Biologie halieutique et exploitation de deux clupéidés

L’effondrement et la raréfaction d’un grand nombre de stocks halieutiques à travers différentes régions du monde animent depuis des années les débats internationaux. L’augmentation incessante de la pression de pêche sur des stocks halieutiques, malgré leur aptitude à s’autorenouveler, est désignée comme étant la principale cause de la diminution des abondances des ressources halieutiques et constitue la plus grande menace au développement durable de l’activité de pêche. Selon les estimations établies par la FAO en 2016, près de 31.4% des stocks de poisson sont surexploités, 58.1 % pleinement exploités et seulement 10.6% sous-exploités. En Méditerranée, la Commission Générale des Pêches (CGPM, 2016) estime la situation plus inquiétante encore avec 96% des stocks de poissons en état de surpêche.

La préservation et la gestion raisonnée des ressources halieutiques sont une priorité mondiale aussi une attention particulière est portée aux petits pélagiques dont la pêche et l’industrie de transformation font vivre 14 à 17% de la population mondiale.

En Méditerranée, plus de 300.000 personnes sont employées dans la flotte de pêche, majoritairement composée de petits bateaux avec 80% de navire de moins de 10 m de long (FAO, 2016). En consultant les relevés du Comité scientifique, technique et économique pour les pêches qui fournit la Commission en statistiques, la coalition d’ONG et de consultants spécialisés, MedReAct, a ainsi repéré quelques cas accablants. Dans la mer Adriatique par exemple, on a pêché 5 fois trop de merlus en 2012 par rapport au rendement maximum durable et 2 fois trop de sardines et d’anchois en 2013. Du côté de Malte et de la Sicile, on a le filet 4 fois trop lourd sur le rouget barbet. Les records dans les eaux du nord de l’Espagne et du Golfe du Lion surpassent tout: on y attrape 10 fois trop de merlus et de merlans bleus. Le diagnostic de la Commission européenne sur les populations de poissons ne laisse planer aucun doute sur l’état déplorable du malade. A l’ouest, entre les côtes espagnoles et la mer Tyrrhénienne, 96% des stocks sont surexploités. A l’est, autour de la Crète et de Chypre, ce sont 91% des populations de poissons qui sont pressurées au-delà du raisonnable. Le pire étant les zones centrales, où se retrouvent les bateaux de pêche de tous les pays riverains dont l’Algérie où 93% de poissons bleus sont surexploitées (FAO, 2016).

La Déclaration de Malte dite «MedFish4Ever» a été notamment paraphée par: la Commission européenne; 8 états membres côtiers de l’UE: l’Espagne, la France, l’Italie, Malte, la Slovénie, la Croatie, la Grèce et Chypre; 7 pays tiers: Maroc, Algérie, Tunisie, Égypte, Turquie, Albanie et Monténégro; la FAO; la Commission générale des pêches pour la Méditerranée (GFCM) et le Parlement européen. Les signataires s’engagent à s’assurer que d’ici à 2020 les principaux stocks de poissons soient régulièrement évalués de manière précise et scientifique. Ils devront également établir «un plan de gestion pluriannuel pour toutes les zones de pêche-clés» et «éliminer la pêche illégale». Enfin, ils s’engagent à soutenir financièrement des projets locaux de pêche durable.

Généralités

Caractéristiques générales du littoral algérien

Le littoral algérien est localisé au sud du bassin méditerranéen à une latitude de 35 à 40° Nord pour une longitude de 2° Ouest à 7°45’ Est, sa façade maritime qui s’étend sur 1622 Km (MATET, 2009), alterne rivages, plages sablonneuses et zones humides. Situé entre la frontière Algéro-marocaine à l’Ouest à la frontière Algéro tunisienne à l’Est (fig.1), il est caractérisé par un plateau continental réduit à l’exception dans la région de Ghazaouet (wilaya de Tlemcen) à l’extrême Ouest et la région d’El Kala (wilaya d’El Tarf) à l’extrême Est (Benzohra et Millot, 1995). La superficie maritime sous juridiction nationale offre environ 10.10⁶ d’hectares aux activités de la pêche, mais la majeure partie de la flottille exploite seulement le plateau continental. Les bandes les plus larges se situent sur les côtes occidentales et orientales du littoral, elles sont séparées par une zone centrale où les aires de pêche sont limitées (Lalami, 1979; Hemida, 2005).

