BIOLOGIE DU CHEVREUIL
Habitat et alimentation du Chevreuil
Habitat
Le Chevreuil est considéré communément comme un animal forestier. Il affectionne tout particulièrement les forêts de feuillus et riches en couverts bas qui lui fournissent son gîte et sa nourriture.
Le Chevreuil est plutôt un animal de lisière. Il est attiré par les transitions entre forêts et cultures, par les bordures entre des peuplements forestiers de structure différente (vieux taillis-jeune taillis, vieille futaie-jeune futaie au stade fourré), les accotements de chemins ou de layons.
A la fin des années 70, le Chevreuil s’est mis à coloniser les milieux ouverts. Ce phénomène est dû d’une part à l’évolution de l’environnement du Chevreuil en liaison avec les activités humaines (tourisme, développement des réseaux routiers) et d’autre part à l’explosion démographique des populations de Chevreuils. Cette tendance n’a cessé de progresser depuis et elle s’accompagne de profondes modifications comportementales des animaux.
Sa plasticité remarquable permet donc au Chevreuil d’occuper tous les types d’habitats : milieu forestier mais aussi plaine cultivée, landes à genêts et ajoncs garrigue à chênes verts du pourtour méditerranéen, bocage et même certaines zones humides.
Comportement alimentaire
Généralités
Le Chevreuil est un animal polygastrique qui se nourrit exclusivement de végétaux. Son appareil digestif lui permet de dégrader la cellulose et la lignine.
Le Chevreuil présente de nombreuses contraintes nutritionnelles en raison d’un manque de réserves corporelles, de besoins énergétiques et coûts de reproduction importants qui le rendent très dépendants d’une alimentation de bonne qualité sur toute l’année. De plus, son estomac est de faible capacité : 4 à 6 litres environ soit 6% du volume corporel. Son régime alimentaire varie fortement en fonction des ressources disponibles selon le milieu et la saison. Toutefois, il consomme sélectivement des aliments à forte valeur nutritive et à digestibilité élevée (sucres solubles).
Les besoins énergétiques d’un Chevreuil adulte sont de 0.3 UF/jour, ce qui correspond à l’absorption journalière de trois à quatre kilogrammes de végétaux frais (soit quatre à cinq cents grammes de matière sèche). Ses besoins en eau sont faibles et l’eau de constitution des aliments absorbés lui suffit bien souvent. Il a besoin d’un gramme de sel par jour. Les besoins alimentaires du Chevreuil sont surtout élevés entre la fin du rut et le début de l’hiver.
L’activité du Chevreuil est constituée d’une dizaine de périodes de gagnage principalement diurnes et crépusculaires, entrecoupées de périodes de rumination et de sieste. Il passe six à sept heures par jour à ruminer. Ses gagnages de prédilection sont les clairières, le jeune taillis et les lisières. Son régime alimentaire est différent en fonction des différents habitats.
Régime alimentaire du Chevreuil en milieu forestier
En milieu forestier, le régime alimentaire du Chevreuil est essentiellement constitué d’une part de végétaux ligneux chargés en sève et d’autre part, de végétaux semi-ligneux, dont la richesse en calcium, phosphore et magnésium agit sur la croissance des faons et la repousse des bois (52).
Parmi les essences semi-ligneuses, le Chevreuil consomme préférentiellement la ronce, le lierre puis la callune. En second choix, il peut aussi se nourrir des feuilles de framboisier, d’églantier, d’aubépine… . Cette consommation arbustivore a lieu toute l’année mais est accentuée en automne et en hiver. Elle constitue une part importante du régime alimentaire du Chevreuil (41).
