Bref historique du transistor bipolaireย
Lโinvention des transistors bipolaires remonte ร dรฉcembre 1947. A la suite de nombreux tรขtonnements, un groupe de recherche (Shockley, Brattain et Bardeen) des laboratoires Bell qui travaillait sur les semi-conducteurs, met en รฉvidence lโeffet transistor (Figure I.1.a) sur le premier dispositif amplificateur ร base de semiconducteurs (Figure I.1.b). Il sโagissait alors dโun transistor ร contacts ponctuels [2]-[5]. Puis, lโรฉlaboration de monocristaux de silicium et la maรฎtrise de leur dopage ont permis dโappliquer cette technique ร toute lโรฉlectronique avec des performances toujours accrues.
Le transistor MOS a progressivement supplantรฉ toutes les technologies bipolaires avec lโavรจnement de lโordinateur personnel et plus gรฉnรฉralement de lโรฉlectronique numรฉrique. En effet, sa simplicitรฉ dโรฉlaboration (une couche de moins en technologie planaire que pour un transistor bipolaire) et surtout sa plus faible consommation ont rendu ce composant incontournable dans toute lโรฉlectronique moderne (โ 80 %). Deย ce fait, la recherche sโest accentuรฉe du cotรฉ de ces technologies CMOS leur confรฉrant des performances en frรฉquence jusque lร accessible quโร lโaide de la technologie bipolaire (pour ne parler que des deux technologies les plus rรฉpandues). Cโest donc tout naturellement que le transistor bipolaire disparaรฎt progressivement des thรจmes de recherche en รฉlectronique intรฉgrรฉe [6].
On assiste cependant, depuis une dizaine dโannรฉes ร lโapparition dโun nouveau type de transistor bipolaire : le transistor bipolaire ร hรฉtรฉro-jonction SiGe. Ce composant consiste en lโutilisation de matรฉriaux dโรฉnergies de gap diffรฉrentes ce qui permet dโobtenir des frรฉquences de fonctionnement bien plus รฉlevรฉes quโavec des transistors tout silicium (ou tout germanium). Lโexploitation de cette diffรฉrence dโรฉnergie de gap pour des applications hyperfrรฉquences รฉtait dรฉjร connue depuis une trentaine dโannรฉes par lโutilisation de matรฉriaux III-V (GaAs, InAs, InP โฆ). Mais ces technologies requiรจrent des mรฉthodes de mise en ลuvre qui ne sont pas compatibles avec les filiรจres silicium classiques. Lโutilisation du germanium (bon accord de maille avec le silicium) pour rรฉaliser lโhรฉtรฉro-jonction a permis dโadapter ces transistors aux technologies silicium et a ainsi remis la technologie bipolaire au devant de la scรจne. Ce type de transistor a en effet rรฉcemment fait beaucoup parler de lui en franchissant la barre du demi-tรฉrahertz de frรฉquence de transition [7]. Cette performance a รฉtรฉ obtenue en plaรงant le transistor SiGe ร tempรฉrature cryogรฉnique. Ce nโest donc pas moins pour ses performances en frรฉquence que pour son bon fonctionnement ร tempรฉrature cryogรฉnique que la technologie SiGe sโannonce bien adaptรฉe ร notre application en instrumentation cryogรฉnique.
Physique du semi-conducteur
Fonction de Fermi
Les รฉlectrons suivent la statistique de Fermi-Dirac qui donne le taux d’occupation des รฉtats pour une รฉnergie E suivant lโexpression (1), avec EF le potentiel chimique du systรจme appelรฉ รฉnergie de Fermi dans le domaine des semiconducteurs, kB la constante de Boltzmann (1.38×10-23 J/K) et T la tempรฉrature en kelvin.
Semi-conducteur intrinsรจque
Paires รฉlectrons/trous : Quand, sous lโagitation thermique, un รฉlectron atteint la bande de conduction, il laisse derriรจre lui un รฉtat vide (un trou) dans la bande de valence. Celui-ci correspondant ร un รฉlectron manquant dans l’une des liaisons covalentes entre atomes. Sous l’influence d’un champ รฉlectrique, un รฉlectron de valence voisin peut se dรฉplacer et prendre la place de l’รฉlectron manquant, dรฉplaรงant du mรชme coup le trou. Ce trou est alors, lui aussi, capable de se dรฉplacer ร travers le matรฉriau et donc de conduire l’รฉlectricitรฉ. Les รฉlectrons et les trous sont dรฉsignรฉs sous le nom de porteurs de charge et circulent en sens inverse par application dโun champ รฉlectrique.
Un semi-conducteur est dit intrinsรจque sโil ne contient pas dโimpuretรฉ susceptible de modifier la densitรฉ de porteurs. Dans ces conditions, on peut dire que le nombre dโรฉlectrons libres ne dans la bande de conduction, rรฉsulte de la seule excitation thermique dโรฉlectrons liรฉs de la bande de valence, laissant place ร un nombre de trous nh.
