Formation d’un paysage historique
La forme si particulière de la vallée de Briançon s’est dessinée au fil des siècles.
Le relief important a fortement contraint l’urbanisation de la vallée de la Guisane et l’implantation de l’Homme, créant ainsi une certaine distanciation entre ville haute, la Cité Vauban, et ville basse. Pour comprendre la création de ce relief si particulier, il faut remonter le temps, quelques millénaires auparavant.
Le glacier descendant du col du Lautaret a creusé des années durant la vallée de la Guisane puis celle de la Durance jusqu’à Sisteron. C’est dans ce fond de vallée en forme d’auge que s’est déployée la ville basse.
Le glacier venant du Montgenèvre s’est lui aussi engouffré dans la brèche jusqu’à rejoindre son confrère. Plus petit, il n’a cependant pas creusé aussi profondément la vallée. À la confluence des deux glaciers un plateau s’est donc dessiné, marquant la différence de dénivelé entre haute et basse vallée. D’autre part au cours de son périple, le plus petit des glaciers a rencontré un piton rocheux qu’il n’a pu éroder. C’est sur ce verrou glaciaire que la Cité Vauban a été édifiée. Les forts ont quant à eux été bâtis sur des plateaux surplombants la ville.
L’eau, qui a pris le relais par la suite, suivie par l’agriculture, a poursuivi le façonnement des paysages briançonnais.
Portrait d’un ingénieur des paysages
Vauban à Briançon
Ingénieur militaire au service de Louis XIV pendant une cinquantaine d’années, Sébastien Le Prestre Vauban est un personnage clef de l’histoire des fortifications européennes. Contribuant au renouveau de l’architecture militaire, il consacre sa carrière à l’étude des procédés d’attaque et de protection des places fortes. Et oui la double casquette de Vauban lui offre la possibilité d’être à la fois preneur de villes et fortificateur !
En 1690, il entreprend un grand voyage à travers la France, sous ordre du roi, dans le but d’actualiser les protections côtières et terrestres existantes, ou d’en créer ex nihilo dans les paysages les plus stratégiques et menacés par l’ennemi.
Il prône l’utilisation des fortifications bastionnées et édifie ainsi une véritable « ceinture de fer » (Réseau des sites majeurs Vauban), quadrillant les frontièresfrançaises.
Ses ouvrages défensifs, comparés maintes fois à des œuvres d’art, sont ancrés dans les paysages, à la merci de la topographie et imprimés dans le territoire, ils encerclent les villes ainsi que les frontières, en accord avec les limites naturelles. « L’art de fortifier ne constitue pas dans des règles et des systèmes, mais uniquement dans le bon sens et dans l’expérience » écrit-il (Dubourq, 2015, p.13). Il sait bien qu’aucune place-forte n’est imprenable, il fait alors en sorte qu’elle soit dissuasive.
Sentinelles des frontières
La position stratégique de Briançon en fait une cible facile. En effet, en 1690, la Savoie, autrefois alliée de Louis XIV, menace la ville. Vauban est alors envoyé en mission à la frontière franco-italienne afin d’évaluer l’état de ses ouvrages de protection.
Le constat est sans appel, Briançon et ses minces défenses ne sont pas équipés pour affronter l’ennemi qui approche. Vauban souhaite alors renforcer les fortifications en encerclant la ville et va encore plus loin en pensant un véritable réseau défensif imprimé dans le territoire. Il joue pour cela avec les reliefs de ce paysage montagnard et positionne quatre forts sur les hauteurs, offrant à Briançon les positions dominantes qui lui sont nécessaires pour surveiller ses frontières.« A l’égard de la campagne, on ne peut rien imaginer de plus inégal, ce sont des montagnes qui touchent aux nues et des vallées qui descendent aux abîmes ; le milieu entre deux est composé de ces extrémités qui font tout le haut et bas imaginable et par conséquent très embarrassant pour ceux qui attaqueront et qui défendront »explique Vauban (Barros, Salat, Sarmant, 2006).
En contrebas, il entoure la ville d’imposants remparts et propose la construction de deux ouvrages de communication permettant de relier les forts entre eux, apportant ainsi la touche finale au réseau défensif briançonnais.
Peu de temps après, Vauban reprend son périple à travers les Alpes, laissant le soin aux ingénieurs restés sur place de poursuivre sa tâche. Il reviendra seulement en 1700.
