Biologie et ecologie de deux especes d’amphibiens boophis williamsi (guibe, 1974) et mantidactylus pauliani guibe

Les Amphibiens actuels, souvent désignés sous le nom Lissamphibiens, comptent plus de 6190 espèces dans le monde (Andreone et al., 2008). A Madagascar, les travaux récents effectués par Lehtinen et al. (2011), ont abouti au recensement de 297 espèces de grenouilles. Selon la classification de l’UICN (2012), 55 sont menacées et neuf en danger critique d’extinction (CR). La Grande île est classée parmi les quatre premiers sites présentant le plus d’espèces endémiques en termes d’Amphibiens, avec un taux de 99,6% après, le Brésil, la Colombie et le Mexique (Glaw & Vences, 2007 ; EAZA, 2007).

Cependant, la disparition et la dégradation des habitats constituent la plus grande menace pour les amphibiens dans le monde, affectant près de 4000 espèces (EAZA, 2007). Pour les grenouilles malgaches, la destruction de leur milieu naturel, soit par la déforestation, soit par la transformation de la forêt vierge pluviale en terre agricole, en est la principale cause (Andreone et al., 2008). Annuellement, la forêt perd à peu près 2000 km² de sa superficie (Andreone et al., 2008). Ces amphibiens, au cycle de vie complexe, sollicitent un habitat aquatique et un habitat terrestre car leur survie dépend des conditions d’humidité (Desroches & Picard, 2004). Des menaces particulières pèsent sur ces organismes inféodés aux cours d’eau (Beebee & Griffiths, 2005). Elles affectent l’intégrité écologique de nombreuses rivières et des zones humides associées (Mensing et al., 1998 ; Ward, 1998). En outre, la température moyenne dans le monde a augmenté de 0,6°C à 0,74°C, seulement de 2001 à 2007 (GIEC, 2007). D’une part, certains auteurs avancent que l’effet du changement climatique crée l’isolement par fragmentation de l’habitat et a des conséquences néfastes sur la survie des espèces mondiales (Caughley & Gunn, 1996 ; Lips et al., 2008). D’autre part, sous les tropiques, les montagnes hébergent fréquemment des espèces endémiques qui sont localisées aux sommets (Raxworthy & Nussbaum, 1996). Ces espèces sont dites « indicatrices de changement climatique » (EAZA, 2007). Récemment, les grenouilles de Madagascar font l’objet d’une révision systématique (Glaw & Vences, 2006) et d’étude d’impact de la variation climatique sur la communauté amphibienne de montagne (Raxworthy & Nussbaum, 1996 ; Rabibisoa et al., 2008 ; Raxworthy et al., 2008). Peu de chercheurs se sont penchés sur l’étude écologique, biologique et structurale des espèces particulièrement endémiques des massifs montagneux. On peut citer la recherche de Rakotoarison (2011) sur Platypelis dans le massif de Tsaratanana (S14° 09′ et E48° 57′). Le présent travail voudrait également y contribuer en choisissant comme région d’étude la station forestière de Manjakatompo situé (S19°20’ et E47°18’) dans le massif de l’Ankaratra (S19°20’ et E47°14’), avec un point culminant à 2640 m. Ce site abrite deux espèces d’amphibiens endémiques locales en danger critique d’extinction (CR), à savoir : Boophis williamsi (Guibé, 1974) et Mantidactylus pauliani Guibé, 1974. Cette station est classée comme site « Alliance for Zero Extinction » ou « AZE », étant le seul site abritant deux espèces en Danger Critique d’Extinction (Randrianasolo, 2012). Un site est catégorisé AZE lorsqu’il contient au minimum une espèce vertébrée (oiseau, mammifère, amphibien et reptile) en danger (EN) ou en danger critique d’extinction (CR) selon les critères de l’UICN (AZE, 2010) : soit le site abrite 95% de l’espèce menacée, soit l’espèce en question y est endémique (AZE, 2010 ; Randrianasolo, 2012). Malgré la découverte de ces deux espèces depuis 1974 (Guibé, 1974), peu d’informations renseignent sur leur écologie, leur biologie et leur structure. Néanmoins, des évaluations rapides des statuts et suivis des populations de ces deux espèces ont été effectuées par Rabemananjara et al. (2010) et Rabemananjara & Razafindrabe (2011). Pour expliquer la présence de B. williamsi et M. pauliani dans la zone, deux hypothèses sont émises, à savoir :
– les deux espèces sont « altitudes dépendantes » (notamment au-dessus de 2000m) ;
– elles dépendent également de certains types de biotopes ou d’habitats particuliers de l’Ankaratra.