Les aliments ligneux consommés sont des arbres à feuilles caduques ou des arbres à feuilles persistantes ou encore, des arbustes (type cornouiller) mais en moins grande quantité que les deux précédents. Les essences ligneuses à feuilles caduques sont surtout utilisées au printemps et en été. Il s’agit principalement de feuilles de chêne, de charme, de frêne, d’orme, d’érable… . Le Chevreuil consomme les résineux plutôt en hiver et au début du printemps lorsque les arbres à feuilles caduques n’ont plus leurs feuilles. Il affectionne particulièrement le sapin et le pin maritime, surtout à l’état de jeunes plants. Cette consommation de résineux est accentuée lors d’enneigement important .
Le Chevreuil se nourrit également de divers aliments qu’il trouve en fonction des saisons. Il consomme des graines (grains de céréales, betteraves pour les animaux vivant au bord des lisières) et des champignons. Il utilise aussi la fructification forestière (glands et faines surtout, mais aussi framboises sauvages, mures, gousses de légumineuses, poires…). Le Chevreuil consomme ces aliments divers en quantité relativement faible l’été, mais en quantité plus importante l’automne puisqu’ils peuvent représenter jusqu’à 20% du régime alimentaire (glands, champignons surtout) (41).
Régime alimentaire du Chevreuil en plaine
Le Chevreuil n’ayant colonisé ce milieu que depuis quelques années, les connaissances sur son comportement alimentaire en plaine ne reflètent probablement pas l’entière réalité mais donnent néanmoins une tendance générale.
En plaine, le Chevreuil se nourrit quasi-exclusivement de plantes herbacées. Elles représentent 96% du régime alimentaire, avec une majorité de plantes cultivées (85% du régime alimentaire)
Une étude menée dans le nord de la Picardie en 1995 (52) donne les grandes tendances alimentaires du Chevreuil en plaine. Le régime alimentaire varie selon les saisons, avec une consommation de 90% de plantes cultivées en été et 77% en hiver, contre une égalité de consommation des plantes cultivées et non cultivées en automne. Les principales plantes cultivées consommées sont le blé et la betterave à raison de 63% du régime alimentaire en été et 76% en hiver. Les céréales (feuilles et graines de pois, autres végétaux et engrais verts) sont ingérés en moins grande quantité tout au long de l’année avec des variations saisonnières liées au cycle végétal. Les ronces sont les principales plantes non cultivées consommées en automne et en hiver. En été, le lierre, les graminées non cultivées et les arbres et arbustes sont couramment ingérés. Enfin, pour les animaux vivant dans les bosquets, des variations du régime alimentaire sont observées. En effet, les ronces constituent une part plus importante du régime alimentaire chez ces animaux.L’examen de contenus ruminaux de Chevreuils (52) vivant en plaine permet de compléter ces tendances. Il semblerait qu’en hiver et en été, les plantes cultivées soient les plus consommées, tandis qu’en automne, après la saison de labour, ce soit les plantes non cultivées qui prédominent dans le régime alimentaire de l’animal.
Le Chevreuil est donc un animal opportuniste c’est-à-dire que son régime alimentaire se calque sur les ressources dont il dispose
……….