À la fin du règne de Louis XIV, le traité d’Utrecht établit la frontière francoitalienne au Montgenèvre et Briançon se trouve maintenant en première ligne de par sa nouvelle position frontalière. Ses défenses militaires doivent être renforcées rapidement. Ce danger imminent conduit les ingénieurs à poursuivre les préconisations de Vauban. Ses plans ressortis, les travaux débutent. Le réseau défensif briançonnais est né.
Du militaire au tourisme, métamorphose d’une ville
Au XIXème siècle, Briançon s’échappe de son enceinte fortifiée. La ville n’est plus menacée, ses défenses militaires s’amenuisent et de nouvelles activités voient le jour. En 1842, l’usine de la Schappe est édifiée et en 1884, le train dessert enfin Briançon. Un quartier, encerclant le hameau historique de Sainte-Catherine, est alors construit autour de ce nouveau centre économique. L’industrie prend de l’ampleur et la ville s’étend le long de l’axe de communication principal, pour héberger ces nouveaux travailleurs.
Au début du XXème siècle, une nouvelle possibilité économique fait son entrée : le climatisme. La ville et son climat sain se voient en effet attribuer le titre de « Station Climatique » en 1914. C’est seulement à partir de 1930 que Briançon s’empare de ce titre comme d’un atout, une politique de santé est alors mise en place.
Des sanatoriums, initialement dédiés au traitement de la tuberculose, sont dès lors bâtis sur les versants les plus ensoleillés.
Cette expansion entraîne des mutations paysagères sans précédant, au profit du tourisme notamment, qui se développe avec l’arrivée de nouvelles activités sportives hivernales et estivales. Dès les années 1940, les pistes de ski prennent place sur les versants des montagnes alentours. Briançon allie ainsi le ski et la ville, une première encore considérée comme un atout économique aujourd’hui. Le domaine skiable est rattaché à ses voisins, quelques années plus tard, pour créer la station de Serre Chevalier, dont les infrastructures profitent aussi bien aux visiteurs hivernaux qu’à ceux estivaux, qui prennent le relais à la belle saison.
La ville de Briançon séduit également grâce à son patrimoine. Étape sur la Grande route des Alpes, voie touristique qui sillonne les Alpes de Nice jusqu’au lac Léman, ses ouvrages pensés par Vauban font le bonheur des nombreux touristes annuels.
La ville a su se reconvertir pour privilégier le tourisme, qui est aujourd’hui, une des sources de revenu économique principale de la commune. Des infrastructures pour accueillir ce tourisme croissant, été comme hiver, se développent et ponctuent les paysages briançonnais. Le montagnard laisse place à l’urbain.
Ce territoire, qui s’est étendu pendant de nombreuses années en fond de vallée, doit aujourd’hui faire face à de nouvelles problématiques.
Les militaires partis de la ville depuis 2009 ont en effet laissé derrière eux diverses emprises foncières importantes, allant des casernes dans le centre-ville aux forts sur les hauteurs de Briançon. Ces vestiges militaires à fort potentiel sont aujourd’hui au cœur des enjeux et des réflexions de la ville.
J’ai fait le choix de m’intéresser plus particulièrement à un seul d’entre eux : le fort des Têtes.
Le fort des Têtes
Ouvrage imposant, le fort des Têtes est édifié en 1721 sur le plateau du même nom. Il surplombe la vallée de la Durance et se trouve au cœur du système défensif briançonnais. Visible de toutes parts par les autres forts, relié à la ville par le pont d’Asfeld et au fort du Randouillet par la Communication Y, il occupe une place stratégique non négligeable.
Il conserve ce rôle stratégique jusqu’en 1940, date à partir de laquelle il est désaffecté pour ensuite devenir le terrain d’entraînement régulier des militaires jusqu’en 1989. Il est toujours propriété de l’armée aujourd’hui, qui l’utilise encore quelques fois comme camp d’entraînement, mais est depuis classé au titre des Monuments historiques en 1989 et inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2008. Aujourd’hui fermé au public, il est encore l’objet devisites menées par le service du Patrimoine et le théâtre de spectacles estivaux.
Le choix du fort
Un paysage montagnard où j’ai moi-même grandi et que j’ai pris l’habitude d’arpenter ;
Un attachement personnel à cet objet que j’ai eu devant mes yeux, durant de longues années ;
Une volonté de s’attarder sur ce patrimoine emblématique du réseau fortifié briançonnais qui a toute son importance dans les paysages qu’il occupe ;
Une position stratégique de cet ouvrage qui est positionné à la vue de tous. Mais est-il réellement remarqué ?
