus de risque de développer la tuberculose au cours de la vie, comparé à celui qui n’était pas atteint par le VIH .
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Table des matières
I. INTRODUCTION
II. RAPPELS
1. Epidémiologie
1.1. Epidémiologie de la tuberculose
1.1.1. Généralités
1.1.2. Agent pathogène
1.1.3. Caractères biologiques des mycobactéries tuberculeuses
1.1.4. La tuberculose dans le monde
1.2. Epidémiologie de l’infection VIH
1.3. Epidémiologie de l’Association Tuberculose – VIH
1.3.1. L’impact de l’infection à VIH sur la tuberculose
1.3.2. L’impact de la tuberculose sur l’infection à VIH
2. Clinique
2.1. La tuberculose
2.2. Manifestations cliniques du SIDA
2.2.1. Définition – Classification
2.2.2. Histoire naturelle de l’infection par le VIH
2.3. Association Tuberculose – VIH
3. Traitement de l’Association Tuberculose – VIH
3.1. La prise en charge médicale de l’Association Tuberculose – VIH
3.2. La prise en charge psycho-sociale
III. NOTRE TRAVAIL
1. Patients et méthodes
1.1. Cadre et période d’étude
1.2. Population d’étude
1.3. Méthodes
2. Résultats
IV. COMMENTAIRES
1. Au plan épidémiologique
1.1 La séroprévalence du VIH chez les tuberculeux
1.2. Au plan géographique
V. CONCLUSION
VI. BIBLIOGRAPHIE