Biologie moléculaire des leishmanies
HISTORIQUE AU MAROC
La leishmaniose est connue au MAROC depuis prés d’un siècle. Elle était considérée comme une infection sporadique. A partir de 1977, date de l’arrêt d’utilisation des opérations d’aspersion au dichloro diphény ltrichloroéthane (DDT) contre le paludisme dans le sud du pays, elle commença à se développer sur le mode épidémique. Plusieurs poussées épidémiques ont ainsi éclaté au sud de l’Atlas dans les zones subsahariennes des provinces d’Errachidia (Alnif), d’Ourzzazate (Tazarine) et de Tata (guide de lutte contre les leishmanioses au Maroc, 2010) Le premier cas de leishmaniose à L.tropica au Maroc a été identifié par Rioux en novembre 1987 à Nice en France chez une petite fille marocaine. Avant 1993, il n’existait pas de système de recueil d’informations épidémiologiques concernant les leishmanioses, de ce fait, les données épidémiologiques ne reflètent guère la situation épidémiologique réelle. A partir de 1993, la situation épidémiologique des différents types de leishmanioses au Maroc a pu être bien détaillée grâce aux déclarations des cas faites par les provinces et les préfectures.En 1995, les leishmanioses sont devenues des maladies à déclaration obligatoire selon l’arrêté ministériel n° 683-95 du 31 mars 1995. Le lancement du programme de lutte contre les leishmanioses en 1997, a été le couronnement de plusieurs années de recherches éco-épidémiologiques dans les différentes régions du pays. Ces recherches ont permis de cerner la problématique des leishmanioses et d’élaborer une stratégie de lutte traduite en directives visant à asseoir les bases techniques du programme de lutte (Guide de lutte contre les leishmanioses, 1997).
DISTRIBUTION GEOGRAPHIQUE DES LEISHMANIOSES AU MONDE
La leishmaniose affecte quatre continents ; l’Asie, l’Amérique, l’Europe et l’Afrique. Les zones d’endémie sont l’Europe du sud ainsi que de nombreux pays d’Afrique, du Moyen-Orient, d’Asie, d’Amérique centrale et d’Amérique de sud. On distingue deux grandes situations géographiques : l’Ancien Monde (sud de l’Europe, Afrique, Proche-Orient et Asie) et le Nouveau Monde (Amérique du Nord, Amérique du Sud et l’Amérique centrale). Dans les deux Mondes, on retrouve les différentes manifestations cliniques qui ne sont pas causées par les mêmes espèces de Leishmania et qui sont propagées par différents espèces de phlébotomes.La leishmaniose viscérale (LV) à Leishmania donovani (L. donovani) constitue un gros foyer en Inde, des foyers moins étendus existent au Kenya, au Soudan, et en Ethiopie (Ashford et coll., 1992 ; Manson-Bahr, 1967 ; Seaman et coll., 1992). La leishmaniose viscérale à Leishmania infantum( L. infantum) se présente sous forme de cas sporadiques, parfois endémiques dans les foyers de leishmaniose canine dispersés en Amérique du sud, sur le pourtour méditerranéen, au Moyen-Orient, en Asie centrale et en Chine (Alzahrani et coll., 1989 ; Rioux et coll., 1986). La leishmaniose cutanée (LC) à L. major se trouve dans les zones arides d’Afrique, au nord de l’Equateur et surtout au Maghreb, au moyen orient, et en Asie centrale jusqu’en Inde (dedet, 2001).La forme urbaine due à L. tropica est présente sur le pourtour de la méditerranée orientale et en Asie centrale, elle est aussi présente au Maghreb. (Guessous-Idrissi et coll., 1997 ; Guilvard et coll., 1991 ; Nadim et Rostami, 1974). La LC à L. aethiopica est limitée aux hauts plateaux de l’Afrique de l’Est (Ashford, 1977). La LC à L. infantum est responsable de cas de plus en plus nombreux en Europe de sud et en Afrique du nord (Rioux et coll., 1980). La leishmaniose cutanéo-muqueuse (LCM) a une large répartition dans et autour du bloc forestier amazonien où elle est due à Leishmania braziliensis (L. braziliensis), plus rarement à Leishmania panamensis (L. panamensis) (Escomel, 1911).