Le littoral algérien se caractérise par une côte basse correspond à un plateau continental large à pente faible et une côte élevée (massif montagneux, falaises côtières) correspondant à un plateau continental réduit ou parfois inexistant et une marge continentale escampée (Boutiba, 1992). La sédimentation de ses fonds marins conditionne la nature et la mise en place de sa flore et de sa faune benthique et ichtyologique (Leclaire, 1972). Cette zone est fortement influencée par les facteurs hydrologiques du bassin méditerranéen (Boutiba, 1992), c’est un secteur clé pour la circulation générale dans la Méditerranée occidentale (Puillat et al., 2002) et un réservoir ou l’eau d’origine atlantique s’accumule avant de s’écouler vers le Nord et vers l’Est (Millot,1985). La côte algérienne est caractérisée par 2 couches d’eaux superposées, l’eau Atlantique modifiée et l’eau Méditerranéenne. L’eau Atlantique pénètre dans la mer d’Alboran où ses caractéristiques initiales changent pour donner naissance à l’eau atlantique modifiée (Benzohra, 1993). Cette dernière constitue l’essentiel du courant algérien en pénétrant (Millot, 1987; Millot, 1993 et Benzohra, 1993) sous forme d’une veine de courant étroite à l’origine de méandres et de tourbillons côtiers associés aux upwellings (fig. 2) favorisant la productivité biologique et les capacités trophiques du milieu.

La salinité peut varier d’une région à une autre au sein du bassin méditerranéen et ses concentrations sont selon Guillard et al., (2004) étroitement liées à l’hydrodynamisme, ses valeurs varient entre 36,4‰ à l’Ouest et 37.6%0 à l’Est (Assassi, 2001) .

Activités de la pêche en Algérie

Le secteur de la pêche est considéré comme une activité économique à part entière, par sa capacité de contribuer à l’amélioration des besoins alimentaires, à la création d’emplois et à la consolidation de l’économie nationale. Toutefois, les efforts consentis par les pouvoirs publics, pour la relance de ce secteur, devraient prendre en considération l’état du potentiel naturel (ressources) et les exigences de la société. La frange côtière algérienne, est composée de 14 wilayas, représentée par 14 directions de pêche et aquaculture «DPRH» relevant du Ministère de la Pêche et des Ressources Halieutiques «MPRH» qui depuis 2012 est devenu Ministère, de l’Agriculture, du Développement Rural et de la Pêche «MADRP» (JORA, 2016) .

Matériel biologique

La sardine Sardina pilchardus (Walbaum, 1792)

Les espèces les plus communes de sardines correspondent aux genres Sardina et Sardinops qui avec les genres Engraulis (Anchois), Scomber (maquereaux), Boops (bogue) et Trachurus (chinchards) constituent le groupe des petits pélagiques (PP) qui dominent les eaux tempérées et subtropicales (Lavoué et al., 2007; Kurc, 2009). Les sardines appartiennent à un groupe taxonomique complexe qui regroupe les poissons pélagiques marins ou dulçaquicoles comme les aloses et les harengs (Lavoué et al., 2007). Les 2 principaux genres de sardines se répartissent dans les différentes zones d’upwellings du monde, où les eaux sont froides à tempérées et où la production primaire est importante (Whitehead, 1985; Parrish et al., 1989). Dans le genre Sardina, il n’existe qu’une seule espèce, Sardina pilchardus (Walbaum, 1792), ou sardine européenne .

