Madagascar est classé parmi les dix pays à plus haute importance en diversité biologique dans le monde (Mittermeier et al., 2004). Avec sa grande superficie de 587041 km2 (Donque, 1975) accompagnée d’une diversité topographique et climatique, elle est considérablement riche en biodiversité (faune et flore) avec un taux d’endémisme s’élevant à 78% (Mittermeier et al., 2004). En plus des 47 aires protégées, la grande île abrite actuellement six sites Ramsar : le complexe Manambolomaty, le lac Tsimanampetsotsa, le lac Alaotra, le marais de Torotorofotsy, le lac Tarasaotra Alarobian et le lac Bedo. L’un des critères de classement d’un site Ramsar est que “le site abrite au moins 10% de la population d’une espèce menacée” (Davis, 1994). Alors, ces sites Ramsar témoignent l’importance de la biodiversité que possède Madagascar.
L’avifaune malagasy compte 283 espèces (Hawkins et Goodman, 2003) regroupées dans 68 familles (Langrand, 1990). Malgré sa pauvreté relative en espèces, elle est caractérisée par un taux d’endémisme atteignant 52,2% (Langrand, 1990). Il existe même des familles endémiques à Madagascar comme les Mesitornithidae (3 espèces), les Philepittidae (4 espèces) et une sous famille, les Couinae (10 espèces) (Langrand, 1990). Sur ces 283 espèces, 24 représentent les rapaces dont 17 diurnes et 7 nocturnes (Rasmussen et al., 2000). En effet, trois espèces de rapaces sont classées parmi les oiseaux les plus rares dans le monde: le Pygargue de Madagascar Haliaeetus vociferoides, l’Aigle serpentaire Eutriorchis astur et l’effraie de Soumagne Tyto soumagnei (Collar et al., 1994). Jusqu’en 1992, peu d’études ont été effectuées sur la biologie et l’écologie des oiseaux malagasy et en particulier des oiseaux de proie (Watson et Lewis, 1992). Depuis son installation à Madagascar en 1991, en collaboration avec le Département de Biologie Animale de la Faculté des Sciences (Université d’Antananarivo) et l’Université de Boise (aux Etats-Unis), le projet « The Peregrine Fund » a entrepris des études sur les oiseaux de proie malagasy. Actuellement, 13 espèces ont déjà été étudiées biologiquement telles que le Buse de Madagascar Buteo brachypterus (Berkelman, 1993), Haliaeetus vociferoides (Razafindramanana, 1995 ; Rafanomezantsoa, 1998), Eutriorchis astur (Thorstrom et Rene de Roland, 1997 ; Thorstrom et Rene de Roland, 2000), Tyto soumagnei (Thorstrom et Goodman, 1996 ; Thorstrom et Rene de Roland, 1997), Faucon de Newton Falco newtoni et Faucon à ventre rayé Falco zoniventris (Robenarimangason, 1999), Polyboroide rayé Polyboroides radiatus (Thorstrom et La Marca, 2000), Autour de Henst Accipiter henstii (Rene de Roland, 2000a), Epervier de Frances A. francesii (Rene de Roland, 2000a et b), et Epervier de Madagascar A. madagascariensis (Rene de Roland, 2000a), Faucon pèlerin Falco peregrinus radama (Razafimanjato, 2001), Circus macrosceles (Rene de Roland et al., 2004) et Milan noir à bec jaune Milvus aegyptius (Andriamalala, 2005). D’où, 11 autres espèces méritent encore d’être étudiées. Ce manque d’informations a incités à étudier le petit duc de Madagascar Otus madagascariensis. Auparavant, cette espèce a été appelée O. rutilus. Après des études comparatives de vocalisation et de morphologie des populations de petit duc de l’Est et de l’Ouest de Madagascar, Rasmussen et al. (2000) ont publié que la population de l’Ouest est bien différente de celle de l’Est et constitue un taxon à part. De cette étude est apparue la nouvelle classification systématique du petit duc de Madagascar : O. madagascariensis séparé du petit duc malagasy O. rutilus. Otus madagascariensis est une espèce endémique de Madagascar dont la distribution géographique s’étend de la haute terre centrale jusqu’à l’Ouest de l’île (Rene de Roland, com. pers.).
