Biopsies utérines en médecine vétérinaire
Biopsie trans-cervicale
De par la facilité du cathétérisme cervical à tous les stades du cycle chez la jument, la biopsie est techniquement réalisable à tout moment (Kenney, 1978 ; Doig et Kenney, 1986 ; Noakes et al, 2009). Néanmoins, du fait de l’influence de la progestérone sur l’apparition des glandes utérines, certains préfèrent réaliser la biopsie durant le dioestrus afin d’évaluer l’activité des glandes endométriales qui sont nombreuses et circonvolutionnées (Tibary et Bakkoury, 1994). Par contre, le fait de manipuler l’utérus après l’oestrus favoriserait la lutéolyse prématurée (Kenney, 1978), ce qui ne pose pas de problème majeur puisque la jument ne sera pas mise à la reproduction avant d’avoir diagnostiqué la cause de son infertilité. D’autres préfèrent un prélèvement durant les chaleurs car le col est plus facile à traverser (Noakes et al, 2009) et la présence d’un oedème facilite l’observation des modifications cicatricielles (Tibary et Bakkoury, 1994).
Quand on souhaite obtenir par la même occasion un écouvillon pour la culture bactérienne, il est préférable de réaliser l’écouvillon avant la biopsie afin de limiter la contamination microbiologique de celui-ci (Doig et Kenney, 1986). Dans l’idéal, il faudrait réaliser des biopsies utérines du plafond et du plancher de chaque corne et du corps utérin, mais ce n’est pas réalisable sur le terrain (Doig et Kenney, 1986). En routine, les biopsies sont pratiquées au niveau du site d’implantation de l’embryon, c’est-à-dire dans le corps utérin, juste à la bifurcation des cornes (Greenhoff et Kenney, 1975).
La préparation du tissu pour l’examen histologique
Le protocole classiquement utilisé pour la préparation du tissu biopsié est équivalent en médecine humaine (Cicinelli et al, 2005) et en médecine vétérinaire. Le spécimen est délicatement retiré des mors de l’instrument de biopsie avec une aiguille hypodermique stérile (Doig et Kenney, 1986). Il est fixé dans une solution de formol à 10% (Chaffaux et al, 1987 ; Chapwanya et al, 2010). Après 2 à 24h dans la solution, avec un ratio de 1 pour 10 entre le spécimen et le volume de fixateur, l’échantillon est transporté jusqu’au laboratoire (Chapwanya et al, 2010). Les prélèvements sont ensuite inclus dans de la paraffine et des coupes de 4-6 μm d’épaisseur (Chaffaux et al, 1987 ; Bonnet et al, 1991 ; Chapwanya et al, 2010). Les lames sont colorées avec de l’hémalun-éosine (Chaffaux et al, 1987 ; Chapwanya et al, 2010 ; Mir et al, 2013).
L’intérêt de l’histologie chez toutes les espèces
Chez la chienne, cette technique peut être utilisée dans l’identification des stades précoces d’hyperplasie kystique endométriale et d’endométrite. Leur diagnostic est intéressant car il permet d’identifier une cause d’infertilité et un traitement possible (Christensen et al, 2012).
Chez la jument, l’histologie a tout son intérêt dans le diagnostic des juments dites « subfertiles » (repeat-breeder, mort embryonnaire précoce…), dans l’évaluation et la prédiction de la fertilité, dans le suivi de l’efficacité thérapeutique, lors d’une visite d’achat ou encore dans la détection des causes de baisse de fertilité indétectables avec d’autres techniques (Kenney et Doig, 1986 ; Carleton, 1997). D’ailleurs, les modifications dégénératives de l’endomètre (endométriose, angiopathie, atrophie endométriale), qui perturbent la fertilité des juments, ne peuvent être évaluées que par le biais d’un examen histologique mené sur une biopsie endométriale (Overbeck et al, 2013). De plus, d’après Blanchard (2005), plus le diagnostic est réalisé précocement (dès l’apparition de troubles de la reproduction), moins le risque d’apparition de lésions irréversibles est élevé. Toutes les juments diagnostiquées non gravides en automne devraient ainsi faire l’objet d’un examen génital approfondi comprenant une biopsie endométriale. Néanmoins, cette méthode prend toute sa valeur et son intérêt lorsqu’elle est le résultat d’une collaboration étroite et suivie entre le clinicien spécialisé en pathologie équine et l’anatomopathologiste.