|
Table des matières
PREMIERE PARTIE : GENERALITES
I- BIOLOGIE DU CHEVREUIL
A- Systématique et répartition géographique
1- Position systématique
2- Aire de répartition du Chevreuil européen
B- Particularités morphologiques du Chevreuil
1- La taille et le poids
2- Le pelage
3- Les bois
C- Habitat et alimentation du Chevreuil
1- Habitat
2- Comportement alimentaire
a- Généralités
b- Régime alimentaire du Chevreuil en milieu forestier
c- Régime alimentaire du Chevreuil en plaine
D- Physiologie de la reproduction
E- Comportements territorial et social
1- Comportement territorial
2- Vie sociale
3- Cas particulier des Chevreuils de plaine
F- Evolution et situation démographiques du Chevreuil en France
II- PRESENTATION DES PRINCIPALES CAUSES DE MORTALITE DU CHEVREUIL EN FRANCE
A- Le réseau SAGIR
1- Présentation du réseau SAGIR
2- Fonctionnement du réseau SAGIR
3- Intérêt de la base de données SAGIR dans notre travail
B- Bilan des données SAGIR
1- Généralités
2- Les traumatismes
3- Les maladies bactériennes
4- Les maladies virales
5- Les maladies parasitaires
6- Les mycoses
7- Les intoxications
8- Autres causes de mortalité
C- Etude de la mortalité anormale du Chevreuil (« EMAC ») en France
1- Présentation de l’« EMAC »
2- Protocoles de l’« EMAC »
3- Résultats des protocoles « EMAC »
a- Résultats de l’étude rétrospective portant sur les années 1997 à 1999
b- Résultats de l’« EMAC » de 1999 à 2001
c- Cas particulier de la réserve de Trois-Fontaines (Marne)
DEUXIEME PARTIE : MORTALITE DU CHEVREUIL EN FRANCE
I- MORTALITE DUE AUX TRAUMATISMES
A- La chasse et les blessures suite à une action de chasse
B- Les collisions avec un véhicule
1- Modalités des enquêtes
2- Caractéristiques des collisions entre les véhicules et les grands ongulés sauvages
a- Evolution des collisions et espèces impliquées
b- Répartition géographique des collisions
c- Répartition des collisions dans le temps
c.1- Variations annuelles des collisions
c.2- Variations hebdomadaires des collisions
c.3- Variations des collisions au cours de la journée
3- Importance de la mortalité par collisions sur les populations de Chevreuils
C- Combats intra-spécifiques
1- Caractéristiques épidémiologiques des méningo-encéphalites purulentes liées aux combats intra-spécifiques
a- Age et sexe des animaux
b- Variations saisonnières de l’incidence des méningo-encéphalites purulentes chez les brocards
2- Caractéristiques étio-pathogéniques des méningo-encéphalites purulentes des brocards
a- Nature des lésions céphaliques traumatiques observées chez les brocards
b- Pénétration et devenir des germes dans l’organisme
c- Conséquences des méningo-encéphalites purulentes sur le pronostic vital de l’animal
d- Nature des germes isolés lors de méningo-encéphalites purulentes
3- Importance des combats sur la mortalité d’une population de Chevreuils
D- La prédation
1- Généralités
2- Prédation par les chiens errants
3- Prédation par les renards
4- Prédation par les lynx
5- Prédation par les loups
6- Prédateurs « occasionnels »
E- Le machinisme agricole
F- Traumatismes divers
II- MORTALITE DUE AUX MALADIES INFECTIEUSES
A- Les maladies bactériennes
1- Les principales maladies bactériennes du Chevreuil
a- Les affections pulmonaires
b- Les entérotoxémies
c- Les septicémies
d- Les méningites et méningo-encéphalites purulentes
d1- Caractéristiques épidémiologiques des méningo-encéphalites purulentes
α- Age et sexe
β- Fluctuations saisonnières de l’incidence des méningo- encéphalites purulentes
d2- Etio-pathogénie des méningo-encéphalites purulentes chez le Chevreuil
α- Nature des germes mis en causes dans les méningo- encéphalites purulentes
β- Importance relative de ces germes dans la mortalité des Chevreuils
γ- Etiologie des germes impliqués dans les méningo-encéphalites purulentes chez le Chevreuil
d3- Importance des méningo-encéphalites purulentes sur la mortalité d’une population de Chevreuils