Situation géographique et historique
La zone d’étude est localisée dans la partie centre Ouest de Madagascar, dans les communes rurales de Masoarivo et de Trangahy, district d’Antsalova, région de Melaky. Elle se trouve entre les latitudes Sud 18°59’20’’ et 19°03’15’’ et les longitudes Est 44°24’00’’ et 44°29’15’’ .
Ce site comprend trois lacs: Ankerika, Soamalipo, Befotaka et la forêt caducifoliée de Tsimembo. Les trois lacs associés au lac Antsamaka constituent le complexe Manambolomaty, qui, depuis 1999, selon le décret n° 98.261 du 24 mars 1998, est désigné site RAMSAR . Cette région est formée par une vaste plaine peu accidentée et peu élevée. L’altitude varie de 20 à 100 mètres. Selon l’arrêté numéro 694-M FR/FOR du 07 mars 1963, une partie de la forêt de Tsimembo a le statut de forêt classée. Toute forme d’exploitation y est interdite, mais les droits d’usage sont maintenus (Bousquet et Rabetaliana, 1992). Une partie de cette forêt ainsi que les trois lacs sont gérés et sous la responsabilité de deux associations communautaires villageoises dans le cadre du système de transfert de gestion des ressources naturelles renouvelables GELOSE (GEstion LOcale SEcurisée) depuis septembre 2001.
Avant la colonisation, les Sakalava peuplaient les villages d’Ambalamanga, Ankibabàky et de Masoarivo . Ils ont pratiqué des cultures sèches, des rizicultures sur la berge des lacs ainsi que l’élevage extensif de zébus (Zarasoa, 1996).
Plus tard, les Antesaka, Betsileo et Antandroy sont venus s’y installer. L’arrivée de ces migrants a modifié les conditions socio-économiques de cette région Sakalava. Pendant la même époque, le fleuve Manambolo a changé de lit et s’est infléchi vers le Sud. Les habitants ont cherché d’autres activités telle que la pêche au niveau des lacs. Actuellement, le phénomène de migration s’accentue autour des trois lacs, surtout près des lacs Befotaka et Soamalipo. Par exemple, les régions d’Andranobe et de Soatanà étaient très productives mais actuellement, elles sont moins fertiles. Vers 1980, les villageois ont constaté une diminution de la quantité de pluie. Quatre ans plus tard, les « baiboho » (champ de culture de maniocs, de maïs et de bananiers) ne sont plus productifs. Les cultivateurs changent de « baiboho » chaque année et finalement, ils ont quitté leur village pour s’installer près des lacs (Zarasoa, 1996). Actuellement, beaucoup de villages se trouvent abandonnés tels que Ambato et Abohazo. Auparavant, Ankibabàky était un grand village comme Soatanà mais abandonné également. Comme la pêche devient la filière porteuse dans cette zone, alors, une croissance démographique est constatée dans les villages aux alentours des lacs surtout pendant la saison de la pêche. Cependant, des gens campent au bord des lacs, ils exploitent la forêt pour construire leurs cases ; c’est ainsi que, chaque année, la forêt perd une surface non négligeable (Zarasoa, 1996). Face à cette dégradation de la forêt, le système de gestion GELOSE a été mis en place dans cette région, depuis 2001. Il vise à mieux gérer la ressource de la forêt et des lacs de cette région.
Climat
Selon Oberlé (1981), le climat de la région est du type tropical subhumide chaud avec deux saisons bien distinctes: une saison sèche, de mi-avril à mi-novembre et une saison de pluie, très chaude, de mi-novembre à mi-avril.
