Bilan général sur la baisse de l‟intensité et le report du calendrier de la primo-nuptialité

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Les possibles échecs de la théorie du choix rationnel

Utile, la théorie du choix rationnel n‟en est pas pour autant infaillible : elle peut échouer Ŕ et si les modèles qu‟on en tire ne pouvaient pas échouer ils ne présenteraient aucun intérêt scientifique. Mais plus précisément la théorie peut échouer à prédire une donnée d‟observation en deux sens distincts (Elster 1986). La théorie peut tout d‟abord échouer formellement (par indétermination), c‟est-à-dire qu‟elle peut échouer à produire une prédiction déterminée quant au phénomène qui serait observé si les individus se comportaient de façon rationnelle. Dans ces cas, la théorie ne permet pas d‟indiquer lequel de deux mécanismes d‟effets contraires sera enclenché ou lequel des deux aura l‟effet le plus prononcé, si bien que même si l‟observation n‟est pas incompatible avec la théorie elle n‟est pas non plus la seule observation qui soit compatible avec elle.
La théorie peut aussi échouer empiriquement (par inadéquation), c‟est-à-dire qu‟elle peut échouer dans la mesure où sa prédiction quant au phénomène qui serait observé si les individus se comportaient de façon rationnelle est invalidée empiriquement, si bien que l‟observation est incompatible avec la théorie. De fait, la littérature scientifique sur les motifs d‟action irrationnelle a découvert un nombre non négligeable de motifs irrationnels d‟action, qui sont des erreurs de jugement ou des dysfonctionnements systématiques qui peuvent porter sur la formation des croyances ou la collecte d‟information, et qui peuvent être liés aux intentions ou émotions des acteurs (biais cognitifs « chauds ») ou non (biais cognitifs « froids »).26
Alors, dans quelle mesure la théorie du choix rationnel permet-elle de mieux comprendre Ŕ ou échoue-t-elle à éclairer Ŕ les comportements de formation et de dissolution des couples ? C‟est là la question empirique que nous abordons dans les deuxième et troisième parties de cette thèse. Avant d‟y répondre, il nous faut préciser quels sont les principaux modèles et mécanismes explicatifs que la théorie du choix rationnel propose pour expliquer les comportements sociodémographiques.

