L’Aloe vera est une plante verte de la famille des Liliacées. Elle est connue et utilisée depuis l’antiquité pour ses nombreuses vertus. En effet, les documents historiques des Egyptiens, Romains, Grecs et Chinois rapportaient déjà son utilisation aussi bien dans le domaine médical que cosmétique. Les Egyptiens, au temps des pharaons, la considéraient comme la «plante de l’immortalité» et Cléopâtre utilisait le gel de l’Aloe vera de façon régulière et l’on dit qu’il constituait, avec le lait d’ânesse dans lequel elle se baignait, le secret de sa beauté [1]. La découverte de ce secret a suscité un grand intérêt pour la plante. C’est ainsi que les parties les plus utilisées sont les feuilles dont on distingue deux parties qui sont différentes de par leur apparence, leur composition et leurs propriétés thérapeutiques. Il s’agit du suc et du mucilage (pulpe, gel). Le gel obtenu à partir de la plante est le composant le plus souvent utilisé en raison de ses propriétés anti oxydantes, thérapeutiques et fonctionnelles. L’utilisationde la plante d’Aloe vera est associée à la teneur en composants bioactifs, à la microstructure et aux procédés de conservation et de stabilisation des produits obtenus à partir de gel ou d’autres parties de la plante.
Le gel, mucilage incolore, est employé par voie cutanée en tant qu’hydratant, adoucissant et antiprurigineux. Par voie orale, il est réputé pour avoir des effets anti-inflammatoires, antioxydants et immunostimulants, pour améliorer la digestion, pour soigner les ulcères, les maladies parodontales, le psoriasis, les maladies inflammatoires intestinales, le diabète et même le SIDA et le cancer.
L’Aloe vera possèderait donc des vertus exceptionnelles, à tel point qu’elle est devenue aujourd’hui un outil de stratégie marketing. C’est ainsi que sa présence dans la composition de nombreux produits est mise en avant, ces produits vont des crèmes aux compléments alimentaires en passant par les yaourts, lessives et autres boissons.
Botanique, Extraction du suc et du gel d’Aloe vera
On compte à ce jour environs 420 espèces du genre Aloe principalement retrouvées en Afrique [3]. Au début, après la découverte des propriétés thérapeutiques de la plante, 3 espèces étaient reconnues et utilisées en médecine: l’Aloe succotrina ou soccotrin car on la retrouvait dans l’île de Socotora, l’Aloe hépatique, nommé ainsi du fait que sa couleur rappelait celle du foie, et l’Aloe caballin, car il était recommandé pour la purge des chevaux en médecine [4]. Les espèces qui sont actuellement utilisées sont :
● L’Aloe ferrox miller communément appelé l’Aloès du cap, Aloe rouge ou Aloe amer qui se rencontre à l’état sauvage dans les régions chaudes et désertiques en Afrique du Sud, en particulier dans la province du Cap (région de Mossel-bay et de Fort Elisabeth). Il est avec l’Aloe vera et l’Aloe saponaria l’aloès le plus récolté en Extrême-Orient mais également en Afrique du Sud. Ces pays l’utilisent en médecine, en cosmétique et en cuisine.
● l’Aloe arborescens Miller ou Aloe candélabre, originaire de l’Afrique Australe, qui pousse au Malawi, au Botswana, au Zimbabwe, au Mozambique, ainsi qu’en Afrique du Sud. Cette espèce est reconnue officiellement en Russie pour ses vertus thérapeutiques.
● l’Aloe saponaria qui pousse principalement en Afrique du Sud, au Botswana et au Zimbabwe.
● l’Aloe succotrina, Aloe soccotrin, ou Aloe de Zanzibar qui provient de Socotra, une ile de l’Océan Indien, située près de la Somalie et du Yémen. Il se développe préférentiellement dans des zones présentant des affleurements rocheux.
● L’Aloe vera ou Aloé des Barbades, qui est l’espèce que l’on retrouve dans la quasi-totalité des spécialités commercialisées. Il s’agit également de l’espèce la plus étudiée. Elle est originaire de l’Afrique du Sud et de l’Est, et a été introduite par la suite au nord de l’Afrique, dans la péninsule arabique, la Chine, les pays méditerranéens et les Antilles [5].
