Madagascar, troisième plus grande île du monde avec une superficie de 592 000 Km², est situé en zone intertropicale entre l’océan Indien et le canal de Mozambique et possède quelques 2 500 milles de côtes (Beurrier, 1982). La côte Nord-Est de Madagascar est connue pour abriter un important complexe de récifs coralliens (Jaomanana, 2001). Le Parc National Masoala est la plus grande aire protégée de Madagascar, lequel figure parmi les cinq pays les plus importants en matière de conservation de la biodiversité. Le Parc National Masoala est un complexe composé de sept unités différentes, dont trois parcelles marines. Depuis 1994, le CARE International et le WCS (Wildilife Conservation Society), par l’intermédiaire du ICDP (Integrated Conservation and Development Project) Masoala ont initié l’identification et la délimitation des parcelles marines autour de la presqu’île de Masoala. Trois zones ont été définies comme parcs marins. Il s’agit de Tampolo, Masoala et Tanjona. Le Parc National de Masoala, situé entre Antsiranana (Diégo-Suarez) et Toamasina (Tamatave), est constitué principalement par la péninsule de Masoala. Sa superficie totale de 550 000 ha en fait le plus grand parc de Madagascar, incluant près de 210 000 ha de forêts primaires et secondaires, humides et sub-humides, deux parcelles de forêts littorales sur sable et trois parcelles marines. La presqu’île de Masoala représente une des régions exceptionnelles en matière de richesse en biodiversité, laquelle est associée à la productivité et au rendement élevé des pêcheries. Dans cette région, le récif constitue une base pour les activités de pêche traditionnelle, la principale source de produits de subsistance et de protéines. Les ressources prélevées des récifs coralliens sont très variées: des poissons, des poulpes, des crustacés, et surtout des coquillages. Les Bivalves figurent parmi les mollusques collectés non seulement à des fins culinaires, mais constituent aussi une source de revenu non négligeable pour une bonne partie de la population riveraine de la presqu’île de Masoala. Ils jouent ainsi un rôle nutritionnel et économique important (notamment pour les nacres et perles). Différents phénomènes menacent ce récif et ayant pour origine des causes naturelles et/ou anthropiques, et qui se traduisent par les impacts sur la faune et la flore qui lui sont associées. En effet, après la mise en place du parc national de Mananara-Nord, appelé parc marin de Nosy Antafana, un grand nombre de pêcheurs de la région de Mananara se sont déplacés vers la presqu’île avec leurs méthodes et pratiques de pêche destructives. La mise en place d’une réserve marine dans la région de la presqu’île de Masoala semble donc justifiée. Et pour évaluer ces impacts, il nous paraît important d’identifier les espèces de Mollusque bivalve comestibles qui sont réellement en danger, afin de mieux les préserver. Dans la situation actuelle, l’exploitation des ressources halieutiques est ouverte à toute personne désirant travailler dans la presqu’île de Masoala, et les coquillages comptent parmi les espèces cibles. Par ailleurs, l’exploitation de cette ressource est à la fois irrationnelle et destructive. Elle est trop intense et contribue à une diminution importante des stocks. L’exploitation non contrôlée des espèces constitue une menace importante dans l’optique de la conservation de patrimoine biologique. La gestion des aires protégées marines du Complexe des Aires Protégées Masoala (C.A.P Masoala) se résume par la conservation intégrale des habitats à haute importance écologique. La gestion durable des ressources marines se fait par un système de contrôle et de surveillance efficaces, l‘application de «Dina», l’adoption de techniques et de matériels de pêche non destructifs. Un protocole d’accord a été mis en œuvre en Septembre 2003 et Février 2004 entre WCS (Wildilife Conservation Society), ANGAP (Association Nationale pour la Gestion des Aires Protégées) et l’IH.SM (Institut Halieutique et des Sciences Marines) de l’Université de Toliara pour gérer ces aires protégées et les parcelles marines d’une part, et pour produire une connaissance scientifique fondamentale sur leur fonctionnement en tant qu’écosystème d’autre part. C’est dans ce cadre que ce travail sur les mollusques bivalves comestibles est réalisé : à travers une étude qualitative, quantitative et bioécologique de ce groupe zoologique, utilisé comme indicateur.
PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE D’ETUDES
Localisation géographique
La zone d’études se localise au Nord Est de Madagascar, entre la Province d’Antsiranana et celle de Toamasina. Elle se concentre dans les parcs marins de la presqu’île de Masoala qui se situe au Nord Est de Madagascar, entre les latitudes 15° et 16° Sud et les longitudes 050° et 051° Est. La partie orientale de cette presqu’île appartient à la Province d’Antsiranana, tandis que sa partie occidentale est l’une des régions de la Province de Toamasina. La région s’étend au nord jusqu’à Antalaha et au Nord-ouest jusqu’à la Sous-préfecture de Maroantsetra ; la limite sud se trouve au niveau des deux caps de la presqu’île (Cap Baldrisy et Cap Masoala). Cette presqu’île est délimitée à l’est par l’Océan Indien et l’Ouest par la baie d’Antogil. (Figure 3). Les parcelles marines Ambodilaitry et Tanjona se trouvent sur la côte Est de la presqu’île de Masoala tandis que la parcelle marine Tampolo est localisés à l’Ouest. Les objectifs définis ci-dessous nous ont conduit à choisir 3 échelles spatiales de perception :
– celle du secteur, qui est aussi appelé parcelle dans les travaux antérieurs. L’échelle du secteur correspond en fait aux 3 parcs marins : celui de Tampolo à l’intérieur de la baie, d’influence continentale (voir estuaire), celui de Tanjona opposé sous influence marine du large et enfin celui d’Ambodilaitry intermédiaire entre les deux (Figure 3) ;
– celle du site, correspondant à la Zone d’Utilisation Contrôlée (ZUC), la Zone Périphérique (ZP) et le noyau dur (ND) ;
– celle de la station, définie à l’intérieur de chacun des secteurs par la nature de l’habitat. C’est ainsi que l’on distinguera : la station de l’habitat herbier (A), celle de l’habitat microatoll (B), du platier compact (C), des levées détritiques (D), du platier externe (E) et enfin de la plage (F) Cette stratégie spatiale aura pour avantage, non seulement une connaissance précise des caractéristiques de base des populations dans chacun des habitats, pour les objectifs principaux de la gestion et de la protection de la ressource qui tiennent compte de l’intégrité de l’écosystème avec la diversité des habitats, mais aussi de satisfaire l’objectif annexe de tester le caractère bio-indicateur des bivalves sédentaires en raison des caractéristiques hydrodynamiques différentes des 3 secteurs choisis .
La localisation et choix de secteur ou Parcelles
Parcelle Marine de TAMPOLO
La parcelle marine de Tampolo se trouve dans la Préfecture de Maroantsetra, Province de Tamatave. Elle longe suivant la rive orientale de la baie d’Antongil. Elle est bordée par la réserve terrestre et s’étend entre le village d’Antalaviana au Sud et le village d’Ambodiforaha au Nord (Figure 4). Cette Parcelle Marine se trouve entre les coordonnées géographiques 15° 43’ 20 ‘’S, 49° 57’ 30’’E sur terre, 15°43’ 20’’S, 49°57’E sur la mer (pointe Nord) et 15°47’ 15’’S, 50°01’ 15’’E sur terre, 15° 47’15’’S, 50° 00’ 30’’E sur la mer (pointe Sud). Sa côte est caractérisée par une plage sableuse intercalée par des constructions rocheuses. La parcelle Marine Tampolo est large de 3 km. Sa superficie est de 3.600 ha. Elle renferme 200 ha de noyau dur. Des petites rivières et fleuves débouchent dans ce parc marin.
Parcelle marine d’ Ambodilaitry
Elle se situe de part et d’autre de la pointe de Cap Masoala, entre les coordonnées A: 15°58’30’’S, 50°09 E sur terre et A’ : 15°58’ 30’’S, 50°08’40’’E sur mer de la baie d’Antongil. Cette zone constitue la limite entre la baie d’Antongil et l’Océan Indien (Figure 5). La parcelle Marine d’Ambodilaitry a une superficie de 3 300ha et elle possède deux noyaux durs que sont le noyau dur de Nosy Nepato et le noyau dur d’Ankoalambanana avec une superficie respective de 300 ha et 200 ha (Jaomanana et James, 1998). Deux lieux sacrés comme Anjanaharibe et Nosy Ratsy existent dans cette parcelle marine.
Parcelle Marine de TANJONA
Elle se situe plus au Nord des parcs marins du CAP Masoala. Elle est limitée au Nord par le village d’Antsabobe et au Sud par celui de Tanjona (figure 6). Elle couvre environ 3100 ha de surface. Ses coordonnés géographiques sont : A : 15°48’510’’ S, 50° 20’ 286 E et A’ : 15°48’510S, 50°48’510’’ E. La parcelle Marine de Tanjona possède deux (02) noyaux durs : Ankaranilaotra (300ha de surface) et celui d’Ankarambiavy (100 ha de surface).
caractéristiques des stations
Zone des herbiers (Station A)
Ces herbiers, constitués principalement de phanérogame marine à Thallassia hemprichu et Th. cymmodocea, occupent environ la moitié du platier interne .On y trouve les échinodermes Pentacerons muricatus, CulIcita sp. Ces herbiers forment le dernier élément proprement récifal. Nous passons ensuite au chenal et à sa rive littorale qui, dans tous les cas, montre une couverture sédimentaire d’origine en partie terrigène. Le substrat est meuble, constitué par du sable fin. Cette zone est faiblement couverte par l’eau au moment de la basse mer.
