Certes, l’environnement malgache n’est guère incitatifs, la situation économique, l’état des infrastructures, la fiscalité établie etc…constituent des facteurs, inhibiteurs de la croissance. D ‘ailleurs, d’aucuns ne savent que les difficultés économiques de ces dernières années ont eu pour conséquences une baisse généralisée du niveau de vie de la population et l’aggravation des problèmes sociaux. Ainsi beaucoup s’interrogent sur ce que nous pouvons faire pour permettre le décollage économique de notre pays.
BREF RAPPEL SUR LA NOTION DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE
La croissance économique est un concept polysémique. On tend toujours à l’opposer au développement. La différence est malaisée à établir. Pourtant la distinction est faite, généralement, on limite la notion de croissance à des critères uniquement quantitatifs. Par définition, la croissance économique est l’accroissement durable de la production globale d’une économie. C’est donc un phénomène quantitatif que l’on peut mesurer. C’est aussi un phénomène de longue période. De l’autre coté, le développement, à part les phénomènes quantitatifs induirait aussi des phénomènes qualitatifs comme l’éducation, la santé. Autrement dit, le développement désigne l’ensemble des transformations techniques, sociales, démographiques et culturelles accompagnant la croissance de la production. Le développement est une notion qui traduit l’aspect structurel qualitatif de la croissance. Il peut être associé à l’idée de progrès économique et social à savoir l’amélioration du niveau de vie, du niveau d’instruction, de bien être pour l’ensemble de la population. De plus, la croissance peut désigner l’augmentation régulière des quantités produites. On parle ainsi de la croissance d’une entreprise. Mais le terme de « croissance économique » concerne l’ensemble d’une économie. Une croissance économique élevée n’est pas toujours synonyme l’augmentation du niveau de vie. En effet, la croissance démographique peut être plus rapide que la croissance de la production. De ce fait, la production par tête diminue et l’amélioration du niveau de vie n’a plus lieu . Selon KUZNETS : « La croissance est essentiellement un phénomène quantitatif » comme on a dit ci -dessus. A cet effet, il définit la croissance économique d ‘une nation comme un accroissement durable de la population et du produit par tête. PEROUX affirme, quant à lui que « la croissance est un phénomène irrégulier qui s’accompagne de changements dans les structures ».
La croissance économique est déterminée par plusieurs facteurs. Les uns sont les sources de la croissance c’est –à- dire le fonds même de la croissance : travail, capital, investissement et progrès technique. Les autres sont celles qui la favorisent comme la demande, le profit à l’intérieur du pays et le commerce extérieur.
Les déterminants de la croissance économique
Les facteurs de la croissance sont nombreux. Il y a :
− l’augmentation de la population active et l’amélioration de sa qualification
− l’accroissement du capital technique et son perfectionnement,
− les progrès techniques et ses innovations sous toutes les formes (organisation du travail et gestion des entreprises).
Ces facteurs peuvent jouer différemment sur la croissance. Ils conduisent à deux grands types de croissance : une croissance dite extensive et celle dite intensive. Une croissance est dite extensive lorsqu’elle résulte de l’augmentation quantitative des facteurs de production (davantage de travailleur et d’équipement conduisent plus à la croissance. Une croissance intensive provient d’une augmentation de la production due à l’utilisation plus efficace des facteurs de production existants. Elle repose sur d’importants gains de productivité et peut être aussi recherchée par un pays dont les facteurs de production ne peuvent s’accroître facilement.
Par conséquent, selon KUZNETS, il y a des facteurs qui rend la croissance possible c’est- à -dire que certains facteurs sont nécessaires à la production et déterminent la croissance potentielle : Ce sont le capital et le travail ajoutés au progrès technique.
Les sources de la croissance
La croissance provient essentiellement du capital, du travail, de progrès technique et de l’investissement.
Le capital et le travail :
Chaque courant d’idée confirme l’importance du travail et du capital, mais la conception n’est pas semblable. Selon les théories traditionnelles le travail est rémunéré par le salaire. Il ne peut pas être inférieur au niveau de subsistance parce que l’augmentation de production (en ce temps le blé) engendre une hausse
de salaire. Lorsqu’il lui est supérieur, il entraîne une expansion démographique. Celle ci à son tour gonfle le nombre des travailleurs sur le marché de travail, ramenant la production de plus en plus importante. Et le salaire revient à son niveau de subsistance. D’autre part, le capital est rémunéré par le profit. C’est la part du revenu national qui n’est pas captée par le travail. Le profit constitue le motif de l’accumulation du capital. Il doit dépasser un certain niveau pour que les capitalistes décident d’invertir. Ainsi, l’accumulation du capital entraîne une augmentation de la demande de main d’œuvre. Les travailleurs motivés par le haut niveau de salaire fournissent leur effort et font l’essentielle pour améliorer la productivité. Une large productivité induit un super-profit pour l’employeur .Donc la hausse de salaire combiné avec un super-profit de l’entrepreneur agit sur la croissance économique du pays.