Ces espèces ont toutes leurs propres propriétés thérapeutiques et bien que très voisines, il est nécessaire de ne pas les confondre. Nous nous sommes intéressés à l’espèce qu’est l’Aloe vera pour laquelle nous donnerons son étymologie, sa systématique, c’est-à-dire sa place dans la classification, son aspect botanique, sa culture, les parties de la plante utilisées, les différents procédés d’extraction et les méthodes de conservations des extraits.
Nomenclature
Le nom générique Aloe vient du latin aloë et du grec αλόη [6]. Différents nom sont utilisés pour l’Aloe vera. Son nom latin est Aloe barbadensis Miller, désignant le genre et l’espèce c’est le nom utilisé par les scientifiques mais aussi celui qu’on trouve dans presque tous les produits contenant de l’Aloe vera. Ce nom latin est le seul qui permet d’identifier la plante de manière précise. On retrouve d’autres noms en fonction des continents : lys du désert en Afriquenotamment, Guérisseur silencieux en Inde, Remède Harmonieux en Chine, Elixir de longévité dans l’Egypte Ancienne [7].
Systématique
En botanique, il existe plusieurs systèmes de classifications, la classification traditionnelle étant à distinguer de la classification APG (AngiospermPhylogeny groupe). L’Aloe vera n’appartient pas à la même famille selon le système declassification utilisé.
Classification de Cronquist
La classification de Cronquist est une classification des Angiospermes. Elle repose essentiellement sur des critères morphologiques, anatomiques et chimiques. Ainsi, les végétaux présentant un nombre élevé de ressemblance sont réunis au sein d’une même famille.
La classification de l’Aloe vera est la suivante :
● Le règne des Plantes (Plantae)
● Le sous-règne des Trachéophytes (Tracheobionta) Les Trachéophytes sont les « végétaux supérieurs », leur appareil végétatif est bien différencié en tige, feuilles et vaisseaux conducteurs de sèves. Ils sont constitués par les Ptéridophytes (fougères) et Spermaphytes (plantes à graines).
● L’embranchement des Spermaphytes (Spermatophyta) Il s’agit des végétaux les plus perfectionnés du règne végétal : les plantes à graines. Ils se distinguent par la production de graines et par une fécondation réalisée par l’intermédiaire d’un tube pollinique et indépendante de l’élément liquide.
● Le sous-embranchement des Angiospermes (Magnoliophyta, plantes à fleurs) Cette division représente les plantes à fleurs. Les angiospermes diffèrent des autres plantes à graines par la présence des caractères suivants :
– Condensation des organes reproducteurs en une fleur
– Présence d’un ovaire enveloppant les ovules, et qui se développera pour donner un fruit
– Double fécondation de l’ovule, qui donnera l’embryon et son tissu nourricier, l’albumen [8].
● La classe des Monocotylédones (Liliopsida)
Ce sont des plantes, dont :
– Les graines possèdent une plantule à un seul cotylédon
– Les feuilles ont des nervures parallèles
– Les éléments qui composent la fleur (pétales, sépales, étamines) sont au nombre de 3 ou multiples de 3. Elles n’ont pas de véritable tronc.
● La sous-classe des Liliidae
● L’ordre des Liliales
Elle comprend 15 familles parmi lesquelles ;
● La famille des Aloaceae
Cette famille ne comprend qu’un seul genre ;
● Le genre Aloe L.
● L’espèce : Aloe Vera (L.) Burm.f .
Classification phylogénétique
Cette classification comprend actuellement trois versions établies par l’Angiosperms Phylogeny Group : la classification APG (1998), la classification APG II (2003) et la classification APG III (2009), cette dernière étant à ce jour la plus utilisée. Elle est basée sur deux gènes chloroplastiques et un gène nucléaire du ribosome.