Les gains de l’union issus de la consommation commune de biens non rivaux

La mise en couple peut permettre d‟accroître le niveau de satisfaction des deux conjoints parce qu‟en leur permettant de consommer ensemble les mêmes biens non rivaux, elle leur permet de s‟épargner certaines dépenses et donc de consommer plus de biens en couple qu‟ils ne pourraient le faire séparément.
Lorsqu‟un couple achète un bien dont la consommation est non rivale Ŕ c‟est-à-dire, un bien qui peut être consommé par un conjoint sans que cela n‟altère la capacité de l‟autre à le consommer Ŕ, les conjoints sont dispensés d‟effectuer deux fois la même dépense. En emménageant dans le même logement, les conjoints peuvent effectivement partager les coûts du loyer, de l‟éclairage et du chauffage (ou de la climatisation), ainsi que les coûts d‟achat et d‟entretien du mobilier, des appareils électroménagers, de la télévision ou encore de la décoration du logement. L‟emménagement réduit ainsi le coût de toutes ces dépenses par membre du couple sans pour autant réduire leurs niveaux de consommation correspondants, ce qui leur permet, par rapport à la situation dans laquelle ils étaient hors couple, de consacrer l‟argent épargné à des consommations supplémentaires. Par exemple, dans la France des années 1990, pour atteindre le même niveau de vie qu‟un célibataire un couple n‟avait pas besoin de 2 fois son revenu, mais seulement d‟1,5 fois son revenu ; et à même niveau de vie, pour occuper et chauffer son logement, un couple ne dépensait pas 2 fois, mais seulement 1,3 fois plus qu‟un individu seul (Olier 1998).34 Les biens non rivaux que les conjoints peuvent consommer ensemble comprennent aussi Ŕ nous le verrons Ŕ toutes les satisfactions que les conjoints retirent de leurs échanges (conversations communes, sentiments mutuels, relations sexuelles, etc.) et toutes les satisfactions, altruistes ou non, que les parents retirent de leurs enfants, puisque le fait qu‟un parent se réjouisse d‟une caractéristique de son enfant ou bien de son bonheur n‟empêche pas Ŕ bien au contraire Ŕ que l‟autre de ses parents s‟en réjouisse aussi. Ce caractère non rival des satisfactions que les parents retirent de leurs enfants a pour conséquence qu‟élever ses enfants à deux est plus efficient que de les élever seul(e), puisque chaque dépense effectuée par l‟un des parents en direction de l‟enfant (que ce soit en argent, en temps ou en énergie) procure indirectement du bonheur non seulement au parent qui a effectué cette dépense mais aussi à son conjoint.
Les biens non rivaux que les conjoints peuvent partager pour en retirer des gains sont non seulement des biens de consommation Ŕ du type, matériel ou non, de ceux que nous venons de mentionner Ŕ, mais aussi des facteurs de production. Par exemple en France, dans les générations nées de 1911 à 1935, le fait d‟être la fille aînée d‟un exploitant agricole dont la descendance est faible accroît la probabilité de mariage, car ces femmes ont fortement intérêt à se marier et plus précisément à se marier avec un exploitant dont le père est lui aussi exploitant, ce qui « permet à plus ou moins longue échéance la réunion des terres des deux conjoints » (Courgeau, Lelièvre 1986). Parmi les facteurs