Les cinq espèces concernées par cette étude sont Bombax costatum, Cordyla pinnata, Parkia biglobosa, Prosopis africana, et Pterocarpus erinaceus. Ces espèces ont été choisies à cause surtout de leur importance socio-économique et culturelle dans la zone.
Bombax costatum (Garabu Laobé)
L’arbre procure un bois léger déroulé pour la fabrication de boîtes d’allumettes par la CAFAL. Ses fleurs sont utilisées dans la préparation de sauces et les fruits mûrs renferment du kapok utilisé dans le rembourrage des coussins. Ce kapok était employé avant l’invention des fibres textiles synthétiques pour doubler les manteaux et les fourrures, pour fabriquer des couvertures, des sacs de couchage, des vestes d’aviateur, des ceintures de sauvetage (Giffard, 1974). Il a été commercialisé dès 1910 au Mali où une usine d’égrenage avait été construite à Kayes. L’arbre présente de nombreux emplois dans la pharmacopée.
Cordyla pinnata (Dimb)
Il procure un bon bois d’artisanat et de service. Aujourd’hui, le bois de cette espèce est intensément exploité pour la fabrication de tam-tam (djembé). Berhaut (1975) note que les paysans le considèrent comme un “arbre grenier” du fait de la disponibilité de ses fruits en période de soudure. Les arbres dispersés dans la périphérie du parc (champs) ont été maintenus par les paysans pour leurs fruits qui constituent un appoint alimentaire au début de la saison des pluies (Giffard, 1974). La plante est également utilisée dans la pharmacopée traditionnelle.
Parkia biglobosa (Néré)
C’est une plante très utilisée du fait de la grande valeur nutritionnelle de ses fruits et de son importance dans la médecine locale. Ses graines fermentées sont très appréciées. La pulpe des fruits fut recommandée dès la fin du XIXe siècle comme base de farine lactée pour l’alimentation des enfants. Différentes parties de l’arbre sont utilisées pour traiter différentes maladies (Bérhaut, 1975). Elle est également utilisée en tannage et en teinture et améliore la qualité des sols.
Prosopis africana (Ir)
Il procure un bois dur, recherché par les sculpteurs pour la fabrication d’objets d’art (statuettes, masques). En 1972, 4357 pieds ont été exploités dans le Sine Saloum, soit 30 % du total national (Giffard, 1974). Ce bois a un pouvoir calorifique excellent. Il n’est pas attaqué par les termites. C’est un matériau très prisé par les charbonniers, les boulangers et les artisans de métaux précieux. Presque toutes les parties de l’arbre entrent dans la médecine locale (Maydell, 1990).
Pterocarpus erinaceus (Ven)
L’arbre produit l’un des meilleurs bois d’œuvre. Cette espèce fait aujourd’hui l’objet d’une surexploitation, même dans le domaine classé, à cause de son beau bois d’œuvre. Les feuilles et les fruits jeunes sont consommés par le bétail. Ils constituent un fourrage en période de soudure. La plante est également utilisée dans la médecine locale (Maydell, 1990).
Collecte et traitement des données
La démarche méthodologique adoptée dans l’étude de la régénération naturelle des cinq espèces ligneuses comporte quatre étapes : le choix des sites d’études, l’étude de la variation des effectifs des jeunes plants des espèces présentant une régénération naturelle, l’étude de l’influence des feux et du pâturage sur la survie des jeunes plants et l’évaluation du stock de semences au sol et l’étude de la germination des graines des espèces ne présentant pas de régénération naturelle. Les données collectées ont été traitées essentiellement avec EXCEL et Delta Graph.
Choix des sites d’étude
Le choix des sites d’étude est fondé sur l’abondance des individus adultes (semenciers) des espèces concernées par l’étude.
L’étude de Bombax costatum a été effectuée sur le site de Bakadadji. Ce site est localisé à environ 2 km du village, à l’ouest de la piste qui mène à Karang . Cette zone qui est un plateau à sol peu profond est marquée par la présence de termitières. Le sol est de type ferrugineux tropical lessivé, sablo-argileux à concrétions ferrugineuses. La végétation est une savane arbustive à arborée dominée par une population de Bombax costatum associée à Cordyla pinnata. Le tapis herbacé dense et continu est essentiellement dominé par Andropogon gayanus. Cette zone, fréquentée par le bétail, est parcourue par les feux presque chaque année comme en témoignent les traces de feu sur les pieds de Bombax costatum.
Le site d’étude de Cordyla pinnata est situé au nord-est de la forêt sur un vaste plateau . Le sol peu profond est un sol ferrugineux tropical lessivé, sablo-argileux. La végétation est une savane arbustive à arborée. La strate herbacée, dominée par Andropogon gayanus, y atteint environ 3 mètres de haut. Selon les populations locales, cette zone est parcourue chaque année par des feux. En effet, la grande majorité des arbres porte des traces de feu. Cette partie de la forêt est également fréquentée par le bétail surtout dans sa partie septentrionale. L’exploitation clandestine des arbres est également perceptible de par les nombreuses souches de Cordyla pinnata et de Pterocarpus erinaceus.
