La Bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) est une maladie inflammatoire chronique affectant les bronches. Elle est définie par une limitation chronique, progressive et incomplètement réversible des débits aériens [1,2]. Le principal facteur de risque est le tabagisme [3]. D’autres facteurs peuvent aussi intervenir, notamment environnementaux et génétiques [1]. La BCPO, maladie méconnue, est souvent confondue avec l’asthme [4]. Les premiers symptômes sont banalisés aussi bien par les malades que le personnel soignant. Cela rend difficile une prise en charge médicale précoce, notamment le sevrage tabagique, mesure améliorant radicalement le pronostic [5]. Malgré l’importance de cette pathologie en santé publique [1,2], les données épidémiologiques en particulier celles sur la prévalence sont rares et peu fiables autant dans les pays en développement que dans les pays développés. La BPCO affecterait 4 à 10% de la population générale [4,6]. Selon les projections de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), elle passerait du 12e rang des causes de morbidité en 1990 au 3e rang en 2020 [4,6]. La spirométrie, technique d’exploration fonctionnelle respiratoire (EFR), est l’élément clé du diagnostic de la BPCO. Elle est difficile à réaliser dans le cadre des études épidémiologiques car rarement disponible et/ou accessible dans les structures de santé [5]. En effet, cet examen est coûteux et nécessite un personnel qualifié. En Afrique, peu de données épidémiologiques sont disponibles sur la BPCO. Il en est de même des directives nationales pour le diagnostic, la gestion et la prévention de la maladie [7,8]. Nous avons donc jugé nécessaire d’entreprendre cette étude transversale à la Clinique de Pneumo-phtisiologie du Centre Hospitalier National Universitaire de Fann (CHNUF) de Dakar, en 2013, avec pour objectifs de déterminer la prévalence de la BPCO et ses facteurs associés, afin d’estimer l’ampleur du problème.
BRONCHOPNEUMOPATHIE CHRONIQUE OBSTRUCTIVE
DEFINITIONS
Bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO)
La BPCO se définit comme une maladie respiratoire chronique et lentement progressive, caractérisée par un trouble ventilatoire obstructif (TVO) peu ou pas réversible. Il s’y associe une réponse inflammatoire pulmonaire anormale à des toxiques inhalés (tabac, polluants…) [2]. Sauf précision contraire, la terminologie de BPCO admet implicitement une origine tabagique [9]. Bien qu’elles répondent en partie à cette définition, les maladies suivantes ne font pas partie de la BPCO : l’asthme, dont les formes chroniques, anciennes, peuvent comporter une diminution non complètement réversible des débits aériens ; les atteintes respiratoires de la mucoviscidose ; les bronchiolites chroniques de l’adulte ; les bronchectasies : leur présence est possible dans la BPCO, mais elles ne constituent pas alors l’élément central de la pathologie.
Trouble ventilatoire obstructif (TVO)
Sa définition est spirométrique : c’est le rapport du volume expiratoire moyen par seconde (VEMS) sur la capacité vitale forcée (CVF) inférieur à 70% de la valeur théorique. D’où la formule : VEMS/CVF < 0,7. Dans la BPCO, il est caractérisé par sa non réversibilité ou une réversibilité incomplète malgré l’administration d’un bronchodilatateur. Sur le plan anatomopathologique, l’obstruction est causée par l’association, variable selon les patients, d’une diminution du calibre des bronchioles, du fait de modifications anatomiques (remodelage) et d’une destruction des alvéoles pulmonaires (emphysème).
Emphysème pulmonaire
C’est un élargissement anormal et permanent des espaces aériens au-delà des bronchioles terminales, associé à la destruction des parois alvéolaires. Ce terme anatomo-pathologique est souvent utilisé (et à tort) en clinique pour désigner la BPCO, alors qu’elle ne correspond qu’à l’une des nombreuses anomalies structurales pouvant s’observer chez les sujets atteints de cette affection.
Bronchite chronique
Il est important de faire la distinction entre « bronchite chronique » et « BPCO ». Pendant longtemps, dans le langage médical courant comme dans la plupart des traités et des articles consacrés aux affections respiratoires, ces deux termes ont été utilisés à tort de façon interchangeable alors qu’il s’agit de deux maladies bien distinctes [2]. La bronchite chronique a une définition épidémio-clinique : existence de toux et d’expectorations quotidiennes durant trois mois par an pendant au moins deux années consécutives sans autre cause évidente. Comme la BPCO, elle est également liée, le plus souvent, au tabagisme. Mais elle ne s’accompagne pas obligatoirement de TVO, qui définit la BPCO (définition spirométrique). Il existe, de plus, des BPCO sans bronchite chronique .
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Table des matières
INTRODUCTION
1. DEFINITION
1.1. Bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO)
1.2. Trouble ventilatoire obstructif
1.3. Emphysème
1.4. Bronchite chronique
2. EPIDEMIOLOGIE
2.1. Prévalence
2.1.1. Prévalence de la BPCO dans le monde et ses déterminants
2.1.2. Prévalence de la BPCO en Afrique
2.2. Morbidité – Mortalité – Poids économique et social
3. FACTEURS ETIOLOGIQUES
3.1. Tabagisme
3.2. Prédisposition génétique
3.3. Expositions professionnelles
3.4. Expositions domestiques
3.5. Pollution atmosphérique
3.6. Age et Genre
3.7. Maturation du système respiratoire
3.8. Infections
3.9. Asthme et hyperréactivité bronchique
3.10. Facteurs socio-économiques
4. PATHOLOGIE DE LA BPCO
4.1. Pathogenèse et physiopathologie
4.2. Anatomopathologie
4.3. Conséquences fonctionnelles et cliniques
5. DIAGNOSTIC POSITIF
5.1. Circonstances de découverte
5.1.1. Signes fonctionnels
5.1.2. Autres signes en rapport avec des complications
5.1.3. Découverte fortuite
5.2. Eléments du diagnostic
5.2.1. Interrogatoire
5.2.2. Signes physiques
5.2.3. Paraclinique
5.2.3.1. Exploration fonctionnelle respiratoire
5.2.3.2. Imagerie médicale
6. DIAGNOSTIC DE RETENTISSEMENT
6.1. Clinique
6.1.1. Interrogatoire
6.1.2. Examen physique
6.2. Paraclinique
6.2.1. Autres explorations fonctionnelles respiratoires
6.2.2. Bilan cardiaque
6.2.3. Numération Formule Sanguine (NFS)
6.2.4. Dosage d’alpha1 antitrypsine
6.2.5. Bilan des comorbidités
7. DIAGNOSTIC DE GRAVITE ET PRONOSTIC
8. DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL
9. TRAITEMENT
9.1. But
9.2. Moyens et indications
9.2.1. Médicaux
9.2.2. Chirurgicaux
CONCLUSION