MILIEU D’ETUDE

La station forestière de Manjakatompo (Figure 1), avec une surface de 8000 ha, s’étend sur les versants du massif de l’Ankaratra, entre 19°19’et 19°24’de latitude Sud et 47°14’ et 47°22’ de longitude Est. Elle est localisée dans le Haut Plateau Central de Madagascar, dans la « Faritany » d’Antananarivo, Région du Vakinankaratra. La plupart de la surface de la station est localisée au niveau du District d’Ambatolampy, des Communes rurales de Tsiafajavona et de Sabotsy Namatoana. Le reste se trouve dans le District de Faratsiho. La station forestière se trouve à 84 Km de la ville d’Antananarivo, en parcourant la Route Nationale N°7 et à 17 Km, à l’ouest de la ville d’Ambatolampy. Elle inclut le sommet de Tsiafajavona (S19°22’57’’ et E47°19’35’’ à 2640 m). De nombreux cours d’eau prennent leur source dans le périmètre de la Station Forestière de Manjakatompo. Pour les villageois, le plus important est le Lac Froid qui constitue leur réservoir d’eau potable (Ducenne, 1994). L’eau est disponible toute l’année, rendant cette zone favorable à la culture irriguée. La majorité des sources qui alimentent les cours d’eau de la zone de l’Ankaratra prennent naissance à Anosiarivo entre S19°20’70’’ et E47°18’31’’ (VIF, 2010). Les sources d’Angorodona, d’Anosiarivo et de Tavolotara sont très importantes pour la survie des amphibiens de l’Ankaratra. La partie nord du massif de l’Ankaratra resulte d’une activité volcanique plus récente du Pléistocène, avec un sol à caractère noirâtre et des laves compactes (Besairie, 1954). Cette partie rassemble les plus hauts sommets entre S19°19’et S19°24’ et E47°14’ et E47°22’ qui sont : Tsiafajavona (2642 m), Tsiafakafo (2530 m), Ankavitra (2603 m), Ambohimainty (2595 m) et Ambohimirandrana (S19°20’16’’ et E47°16’23’’ à 2412 m). La partie sud provient d’une activité volcanique ancienne du Pliocène et est en partie caractérisée par des dômes trachytiques, comme celui de Famoizankova (S18°19’ et E46°25’) à 2362 m (Besairie, 1954). Les forêts naturelles sont généralement rencontrées sur des pentes fortes à très fortes, d’accès difficile (Lennertz et al., 1994). Le terrain est constitué par trois types de sols : un sol ferralitique rouge sur les altitudes inferieures à 1900 m, un sol humifère brun sur les altitudes comprises entre 1900 et 2000 m et un sol humifère noir sur les altitudes supérieures à 2000 m (VIF, 2010). Ses massifs montagneux et ses caractéristiques font de l’Ankaratra un habitat spécifique pour les amphibiens de hautes montagnes.

MATERIELS ET METHODES 

Matériels biologiques

Systématique
La classification des deux espèces étudiées est établie selon la systématique adoptée par Glaw et Vences (2006) :
Règne : ANIMALIA
Embranchement : VERTEBRATA
Classe : AMPHIBIA
Sous-classe : LISSAMPHIBIA
Ordre : ANURA
Sous-ordre : NEOBATRACHIA
Famille : MANTELLIDAE Laurent, 1946 .