Parkia biglobosa a été étudié dans un site situé au sud-est de la forêt . Ce site est surtout caractérisé par un relief plat avec des sols ferrugineux tropicaux lessivés sabloargileux à concrétions ferrugineuses. La végétation est une savane boisée où domine Daniellia oliveri qui forme un peuplement associé à Parkia biglobosa et Cordyla pinnata. Daniellia oliveri y présente une régénération naturelle remarquable. C’est dans cette partie de la forêt que le taux de recouvrement du sol par les couronnes des arbres et des arbustes est le plus important. La strate herbacée y est plus diversifiée et moins haute. Cette strate est essentiellement dominée par Cassia tora, Hyptis suaveolens, Triumpheta pentadra, Blinvillea gayana et Andropogon gayanus. D’après les informations recueillies auprès des populations locales, cette zone brûle rarement, contrairement aux autres parties de la forêt. Il constitue également une zone de pâturage.
Prosopis africana est étudié dans la partie sud de la forêt à l’ouest du village de Samé . Il est situé sur la terrasse moyenne par rapport à la vallée de Maka. Le sol ferrugineux tropical peu évolué est profond avec un matériau d’ensemble sablo-argileux. Il est caractérisé par un drainage fort pouvant limiter la disponibilité en eau du sol. La végétation est une savane arborée fortement dominée par une importante population de Prosopis africana associée à d’autres espèces telles que Daniellia oliveri, Cordyla pinnata et Parkia biglobosa. Andropogon gayanus est caractéristique de la strate herbacée dont la hauteur n’atteint pas 3 mètres. Cette zone, jadis très fréquentée par le bétail et soumise aux feux a été clôturée en 2001 par la Société pour la Protection de l’Environnement et de la Faune au Sénégal.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIÈRE PARTIE : PRÉSENTATION DE LA ZONE D’ÉTUDE
1.1. Situation géographique de la zone d’étude
1.2. Milieu physique
1.2.1. Le climat
1.2.2. Les sols
1.2.3. La géomorphologie et le réseau hydrographique
1.2.4. La flore et la végétation
1.2.5. La faune
1.3. Le Contexte humain et socio-économique
1.3.1. Ethnies et démographie
1.3.2. Activités socio-économiques
DEUXIÈME PARTIE : MATÉRIEL ET MÉTHODES
2.1 Matériel d’étude
2.1.1. Bombax costatum (Garabu Laobé)
2.1.2. Cordyla pinnata (Dimb)
2.1.3. Parkia biglobosa (Néré)
2.1.4. Prosopis africana (Ir)
2.1.5. Pterocarpus erinaceus (Ven)
2.2. Collecte et traitement des données
2.2.1. Choix des sites d’étude
2.2.2. Étude de la variation des effectifs des jeunes plants
2.2.3. Étude de l’influence des feux et du pâturage sur la survie des jeunes plants
2.2.4. Evaluation du stock de semences au sol
2.2.5. Étude de la germination des graines
2.2.5.1.Collecte et échantillonnage des graines
2.2.5.2.Conditions de germination
2.2.5.3.Test de viabilité
2.2.5.4.Test de dormance des graines
2.2.5.5.Étude de la structure anatomique du tégument des graines
2.2.5.6.Étude de l’influence des feux sur la germination des graines
2.2.5.7.Étude de l’influence du pâturage sur la germination des graines
TROISIÈME PARTIE : RÉSULTATS
3.1. Variation des effectifs des individus de la régénération naturelle
3.1.1. Cordyla pinnata
3.1.2. Parkia biglobosa
3.1.3. Pterocarpus erinaceus
3.1.4. Bombax costatum
3.1.5. Prosopis africana
3.2. Effets des feux et du pâturage sur la survie des jeunes plants
3.2.1.Cordyla pinnata
3.2.1.1. Effets des feux précoces
3.2.1.2. Effets des feux tardifs
3.2.1.3. Effets du pâturage
3.2.1.4. Effets combinés du pâturage et des feux précoces
3.3.1.5. Effets combinés du pâturage et des feux tardifs
3. 2.2. Parkia biglobosa
3.2.2.1. Effets des feux précoces
3.2.2.2. Effets des feux tardifs
3.2.2.3. Effets du pâturage
3.2.2.4. Effets combinés du pâturage et des feux précoces
3.2.2.5. Effets combinés du pâturage et des feux tardifs
3.2.3. Pterocarpus erinaceus
3.2.3.1. Effets des feux précoces
3.2.3.2. Effets des feux tardifs
3.2.3.3. Effets du pâturage
3.2.3.4. Effets combinés du pâturage et des feux précoces
3.2.3.5. Effets combinés du pâturage et des feux tardifs
3.2.4. Bombax costaum
3.2.4.1. Effets des feux précoces
3.2.4.2. Effets des feux tardifs
3.2.4.3. Effets du pâturage
3.2.4.4. Effets combinés du pâturage et des feux précoces
3.2.4.5. Effets combinés du pâturage et des feux tardifs
3.3. Germination des graines de Prosopis africana
3.3.1. Stock de semences
3.3.2. Viabilité des graines
3.3.3. Dormance des graines
3.3.3.1. Effets de la scarification
3.3.3.2. Structure anatomique du tégument des graines
3.3.4.Effet des feux et du pâturage sur la germination des graines de Prosopis africana
3.3.4.1. Effet des feux sur la germination
3.3.4.2. Effet du pâturage sur la germination
QUATRIÈME PARTIE : DISCUSSIONS DES RESULTATS
4.1. Sur la variation des effectifs de la régénération naturelle
4.2. Sur l’effet des feux précoces sur la survie des jeunes plants
4.3. Sur l’effet des feux tardifs sur la survie des jeunes plants
4.4. sur l’effet du pâturage sur la survie des jeunes plants
4.5. Sur l’effet combiné du pâturage et des feux
4.5. Sur l’absence de régénération naturelle de Prosopis africana
CONCLUSION GENERALE