Bio-écologie des larves de moustiques

Bio-écologie des larves de moustiques

Le cycle préimaginal des moustiques se déroule en milieu aquatique. C’est un cycle qui regroupe les œufs, les larves et les nymphes. Les larves sont dépourvues de pattes et se déplacent par des mouvements ondulatoires grâce à leurs soies. La bio-écologie des larves de moustiques est fonction de la nature des gîtes. Les gîtes peuvent être divisés en deux types à savoir ceux en eaux claires et ceux en eaux polluées. Les premiers sont des gîtes temporaires ou permanents constitués par les récipients ou réservoirs d’eau de pluie, des mares ou étangs etc.. Ce sont des gîtes propices à la prolifération des moustiques tels que les genres Anopheles et Aedes. Les seconds sont constitués de latrines, fosses septiques, réseaux de drainage, puits perdus etc. Ce sont des gîtes qui présentent le plus souvent la présence des moustiques du genre Culex.

Les méthodes de lutte antilarvaire 

Les méthodes les plus utilisées sont :
– La lutte mécanique : avec la destruction ou le remblayage des gîtes larvaires.
– La lutte chimique : cette méthode fait appel à plusieurs produits chimiques de synthèse. Les produits chimiques les plus utilisés sont le Téméphos, le Fenthion, le Malathion, le Chlorpyriphos, les pyréthrinoïdes etc. (Rozendaal, 1999)
– La lutte biologique : c’est un secteur de recherche en plein développement. Les agents de lutte biologique sont généralement les ennemis naturels des insectes. Pour cette lutte, les plus prometteuses utilisent des prédateurs (poissons), des agents entomopathogènes (champignons), des produits d’origine végétale etc.. Les agents entomopathogènes sont généralement des champignons qui produisent des spores et ces spores agissent soit par la cuticule soit au niveau du tube digestif après ingestion.

D’autres champignons tels que Aspergillus flavus, Aspergillus parasiticus, Penicillium falicum, Fusarium vasinfectum et Trichoderma viride ont montré leur effet larvicide sur les larves de moustique Culex quinquefasciatus (Govindarajan et al., 2005).

Effets larvicides des produits naturels sur les larves de moustiques 

Les produits utilisés comme larvicides dans la lutte biologique agissent généralement au niveau de la cuticule et/ou au niveau du tube digestif. Cependant, certains produits agissent comme des régulateurs de croissance des larves (Rozendaal, 1999). De nombreux travaux ont montré que les biolarvicides agissent le plus souvent au niveau du tube digestif des larves (Karch et Coz, 1983 ; Koua et al., 1994). Dans le cas des champignons entomopathogènes, les sites d’action sont principalement la cuticule et le tube digestif. L’action de ces produits se manifeste généralement par des substances qui attaquent et détruisent l’organisation de la cuticule et/ou des cellules digestives (Silva et al, 2004).

Organisations externe et du tube digestif des larves de moustiques

Organisation externe

Comme chez les insectes, l’organisation externe des larves de moustiques est composée de segments (ou tergites). La partie externe comprend la tête, le thorax et l’abdomen. L’abdomen est subdivisé en 7 segments, le huitième étant le segment anal. Au niveau du septième segment se rattache le siphon respiratoire. Chaque segment porte des soies qui jouent un rôle dans le déplacement de la larve.

Organisation du tube digestif

Le tube digestif est subdivisé en trois parties, l’intestin antérieur, l’intestin moyen et l’intestin postérieur. Au niveau du thorax, l’œsophage présente une invagination vers l’intestin antérieur. A ce niveau, sont observés le cardia et des caeca gastriques. Le tube digestif se termine vers la partie postérieure par l’iléon qui aboutit par l’anus situé dans le segment anal. Entre les cellules digestives et la colonne alimentaire, existe une membrane péritrophique qui joue un rôle dans la digestion des aliments. Cette membrane est séparée des cellules intestinales par un espace péritrophique.

