Cadre théorique et approche sociohistorique sur le genre et sur la considération sociale de la femme

Promouvoir l’égalité entre l’homme et la femme sur les différentes dimensions de la société : éducation, santé, économique, juridique et politique…tel est l’engagement de l’Etat malgache au sein de la communauté internationale depuis maintenant plusieurs années. Comme tout autre pays en développement ou même développé, Madagascar s’est engagé dans la promotion du genre dans le cadre d’un développement durable, équitable et participatif. Mais malheureusement, la place de la femme dans la société malgache reste encore minoritaire et notamment dans les sphères de décisions politiques. Durant ces dernières années, le taux de participation des femmes en politique a faiblement progressé au sein des collectivités territoriales décentralisées, au sein du parlement et des membres du gouvernement, et jusqu’à nos jours, il n’y a jamais eu de femme présidente du parlement, ni chef du gouvernement, et encore moins chef de l’Etat. En fait, la société considère la politique comme une affaire d’homme uniquement, un métier d’homme que les femmes auront des difficultés à occuper. Actuellement, les femmes commencent à s’intégrer dans le monde politique. D’où le choix de notre thème de recherche : « Contribution à l’étude de la participation des femmes en politique à Madagascar : enjeux et perception sociale ».

Cadre théorique et approche sociohistorique sur le genre et sur la considération sociale de la femme 

Avant d’entamer une étude et une réflexion sur le genre, il a été nécessaire de connaître quelques recherches scientifiques sur le genre et la politique, sur les différents articles et publications concernant l’inégalité de genre et la promotion de la femme dans les domaines de décisions politiques. Cette première partie intitulée « cadre théorique et approche sociohistorique sur le genre et sur la considération sociale de la femme » va tout d’abord parler du concept de genre en général, le genre en terme de développement, et la relation entre genre, politique et démocratie. Ensuite, le deuxième chapitre va exposer la considération en général de la femme dans la société, les théories sociologiques sur les phénomènes de domination dite masculine, la considération de la femme par rapport à la culture et à la religion, puis les femmes dans la société malgache.

Définitions des concepts clés sur le genre

Le concept de Genre et développement

Le Genre :
Par définition, le terme de genre renvoie à la différence entre le sexe masculin et le sexe féminin vivant dans la société. Le mot sexe renvoie à la différence entre les hommes et les femmes biologiquement, c’est-à-dire une différence physiologique, les caractéristiques biologiques, physiques et hormonales qui par nature les diffèrent. Anne Oakley , donne la définition suivante : « le mot « sexe » se réfère aux différences biologiques entre mâles et femelles : à la différence visible entre leurs organes génitaux et à la différence corrélative entre leurs fonctions procréatives».

Tandis que le genre, qualifié de sexe social, c’est surtout la différenciation que la société assigne à l’homme et à la femme dans les rôles à exercer, dans les places à occuper, dans les comportements à entreprendre, dans les tâches à faire,… parce qu’on est homme ou parce qu’on est femme ; de ce qui est masculin et de ce qui est féminin. Une inégalité de traitement en quoi, dès même l’enfance, les parents vont éduquer et considérer un petit garçon et une petite fille différemment ;

Par exemple, pour les jouets, les garçons auront des voitures, des petits pistolets,… mais pour les filles ce sera les poupées et les dinettes, des jeux qui l’initieront déjà aux tâches de femmes et de mères. Cette éducation va souligner le rapport inégalitaire entre l’homme et la femme à tel point que les membres de la société vont l’intérioriser et qu’elle devienne une identité culturelle de cette société elle-même. La différenciation sociale basée sur le sexe non seulement devient une culture de la société, mais aussi considérée comme « normal », « évident » se transforme même en une nature pour la société. Donc c’est considéré comme «naturel » si un homme sera plus dominant, plus fort, plus valorisé qu’une femme ; que la femme doit plutôt s’occuper des tâches ménagères et que l’homme serait le chef de famille, celui qui devrait prendre toutes les décisions.