Une proximité, relative, avec le centre ancien de Briançon et un accès direct ;
Des enjeux importants autour de ce foncier militaire aujourd’hui qui mènent à la réflexion.
Ambiances changeantes
Tout au long du chemin, une diversité d’ambiances s’offre à nous. Variant selon les saisons, les jours ou encore les heures, elles font la richesse de ce paysage en constante évolution et rompent avec la monotonie du quotidien. Parcourir le chemin témoigne de cette diversité et de la frontière parfois floue entre ces différents espaces et les ambiances qui leur sont associées, grâce auxquelles on se laisse emporter dans la magie du paysage, parfois sans s’en rendre compte.
Variations
Un élément construit, il disparaît, nous plongeons dans la forêt, du mobilier, un muret puis ensuite une ruine, la forêt, et cela se répète. Éléments construits et éléments naturels se suivent, se mêlent, s’entremêlent et ponctuent le chemin.
L’un prend appui sur l’autre, les limites sont parfois floues et les ambiances fluctuent. Une sensation différente à chaque virage, une découverte constante.
Les différents matériaux que l’on retrouve sur le chemin participent à ces variations. Terre, herbe, broussaille, sol caillouteux, un autre qui l’est un peu moins, asphalte, se succèdent, notre marche doit être adaptée. Les différentes pierres qui bordent le chemin accompagnent ces variations : pierres taillées, rochers, murets s’enchaînent quelques fois sans distinctions.
Le mobilier et les installations dispersés le long du parcours participent eux aussi à la création de ces ambiances spécifiques. Ils s’appuient sur les différents espaces pour s’intégrer ou au contraire (se) révéler. Des matériaux supplémentaires accompagnent ceux déjà existants : le bois de mélèze du mobilier et des plateformes ou encore le bronze des statues par exemple.
Décor métamorphosé
Suivant les saisons, le parcours n’est pas le même. En hiver, le temps semble s’arrêter là-haut. Les chemins et sentiers recouverts de neige sont laissés de côté au profit des activités hivernales. Le site devenu inaccessible à pied est maintenant désert. Quelques randonneurs hivernaux équipés de raquettes s’aventurent tout de même dans la neige pour découvrir ce paysage rempli de poésie. La montagne dénudée se couvre de son manteau blanc et les forts, autrefois fondus dans la végétation, se démarquent et sont bien visibles, autant depuis la ville que depuis les pistes de ski. Maintenant dépeuplés de leurs habitants et marcheurs, ils se reposent, les skis, snowboards, luges prennent le relais. Le calme et la tranquillité s’installent.
Dès que la neige a disparu, les chemins reprennent vie. Marcheurs et vététistes sont de retour tout comme les oiseaux, insectes et autres petits habitants de la forêt. Les arbres, qui étaient complètement distincts, se rhabillent et ne font plus qu’un, enveloppant les versants de leur épaisse crinière.
L’hirondelle des rochers
Vous avez sans doute croisé au cours de votre voyage, un lézard ou encore de nombreux insectes ? Un oiseau vous est passé sous le nez, un autre ravi vos oreilles de ses chants mélodieux ? Mais qui sont ses habitants de la forêt si furtifs ?
Tendez l’oreille vous entendrez sans doute le Rouge-queue noir siffler tout au long du chemin. Ce petit passereaux au plumage sombre préfère les éboulis rocheux, les versants rocailleux ou encore les constructions artificielles à la forêt dense. Quelques-uns ont posé leurs nids dans les bâtiments du fort. Si vous souhaitez les observer de plus près, il est conseillé d’éviter de vous arrêter brusquement, continuez votre marche lentement, jusqu’à un arbre, un rocher ou encore un muret pour vous fondre dans le paysage.
Ou peut-être est-ce l’hirondelle des rochers ? Elle se fait plus rare, vous avez de la chance si vous l’entendez. Elle ne se manifeste que lors de la période de reproduction par de faibles gazouillements. Cette hirondelle, reconnaissable à ses plumes brunes et sa queue carrée, habillée de fines taches blanches visibles lorsqu’elle vole, niche dans les cavités rocheuses que nous voyons au loin, en hauteur. Quelques-unes ont, elles aussi, élu domicile dans certains bâtiments du fort. Il faut croire qu’ils sont appréciés.
