CANCER COLORECTAL METASTATIQUE
Traitement actuelย
En dehors de localisations secondaires exclusivement hรฉpatiques oรน un traitement curateur chirurgical garde toute sa justification, la chimiothรฉrapie cytotoxique reste la pierre angulaire du traitement des cancers colorectaux mรฉtastatiques. Elle a permis en moins de 20 ans de passer dโune mรฉdiane de survie globale de moins de 6 moins ร plus de 3 ans (5). Le traitement systรฉmique consiste le plus souvent en une chimiothรฉrapie ร base de 5 FU associรฉe ร un deuxiรจme cytotoxique lโOxaliplatine ou lโIrinotecan (5โ8). Rรฉcemment, lโajout ร ces doublets dโune biothรฉrapie antiangiogรฉnique ou inhibitrice de lโEGFR a permis de gagner en efficacitรฉ. En effet lโajout ร une chimiothรฉrapie du bevacizumab, anticorps monoclonal antiangiogรฉnique ciblant le VEFG, a montrรฉ un gain de survie globale et sans progression respectivement de 5 et 4 mois en premiรจre ligne tout comme son maintien en 2รจme ligne (9,10)
Le Cetuximab, premier anticorps monoclonal IgG1 ciblant lโEGFR, a montrรฉ quant ร lui dans le traitement du CCRM un avantage, non seulement en monothรฉrapie chez des patients prรฉtraitรฉs mais รฉgalement en premiรจre ligne, en association ร une chimiothรฉrapie ร base dโoxaliplatine ou dโirinotecan, avec un gain de plus de 3 mois en survie globale (11โ15). Un prรฉrequis indispensable ร son utilisation reste la recherche de mutations des diffรฉrentes isoformes du gรจne Ras qui constitue le principal facteur de non rรฉponse ร cette thรฉrapeutique (16). La protรฉine Ras est situรฉe en aval de lโEGFR dans la cascade de transmission des signaux de prolifรฉration. La prรฉsence de mutation activatrice de Ras induit une activation constitutive de la voie des MAP kinases indรฉpendamment des signaux rรฉgulateurs comme lโactivation dโamont de lโEGFR rendant donc son inhibition inefficace.
Chez les patients ne prรฉsentant pas de mutation de lโoncogรจne Ras, la sรฉquence optimale entre les diffรฉrentes biothรฉrapies nโest pas encore dรฉfinie. Nรฉanmoins deux รฉtudes randomisรฉes ont rรฉcemment tentรฉ de rรฉpondre en partie ร cette question. Lโessai europรฉen FIRE 3 a comparรฉ lโajout du Cetuximab ร celui du Bevacizumab en premiรจre ligne mรฉtastatique en association ร un doublet de chimiothรฉrapie par FOLFIRI (17). Dans cette รฉtude, un des objectifs secondaires ร savoir lโรฉvaluation de la survie globale retrouve une augmentation significative de 3.7 mois en faveur du cetuximab. Ce bรฉnรฉfice obtenu nโa pas รฉtรฉ confirmรฉ par les donnรฉes de lโรฉtude randomisรฉe nord amรฉricaine CALGB/SWOG 80405 qui comparait ces mรชmes biothรฉrapies associรฉes ร un doublet de chimiothรฉrapie FOLFOX ou FOLFIRI (18). Le cetuximab reste une option thรฉrapeutique de choix aussi bien en association aux polychimiothรฉrapies de premiรจre ligne que lors des traitements ultรฉrieurs ou encore en monothรฉrapie chez les patients prรฉtraitรฉs (13,15,19).
Problรฉmatiqueย
Les donnรฉes actuelles de la littรฉrature issues de la recherche clinique ont permis des amรฉliorations significatives de la prise en charge des patients en oncologie grรขce essentiellement aux avancรฉes cliniques de ces 20 derniรจres annรฉes. La conceptualisation des essais thรฉrapeutiques et le dรฉveloppement dโinnovations thรฉrapeutiques sont inรฉvitablement passรฉs par une connaissance approfondie de la biologie tumorale et se sont naturellement appliquรฉes en premiรจre intention ร une population de patients ne prรฉsentant que peu de comorbiditรฉs qui auraient pu gรชner leurs applications cliniques. Par consรฉquent les sujets รขgรฉs ont longtemps รฉtรฉ sous reprรฉsentรฉs dans les essais thรฉrapeutiques alors que classiquement le cancer colorectal a un รขge mรฉdian au diagnostic de plus de 70 ans. Une analyse rรฉtrospective de plus de 50000 patients, inclus dans 495 essais, ne retrouvait que 32% de patients de plus de 65 ans alors que la proportion de ces patients parmi les cancers incidents รฉtait de 61% aux Etats โunis (20,21). Les essais rรฉcents ne dรฉrogent pas ร cette rรจgle comme dans lโessai FIRE-3 publiรฉ en 2015 oรน moins dโun tiers des patients inclus avait plus de 70 ans.
En pratique courante, il a dรฉjร รฉtรฉ mis en รฉvidence que les patients รขgรฉs รฉtaient globalement sous-traitรฉs comparativement ร leurs contemporains plus jeunes (22). Une cohorte danoise a รฉgalement montrรฉ que seuls 32% des patients de plus de 75 ans atteints dโun cancer colorectal de stade 3 ร 4 รฉtaient adressรฉs ร un oncologue (23) . En France, il a รฉtรฉ rรฉcemment observรฉ sur une large cohorte que seul 50% des patients de plus de 75 ans avec une maladie mรฉtastatique se voyaient proposer une chimiothรฉrapie, contre 85% des patients plus jeunes (p<0.0001) (24).