La leishmaniose cutanée
C’est la forme clinique dont laquelle le parasite reste localisé au revêtement cutané. Elle est consécutive à l’inoculation des formes infestantes du parasite par le phlébotome vecteur et résulte de son développement dans les cellules histiocytaires mononuclées de la peau. En général, cellules infectées et parasites demeurent au site d’inoculation et donnent lieu à une lésion circonscrite de leishmaniose cutanée localisée (LCL).Ils diffusent plus rarement par voie lymphatique ou sanguine vers d’autres territoires cutanés se traduisant ainsi par une leishmaniose cutanée diffuse (LCD). Cette variabilité clinique est liée à la fois à l’espèce leishmanienne en cause et au type de réponse immunitaire de l’hôte (Dedet, 1999). Après la piqure infectante par le vecteur, l’incubation peut varier d’une semaine à 2 ans (Guide de lutte contre les leishmanioses, 2010). Elle est généralement silencieuse mais parfois, il apparaît un chancre d’inoculation vesiculo-papuleux qui peut passer inaperçu. La lésion est indurée et indolore, entourée d’une auréole rougeâtre et légèrement prurigineuse (Laamrani El Idrissi et coll., 1997).
La leishmaniose cutanée localisée (LCL)
Elle correspond à la forme bénigne de l’infestation. En général les lésions sont limitées et localisées seulement à la peau, évoluent vers la guérison spontanée. Toutes les espèces de Leishmania peuvent être responsables de cette forme bénigne, y compris les espèces normalement viscérotropes : L. infantum et L. donovani. La lésion cutanée débute par une petite papule inflammatoire, à peine surélevée, ou franchement vésiculeuse, recouverte de fines squames blanchâtres. Elle augmente régulièrement de taille, pour atteindre en quelques semaines les dimensions de la lésion définitive.La lésion leishmanienne évolue de façon torpide, durant plusieurs mois, voire une ou plusieurs années. Une surinfection bactérienne secondaire est possible. La lésion finit cependant par guérir spontanément, en laissant une cicatrice indélébile, déprimée, parfois rétractile, rosée ou blanchâtre en peau claire, hyperpigmentée sur peau noire. Le délai d’apparition de la guérison spontanée varie suivant l’espèce de Leishmania en cause : 6 mois environ pour les lésions à L.major, 2 ou 3 ans pour celles à L.tropica.(Dedet,1999).
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
Partie A : ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE
I.Historique
II.Historique au MAROC
III. Distribution géographique des leishmanioses au monde
IV.Manifestations cliniques des leishmanioses
1.La leishmaniose cutanée
2.La leishmaniose viscérale
3.La leishmaniose cutanéo-muqueuse
V.Les leishmanioses au MAROC
1.La leishmaniose viscérale
2.La leishmaniose cutanée
VI.Les éléments du cycle biologique de la leishmaniose
1.Les leishmanies
2.Le vecteur
3.Le réservoir
4.Le cycle parasitaire
VII. Biologie moléculaire des leishmanies
1.Organisation générale du génome
2.Expression des gènes kinétoplastiques
3.Expression des gènes nucléaires
VIII. Diagnostic de la leishmaniose
1.La leishmaniose cutanée
2.La leishmaniose viscérale
IX.Identification des souches leishmaniennes
1.Identification enzymatique
2.Identification moléculaire
X.Traitement de la leishmaniose
XI.Aspects de santé publique et de lutte
Partie B : MATERIEL ET METHODE
I.MATERIELS
I.1. Zone d’étude 29 I.2. Période d’étude
I.3. Inventaire des lames parvenus à l’INH depuis l’an 2005 jusqu’à l’an 2010
II.METHODE
II.1. L’étude rétrospective
II.2. L’étude prospective
II.2.1. Extraction d’ADN par phénol-chloroforme-alcool
II.2.2. Amplification par PCR de la région ITS1
II.2.3. Electrophorèse sur gel d’agarose pour visualiser l’ADN des Leishmanies….
II .2.4. L’analyse RFLP du produit PCR ITS1
Partie C : RESULTATS ET DISCUSSION RESULTATS
A.Etude rétrospective
I.Analyse des cas de la LC dans la préfecture de FES de 2005 à 2010
1.Evolution de la LC de 2005 à 2010
2.Répartition des cas positifs selon le sexe
3.Répartition des cas positifs selon les secteurs
4.Répartition des cas positifs selon l’âge en 2010
5.Répartition des cas positifs selon le nombre et l’aspect des lésions
6.Répartition des cas positifs selon la localisation des lésions
II.Analyse de la LC dans la province de MLY Yacoub de 2005 à 2010
1.Evolution de la LC de 2005 à 2010
2.Répartition des cas positifs selon le sexe
3.Répartition des cas positifs selon les secteurs
II.Etude prospective
1.Résultat de l’amplification de la région ITS1
2.Résultat de la digestion par l’enzyme MnII
DISCUSSION
CONCLUSION
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