Le progrès technique :
SOLOW s’appuie sur une fonction de production néoclassique mais il souligne la nécessite de prise en compte du facteur résiduel appelé : progrès technique avec les trois facteurs de production. Il introduit ce facteur résiduel sous forme du facteur temps dans la fonction de production. Ce facteur temps est essentiellement un facteur exogène résultant de données extérieures à la croissance économique (les connaissance scientifiques, la capacité d’innovation par exemple). D’après SOLOW, la croissance dépend alors de deux facteurs principaux qui sont, d’une part, la quantité de travail (elle-même fonction du taux de croissance de la population), d’autre part, le progrès technique. Les économistes français JEAN JACQUES CARRE, PAUL DUBOIS et EDMOND MALINVAUD sont arrivés à la même conclusion que Solow en analysant le cas de la France. Ainsi en France, les taux annuels moyens de croissance de la production est de 5% entre 1951 et 1969, or l’accroissement du volume des facteurs travail et capital n’explique que 2,6% sur les 5%. Plus encore, les travaux menés par DENISON en 1967 sur les Etats-Unis et quelques pays européens aboutissent aux même conclusions : La moitié du taux de croissance effectif est expliquée par le progrès technique.
En revanche, les nouvelles théories de la croissance adoptent que le progrès technique est endogène. Ce facteur dit résiduel serait en réalité une conséquence de la croissance elle-même et expliquerait son aspect cumulatif : la croissance provoque l’accumulation du facteur résiduel qui lui-même suscite la croissance. Cette analyse se trouvait déjà chez SCHUMPETER lorsqu’il affirmait que les innovations progressives résultent de l’amélioration des innovations précédentes. Pour SCHUMPETER, l’innovation ne dépend pas principalement de la découverte du chercheur et de la mise en pratique de l’ingénieur. L’entrepreneur est à la base d’innovation, celle-ci lui permet de dégager une vente temporaire de monopole. Comme l’innovateur est rapidement imité, il doit mettre en œuvre de nouvelles innovations s’il veut conserver sa rente . SCHUMPETER affirme que cette quête du sur- profit explique la course au progrès technique.
En second lieu, l’investissement induit un effet de capacité, appelé parfois « effet ex-post » : il permet d’augmenter la qualité de capital. Cette course explique à son tour la croissance économique. Bref SOLOW dans l’ancienne théorie de la croissance comme SCUMPETER dans la nouvelle théorie de croissance démontre que le progrès technique est un facteur de croissance économique.
Le rôle particulier et crucial de l’investissement :
D’abord l’investissement est l’acquisition de capital fixe. Toutes les théories économiques le considèrent comme un facteur principal de croissance. En effet, la théorie keynésienne distingue l’investissement autonome de l’investissement induit par le multiplicateur. L’investissement provient généralement d’épargne préalable, mais il peut aussi provenir de la création monétaire ou de l’Etat. DOMAR fonde son analyse sur l’investissement en disant que « si l’investissement augmente la capacité de production et crée de revenu, quelle doit être l’étendue de la somme à investir ou quel doit être son taux de croissance de manière à rendre l’augmentation de revenu égale à celle de la capacité de production ». Ainsi de cet article, il montre quel’investissement induit deux effets : un effet de demande et un effet de capacité. En premier lieu, lorsqu’une entreprise A investit c’est -à -dire elle achète de biens d’équipements chez une entreprise B, B doit fournir ces biens. La vente de ces biens d’équipement dégage de nouveaux revenus pour B. Par la suite, les nouveaux revenus vont grossir la demande chez une autre entreprise étrangère ou locale nommée C et ainsi de suite. L’investissement induit une augmentation de la demande totale et donc une croissance de la production. C’est ce qu’on appelle effet de demande de l’investissement ou « effet ex-ante ». L’effet de demande repose sur le principe du multiplicateur d’investissement mis en évidence par KAHN en 1931, c’est -à- dire la capacité productive. Les économistes de l’offre en particulier JEAN BATISTE SAY affirme cette idée. En effet, l’augmentation des facteurs de production permet de produire davantage. La production ainsi obtenue fait augmenter encore le besoin en capital et en investissement. Cela constitue la croissance économique.