Dopage
On peut profondรฉment modifier les propriรฉtรฉs รฉlectriques dโun semiconducteur si lโon remplace quelques atomes du rรฉseau par des atomes ayant, par rapport ร lโatome substituรฉ, un รฉlectron en plus ou en moins dans son cortรจge รฉlectronique. On qualifie alors le semi-conducteur devenu extrinsรจque de semiconducteur dopรฉ. Dans le cas dโun semi-conducteur de la colonne IV de la classification pรฉriodique (silicium ou germanium), on obtient un semi-conducteur de type N en introduisant des impuretรฉs appartenant ร la colonne V tel du phosphore. Le type P est lui obtenu ร lโaide dโimpuretรฉs provenant de la colonne III tel le bore.
Dopage N : Dans le cas dโun semi-conducteur de type N, le dopant apporte, dans la bande interdite, ร proximitรฉ de la bande de conduction (โ 10 ร 50 meV), des รฉlectrons qui passent trรจs facilement dans celle-ci sous lโeffet dโune excitation thermique. On dit que lโon a ร faire ร des donneurs dโรฉlectrons. Le niveau dโรฉnergie de Fermi se rapproche donc de la bande de conduction (Figure I.2) de la valeur kBT.ln(Nd/ni) oรน Nd est la concentration dโatomes donneurs (8). A la tempรฉrature ambiante et pour des niveaux de dopage courant, on obtient les densitรฉs dโรฉlectrons et de trous donnรฉes en (9), tous les atomes donneurs รฉtant ionisรฉs.
Dopage P : Dans le cas dโun semi-conducteur de type P, le dopant apporte lui des ยซtrous ยป ร proximitรฉ de la bande de valence qui vont trรจs facilement รชtre occupรฉs par des รฉlectrons provenant de celle-ci sous lโeffet de la tempรฉrature. Il en rรฉsulte des trous dans la bande de valence qui vont eux aussi participer au processus de conduction รฉlectrique dans le cristal, on les appelle des accepteurs dโรฉlectrons. Le niveau de Fermi se rapproche dans ce cas de la bande de valence (Figure I.2) de la valeur kBT.ln(Na/ni) ou Na est la concentration dโatomes accepteurs (10).
Dรฉpendance en tempรฉrature de la densitรฉ de porteursย
Les porteurs de charge (รฉlectrons ou trous) provenant des dopants sont gรฉnรฉralement plus nombreux (ร tempรฉrature ambiante) que ceux venant du semiconducteur lui-mรชme. Dans un semi-conducteur, le transport de charges se fait ร la fois par les รฉlectrons et par les trous. Dans un semi-conducteur intrinsรจque, ces deux porteurs de charges sont en nombre รฉgaux. Dans un semi-conducteur dopรฉ N, il y a un fort excรฉdent dโรฉlectrons par rapport aux trous et lโinverse lorsquโil est dopรฉ P. On appelle porteurs majoritaires par opposition aux porteurs minoritaires les porteurs de charges qui sont en plus grand nombre. Lorsque la tempรฉrature du semi conducteur est abaissรฉe, les densitรฉs de donneurs ou dโaccepteurs ionisรฉs diminuent progressivement de mรชme que les densitรฉs de porteurs libres. Etudions qualitativement, dans le cas dโun semi-conducteur de type N, la densitรฉ dโรฉlectrons libres en fonction de la tempรฉrature. Pour des tempรฉratures รฉlevรฉes, les donneurs ne jouent aucun rรดle significatif, on retrouve donc la dรฉpendance en tempรฉrature de la densitรฉ de porteur intrinsรจque ni : cโest le rรฉgime intrinsรจque (7). Cette dรฉpendance, essentiellement en exp(-Eg/2kBT), peut รชtre mise en รฉvidence sur une reprรฉsentation log/lin (Figure I.3) par une droite de pente -Eg/2kB [9][10], en nรฉgligeant les variations de Eg. Pour des tempรฉratures proches et plus basses que la tempรฉrature ambiante, la densitรฉ dโรฉlectrons est constante et รฉgale ร la densitรฉ de donneurs Nd (9). Lโรฉnergie thermique est suffisante pour ioniser tous les donneurs mais insuffisante pour crรฉer un nombre consรฉquent de porteurs intrinsรจques. Ce rรฉgime est appelรฉ rรฉgime extrinsรจque [10] ou rรฉgime dโรฉpuisement des donneurs [9].