Zone à Micro atolls (Station B)
La zone des micros atolls, véritable transition entre le platier friable et les herbiers de platier, se caractérisent par une importante diminution des Madréporaires (peu d’espèces, peu de colonies). C’est dans cette zone que l’on rencontre des formations remarquables de Porites en micro atolls. En dehors des Porites, on doit remarquer la présence de Madréporaires et dans les larges passes de sable interstitielles, la phéophycée Turbinaria ornata fixée sur des blocs épars. Ce biotope est toujours immergé même à marée basse. Les substrats sont durs, constitués par des coraux morts ou vivants couverts par une fine couche de sables grossiers.
Platier friable et compact (Station C)
C’est une zone sub-horizontale plus ou moins à l’abri des vagues. Elle est constituée par l’ensemble des formations coralliennes. Ce platier se présente comme une aire absolument plate sur laquelle les madréporaires montrent un très net gradient linéaire de répartition. Il convient de commenter l’adjectif « friable » que nous venons d’utiliser pour caractériser cette partie du platier : les massifs de madréporaires vivants prolifèrent sur des blocs de coraux morts mobiles ou fixés sur les substrats sous-jacents. L’ensemble de colonies mortes et vivantes peut donc rouler et basculer sous le poids d’un homme. De plus les madréporaires vivants sont très souvent en surplomb sur le soubassement mort, et ils peuvent facilement céder lorsque l’on marche sur la surface de ces tables coralliennes. Le soubassement est recouvert d’une couche de sable corallien qui tapisse tous les interstices laissés libres entre la base des Madréporaires, dans la zone compacte ; ces interstices prennent la forme de sillons allongés normalement au grand axe du récif, dans la zone clairsemée. On a ainsi des « gouttiers » recouvertes de sable corallien.
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Table des matières
INTRODUCTION
1 PRESENTATION GENERELE DE LA ZONE D’ETUDE
1.1 Localisation géographique
1.2 Localisation des parcelles marines
1.2.1 Parcelle marine de Tampolo
1.2.2 Parcelle marine d’Ambodilaitry
1.2.3 Parcelle marine de Tanjona
1.3 Caractéristiques des stations
1.3.1 Zone des herbiers
1.3.2 Zone à micro atoll
1.3.3 Platier friable et compact
1.3.4 Levée détritique
1.3.5 Platier externe
1.3.6 Plage
1.4 Bioclimat
1.5 Hydrodynamisme
1.5.1 La marée
1.5.2 Les courants
1.5.3 Les houles et vagues
1.5.4 Les vents
1.6 Historique du parc marin
1.7 Milieu humain
1.8 Système de gestion et de conservation
1.9 Statut légal et descripteur spatial d’application
1.9.1 Noyau dur
1.9.2 Zone d’utilisation contrôlée
1.9.3 Zone périphérique
2 MATERIELS ET METHODES
2.1 Matériels
2.2 Matériel biologique
2.3 Prélèvement des paramètres physico-chimiques
2.3.1 Température
2.3.2 Salinité
2.3.3 Turbidité
2.4 Biologie
2.4.1 Observation directe sur terrain
2.4.2 Choix de secteurs, sites et des stations
2.4.3 Inventaires de bivalves comestibles rencontrés dans les trois parcelles marines
2.4.4 Méthode d’échantillonnage
a) Transect
b) Quadrat
c) Comptage
2.4.5 Structure des données
2.5 Traitement statistique des données
2.5.1 Etude qualitative et quantitative
a) Densité
b) Abondance
c) Dominance
2.5.2 Caractéristiques des peuplements dans chaque station d’étude
a) Constance
b) Fidélité
c) Tableau de classification bionomique
2.5.3 Indice de similarité
3 RESULTATS
3.1 Paramètres physico-chimiques
3.1.1 Température
3.1.2 Salinité
3.1.3 Turbidité
3.2. Les espèces des bivalves comestibles recensés et leur répartition dans les trois parcelles marines de Masoala
3.2.1 Répartition selon la diversité spécifique
3.2.2 Répartition selon densité moyenne
3.2.3 Mesure de ressemblance dans les trois parcelles marines
3.3 Caractérisation des peuplements des espèces dans bivalves et leur répartition suivants les habitats
3.3.1 Plage
3.3.2 Zone des herbiers
3.3.3. Zone à micro atoll
3.3.4 Platier friable et compact
3.3.5 Levée détritique
3.3.6 Platier externe
3.4. Importance de la mise en place de gestion des parcelles marines dans la distribution de bivalve
3.4.1 Importance de la mise en place de Noyau dur
3.4.2 .Importance de la mise en place d’une zone contrôlée
3.5 L’utilisation des coquillages, techniques des pêches, et leur impact sur l’environnement
3.5.1 Utilisation des coquillages
3.5.2 Techniques des pêches
a) Pêche collecte à pied
b) Pêche en pirogue
c) Pêche en plongée
3.5.3. Impact sur l’environnement
CONCLUSION
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