La définition des Nations Unies du genre ci après pourra englober la signification du terme : « Le genre est la construction socioculturelle des rôles féminins et masculins et des relations entre les femmes et les hommes. Les rôles féminins et masculins se rapportent aux activités attribuées aux femmes et hommes dans la société et à la position que femmes et hommes y occupent respectivement. Ces rôles découlent des forces telles que la culture, la tradition, la politique et les besoins, permettent de déterminer l’accès aux opportunités et aux ressources et imposent des attentes et des limites aussi bien aux femmes qu’aux hommes. »(2) Du point de vue sociologique, le genre est donc les différences de normes et des valeurs, de rôles et de statuts, d’attitudes et de perceptions entre les hommes et les femmes. Une différence construite par la société, qui est tellement enracinée par les membres et devient ainsi naturelle pour tout le monde. Cette inégalité sociale est conforme à la culture, à la tradition et à la religion et même appuyée par l’éducation et la socialisation que reçoivent tous les membres de la société. Kate Millett, auteur de « la politique du mâle » (3) souligne que « la société fait tout ce qui est de son pouvoir pour développer les différences entre les hommes et les femmes. C’est ainsi que se perpétue le système du patriarcat qui veut nous faire croire qu’il s’agit là d’un ordre naturel des choses… ». Les stéréotypes adressées aux femmes jusqu’à nos jours ne sont que des idées que la société elle-même a assigné au sexe féminin, Simone de Beauvoir(4) s’exprime « on ne nait pas femmes, on le devient » ; et jusqu’à maintenant ces stéréotypes engendrent une inégalité sociale basée sur le genre dans tous les domaines de la vie humaine.

L’intégration du genre dans les projets de développement et l’éradication de la pauvreté 

La question de genre est liée à différents domaines de la société : éducation, santé, travail, politique, économique,… En effet, les femmes contribuent beaucoup au fonctionnement de la société, que ce soit dans le ménage même, que ce soit au niveau de la communauté, de la région et même de la nation. Les femmes non seulement occupent une assez grande place dans l’organisation sociale, mais aussi elles sont plus de la moitié de la population mondiale, et donc le fait d’intégrer aussi les femmes dans le processus de développement aiderait beaucoup dans la mise en œuvre d’un développement durable, équitable et participatif. C’est pourquoi aujourd’hui, on entend beaucoup parler d’approche participative et d’approche genre dans les projets de développement. Mais, cette approche est passée par beaucoup d’étapes pour arriver dans le stade où il est aujourd’hui.

L’approche genre ne vise pas à une égalité totale entre l’homme et la femme. De par les différences biologiques entre le sexe masculin et le sexe féminin, et de par la culture, l’approche genre respecte les différences qui existent dans telle ou telle société, mais en tout cas, elle se veut offrir des participations égales, équitables, non discriminatoires dans les projets de développement social.

Afin de mieux comprendre l’approche genre et développement, il semble opportun de savoir l’historique, les finalités et quelques concepts liés au genre et développement.

L’histoire de la considération de la femme commence dans les années 40-50, après la deuxième guerre mondiale. En ce temps, la principale préoccupation était de reconstituer les dégâts faits par la guerre. Mais aussi, les inégalités de traitement et inégalités de situation entre les hommes et les femmes ont été très fortes dans tous les domaines de la société. C’est ainsi que fût créée en 1946 une commission de la condition de la femme. Les mouvements féministes ont commencé à se former à travers tous les pays occidentaux pour lutter contre la discrimination sexuelle, notamment au niveau économique (salaire) et au niveau social (santé et éducation,…). C’est dans ce cadre qu’en 1947, la charte des Nations Unies a stipulé le principe de « l’égalité de droits entre l’homme et la femme ». Dans les années 60, les organisations féministes se multiplient de plus en plus aux Etats Unies (comme le « National Organization for Women » de Betty Friedman) et en France, à travers même des ouvrages sur les revendications féministes (comme « le deuxième sexe » de Simone De Beauvoir).