de production que les conjoints peuvent partager, on compte aussi l‟information. Ainsi, chacun peut fournir à son conjoint des informations ou des conseils susceptibles d‟accroître sa productivité marchande ou domestique, ce qui permet aux membres du couple d‟être plus productifs (aussi bien dans la sphère marchande que dans la sphère domestique) et donc de consommer plus de biens qu‟ils n‟auraient pu le faire s‟ils n‟étaient pas en couple. Notamment, le fait que les épouses donnent à leurs maris des informations ou les introduisent dans des réseaux sociaux est susceptible d‟accroître leur productivité marchande. Par exemple, dans les années 1960 et 1970, une hausse du niveau de diplôme de la femme va de pair aux États-Unis avec une hausse du salaire horaire de son conjoint (Benham 1974) et en France avec une hausse de sa probabilité de devenir cadre (Singly 1982). De façon plus minutieuse, on a montré qu‟en France dans les générations masculines 1918 à 1935, « quand l‟analyse statistique contrôle les effets qu‟exercent, sur la carrière masculine, le métier du père, la formation initiale et le statut du premier emploi, il subsiste une association positive Ŕ d‟ampleur assez modeste, mais significative Ŕ entre le diplôme de l‟épouse et la destinée sociale du mari à l‟âge de 35-52 ans. Les chances que l‟homme accède à une position supérieure dans la structure sociale augmentent, à mesure que s‟élève le diplôme de l‟épouse. Le capital scolaire de la femme semble donc favoriser l‟ascension professionnelle du mari » (Vallet 1995). Ces effets ne sont d‟ailleurs pas à sens unique, puisque « toutes choses égales par ailleurs » le niveau de diplôme de chacun des membres du couple accroît le revenu de son époux au Brésil en 1989 (Tiefenthaler 1997) ainsi qu‟en Grande-Bretagne de 1991 à 1999 (Brynin, Francesconi 2004) ; de même, aux Pays-Bas des générations 1915 à 1975, non seulement le niveau de diplôme de l‟épouse accroît le rythme de progression de la carrière de son mari et réduit la probabilité qu‟il interrompe son activité professionnelle, mais en outre Ŕ et c‟est là l‟effet le plus puissant Ŕ le niveau de diplôme du mari accroît la probabilité qu‟après une interruption d‟activité son épouse reprenne une activité professionnelle, et particulièrement une activité professionnelle plus valorisée (Bernasco et al. 1998).
Notons toutefois que, pour que des individus gagnent à consommer ensemble des biens non rivaux, il faut qu‟ils valorisent tous deux ces biens. Si à l‟inverse l‟un des conjoints percevait ces « biens » comme des nuisances, le fait que son conjoint les achète ou lui fournisse ne ferait que réduire son niveau de satisfaction. Il s‟ensuit que, pour profiter à plein des gains de la consommation commune de biens non rivaux, les conjoints doivent posséder des désirs semblables en matière de consommation, ce qui donne aux individus une incitation à se mettre en couple avec un conjoint aux goûts proches des leurs. On dispose là d‟une explication relativement générale à la tendance qu‟ont les individus à s‟apparier positivement selon leurs goûts en matière de centres d‟intérêt, de loisirs préférés, d‟opinions politiques ou religieuses, de type d‟éducation que l‟on désire transmettre, etc.