Traitement du sujet รขgรฉ
Pourtant, plusieurs รฉtudes ont dรฉmontrรฉ que les sujets รขgรฉs, sous rรฉserve de comorbiditรฉs modรฉrรฉes, pouvaient รชtre รฉligibles ร un traitement cytotoxique. Folprecht et al. en reprenant les donnรฉes de 22 essais, ont montrรฉ que le traitement par 5-FU รฉtait aussi efficace chez les patients de plus de 70 ans en bon รฉtat gรฉnรฉral que dans le reste de la population (25). Une bithรฉrapie cytotoxique รฉtait quant ร elle tout aussi envisageable dans la population รขgรฉe oรน lโassociation 5-FU irinotecan a pu montrer une efficacitรฉ et une toxicitรฉ similaire chez des patients de plus de 70 ans inclus dans des essais de phase 3 (26). De la mรชme faรงon Seymour et al., dans lโessai FOCUS 2, ont montrรฉ quโune bithรฉrapie associant 5-FU et oxaliplatine รฉtait rรฉalisable chez des patients รขgรฉs ou fragiles avec une toxicitรฉ acceptable (27). Une analyse poolรฉe de 4 essais randomisรฉs รฉvaluant le schรฉma FOLFOX 4 contre une chimiothรฉrapie par 5FU montrait un bรฉnรฉfice identique en survie sans progression chez les patients de plus de 70 ans ร celui retrouvรฉ chez les patients plus jeunes avec nรฉanmoins une toxicitรฉ hรฉmatologique plus importante (29).0000000000 Lโรฉmergence rรฉcente des thรฉrapies molรฉculaires ciblรฉes impliquant des mรฉcanismes dโรฉlimination et des profils de tolรฉrance distincts des chimiothรฉrapies cytotoxiques, a imposรฉ de rรฉรฉvaluer leurs impacts spรฉcifiquement chez les sujets รขgรฉs. Certaines biothรฉrapies ont dรฉjร pu รชtre รฉtudiรฉes dans ce cadre. Plusieurs รฉtudes ont en particulier รฉvaluรฉ une biothรฉrapie antiangiogรฉnique, le bevacizumab, dans cette population (28).
En effet chez les patients de plus de 75 ans, lโajout du bevacizumab ร la capรฉcitabine apporte un bรฉnรฉfice similaire ร celui des patients plus jeunes sans surtoxicitรฉ (29). Lโรฉtude AVEX a montrรฉ chez des patients non รฉligibles ร une chimiothรฉrapie ร base dโoxaliplatine ou de 5-FU, un bรฉnรฉfice en survie sans progression ร lโassociation capecitabine-bevacizumab par rapport ร une monothรฉrapie par capรฉcitabine (30). Ce bรฉnรฉfice a รฉtรฉ confirmรฉ par une analyse regroupant quatre essais (trois 1 en premiรจre ligne et un de deuxiรจme ligne) รฉvaluant le bevacizumab ร une chimiothรฉrapie de 5-FU (31). Le gain obtenu est similaire ร celui des patients plus jeunes au prix toutefois dโune augmentation des รฉvรฉnements thromboemboliques. Rรฉcemment, lโessai prodige 20 a montrรฉ un bรฉnรฉfice au bevacizumab associรฉ ร la chimiothรฉrapie (FOLFIRI, FOLFOX ou LV5-FU) chez une cohorte de patient de plus de 75 ans. La survie sans progression mรฉdiane passait de 7,8 mois ร 10,7 avec le bevacizumab (HR = 0.60 IC 95% [0.4 ;0.95]) (32).
A contrario, lโautre classe de biothรฉrapie, les anticorps monoclonaux inhibiteurs de lโEGFR avec comme fer de lance le cetuximab, nโa รฉtรฉ que peu รฉvaluรฉ chez le patient รขgรฉ. Les seules donnรฉes disponibles dans la littรฉrature sont reprรฉsentรฉes par la tolรฉrance de lโassociation du cetuximab ร la capรฉcitabine sur une cohorte de 66 patients de plus de 70 ans en premiรจre ligne mรฉtastatique (33). Une analyse rรฉtrospective a รฉgalement pu รฉvaluer une association du cetuximab ร une chimiothรฉrapie par irinotecan et observer lโefficacitรฉ et la tolรฉrance sans que lโรขge supรฉrieur ou infรฉrieur ร 65 ans ainsi que les comorbiditรฉs nโaient dโinfluence sur les donnรฉes analysรฉes (34โ36) Cโest donc dans ce contexte que sโintรจgre lโanalyse prรฉsentรฉe ici. Nous avons รฉvaluรฉ rรฉtrospectivement la tolรฉrance et lโefficacitรฉ du cetuximab en association ร la chimiothรฉrapie dans une population de patients de plus de 70 ans, atteints de cancers colorectaux mรฉtastatiques. Nous avons cherchรฉ ร analyser lโinfluence des comorbiditรฉs et de lโรขge sur le profil de tolรฉrance et lโefficacitรฉ du traitement caractรฉrisรฉe par le taux de rรฉponse, les survies globale et sans progression.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
Introduction
Traitement actuel
1.Problรฉmatique
2.Traitement du sujet รขgรฉ
PATIENTS ET METHODES
1.Sรฉlection et description de la cohorte de patients
2.Type de traitements
3.Evaluation de la survie
4.Aspects รฉthiques et rรฉglementaires
5?Analyses statistiques
RESULTATS
1.Etude descriptive de la population
2.Traitements reรงus
3.Survie
DISCUSSION
1.Caractรฉristiques de notre population
2.Efficacitรฉ
3.Toxicitรฉ
4.Statut ras
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIES ET REFERENCES
FIGURES
TABLEAUX
TABLE DES MATIERES
ANNEXES
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