Température
La température moyenne annuelle à Maintirano est de 26,5°C (Service de la météorologie, 2005). Le mois le plus sec et le plus froid est le mois de juillet avec une température pouvant descendre en dessous de 19°C . Dans la zone d’étude, la température moyenne varie de 20,2 à 30°C . Pendant cette période sèche et froide, des brouillards épais couvrent la forêt et les lacs à cause de l’action du régime des vents dominants. L’alizé, vent soufflant de l’Est en Ouest domine pendant l’hiver austral de la région. Il prend l’allure d’un « Foehn » sur le versant Ouest de Madagascar. Il engendre une action desséchante sur la végétation (Koeclin et al., 1974). En revanche, le mois de février est le mois le plus humide. Le mois le plus chaud est le mois de décembre, durant lequel la température varie de 24,5 à 32°C .
Précipitation
La précipitation varie considérablement au cours de l’année : elle augmente dès le mois d’octobre pour atteindre un maximum de 354,7 mm au mois de janvier (Service de la météorologie, 2005). Dans le site d’étude, la précipitation varie de 0 à 526,2 mm au cours des années 2002 à 2005 . Durant la période de pluie, le niveau des lacs peut s’élever jusqu’à 2 ou 3 m par rapport à leur niveau pendant la saison sèche. La précipitation moyenne annuelle est de 1080 mm. La pluie est abondante entre le mois de novembre et le mois d’avril. Au-delà de cette période, la précipitation avoisine le 0 mm.
Saisons
La saison sèche et la saison de pluie sont déterminées à l’aide d’un graphique traçant à la fois la courbe de variation de la température moyenne mensuelle et la variation mensuelle de la précipitation dite courbe ombrothermique.
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Table des matières
INTRODUCTION
I ZONE D’ETUDE
I-1 Situation géographique et historique
I-2 Climat
I-2-1 Température
I-2-2 Précipitation
I-2-3 Saisons
I-3 Milieu naturel
I-3-1 Flore
I-3-2 Faune
I-4 Site d’étude et durée de l’étude
I-4-1 Site d’étude
I-4-2 Durée de l’étude
II MATERIELS ET METHODES
II-1 Matériel biologique :systématique
II-2 Description morphologique
II-3 Matériels utilisés
II-4 Technique de recensement
II-5 Piégeage et capture
II-6 Biologie de la reproduction et du développement
II-6-1 Recherche de nids
II-6-2 Observation du nid
II-6-3 Mensurations
II-6-3-1 Mensuration des œufs
II-6-3-2 Mensuration des adultes et des jeunes
II-6-4 Estimation de l’âge des poussins
II-7 Régime alimentaire
II-8 Comportements
II-9 Nidification
II-10 Fréquentation d’habitat type
II-11 Etude de domaine vital
III-RESULTATS
III-1 Estimation de la densité
III-2 Piégeage et capture
III-3 Biologie de la reproduction et du développement
III-3-1 Formation du couple et accouplement
III-3-2 Nidification
III-3-3 Territoire de nidification
III-3-4 Ponte
III-3-5 Incubation
III-3-6 Eclosion
III-3-7 Soins parentaux des poussins et des juvéniles
III-3-8 Taux de réussite
III-3-9 Facteurs limitants de la productivité
III-4 Développement et croissance
III-4-1 Taille et poids des œufs
III-4-2 Croissance des jeunes
III-4-3 Taille et poids des adultes
III-4-4 Comparaison du poids des poussins et des adultes
III-4-5 Estimation de l’âge des poussins
III-5 Régime alimentaire
III-6 Comportements
III-6-1 Comportements du couple pendant le jour
III-6-2 Comportements des jeunes
III-6-3 Comportements de chasse
III-6-4 Communication
III-7 Habitat
III-7-1 Caractéristique de l’habitat
III-7-2 Domaine vital
IV- DISCUSSION
CONCLUSION