Les gains de l’union issus de la division sexuelle du travail entre conjoints

La mise en couple peut aussi permettre d‟accroître le niveau de satisfaction des deux conjoints parce qu‟en leur permettant de répartir leurs temps de travail productif respectifs de façon plus efficiente, elle leur permet de produire Ŕ et donc de consommer Ŕ plus de biens et services en couple qu‟ils ne pourraient le faire séparément. La division du travail peut effectivement permettre à un ménage de deux personnes d‟être plus productif que deux ménages d‟une personne chacun, et ce pour les deux mêmes raisons qui permettent à une entreprise comprenant deux travailleurs d‟être plus productive que deux entreprises d‟un travailleur chacune : l‟exploitation des avantages comparatifs, et l‟exploitation des rendements croissants.

La spécialisation selon les avantages comparatifs dans les productions marchande et domestique

En premier lieu, la mise en couple permet à chaque conjoint de se spécialiser dans une activité productive pour laquelle il dispose, à la date de la mise en couple, d‟un avantage comparatif, ce qui permet au couple de produire plus de biens et services que ses membres ne pourraient le faire s‟ils étaient restés (ou retournaient) hors couple.
Au sein d‟un couple, on dit qu‟un individu Ŕ l‟homme, ou la femme Ŕ détient sur son conjoint un avantage comparatif dans une activité productive Ŕ la production marchande, ou la production domestique35 Ŕ s‟il peut exercer cette activité-là à un coût d’opportunité (c‟est-à-dire, avec un « manque à gagner ») inférieur à celui de son conjoint. En d‟autres termes, un individu détient sur son conjoint un avantage comparatif dans une activité productive si, pour réaliser un volume de production donné dans cette sphère, il doit Ŕ en renonçant à passer du temps à exercer l‟autre activité Ŕ renoncer à un volume de production moindre que celui auquel doit renoncer son conjoint.36 Détaillons ici ce modèle, qui est à la fois important et trop souvent incompris (car il est confondu avec celui, plus intuitif, des avantages absolus).
Imaginons, d‟un côté, qu‟une femme mette autant de temps à produire une unité de production domestique (disons, un repas de quantité et qualité données) qu‟elle en met, sur le marché du travail, à gagner 80 euros de salaire ; préparer un repas lui « coûte » donc, en termes de production marchande non effectuée, 80 euros. Imaginons d‟autre part qu‟un homme mette autant de temps à préparer ce même repas qu‟à produire 100 euros de salaire ; préparer ce repas lui « coûte » donc, en termes de salaires non perçus, 100 euros. Si l‟on compare ces coûts d‟opportunité respectifs de préparation d‟un repas, il apparaît que la préparation d‟un repas « coûte » plus cher à l‟homme qu‟à la femme ; en d‟autres termes, la femme détient sur l‟homme un avantage comparatif dans la production domestique et, corrélativement, l‟homme détient sur elle un avantage comparatif dans la production marchande. Le modèle de l‟avantage comparatif démontre alors que, par rapport à deux célibataires effectuant chacun de leur côté leur propre production marchande et domestique, un couple peut toujours accroître (ou maximiser) son volume de production global pourvu que chacun des conjoints se spécialise relativement (ou complètement) dans la sphère d‟activité dans laquelle il détient un avantage comparatif. Dans la situation fictive susmentionnée, l‟homme pourrait rationnellement tenir à la femme le discours (tout aussi fictif) suivant : « ton coût d‟opportunité de la préparation des repas Ŕ et, plus largement, de la production domestique Ŕ étant supérieur au mien, je te propose que nous nous mettions en couple afin d‟exploiter nos avantages comparatifs. En plus de tes propres repas, tu prépareras désormais les miens, ce qui, de mon côté, me libérera du temps pour travailler plus longtemps sur le marché. Et comme chaque repas que tu prépareras pour moi te fera perdre 80 euros de salaire mais me permettra d‟en gagner 100 supplémentaires, nous pourrons, après que je t‟ai intégralement compensé ta perte de salaire de 80 euros, nous partager les 20 euros restant. Chacun d‟entre nous disposera ainsi, au final, du même volume de production domestique que lorsque nous étions hors couple (un repas), mais aussi d‟un volume accru de revenu, que nous pourrons consacrer à nos consommations préférées. » La mise en couple, en permettant aux conjoints de se spécialiser dans la sphère productive dans laquelle ils détiennent un avantage comparatif, leur permet donc d‟accroître leurs niveaux de production et de consommation par rapport à la situation dans laquelle ils étaient hors couple.
Mais à quelles conditions chaque conjoint peut-il disposer d‟un avantage comparatif ? Plus précisément Ŕ et en poursuivant notre exemple, qui nous resservira par la suite Ŕ, dans quelles situations l‟homme disposerait-il d‟un avantage comparatif dans la production marchande, et la femme dans la production domestique ? Il en existe exactement cinq :
i. tout d‟abord, si l‟homme est plus productif que la femme dans la sphère marchande, et que la femme est plus productive que lui dans la sphère domestique (il d‟agit là de la situation dans laquelle les gains de l‟union sont les plus forts Ŕ d‟autant plus forts que les écarts de productivité sont plus grands) .
ii. ensuite, si les conjoints sont également productifs dans la sphère domestique mais que l‟homme est plus productif que la femme dans la sphère marchande .
iii. ensuite, si les conjoints sont également productifs dans la sphère marchande mais que la femme est plus productive que l‟homme dans la sphère domestique .
iv. mais encore, si l‟homme est plus productif que la femme dans les deux sphères, mais que sa supériorité est plus marquée dans la sphère marchande .
v. et enfin, si la femme est plus productive que l‟homme dans les deux sphères, mais que sa supériorité est moins marquée dans la sphère marchande.