Le lézard des murailles
Ces deux espèces d’oiseaux, ne sont pas menacées mais sont protégées, tout comme le lézard des murailles et le lézard vert qui habitent eux aussi la forêt.
Cette faune patrimoniale s’accompagne d’une flore très riche complétant cet écosystème forestier.
Bien souvent assimilée à un lieu loin de toute activité humaine, la forêt se fait rattraper : dégradation, anthropisation, exploitation. La cohabitation Hommes/ nature interroge. Comment faire pour que l’un n’empiète pas sur l’autre ? Comment faire pour que notre impact ne nuise pas à la tranquillité de cet écosystème ? Il devient essentiel de réfléchir à de nouvelles manière de pratiquer ce territoire dans le respect de chacun.
Devant nous un panneau d’avis à enquête publique, il doit être là depuis un petit moment, il concerne le projet qui est envisagé sur le site du fort des Têtes depuis 2015. Abandonné physiquement par l’armée en 2009, il a désormais perdu son usage premier. La volonté de la commune est alors de redonner à ce lieu une nouvelle vocation en y amenant de nouveaux usages. Des investisseurs privés ont été sollicités et un projet proposé. Le site doit se convertir depuis plusieurs années en un site économique à vocation touristique accueillant en son sein un hôtel haut de gamme accompagné de ses deux restaurants, dont un gastronomique, un centre de congrès, des commerces, des bureaux et des logements. Mais depuis 2015, ce projet est en attente, ne faisant pas l’unanimité il est sujet à controverse. Que va devenir ce patrimoine militaire une fois le projet réalisé ?
Le parcours qui vous est proposé dans ce carnet a fait abstraction de ce projet en soumettant une manière autre d’approcher et de mettre en lumière cet objet.
Continuons notre chemin le long des remparts
Là face à nous, édifié en lisière de la forêt sur le plateau du Biffeul, le fort Dauphin.
Dissimulés derrière la végétation, ses remparts se fondent dans les paysages.
Il a été placé sur ce plateau dominant, face au fort des Salettes. Il fermait la route d’Italie, surveillait la vallée du Fontenil qui s’étend à ses pieds et assurait la protection du fort des Têtes. Ce dernier présentait un endroit stratégique pour les ennemis, du fait de sa position dominante sur la ville. Le fort Dauphin, en tantqu’ouvrage bouclier, est donc bâti pour assurer sa protection.
Propriété de l’armée, qui l’utilisait comme camp d’entraînement pendant de longues années, il a aujourd’hui été cédé à la ville de Briançon. Ouvrage authentique, il a la particularité d’avoir été très peu modifié depuis sa construction, mais est aujourd’hui comme la plupart de ses camarades fortement délabré.
Plusieurs chantiers et restaurations sont en cours depuis 2017 pour lui redonner sa gloire et son caractère du passé. Maintenant coiffé de sa plus belle toiture, il a plus fière allure.
Un vacarme incessant parvient à nos oreilles, brisant la tranquillité des lieux. La végétation contraint notre regard, mais nous pouvons distinguer des motards s’élançant à toute vitesse sur les sentiers, dont les tracés sont maintenant bien dessinés. Et oui le plateau qui se trouve devant nous est devenu le terrain de jeu de ces pilotes de l’extrême qui ont formé un véritable circuit de motocross,s’étendant jusqu’au pied du fort Dauphin. Encore une fois des conflits d’usage à signaler entre marcheurs, vététistes et pilotes qui affectionnent et pratiquent tous les mêmes chemins.
Nous voilà arrivés au parking de l’ancien champ de tir. Ce plateau prisé, accessible en voiture depuis Fontchristiane, se trouve au croisement de plusieurs itinéraires et au départ de nombreux chemins de randonnée et de promenade.
Tous les chemins mènent au plateau ! Notre parcours bifurque dans le fort, mais il est possible de rejoindre d’autres sentiers et de poursuivre cette aventure dans les paysages briançonnais. Il ne faut pas oublier que par ici la randonnée est une pratique appréciée.
Ici le départ de la Via Clarée par exemple, un itinéraire balisé pédestre et cycliste qui invite à suivre la rivière de la Clarée à la recherche des fontaines, canaux, moulins ou encore centrales électriques. Vous pourrez arpenter pendant 20 kilomètres la vallée sauvage de la Clarée, grâce à ce parcours fait de plusieurs étapes qui vous amènera jusqu’à Névache.