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
I. TRANSISTORS BIPOLAIRES
I.1. Introduction
I.2. Bref historique du transistor bipolaire
I.3. Physique du semi-conducteur
I.3.1. Fonction de Fermi
I.3.2. Semi-conducteur intrinsรจque
I.3.3. Dopage
I.3.4. Dรฉpendance en tempรฉrature de la densitรฉ de porteurs
I.4. Jonction PN
I.4.1. Description de la jonction PN
I.4.2. Diode ร lโรฉquilibre
I.4.3. Polarisation directe
I.4.4. Polarisation inverse
I.4.5. Largeur de la zone de charge dโespace
I.5. Transistor bipolaire
I.5.1. Description du transistor bipolaire
I.5.2. Effet transistor
I.5.3. Thรฉorie de la diffusion dans un transistor bipolaire NPN
I.5.4. Efficacitรฉ d’injection d’รฉmetteur
I.5.5. Gain en courant
I.5.6. Gain en courant petit signal alternatif
I.5.7. Temps de transit dans la base
I.5.8. Gain en tension
I.5.9. Rรฉgime de forte injection
I.5.10. Impรฉdance dโentrรฉe et de sortie
I.5.11. Schรฉma รฉquivalent en petit signal (dit de Giacoletto)
I.5.12. Frรฉquence au gain unitรฉ en courant et en tension
I.6. Transistor bipolaire ร hรฉtรฉro-jonction Si/SiGe
I.6.1. Description
I.6.2. Expression du gain en courant pour un transistor SiGe
I.6.3. Tenue en tempรฉrature
I.6.4. Technologies BiCMOS SiGe AMS utilisรฉes
I.7. Conclusion
I.8. Bibliographie
II. BRUITS ELECTRONIQUES
II.1. Introduction
II.2. Dรฉfinition
II.3. Classification
II.3.1. Bruit dโorigine externe au circuit รฉlectronique
II.3.2. Bruit dโorigine interne au circuit รฉlectronique
II.4. Considรฉrations thรฉoriques relatives aux signaux alรฉatoires
II.4.1. Valeur quadratique moyenne
II.4.2. Densitรฉ spectrale de puissance
II.4.3. Amplitude dโun signal alรฉatoire
II.4.4. Signaux indรฉpendants et signaux corrรฉlรฉs
II.4.5. En rรฉsumรฉ
II.5. Origines physiques et modรฉlisation
II.5.1. Bruit thermique (Johnson noise)
II.5.2. Bruit de grenaille (shot noise)
II.5.3. Bruit ยซย en 1/fย ยป(flicker noise)
II.6. Bruit dans les composants รฉlectroniques
II.6.1. Rรฉsistance
II.6.2. Alimentation
II.6.3. Capacitรฉ
II.6.4. Diode ร jonction
II.6.5. Transistor bipolaire
II.7. Sources de bruit ramenรฉes en entrรฉe dโun transistor bipolaire
II.7.1. Sources รฉquivalentes de bruit ramenรฉes en entrรฉe dโun quadripรดle
II.7.2. Schรฉma รฉquivalent du transistor bipolaire avec les sources รฉquivalentes de bruit en entrรฉe
II.7.3. Source รฉquivalente de tension de bruit en
II.7.4. Source รฉquivalente de courant de bruit in
II.8. Bruit dans les capteurs ร supraconducteur
II.8.1. Bruit dans les bolomรจtres ร supraconducteur
II.8.2. Bruit dans les TES
II.8.3. Bruit dans les SQUID
II.9. Conclusion
II.10. Bibliographie
III. TECHNOLOGIES BIPOLAIRES A TEMPERATURES CRYOGENIQUES
III.1. Introduction
III.2. Technologies bipolaires pour applications cryogรฉniques
III.2.1. Impรฉdance dโentrรฉe
III.2.2. Impรฉdance de sortie
III.2.3. Amplification en tension
III.3. Comparaison BJT Si et HBT SiGe ร 300 K et 77 K
III.3.1. Technologies Si et SiGe testรฉes
III.3.2. Principe de mesure
III.3.3. Transconductance gm
III.3.4. Gain en courant ฮฒ
III.3.5. Impรฉdance diffรฉrentielle dโentrรฉe h11
III.3.6. Gain en puissance AP
III.3.7. Conclusion sur les mesures ร 77 K
III.4. Comparaison HBT SiGe 0.8 ยตm et 0.35 ยตm ร 300 K, 77 K et 4.2 K
III.4.1. Application ร 4.2 K
III.4.2. Principe de mesure
III.4.3. Courbe de Gummel (ยซย Gummel plotย ยป)
III.4.4. Gain en courant ฮฒ
III.4.5. Transconductance gm
III.4.6. Impรฉdance diffรฉrentielle dโentrรฉe h11
III.4.7. Performances en รฉmetteur commun
III.4.8. Caractรฉristique de sortie IC(VCE)
III.4.9. Conclusion sur les mesures ร 4.2 K
III.5. Mesures de bruit de transistors SiGe 0.35 ยตm ร 300 K, 77 K et 4.2 K
III.5.1. Mรฉthodologie
III.5.2. Les transistors SiGe mesurรฉs
III.5.3. Rรฉcupรฉration et traitement des donnรฉes
III.5.4. Identification des bruits ร 300 K
III.5.5. Identification des bruits ร 77 K
III.5.6. Identification des bruits ร 4.2 K
III.5.7. Comparaison 300 K, 77 K, 4.2 K
III.5.8. Conclusion sur les mesures de bruit
III.6. Conclusion
III.7. Bibliographie
CONCLUSION
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