D’un autre coté, la lutte contre la pauvreté commence à prendre son ampleur, d’où la nécessité d’intervenir dans le cadre du développement. Tenant compte des droits juridiques de la femme, le concept de l’Intégration des Femmes au Développement (IFD) est né et a commencé à être appliquée dans tous les projets de développement. Mais les femmes n’ont été que bénéficiaires de ces projets et n’ont pas encore été intégrées dans le processus de prise de décision. En ce temps, l’objectif était de promouvoir les femmes surtout dans la sphère économique : amélioration de la productivité, les moyens de production et les revenus, et seulement au sein du ménage. Ainsi, l’IFD a été critiqué de ne pas vraiment considérer la place des femmes dans tous les domaines de la société en général. C’est pourquoi l’approche Femme Et Développement (FED) a été par la suite créée à la fin des années 70 pour donner plus de valeur à la capacité des femmes et l’importance de l’intégration pleine des femmes dans le processus de développement.

Genre et politique 

Pourquoi impliquer l’approche genre en politique ? 

L’approche genre et développement devrait englober tous les domaines de l’intégration de la société, et donc, le domaine politique. En effet, genre et politique sont des concepts à ne pas séparer. Le fait que les femmes soient promues dans les instances de décisions politiques est parmi les principes du concept de genre. Kafui AdjamagboJohnson(8) souligne que « La participation des femmes aux prises de décisions politiques est à l’évidence un des enjeux prioritaires de la lutte pour plus d’égalité, perçu aujourd’hui comme une exigence du développement » .

Nous savons tous que la politique est l’art de gouverner un Etat, l’art de gérer la cité (« polis », grec). C’est la manière dont ceux qui sont au pouvoir vont organiser et concevoir l’Etat, le système politique, le développement de la société en générale, et les relations externes,… Un vrai politicien est celui qui sait pourquoi faire (les besoins de la population) et comment faire (les stratégies et programmes politiques) pour assurer un changement et un développement conséquent pour l’Etat où il exerce son pouvoir. Si on se réfère à cela, on se demande pourquoi les femmes ne pourront elles pas faire aussi de la politique ? Non seulement, il existe de nombreuses femmes qui ont vraiment la capacité de faire de la politique, mais aussi, si vraiment l’objectif de la politique est d’instaurer un développement durable et équitable du pays, il ne faut pas priver l’autre moitié de la population à prendre aussi des décisions sur sa propre vie et sur l’avenir même de sa société. C’est pourquoi, de nos jours, intégrer les femmes dans le monde politique et de la prise de décision politique est vraiment une grande préoccupation pour les projets de développement. Et cette considération de la femme en politique peut se faire par le biais de différentes stratégies de promotion du genre en politique, telles : le renforcement de capacité des femmes, l’empowerment, le concept de parité, le système de quotas, la discrimination positive,…

Les droits et devoirs politiques des femmes 

Les femmes, en tant que citoyenne, ont des droits et des devoirs égaux à ceux des hommes, et notamment en politique. Plusieurs lois et conventions internationales et nationales sont relatives aux droits politiques de la femme malgache :

– La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, 1948
– La Convention sur les droits politiques de la femme, 1952
– La Convention internationale sur l’Elimination de toutes Formes de Discrimination à l’Egard des Femmes, 1981
– Le Projet Africain sur la déclaration de Beijing, 1995
– La Constitution de la République de Madagascar, 1998
– Le Protocole à la Charte africaine des Droits de l’Homme et des Peuples relatif aux droits des femmes, 2003
– Le protocole de la SADC sur le genre et le développement, 2008 .