Description de l’espèce

La Sardine est un poisson ayant un corps élancé, de section ovale et une série de scutelles sur le profil ventral, mais ne formant pas de carène très aigue.
– Une mâchoire légèrement saillante et une carène ventrale peu développée.
– Des opercules portent des cannelures radiaires, leur partie inférieure présente 3 à 5 stries rayonnantes très marquées, alors que le bord postérieur de la fente operculaire est sans excroissances charnues avec 44 à 68 branchiospines sur la partie inférieure du 1er arc branchial.
– Une nageoire dorsale située en avant des pelviennes et une anale caractérisée par un allongement au niveau des 2 derniers rayons (Holden et al., 1974).
– Un dos bleu-vert, olive occasionnellement, les flancs sont dorés et le ventre argenté, une rangée de taches sombres longe chaque flanc, avec parfois une 2ème rangée au-dessus (Fisher et al., 1987).
– Environ 80 grandes écailles argentées, fragiles s’étalent le long de ses flancs sans atteindre la tête (Holden et al., 1974; Muus et al., 1998),
– La taille maximale de la sardine est de 25 cm en Atlantique et 22 cm en Méditerranée. La taille commune est comprise entre 10 et 20 cm. C’est un poisson pélagique jusqu’à -180 m de profondeur (Holden et al., 1974).

Chlaida, (2009) montre que la sardine se distingue des jeunes aloses par l’absence d’une fente médiane à la mâchoire supérieure et par la position de l’extrémité postérieure de la bouche. Il explique que chez la sardine, cette dernière est située en avant de la verticale qui passe par le centre de l’œil. Les 2 espèces de sardinella, Sardinella aurita et Sardinella maderensis, diffèrent de Sardina pilchardus par l’absence de stries rayonnantes sur l’opercule et des points sombres sur les côtés du corps. La sardine se différencie du hareng par son opercule strié tandis que celui du hareng est lisse et sans taches.

