Bioagresseurs et ennemis naturels des agrumes
Objectif de l’idéotype
L’objectif de cet idéotype est de présenter des solutions possibles d’optimisation de la gestion par de nouvelles installations ou des façons différentes de gérer la végétation herbacée non productive sans occasionner de nouvelles contraintes pour le producteur. En effet, une bonne gestion du milieu couplée à une diminution des intrants chimiques, est un outil puissant pour la conservation du contrôle biologique (LANDIS et al., 2000 ; PFIFFER et LUKA, 2003 ; GURR et al., 2004). Dans ces conditions, ces habitats pourraient constituer des structures privilégiées pour les auxiliaires des cultures, où les prédateurs (syrphes, coccinelles, acariens…) et les parasitoïdes des ravageurs trouveraient un refuge ou des ressources de nourriture indispensables à leur développement (WÄCKERS, 2004). Cette biodiversité fonctionnelle favorisée contribuerait à la lutte biologique par conservation sur la parcelle.
Principales contraintes culturales à prendre en compte
Les contraintes liées à la gestion des communautés herbacées des vergers en zone de culture tropicale sont nombreuses et conduisent à des perturbations importantes (usage important d’herbicides et/ou mécanisation régulière). Ces pratiques de gestion de l’enherbement actuelles visent à limiter les compétitions pour les ressources (lumière, eau, nutriment principalement).
L’objectif de cet idéotype n’est pas de créer un milieu compétiteur de la culture qui conduirait inexorablement à une diminution de la croissance végétative et donc des rendements (RIPOCHE, 2009). Il faut donc rechercher un équilibre acceptable notamment par le producteur où le temps, les coûts induits et l’interférence avec la production doivent être minimes.
Gestion et manipulations possibles pour obtenir/conserver les services souhaités
Si on suit la logique des résultats obtenus, des actions qui auraient un impact sur l’environnement sembleraient plus propices à la présence des auxiliaires de culture au sein d’un verger. Le but n’était vraiment pas de regarder les caractéristiques attirant des auxiliaires présélectionnés mais un ensemble varié d’auxiliaires de culture. Il faudra donc rester sur les classes de traits importants pour un grand nombre d’auxiliaire. L’adaptation des techniques de gestion est envisageable pour essayer de faire durer dans le temps les conditions favorables aux auxiliaires au sein de la parcelle.
Il faut aussi prendre en compte les bénéfices que la végétation herbacée devrait apporter selon les agriculteurs afin d’avoir des leviers d’acceptation de changement de gestion de l’enherbement: plus de fraicheur et plus d’humus au sol, moins de temps d’entretien, abriter des insectes utiles, protéger de l’érosion, diminuer les graminées et la présence d’espèces envahissantes.
Suite à cela, voici quelques propositions de gestion :
• Travailler le sol en superficie
On pourrait envisager un travail du sol superficiel mais cela demanderait du temps et un matériel adapté. En effet CORDEAU (2010) a signalé que sans travail du sol dans les bandes enherbées les graines dispersées ou semées restent à la surface du sol et sont consommées par divers insectes et oiseaux. Cependant, le labour sera à éviter car il affecte les parasitoïdes alors qu’une zone peu ou non perturbée leur sera favorable dans le temps (THIES et al., 2003).
Le travail superficiel du sol est donc bénéfique de façon aléatoire et demande des investissements, ce peut être une solution mais elle ne semble pas être très bien adaptée à notre situation.
• Apporter des semences florales et implanter des haies
L’introduction d’espèces florales est connue pour augmenter l’abondance des prédateurs de ravageurs et de proies alternatives (GURR et al., 2004). Il apparaît aussi que l’association de plantes annuelles, bisannuelle et pérennes serait un idéal. Il faut cependant éviter l’envahissement du milieu par des espèces pérennes car nous sommes dans des lieux de passages de l’agriculteur et que ces espèces auront tendance à envahir le milieu, empêchant le développement des espèces
annuelles qui elles mêmes seront remplacées par des espèces ligneuses (BUREL et al., 2008).
On pourrait penser à semer des graines de fleurs annuelles à croissance rapide au risque qu’elles deviennent envahissantes ou finissent par disparaître. Semer des espèces déjà présentes pour ne pas perturber le milieu et être sûr de la réussite de la germination. Mais on ne souhaite pas semer tous les ans il faudra donc réorganiser la fauche de sorte que les monocotylédone ne reprennent pas le dessus et que les dicotylédones aient le temps de produire des graines. Cela nécessite une étude de la fauche dans les différentes conditions environnementales de l’île afin de mieux comprendre le fonctionnement d’un enherbement selon les conditions écologiques.
On peut aussi implanter des espèces attirant les auxiliaires en haie plus basse que les arbres (pour éviter la compétition à la lumière) et non porteuse de ravageurs de la culture.
|
Table des matières
Introduction
Etat de l’art
1. L’agrumiculture
1.1. Exigences pédoclimatiques
1.2. Marché mondial
1.3. Marché national
1.4. Marché régional : Ile de la Réunion
2. Bioagresseurs et ennemis naturels des agrumes
3. Réglementation et impacts de l’utilisation de produits phytosanitaire sur l’environnement
4. Modes de production et moyens de lutte contre les bioagresseurs .
4.1. Les principaux modes de production
4.2. Moyens de lutte contre les bioagresseurs
5. Gestion des habitats non cultivés en milieu agricole pour favoriser la lutte biologique contre les
ravageurs au travers d’une approche fonctionnelle
5.1. Services écosystémiques des habitats herbacés non cultivés au sein d’un territoire agricole
5.2. Services fournis par les habitats herbacés non cultivés dans le cadre de la lutte biologique
par conservation contre les ravageurs
5.2.1. Lieu de refuge pour les auxiliaires
5.2.2. L’habitat en tant que sources de nourriture pour les auxiliaires
5.3. Surface et distance d’influence des habitats non cultivés sur la culture
5.4. Gestion des habitats non cultivés en milieu agricole
Matériel et Méthodes
1. Sites d’étude
2.1. Relevés phytosociologiques
2.2. Mesure des traits fonctionnels
2.3. Données de caractérisation des milieux et enquêtes des pratiques
3. Traitements de données
Résultats et Discussion
1.Résultats
1.1. Relevés phytosociologiques
1.2. Différences entre les parcelles pour la composition en traits favorables et la diversité des traits
1.3. Différences entre les relevés d’une même parcelle pour la composition en traits favorables
1.4. Différences entre les relevés pour la composition en traits favorables et la diversité en traits sous l’influence d’un déterminant
1.5. Vision des agriculteurs
2.Discussion
2.1. Réponses aux hypothèses de départ
2.2. Conclusion de la discussion
3.Idéotype d’habitat pour les vergers d’agrumes
3.1. Objectif de l’idéotype
3.2. Principales contraintes culturales à prendre en compte
3.3. Gestion et manipulations possibles pour obtenir/conserver les services souhaités
4.Critiques et perspectives
Conclusion
Télécharger le rapport complet