e- Les colibacilloses
2- Les autres maladies bactériennes
a- La pseudo-tuberculose
b- La paratuberculose
c- Les pasteurelloses
d- La listériose
e- Les salmonelloses
f- Les staphylococcoses
g- La maladie des abcès et abcès divers
3- Autres maladies bactériennes
a- Le botulisme
b- L’actinomycose et l’actinobacillose
c- La tuberculose
d- La yersiniose
e- Le rouget
f- Maladies bactériennes diverses
g- Bactérioses transmises par les tiques
g1- L’ehrlichiose
g2- La maladie de Lyme
g3- Les bartonelloses
B- Les maladies virales
1- La rage
2- Le BVD (Diarrhée Virale Bovine)
3- Autres maladies virales
C- Autres maladies potentielles
1- La fièvre aphteuse
2- La brucellose
3- Le charbon bactéridien
4- La maladie du dépérissement chronique des cervidés
III- MORTALITE DUE AUX MALADIES PARASITAIRES
A- Principaux parasites pathogènes du Chevreuil
1- Parasitoses dues aux nématodes
a- Caractères généraux des nématodes
b- Infestation par les nématodes digestifs
b1- Cycle évolutif des strongles digestifs du Chevreuil
b2- Principaux strongles gastro-intestinaux rencontrés chez les Chevreuils
b3- Rôle pathogène des strongles gastro-intestinaux
α- Strongles de la caillette
β- Strongles de l’intestin grêle
γ- Strongles du caecum 105 δ- Strongles du colon
b4- Incidence du parasitisme gastro-intestinal sur l’état sanitaire et la condition physique du Chevreuil
b5- Tableau clinique des strongyloses gastro-intestinales chez le Chevreuil
c- Infestation par les nématodes pulmonaires
c1- Cycle évolutif des strongles pulmonaires
c2- Importance des strongyloses respiratoires
c3- Tableau clinique et épidémiologie de la « bronchite vermineuse »
d- Conclusion sur les parasitoses dues aux nématodes
2- Céphénémyiose et hypodermose
a- La céphénémyiose du Chevreuil
a1- Cycle biologique de Cephenemyia stimulator
a2- Symptomatologie de la céphénémyiose
a3- Importance de la céphénémyiose chez le Chevreuil en France
b- L’hypodermose du Chevreuil
b1- Cycle biologique d’Hypoderma diana
b2- Symptomatologie de l’hypodermose du Chevreuil
b3- Importance de l’hypodermose du Chevreuil en France
3- Le polyparasitisme
B- Parasitoses pathogènes secondaires du Chevreuil
1- Les mycoses
a- Les aspergilloses
b- Autres mycoses
2- Les protozooses
a- La coccidiose
b- La cryptosporidiose
c- Les babésioses
d- Autres protozooses
3- Parasitoses dues aux Trématodes
a- La fasciolose ou parasitose due à la grande douve
b- La dicrocoeliose ou parasitose due à la petite douve
4- Les cestodoses
5- Les parasitoses dues à des parasites externes
a- La démodécie
b- La gale
c- Les tiques
6- La strongyloïdose
7- Parasitoses dues aux nématodes de la cavité abdominale et du tissu conjonctif
IV- MORTALITE D’ORIGINES DIVERSES 130 A- Les maladies métaboliques
1- L’acidose du rumen
2- La toxémie de gestation
B- Mortalité naturelle par vieillesse
C- Mortalité par épuisement
D- Mortalité par dénutrition et malnutrition
E- La diarrhée printanière du Chevreuil ou « mal de brout »
F- Les intoxications
1- Les intoxications d’origine végétale
2- Les intoxications par les pesticides agricoles
a- Nature des pesticides agricoles responsables d’intoxication chez le Chevreuil
b- Les anticoagulants et les IDC
b1- Les anticoagulant
b2- Les IDC
c- Les autres toxiques responsables de toxicité aiguë chez le Chevreuil
G- Les tumeurs
H- Les anomalies des bois : perruques ou têtes mitrées
I- Les accidents de gestation
V- FACTEURS A L’ORIGINE D’UN BIAIS DANS L’ETUDE ET CONSEQUENCES SUR LA VALEUR DES RESULTATS COLLECTES
A- Problèmes relatifs au suivi sanitaire des populations de Chevreuils
B- Les biais rencontrés aux différents niveaux du réseau SAGIR
1- Collecte des échantillons et demandes des analyses
2- Analyses des échantillons au LVD
3- Interprétation des résultats au niveau national
Conclusion
Télécharger le rapport complet