DISCUSSION

Le neem a été toujours considéré comme une plante présentant un effet insecticide. Les résultats de nos travaux ont montré l’effet larvicide de deux produits de neem (huile de neem formulée et poudre de neem) sur les larves de moustiques (Culex quinquefasciatus et Aedes aegypti). Cependant, ces espèces n’ont pas la même sensibilité par rapport aux produits. En effet, les larves d’ Aedes aegypti ont été plus sensibles que celle de Culex quinquefasciatus. Cependant, pour ces deux produits de neem, nous avons noté que l’effet de l’huile a été plus rapide que celui de la poudre. Avec la poudre de neem, les DL100 minimales ont été de 42 mg/l contre A. aegypti et 48 mg/l contre C. quinquefasciatus. Ce qui prouve que, pour le même matériel végétal, la formulation a un effet sur l’efficacité du produit fini. Ces faits ont été montrés sur des larves de moustiques par d’autres auteurs. Les travaux de vatandoost et vazin (2004) ont montré que le Neemarin était plus efficace contre les larves d’Anopheles stephensi que contre les larves de Culex quinquefasciatus. Dans leurs travaux, les CL 50 et CL90 ont été respectivement 0,35 et 1,81 mg/l (contre Anopheles stephensi) ; 0,69 et 3,18 mg/l (contre Culex quinquefasciatus). En utilisant des extraits de feuilles de neem (NLX) contre les larves de Culex fatigans, Azmi et al., 1998 ont trouvé une CL50 égale à 390ppm. Dans nos travaux, les DL100 minimales de l’huile de neem formulée ont été de 10mg/l contre A. aegypti et 20mg/l contre C. quinquefasciatus. Les doses en huile choisies (0,5 à 2%) sont identiques à celles utilisées par Bishnu et Zeev (2005) avec le Balanites aegyptiaca contre les larves de C. pipiens. Cependant, ils ont obtenu avec 0,1% une mortalité de 100% en trois jours. Ce qui voudrait dire que la formulation obtenue avec Balanites aegyptiaca serait plus efficace que celle obtenue avec l’huile de neem formulée. Cette différence pourrait s’expliquer par la formulation et/ou par le matériel végétal. Dans des conditions semi naturelles, en utilisant des bassins de dimension 100 x 30 x 50 cm, vatandoost et vazin (2004) ont montré l’effet inhibiteur du Neemarin contre l’émergence des moustiques de genres Anopheles et Culex. Ils ont utilisé deux doses 1 L/hectare et 2 L/hectare pour avoir des inhibitions allant respectivement de 33% à 56% (contres les espèces du genre Anopheles) et 30 à 46 % (contre les espèces du genre Culex). Dans nos travaux, l’inhibition de l’émergence des moustiques C. quinquefasciatus et A. aegypti a été observée en utilisant l’huile de neem formulée et la poudre de neem. Cependant, les doses en huile que nous avons utilisées sont plus fortes (100ml/m² à 300ml/m²) par rapport à ceux de Vatandoost et Vazin (2004) sur le Neemarin (10ml/m² à 20ml/m²). Par contre, l’inhibition de l’émergence des moustiques a été plus forte avec les doses que nous avons choisies. Cette différence pourrait être due à la formulation des deux produits qui nécessite parfois l’utilisation d’un solvant, celui-ci pouvant accroître l’efficacité du produit. En effet, des études ont montré que le solvant utilisé dans certaines formulations peut joué un grand rôle dans l’efficacité d’un produit (Lale et Maina, 2003; Seye et al., 2006b). En réalité, dans la formulation du Neemarin, le propylène glycol utilisé comme solvant était à 95% (Vatandoost et Vazin, 2004), ce qui pourrait augmenter l’efficacité du produit. Dans le cas de la poudre, nos résultats ont montré qu’il faudrait au minimum 333g / m² (1g m.a./l) pour avoir une forte inhibition de l’émergence des moustiques. Ce qui prouve que l’effet insecticide des produits de neem diffère selon la formulation. Ce-ci s’explique par le fait que le solide (poudre de neem) libère lentement la matière active contrairement aux autres formulations liquides (huile de neem formulée, Neemarin, Neemix etc). Plusieurs études histopathologiques ont montré que les biolarvicides agissent au niveau du tube digestif (Bauer et Pankratz, 1992 ; Koua et al., 1998 ; Cavados et al., 2004). Selon Karch et Coz, 1983, l’activité larvicide de Bacillus sphæricus s’est manifestée au début de l’intoxication sur des larves de C. pipiens par une perturbation du flux alimentaire et l’apparition de quelques vacuoles dans les cellules gastriques. Quelques temps après, les cellules  intestinales présentaient des lyses apicales suivies de rejet du matériel cytoplasmique dans l’espace péritrophique. L’étude histopathologique que nous avons menée au laboratoire a montré que le neem agit particulièrement au niveau du tube digestif des larves de moustiques. En effet, au niveau du tube digestif des larves traitées, nous avons constaté des faits pathologiques dus à l’ingestion des produits. L’effet des produits utilisés s’est manifesté par une dilatation de la lumière oesophagienne et la présence de vacuoles au niveau des cellules intestinales. Nous avons constaté sur les larves une dégénérescence des cellules du caecum gastrique et une désorganisation de la colonne alimentaire. En se référant aux travaux de Karch et Coz, 1983 et Koua et al., 1998, nous pouvons dire que les produits de neem agiraient au niveau des larves d’abord par une dilatation de la lumière de l’œsophage et une perturbation du flux alimentaire. Les cellules intestinales s’hypertrophient avec la formation de vacuoles cytoplasmiques. L’hypertrophie des cellules intestinales et la dilatation de la lumière oesophagienne entraînent une diminution de l’espace périoesophagienne. Ces observations complètes les travaux de Seye et al., 2006a qui ont montré l’effet de ces produits sur les cellules intestinales (lyse des cellules).