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Table des matières

Introduction
1 Généralités
1.1. Caractéristiques générales du littoral algérien
1.2. Activités de la pêche en Algérie
2. Matériel et méthodes
2.1. Caractéristiques de la zone d’étude
2.2. Technique d’échantillonnage
2.3 Matériel biologique
2.3.1. La sardine Sardina pilchardus (Walbaum, 1792)
2.3.1.1. Description de l’espèce
2.3.1.1. Ecobiologie de l’espèce
2.3.2. La sardinelle Sardinella aurita (Valenciennes, 1847)
2.3.2.1. Description de l’espèce
2.3.2.2. Ecobiologie de l’espèce
2.4. Méthodes d’études
2.4.1 Techniques morphométriques
2.4.1.1. Caractères méristiques
2.4.1.2. Caractères métriques
2.4.1.3. Analyse statistique
2.4.2. Techniques d’estimations des âges et de la croissance
2.4.2.1. Méthode otolithométrique
2.4.2.1.1. Technique d’extraction des otolithes
2.4.2.1.2. Protocoles de nettoyage et de conservation des otolithes
2.4.2.1.3. Traitement numérique
2.4.2.1.4. Techniques d’observation
2.4.2.1.5. Relation entre la taille du poisson et les différentes longueurs de l’otolithe
2.4.2.1.6. Estimation de l’âge par lecture des marques de croissances des otolithes
2.4.2.1.7. Méthodes de validation
2.4.2.2. Méthode indirecte de Bhattacharya (1967)
2.4.2.3. Modélisation de la croissance
2.4.2.3.1. Modèle de croissance somatique linéaire
2.4.2.3.2. Relation taille-poids
2.4.2.3.3. Modèle de croissance pondérale
2.4.2.4. Analyse statistique
2.4.3. Etude de la reproduction
2.4.3.1. Répartition des sexes
2.4.3.2. Stade de maturité sexuelle
2.4.3.3. Taille de première maturité sexuelle
2.4.3.4. Indices pondéraux
2.4.3.4.1. Rapport gonado-somatique (R.G.S.)
2.4 .3.4.2. Facteur de condition (K)
2.4.4. Estimation de la mortalité
2.4.4.1. Mortalité totale (Z)
2.4.4.2. Mortalité naturelle (M)
2.4.4.3. Mortalité par pêche (F)
2.4.4.4. Taux d’exploitation (E)
2.4.4.5 Probabilités de captures selon les longueurs
2.4.5 Evaluation de l’état d’exploitation
2.4.5.1. Analyse de la population virtuelle (VPA)
2.4.5.2. Biomasse totale équilibrée (D)
2.4.5.3. Modèle de rendement et de biomasses par recrue
2.4.5.4. Calcul du point de référence cible F 0.1
3. Résultats
3.1. Morphométrie
3.1.1. Caractères méristiques chez S. pilchardus et S. aurita
3.1.2. Caractères métriques chez S. pilchardus et S. aurita
3.2. Estimations de l’âge et de la croissance
3.2.1. Estimations de l’âge
3.2.1.1. Détermination de l’âge par otolithométrie
3.2.1.1.1. Relation Lt et taille de l’otolithe chez Sardina pilchardus
3.2.1.1.2. Relation Lt et taille de l’otolithe chez Sardinella aurita
3.2.1.1.3. Relation entre taille, poids et rayon des otolithes chez S. pilchardus et S. aurita
3.2.1.1.4. Clé taille-âge chez Sardina pilchardus et Sardinella aurita
3.2.1.1.5. Validation qualitative semi-directe chez S. pilchardus et S. aurita
3.2.1.2. Détermination de l’âge par la méthode de Bhattacharya (1967) de S. pilchardus
3.2.1.3. Détermination de l’âge par la méthode de Bhattacharya (1967) de S. aurita
3.2.2. Estimations de la croissance par modélisation en longueur et en poids
3.2.2.1. Modélisation de la croissance linéaire à partir des âges obtenus par otolithomètrie chez S. pilchardus et S. aurita
3.2.2.2. Modélisation de la croissance linéaire à partir des âges obtenus par la méthode indirecte chez S. pilchardus et S. aurita
3.2.2.3. Relation taille-poids chez S. pilchardus et S. aurita
3.2.2.4. Croissance pondérale chez S. pilchardus et S. aurita
3.3. Reproduction
3.3.1. Répartition des sexes chez S. pilchardus et S. aurita
3.3.2. Etude macroscopique des gonades
3.3.3. Taille de première maturité sexuelle chez S. pilchardus et S. aurita
3.3.4. Indices pondéraux
3.3.4.1. Rapport gonado-somatique (R.G.S.) chez S. pilchardus et S. aurita
3.3.4.2. Facteur de condition (K) de Fulton chez S. pilchardus et S. aurita
3.4. Mortalité
3.4.1. Mortalité totale (Z) chez S. pilchardus et S. aurita
3.4.2. Mortalité naturelle (M) chez S. pilchardus et S. aurita
3.4.3. Mortalité par pêche (F) et Taux d’exploitation (E) chez S. pilchardus et S. aurita
3.4.4. Probabilités de captures chez S. pilchardus et S. aurita
3.5. Evaluation de l’état d’exploitation
3.5.1. Données indispensables pour l’analyse virtuelle de la population (VPA)
3.5.2. Captures des individus en nombre et en poids
3.5.2.1. Captures des individus en nombre et en poids chez S. pilchardus
3.5.2.2. Captures des individus en nombre et en poids chez S. aurita
3.5.3. Analyse de la VPA
3.5.3.1. Analyse de la biomasse exploitable et des mortalités par pêche chez S. pilchardus
3.5.3.2. Analyse de la biomasse exploitable et des mortalités par pêche (F) chez S. aurita
3.5.4. Biomasse totale équilibrée (D)
3.5.4.1. Biomasse totale équilibrée (D) chez S. pilchardus
3.5.4.2. Biomasse totale équilibrée (D) chez S. aurita
3.5.5. Rendements et biomasses par recrue
3.5.5.1. Rendements et biomasses par recrue de S. pilchardus
3.5.5.2. Rendements et biomasses par recrue de S. aurita
4. Discussion
5. Conclusion et perspectives
Résumés
Références bibliographiques
Annexes

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