Les aloès se situent dans les Euangiospermes monoaperturées (figure 1). Ce groupe correspond en grande partie aux monocotylédones. Ils font ensuite partie de la sous classe des Liliidae qui se divise en trois ordres : les Asparagales, les Dioscorales, les Liliales. La classification APG III établit ainsi l’Aloe vera dans la famille des Xanthorrhoéacées, ordre des Asparagales [9]. La différence entre les Liliales et les Asparagales s’est effectuée sur des bases morphologiques qui ont été remises en cause par les études moléculaires. Les Asparagales ont ainsi été redéfinies par l’inclusion de taxons provenant de Liliales et l’exclusion de quelques taxons [10]. La famille des Xanthorrhoéacées a été élargie par la classification APG III pour inclure des genres autrefois placés dans les familles Asphodelaceae et Hemerocallidaceae. C’est ainsi que Aloe vera est passée au fil des études et de l’approfondissement des connaissances, des Liliacées, aux Aloeaceae, aux Asphodelacées puis aux Xanthorrhoéacées. Ainsi, concernant cette classification phylogénétique, nous pouvons dire que l’espèce Aloe vera appartient à:
● La classe des Angiospermes
● La sous – classe des Monocotylédones
● L’ordre des Asparagales
● La famille des Xanthorrhoeaceae
● La sous-famille des Asphodeloideae
Etude comparative des classifications
En parcourant la littérature botanique et scientifique, on remarque que l’Aloe vera est une plante classée dans des familles différentes : Asphodélacées, Aloéacées, Xanthorrhoeacées et Liliacées. Cette dernière est celle que l’on rencontre le plus souvent. Ceci s’explique par les deux systèmes de classification qui coexistent Dans la classification de Cronquist, parmi les 15 familles que composent l’ordre des Liliales, on distingue notamment les Liliacées et les Aloéacées. Autrefois, l’Aloe était classé dans la famille des Liliacées, mais l’espèce a aujourd’hui sa propre famille : les Aloéacées. Dans la classification d’APG III, la famille des Aloéacées n’existe pas et les Aloès sont regroupés dans la famille des Xanthorrhoeacées. Autrefois, on classait l’Aloe vera dans la famille des Asphodelacées.
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Table des matières
Introduction
PREMIERE PARTIE : Botanique, Extraction du suc et du gel d’Aloe vera
I. Nomenclature
II. Systématique
II.1 Classification de Cronquist
II.2 Classification phylogénétique
II.3 Etude comparative des classifications
III. Description botanique et répartition géographique
III.1 Les feuilles
III.2 L’inflorescence
III.3 Répartition géographique
IV. Culture
IV.1 Ecologie
IV.2 Multiplication et plantation de l’Aloe vera
V. Parties utilisées
VI. Extraction du suc et du gel d’Aloe vera
VI.1 Extraction du suc
VI.2 Extraction du gel d’Aloe vera
VI.2.1 Méthode manuelle
VI.2.2 Méthode de la feuille entière
VI.2.3 Traitement total de l’Aloe vera
VI.2.4 Conservations du gel d’Aloe vera
VI.3 Stabilisation du gel d’Aloe vera
VI.4 Paramètres de qualité
VI.4.1 Processus de traitement de la feuille
VI.4.2 Concentration du gel
VI.4.3 Séchage du gel par la méthode Qtmax
DEUXIEME PARTIE : Composition chimique et usages thérapeutiques de l’Aloe vera
I. Composition chimique de l’extrait d’Aloe vera
I.1 Composition chimique du suc d’Aloe vera
I.2 Composition chimique du gel
I.2.1 Les mono- et polysaccharides
I.2.2 Les fractions protéiques
I.2.3 Les fractions lipidiques
I.2.4 Les minéraux et oligo-éléments
I.2.5 Les vitamines
I.2.6 Les enzymes
I.2.7 Autres constituants
II. Usages thérapeutiques de l’Aloe vera
II.1 Utilisation par voie externe
II.1.1 Propriété hydratante
II.1.2 Propriété anti-âge
II.1.3 Propriété dépigmentante
II.1.4 Action sur les alopécies
II.1.5 Propriété cicatrisante
II.1.6 Action sur les maladies parodontales
II.2 Utilisation par voie interne
II.2.1 Propriété antioxydante
II.2.2 Propriété anti-infectieuse
II.2.3 Propriété antiallergique
II.2.4 Propriété anti-inflammatoire
II.2.5 Actions sur l’appareil digestif
II.2.6 Propriétés antidiabétiques et antihypercholestérolémiantes
II.2.7 Propriété antitumorale
CONCLUSION
REFERENCES