Tout d’abord, dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme du 10 Décembre 1948, le premier article stipule que « tous les êtres humains naissent libre et égaux en dignité et en droits ». Ainsi, les hommes et les femmes ont les mêmes droits et doivent donc être traités de la même manière en tant qu’humain. Concernant le droit de participer à la vie politique, l’article 25 des droits de l’Homme affirme que : « Toute personne a le droit de prendre part à la direction des affaires publiques de son pays, soit directement, soit par l’intermédiaire de représentant librement choisi. Toute personne a droit à accéder, dans des conditions d’égalité, aux fonctions publiques de son pays ». Homme ou femme, en tant que citoyen, a le droit de faire de la politique (gestion des affaires publiques). Cette notion d’égalité est vraiment importante non seulement dans le cadre de l’exercice du pouvoir mais aussi sur les droits de vote et de la liberté d’expression.

En effet, faire de la politique, c’est non seulement occuper un poste administratif ou politique, mais c’est aussi observer les affaires publiques. Avoir une opinion sur la politique du pays, c’est déjà faire de la politique. La participation politique de la femme a été effectivement renforcée par la Convention sur les droits politiques de la femme adoptée le 20 décembre 1952 par les Nations Unies. Elle concerne l’égalité en droit de vote dans toutes les élections, sans discrimination basée sur le sexe, pour les femmes comme pour les hommes, égalité en droit de se porter candidates à tous postes politiques et d’assumer toutes fonctions publiques et administratifs.

Comme le stipule l’article 2 et l’article 3 de cette convention : « Les femmes seront, dans des conditions d’égalité avec les hommes, éligibles à tous les organismes publiquement élus, constitués en vertu de la législation nationale, sans aucune discrimination. Les femmes auront, dans des conditions d’égalité, le même droit que les hommes d’occuper tous les postes publics et d’exercer toutes les fonctions publiques établis en vertu de la législation nationale, sans aucune discrimination. » Le 17 mars 1989, l’Etat malgache s’est engagé à promouvoir les femmes dans les instances politiques en ratifiant la Convention internationale sur l’Elimination de toutes formes de Discrimination à l’Egard des Femmes (CEDEF- 03/09/1981). L’article 7 de cette convention dispose : « Les Etats parties prennent toutes les mesures appropriées pour éliminer la discrimination à l’égard des femmes dans la vie politique et publique du pays ». Aussi, cette loi concerne les conditions d’égalité entre les hommes et les femmes au droit de voter et d’être éligible, dans la participation aux affaires publiques et des organismes non gouvernementaux, et dans les relations internationales. Dans les années 90, période à laquelle le phénomène de développement et de lutte contre la pauvreté a été très accentué, la conférence internationale sur les femmes (Beijing1995) a définit le Projet Africain sur le programme d’action sur le développement, la prise en compte de l’approche genre et la promotion des femmes dans tous les domaines de la société, y compris, au pouvoir et à la prise de décision. En plus, le Protocole à la Charte africaine des Droits de l’Homme et des Peuples relatif aux droits des femmes (Maputo, 11-07-2003), dans son article 2 demande à ce que « tous les Etats signataires combattent pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes sous toutes formes en adoptant les mesures appropriées aux plans législatif, institutionnel et autre ». Et cette charte a été ratifiée par Madagascar en 2005.

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Table des matières

Introduction
PARTIE I : Cadre théorique et approche sociohistorique sur le genre et sur la considération sociale de la femme
Chapitre I : Définitions des concepts clés sur le genre
Chapitre II : La considération des femmes dans la société
PARTIE II : Analyse des résultats d’enquête sur la représentation des femmes malgaches en politique
Chapitre I : La participation des femmes au sein des différentes instances de décisions politiques à Madagascar
Chapitre II : Les problèmes relatifs à la participation politique des femmes à Madagascar
PARTIE III : Les perspectives de reconsidération de la femme en politique
Chapitre I : Les différentes structures agissant pour la promotion de l’égalité entre l’homme et la femme
Chapitre II : Des recommandations pour la reconsidération des femmes en politique à Madagascar
Conclusion
Bibliographie

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