De plus, comme on l’a dit ci-dessus, le facteur résiduel ou progrès technique occupe une place prépondérante sur la croissance économique. Le progrès technique est dû surtout à l’innovation et la recherche-développement. Or les innovations et les recherches ne sont possibles sans l’investissement : plus les investissements sont intenses, plus les efforts de recherche-développement sont importants, plus la croissance est forte, plus les efforts de recherche-développement peuvent être plus importants. La recherche-développement est une activité spécifique qui produit des biens et qui génère des rentes de monopole. Les biens produits par la recherche-développement ont les caractéristiques des biens collectifs. Cela suppose l’intervention de l’Etat par exemple en garantissant un système de brevets. Ce système met l’entreprise innovante en abri face à la concurrence. Elle est une source d’une dynamique car elle encourage les entreprises à innover davantage. Enfin, l’investissement provoque des effets répandus qui améliorent la croissance économique de toute sorte. Autrement dit, l’investissement d’une entreprise a des effets d’extérnalités positifs sur les autres entreprises. Ainsi le modèle fondateur de la croissance endogène(2) repose sur des externalités entre firme, l’investissement de chaque entreprise a non seulement pour effet d’accroître sa production mais d’accroître la productivité des autres firmes du fait de l’existence d’externalités technologiques. L’investissement est une source de savoir ,d’apprentissage par la pratique parce qu’il améliore les équipements, les travaux d’ingénierie (agencement de technologie existante), et augmente la compétence des travailleurs.
Le savoir ne peut être approprié par les firmes qui le produit, il se diffuse inévitablement aux autres entreprises. Alors, l’investissement cause la croissance directement par ses effets sur le progrès technique. Ce n’est pas seulement les facteurs physiques qui déterminent la croissance mais il y a surtout d’ autres séries des facteurs à l’intérieur du pays qui favorisent la croissance.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE BREF RAPPEL SUR LA NOTION DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE
CHAPITRE I. Les déterminants de la croissance économique
A. Les sources de la croissance
1. Le capital et le travail
2. Le progrès technique
3. Le rôle particulier et crucial de l’investissement
B. Les facteurs qui favorisent la croissance
1. Le rôle de la demande
2. Le profit commercial
CHAPITRE II. Théorie des échanges internationaux
A. La théorie classique de l’échange international
1. RICARDO et la théorie des coûts comparatifs
2. La théorie des coûts de substitution
B. La dotation en facteur de production et l’échange international
1. La théorie de HECKSHER Ohlin
2. Le paradoxe de LEONTIEF
DEUXIEME PARTIE LE COMMERCE : MOTEUR DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE
CHAPITRE I. Les effets positifs dynamiques du commerce intérieur
A. La clef du succès du commerce
1. Mener une étude de marché
2. Faire une approche systématique
3. Suivre une démarche qualité
4. Lancer la publicité
5. Exigence des informations
B. Les retombées positives de l’activité commerciale
1. Les effets directs
a) Le progrès social
b) L’augmentation de revenu
c) La diminution des importations
d) La création d’emplois
2. Les effets indirects
a) Le développement du transport
b) Le développement des infrastructures
CHAPITRE II. L’ouverture aux échanges : les espoirs et les contraintes
A. Le commerce extérieur dans l’économie
1. Rôle économique
2. Rôle fiscal
B. La contribution des échanges à la relance
1. Les différents choix de politique économique de Madagascar vis -à -vis de l’extérieur
2. Exemple
C. Les signes d’une lente progression
1. Les exportations
2. Les importations
D. Les contraintes internes pesant sur l’offre
CHAPITRE III. Partenariat pour la croissance soutenue
A. Intégration régionale
1. Les principaux pays partenaires commerciaux
2. Négociation commerciale
a) Fusions – acquisitions
b) Joint – venture
c) Implantation green fields
B. Coopération pour Madagascar
TROIXIEME PARTIE LE CREDIT : UN CATALYSEUR DANS LE PROCESSUS DE CREATION DE RICHESSE VIA L’ACTIVITE COMMERCIALE
CHAPITRE I. Le crédit
A. Définition
B. Les multiples crédits
1. Classification selon la durée du crédit
a) Le crédit à CT
b) Le crédit à LT
2. Classification selon la forme de crédit : le crédit réel et le crédit personnel
3. Classification selon son utilisation
a) Le crédit à la production et le crédit à la consommation
b) Le crédit public et crédit privé
c) Le crédit documentaire
CHAPITRE II. Les conditions d’accès au crédit
A. L’esprit d’entreprise
1. Défendre la marché ou réussir son projet
2. Respecter le « client – roi »
3. Anticiper les demandes potentielles ou assurer la rentabilité du crédit
4. Maîtriser la qualité ou la mise en œuvre des produits
B. Un environnement économique favorable et incitatif
1. Instaurer un environnement économique stable et prévisible
2. Elaborer une politique commerciale volontariste clairement affichée pour l’expansion du commerce, source de croissance économique
3. La mise en œuvre d’une bonne gouvernance
CHAPITRE III. La justification de crédit
A. Le rôle du crédit
1. Du point de vue de consommateur
2. Du point de vue de producteur
3. Au niveau économique et social
B. Les avantages octroyés par le crédit
1. Sur le plan interne
a) Accès aux marchés
b) Financement à long terme
c) Facilités de liquidité
2. Sur le plan externe
SUGGESTIONS
CONCLUSION
PAGES ANNEXES
QUELQUES DEFINITIONS DE MOTS TECHNIQUES UTILISES
BIBLIOGRAPHIE