Il est également possible de rejoindre la Via Guisane. Ce projet d’itinéraire modes doux, qui n’a pas fait l’unanimité est en débat depuis 2012. Après une longue concertation entre élus, habitants, agriculteurs, vacanciers, professionnels du tourisme ect.. il est aujourd’hui possible de le rejoindre depuis le fort. Vous pourrez ainsi parcourir la vallée de Serre-chevalier, de Briançon jusqu’au Casset,été comme hiver.
Ces différents itinéraires modes doux, ont pour ambition de proposer quelques alternatives à la voiture. Cette dernière occupe en effet une place très importante dans ces vallées où le relief et les distances nécessitent ce mode de déplacement. À la fois voies de desserte et sentiers de promenade, ils sont une manière de valoriser le patrimoine bâti, naturel et les paysages de ces vallées emblématiques. Le chemin de (re)découverte du fort des Têtes rentre dans cette dynamique. Un véritable réseau est alors créé permettant d’arpenter ces paysages du Casset jusqu’à Névache sans discontinuité, par le biais de différentschemins aux expériences variées pour une (re)découverte du briançonnais.
Depuis le plateau, il est également possible de partir à la conquête des autres forts. Nous pouvons rejoindre le fort Dauphin, le fort du Randouillet ou encore le fort d’Anjou, à travers un chemin reliant une partie de ce réseau fortifié.
Une histoire de prisonniers
Les chambrées ont accueilli ces soldats, mais aussi des prisonniers à une époque où la frontière était relativement calme. Je vous propose de nous immerger dans leur histoire.
La frise qui borde le chemin indique une date : 1811. Immersion à cette époque.
Depuis l’annexion du Piémont à la France en 1802, la nécessité de protection des frontières et de Briançon s’est amoindrie, les soldats quittent les lieux, seulement 200 restent. Les forts deviennent alors des prisons et vont servir notamment lors des conflits qui vont opposer la France à l’Angleterre de 1806 à 1814.
Des journaux personnels, retrouvés par le service du Patrimoine de Briançon, de deux prisonniers ayant séjourné au fort des Têtes pendant cette période, William Thomas et celui d’un musicien, racontent la vie de ces prisonniers de guerre anglais enfermés à Briançon. En 1811, on compte 1200 prisonniers dans le fort.
Dans une des geôles, des traces de leur passage sont encore présentes.
Encore un point de vue !
Toujours auprès des ruines mais maintenant dos à leurs murs, nous pouvons profiter d’un point de vue sur la partie haute du fort. Il parle de lui-même. Installons-nous sur le mobilier et observons.
Nous voilà devant le même point de vue que lorsque nous sommes arrivés sur le plateau des Trois Têtes, nous sommes cette fois-ci de l’autre côté des remparts.
L’échelonnement des murs de pierre et leur adaptation au relief se dessinent une fois de plus. Les remparts superposés nous dissimulent encore une partie du fort que nous n’avons pas explorée. Ils nous dévoilent cependant l’ancienne chapelle et le dernier étage de la caserne visitées un peu plus haut. Le tout parfaitement positionné devant le sommet du Mélézin, qui s’esquisse en arrièreplan, formant un tableau harmonieux qui ne donne qu’une envie, rester assis là. Mais à la fois le désir de découvrir la partie encore cachée du fort parcourt notre esprit, nous sommes partagés en plein dilemme. Rester là un petit moment encore où emprunter l’escalier qui escalade les remparts ? La curiosité prend le dessus ! Mais avant une halte sur les remparts sauvages.
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Table des matières
Introduction au Voyage
Briançon, ville d’histoire et porte transalpine
Vauban, à Briançon
Portrait d’un ingénieur des paysages
Sentinelles des frontières
Le fort des Têtes
Quelle stratégie ?
Formation d’un paysage historique
Le choix du fort
Fort patrimonial
Un objet monumental, à la fois proche et lointain
Du militaire au tourisme, métamorphose d’une ville
Voyager en paysages (in)explorés
Les ingrédients pour voyager autrement
Le parcours
Marcher pour (re)découvrir le paysage
Sympathiser avec le chemin
Rester à l’affût, les traces une compréhension dupaysage
Épilogue
Le lexique des fortifications
Bibliographie