Les gains de l’union issus de l’extension de l’éventail des biens consommables

La mise en couple peut permettre d‟accroître le niveau de satisfaction des deux conjoints en leur permettant de consommer des biens que seul le couple peut procurer. Vivre en couple procure ainsi divers types de biens qui ne sont pas disponibles sur le marché ni fournis par l‟État : des gratifications affectives Ŕ de la compagnie, de la tendresse et de l‟amour (sur ce point, cf. l‟encadré 2) Ŕ, des gratifications sexuelles, et le fait d‟élever ses propres enfants (en compagnie de leur autre parent).
On comprend aisément que les gratifications affectives ne soient fournies que par la vie en couple, et que cette exclusivité constitue une incitation forte à vivre en couple. À ce propos, certains auteurs ont proposé la prédiction suivante : comme l‟entrée sur le marché du travail réduit la fréquence des contacts avec la famille et les amis, elle pourrait accroître la valeur d‟autres contacts Ŕ notamment conjugaux Ŕ, ce qui pourrait inciter à se mettre en couple (Liefbroer, De Jong Gierveld 1993) ; à notre connaissance, cette prédiction reste à tester. Mais pour ce qui concerne les gratifications sexuelles, ne pourraient-elles pas être fournies par le marché, c‟est-à-dire la prostitution ? En un sens restrictif, si, mais concernant l‟activité sexuelle le couple dispose de plusieurs avantages par rapport au marché. Le couple fournit effectivement des relations sexuelles à coût moindre et donc à fréquence supérieure, comme en témoigne le fait qu‟aux États-Unis les époux ont une activité sexuelle plus fréquente que les célibataires (Waite 1995) ; et comme un individu a plus intérêt à investir dans l‟acquisition de compétences qui sont gratifiantes pour son partenaire s‟il sait Ŕ parce qu‟il est en couple Ŕ que ces compétences seront réutilisables lors de leurs relations sexuelles futures, les individus en couple pourraient se procurer des relations sexuelles plus gratifiantes, comme en témoigne peut-être le fait qu‟aux États-Unis encore le degré de plaisir sexuel que déclarent éprouver les hommes mariés est supérieur à celui des hommes non mariés (Waite 1995) ; de tels résultats semblent d‟ailleurs conformes à l‟opinion commune, puisque selon l‟enquête menée en 2005 par l‟IFOP pour le site de rencontres « Parship » auprès des internautes célibataires et adultes, 32 % des répondants ne pensaient pas que les célibataires ont une vie sexuelle plus épanouie que les couples, contre 10 % qui le croyaient (et 58 % qui ne savaient pas). Le couple fournit aussi des relations sexuelles plus sûres, puisque deux conjoints fidèles ont moins de risques de contracter une maladie sexuellement transmissible (M.S.T.) qu‟un individu qui a des relations avec une prostituée qui elle-même a des partenaires nombreux ; en France de 1942 à 2008, le caractère obligatoire du certificat médical prénuptial permettait ainsi aux époux Ŕ de pair avec l‟obligation de fidélité Ŕ de s‟assurer, chacun de leur côté, qu‟ils ne transmettraient pas de maladie à leur conjoint. Comme les relations sexuelles hors couple comportent des coûts d‟ampleur non négligeable Ŕ surtout pour les femmes, qui non seulement risquent plus que les hommes de contracter des M.S.T.45 mais surtout risquent de donner naissance à un enfant dont le géniteur refuse de reconnaître ou d‟assumer la paternité Ŕ, les relations sexuelles hors couple sont relativement rares dans la plupart des sociétés humaines, faute d‟offre féminine. Dans ces sociétés, les hommes qui cherchent à entretenir des relations sexuelles n‟ont pas d‟autre choix que de se mettre en couple.
Ce modèle de la mise en couple permet de formuler une prédiction importante : une baisse des coûts Ŕ surtout féminins Ŕ des relations sexuelles hors couple, en accroissant l‟offre féminine de relations sexuelles hors couple, devrait réduire la propension des hommes à vivre en couple. Or, plusieurs technologies qui ont réduit les coûts des relations sexuelles hors couple sont apparues au fil du temps : non seulement des vaccins ou des méthodes de protection fiables comme le préservatif masculin ont permis de réduire le risque de contracter une M.S.T. suite à des rapports sexuels (et diverses avancées médicales comme la pénicilline ont réduit la mortalité des malades), mais surtout des dispositifs contraceptifs fiables comme la pilule et le stérilet puis la légalisation de l‟interruption volontaire de grossesse ont très sensiblement réduit pour les femmes le risque de concevoir et de mettre à terme un enfant non désiré ou non assumé par son géniteur (Murphy 2001 ; Michael 2003). Le coût des relations sexuelles hors couple ayant baissé au fil du temps, de telles relations devraient être devenues plus fréquentes Ŕ comme en témoigne entre autres l‟abaissement de l‟âge au premier rapport sexuel (Bozon 1993, Bozon, Kontula 1997, Bozon 2000, Bozon 2003a) Ŕ, mais surtout, ce qui importe plus pour notre objet, le fait que les relations sexuelles hors couple soient devenues moins coûteuses et donc plus fréquentes a réduit le gain qu‟il y a à être en couple plutôt qu‟hors couple.46 Pour le dire vite, nous avons là l‟ébauche d‟une explication de la désaffection pour le couple par la mise à disposition de la pilule contraceptive ; nous reviendrons plus longuement sur cette explication Ŕ et nous testerons sa validité empirique Ŕ dans la deuxième partie de cette thèse.