En effet, il faut replacer les résultats de la biopsie dans un contexte clinique et épidémiologique : l’âge, le passé de la reproductrice, les tentatives thérapeutiques (Wyers et Rey, 1987). Cet examen étant bien intégré en reproduction équine, une bonne interprétation des lésions endométriales conduit à proposer les conduites thérapeutiques les plus adaptées à chaque individu (Blanchard 2005).
Modifications au cours de l’involution utérine chez la vache
Chez la vache, après la mise-bas, l’endomètre subit d’importants remaniements histologiques. Alors que l’utérus a retrouvé sa taille pré-gravidique entre 20 et 40 jours postpartum (l’involution anatomique du col est plus longue : elle s’achève entre 50 et 60 jours post-partum), il faut encore une vingtaine de jours avant que le statut histologique ne redevienne à son tour normal. L’involution histologique de l’endomètre n’est complète que vers 50 à 65 jours post-partum (Gier et Marion, 1968). Immédiatement après le vêlage, une dégénérescence tissulaire et une nécrose de la partie superficielle des cryptes se propagent à toute la masse caronculaire. Ces changements dégénératifs facilitent la dissociation entre la caroncule et la houppe choriale. Vers le 10ème jour post-partum, lorsque le col s’ouvre de nouveau, la partie superficielle des caroncules desquame et est éliminée.
Ensuite, les artérioles qui alimentaient ces caroncules vont dégénérer. Cette dégénérescence se traduit par la formation de disques blancs au sein d’un endomètre rosé. Alors que l’épithélium gestatif disparaît, un nouvel épithélium apparaît, en se développant au-dessus des vestiges des caroncules. L’endomètre se régénère immédiatement après le part à partir des zones intercotylédonnaires et de l’épithélium des glandes utérines.
La période post-partum se caractérise également par l’afflux de neutrophiles dans la lumière utérine (diapédèse), conséquence d’une contamination de l’endomètre au moment du vêlage. Les neutrophiles sont mobilisés par l’intermédiaire des cytokines libérées par l’endomètre sous l’effet de la contamination bactérienne.
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PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE
I. La réalisation de la biopsie utérin
A. Les premières biopsies utérines en médecine vétérinaire
B. Les principes de la biopsie utérine
C. La technique
1. Le prélèvement de matériel endométrial
a) Le site de prélèvement
b) Le matériel
2. Mise en pratique
a) Chez la jument
(1) Biopsie trans-cervicale
b) Chez la vache
c) Chez la chienne
(1) Biopsie par laparotomie
(2) Biopsie trans-cervicale
3. La préparation du tissu pour l’examen histologique
II. L’analyse histologique de la biopsie utérine dans la recherche d’endométrite
A. L’intérêt de l’histologie chez toutes les espèces
B. L’histologie physiologique de l’endomètre
1. Modifications au cours du cycle oestral
2. Modifications au cours de l’involution utérine chez la vache
C. Les lésions d’endométrite : descriptions et significations
1. Les pré-requis à l’analyse histologique et les définitions
2. Chez la jument
3. Chez la vache
4. Chez la chienne
5. Chez la femme
D. Corrélation entre les lésions histologiques et les paramètres de reproduction
1. Chez la jument )
2. Chez la vache
3. Chez la chienne
III. L’examen histologique dans le diagnostic d’endométrite chez la vache
CONCLUSION
PARTIE EXPERIMENTALE
I. Matériels et méthodes
A. Constitution de l’échantillon d’étude
B. Protocole expérimental
C. Préparation des échantillons
D. Coloration des lames
F. Collecte, saisie et synthèse des données
G. Analyse statistique
II. Résultats
A. Descriptions cytologiques
1. Evaluation quantitative
2. Evaluation qualitative
3. Evaluation semi-quantitative
B. Descriptions histologiques
1. Evaluation qualitative
2. Evaluation quantitative
3. Evaluation semi-quantitative
4. La sélection des lames histologiques lisibles
III. Discussion
A. Protocoles expérimentaux
1. Constitution de l’échantillon d’étude
2. Préparation des lames d’histologie
3. La lecture des frottis et des coupes histologiques
B. Résultats
1. Qualifier le statut inflammatoire
2. Définir un échantillon correct à l’analyse des résultats
3. Homogénéité de l’inflammation entre les différents secteurs génitaux
4. Homogénéité de l’inflammation intra-murale
C. Perspectives
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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