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Table des matières

INTRODUCTION GÉNÉRALE
GÉNÉRALITÉS
I- Bio-écologie des larves de moustiques
II- Les méthodes de lutte antilarvaire
III- Effets larvicides des produits naturels contre les larves de moustiques
IV- Organisation externe et du tube digestif des larves de moustiques
IV-1 Organisation externe
IV-2 Organisation du tube digestif
PREMIÈRE PARTIE : Utilisation de deux produits de neem (huile de neem formulée et poudre de neem) pour lutter contre les larves de moustiques
I- INTRODUCTION
II- MATÉRIEL ET MÉTHODES
II-1 Matériel
II-1-1 Matériel végétal
II-1-2 Matériel animal
II-1-3 Matériel de tests (recherche des doses létales 100)
II-1-4 Matériel d’échantillonnage et de traitement
II-1-5 Matériel d’histologie
II-2 Méthodes
II-2-1 Détermination des DL100 des produits de neem (huile de neem formulée 1% et poudre de neem 0,3%)
II-2-1-1 Avec l’huile de neem formulée
a- Sur les larves de Culex quinquefasciatus
b- Sur les larves d’Aedes aegypti
II-2-1-2 Avec la poudre de neem
a- Sur les larves de Culex quinquefasciatus
b- Sur les larves d’Aedes aegypti
II-2-2- Traitement en milieu semi naturel
II-2-2-1 Le milieu semi naturel
II-2-2-2 Etude de la densité larvaire avant le traitement
II-2-2-3 Traitement des bacs
II-2-4 Etude histologique
a- Déshydratation
b- L’imprégnation
c- L’inclusion
d- Taille des blocs
e- Coupe des blocs
f- Etalement des coupes
g- Coloration au trichome de Masson
h- Montage entre lame et lamelle avec le baume du Canada
III- RÉSULTATS
III-1 Résultats statistiques
III-1-1 Recherche des doses létales sur les larves de Culex quinquefasciatus et d’Aedes aegypti
a- Avec l’huile de neem formulée
b- Avec la poudre de neem
III-1-2 Traitement en milieu semi naturel
a- Avec l’huile de neem formulée
b- Avec la poudre de neem
III-2 Résultats histologiques
III-2-1 Cas de l’huile de neem formulée
a- Larves non traitées
b- Larves traitées avec l’huile de neem formulée
III-2-2 Cas de la poudre de neem
a- Larves non traitées
b- Larves traitées avec la poudre de neem
IV- DISCUSSION
V- CONCLUSION
DEUXIÈME PARTIE Utilisation des champignons entomopathogènes pour lutter contre les larves de moustiques
I- INTRODUCTION
II- MATÉRIEL ET MÉTHODES
II-1 Matériel
II-1-1 Matériel de laboratoire
II-1-2 Matériel Animal
II-2 Méthodes
II-2-1 Isolement des souches
II-2-2 Tests des souches
II-2-3 Production en masse de la souche la plus virulente
II-2-4 Détermination de la teneur en spores des produits (poudre, grains et spores sèches)
II-2-5 Recherche des Doses Létales 100 (DL100) et Temps Létaux 100 (TL100))
II-2-6 Etude de la germination et réisolement du champignon sur les larves de moustiques
a- Germination du champignon sur les larves
b- Réisolement du champignon sur les larves mortes et les adultes issus des larves traitées
II-2-7 Etude histopathologique
II-2-8 Essai d’identification des 4 souches
III- RÉSULTATS
III- 1 Isolement des champignons
III-2 Résultats statistiques
III-2-1 Tests des souches sur les larves en 24h
III-2-2 Evolution des facteurs externes lors de la recherche des DL100
III-2-3 Recherche des Doses Létales 100 (DL100) contre les larves de moustiques
a- Contre les larves de Culex quinquefasciatus
b- Contre les larves d’ Aedes aegypti
III-3 Résultats sur les observations directes et histopathologiques des larves
III-3-1 Observations directes
A- Etude de la germination et réisolement du champignon
a- Germination
b- Réisolement
b1- Sur les larves traitées (fig. 22)
b2- Sur les adultes issus des larves traitées (fig. 23)
III-3-2 Résultats histopathologiques
a- Partie antérieure du tube digestif (Cæca gastriques) des larves tr . aitées et non traitées
b- Partie abdominale (intestin moyen) des larves traitées et non traitées
III-4 Essai d’identification des champignons
IV- DISCUSSION
V- CONCLUSION
TROISIÈME PARTIE : Recherche des Doses Létales 100(DL100) de deux produits chimiques de synthèse (Deltaméthrine et Fénitrothion) contre les larves de moustiques (exemple Culex quinquefasciatus (Say, 1823))
I- INTRODUCTION
II- Matériel et méthodes
II-1 Matériel
II-1-1 Produits chimiques
II-1-2 Matériel animal
II-2 Méthodes
III- RÉSULTATS
IV – DISCUSSION
V- CONCLUSION
CONCLUSION GÉNÉRALE

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