MANTELLIDAE Laurent, 1946

Caractères généraux
Les MANTELLIDAE se subdivisent en trois Sous-familles : les MANTELLINAE, les BOOPHINAE et les LALIOSTOMINAE (Vences & Glaw, 2001 ; Glaw & Vences, 2006). Cette Famille est endémique de Madagascar de Mayotte et de Comores (Glaw & Vences, 2007). Avec 165 espèces biens connues, c’est la Famille la plus diversifiée de Madagascar, tant du point de vue richesse spécifique, forme et mode de vie, que du point de vue mode de reproduction (Glaw & Vences, 2007).

Boophis williamsi (Guibé, 1974)
Boophis williamsi (nom vernaculaire : Sahona) appartient à la sous-famille des BOOPHINAE Vences & Glaw, 2001, au genre Boophis Tschundi, 1838, au sousgenre Boophis Tschundi, 1838 et au groupe des Boophis microtympanum. Cette espèce a le dos de couleur olive-verte avec des taches foncées, le ventre blanchâtre, la peau lisse, le mâle possède des rangées de granules punctiformes disposées le long du dos (Blommers-Schlösser & Blanc, 1991). Les cuisses sont dépourvues de barres transversales (Figure 4). Les pattes antérieures ont un vestige de palmure entre le troisième et le quatrième doigt (Figure 3a). Les orteils sont palmés. Le mâle a des calottes nuptiales qui sont une excroissance à la base du pouce (Figure 3a) et un sac vocal subgulaire (Figure 3b) simple (Glaw & Vences, 2007). La taille moyenne mesure 37 mm pour le mâle et entre 40 et 44 mm pour la femelle (Glaw & Vences, 2007). Les narines sont équidistantes entre le bout du museau et l’œil. Les tympans sont distincts. Selon Blommers-Schlösser & Blanc (1991), le juvénile est semblable à l’adulte et après la métamorphose il mesure 30 mm (tête-corps). Au début du développement, le têtard est nettement de coloration noirâtre, avec du jaune très brillant sur toute la partie du corps. Plus tard, cette coloration s’estompe et la musculature caudale est bien développée.

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Table des matières

INTRODUCTION
I. MILIEU D’ETUDE
II. MATERIELS ET METHODES
II.1. Matériels biologiques
II.1.1. Systématique
II.1.2. MANTELLIDAE Laurent, 1946
II.2. Période et durée de l’étude
I.3. Méthodologie
I.3.1. Site d’étude
I.3.2. Méthode de collecte des données
I.3.3. Précaution sanitaire
I.3.4. Identification de l’espèce
I.3.5. Description morphologique
I.3.6. Analyse structurale de la population
I.3.7. Paramètres physiques de l’habitat
I.3.8. Prise de photo
I.3.9. Analyses statistiques des données
III. RESULTATS ET INTERPRETATIONS
III.1. Effort d’échantillonnage en fonction de la période de capture
III.2. Diagnose et description morphologique
III.2. Variation temporelle et altitudinale de l’effectif n
III.2.1. Effectif totale n dans leurs habitats naturels
III.2.2. Variation de l’effectif des deux espèces sur 100 m de ruisseau pour chaque mois d’observation
III.2.3. Variation de l’effectif en fonction du gradient altitudinal et suivant les saisons
III.3. Analyse écologique
III.3.1. Structure et évolution de la population selon la saison et le type d’habitats
III.3.2. Analyse du préférendum en microhabitats
III.3.3. Analyse de la taille selon l’habitat
III.3.4. Observations nocturnes
DISCUSSION
IV.1. Méthodologie
IV.2. Choix du modèle de l’estimation de l’effectif n
IV.3. Effectif générale n et répartition géographique
IV.4. Cause de la variation structurale de la population dans le temps
IV.5. Cause de la variation structurale de la population en fonction des habitats
IV.5.1. Propriété physique de l’habitat
IV.5.2. Altitudes dépendantes
IV.5.3. Stratégies utilisées et déduction
CONCLUSION
RECOMMANDATIONS
BIBLIOGRAPHIE

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