Les gains de l’union et le calendrier de la mise en couple

Les modèles et mécanismes que nous venons de présenter, en expliquant pourquoi les individus se mettent en couple plutôt que de rester hors couple par le fait que les conjoints peuvent obtenir des gains de la mise en couple, permettent aussi en partie d‟expliquer pourquoi les individus se mettent en couple à tel âge plutôt qu‟à tel autre Ŕ ce que les démographes appellent le « calendrier » de la mise en couple. En effet, plus un individu retirerait des gains élevés de la mise en couple, plus repousser sa mise en couple lui coûte Ŕ puisque repousser sa mise en couple d‟une année implique de sa part de renoncer pendant une année supplémentaire à tous les gains que la mise en couple lui aurait procurés Ŕ, si bien que les individus devraient se mettre en couple d‟autant plus précocement que leurs gains de la mise en couple seraient plus élevés. Ainsi, les individus les plus désirables, qui Ŕ pouvant choisir un conjoint hautement désirable Ŕ disposent de gains à la mise en couple particulièrement élevés, devraient non seulement se mettre en couple relativement souvent, mais aussi Ŕ pour profiter de tels gains plus longtemps Ŕ relativement précocement ; c‟est pourquoi, vraisemblablement, les hommes de plus grande taille Ŕ que les femmes préfèrent aux hommes de plus petite taille Ŕ se mettent en couple non seulement plus souvent que la moyenne, mais aussi plus tôt (Herpin 2003). Cela dit, l‟ajournement de la mise en couple ne comportant pas seulement des coûts, mais aussi des bénéfices, les modèles que propose la théorie du choix rationnel pour expliquer le calendrier de la mise en couple Ŕ appelés modèles de prospection Ŕ sont suffisamment complexes pour qu‟il soit nécessaire de les aborder plus précisément.
Comme on peut l‟imaginer, les modèles de prospection conceptualisent le calendrier de la mise en couple comme la solution d‟un problème d‟optimisation intertemporelle : un individu rationnel choisit de se mettre en couple à telle période de son cycle de vie, plutôt qu‟à n‟importe quelle autre période, s‟il s‟attend à ce que cela lui procure un niveau de satisfaction maximal. Comme sur le marché matrimonial les individus disposent d‟une information largement incomplète quant au volume de gains de la mise en couple qu‟ils pourraient retirer de l‟appariement avec chacun de leurs conjoints potentiels, les candidats à la mise en couple ont intérêt à passer du temps (et à dépenser d‟autres ressources comme de l‟argent et de l‟énergie) pour localiser le conjoint disponible avec lequel, une fois mis en couple, ils retireraient les gains de l‟union les plus élevés (le « meilleur parti »). En d‟autres termes, chaque candidat à la mise en couple est confronté, dans le choix du calendrier de sa mise en couple, à un arbitrage entre les gains qu‟il espère retirer d‟une durée de prospection supplémentaire Ŕ sous forme de découverte d‟un conjoint disponible qui soit préférable à ceux qu‟il a déjà rencontrés Ŕ et ce que lui coûte cette prospection (search costs) sous forme de perte de temps et d‟autres ressources. Dans une telle situation, chacun devrait continuer de prospecter tant que « cela vaut le coût d‟attendre ». Mais précisément, quels sont les coûts et les bénéfices de la prospection ?
Ce qu‟un individu gagne à prospecter, c‟est la rencontre d‟un conjoint disponible qui est préférable à ceux qu‟il a déjà rencontrés, ce qui peut arriver soit par simple « coup de chance », soit parce que l‟individu a mis à profit son temps de prospection pour se rendre plus désirable aux yeux des membres du sexe opposé, ce qui lui permet désormais de se mettre en couple avec des conjoints plus désirables que ceux qui, jusqu‟alors, acceptaient de se mettre en couple avec lui. Tout d‟abord, dans la mesure où des « coups de chance » arrivent sur le marché matrimonial, les individus devraient prospecter pendant d‟autant plus longtemps que les caractéristiques désirables des conjoints potentiels sont plus dispersées (à même moyenne) ; en effet, la probabilité de rencontrer une « perle rare » (c‟est-à-dire un conjoint potentiel largement préférable à ceux déjà rencontrés) est plus élevée si les conjoints potentiels présentent des caractéristiques inégales ou différentes les uns des autres, plutôt que des caractéristiques similaires. Ainsi, entre sociétés et au fil du temps, les individus devraient prospecter pendant d‟autant plus longtemps et donc se mettre en couple d‟autant plus tardivement que leurs conjoints potentiels sont plus différents les uns des autres, comme c‟est peut-être le cas dans les sociétés modernes (dans lesquelles la division du travail a diversifié les types et les niveaux de qualification professionnelle) par rapport aux sociétés traditionnelles. Par exemple, dans les grandes villes américaines des années 1970 et 1980, les hausses des inégalités de revenus masculins semblent bien accroître l‟âge des femmes au mariage, sans doute parce que plus les hommes disposent de revenus inégaux entre eux plus cela vaut le coût, pour une femme, de prospecter plus longtemps en vue de pouvoir se mettre en couple avec un époux plus riche que les hommes qu‟elle a rencontrés préalablement (Gould, Paserman 2003).
Ensuite, dans la mesure où c‟est la perspective de se valoriser aux yeux des membres du sexe opposé qui motive la prospection préalable à la mise en couple, les individus devraient prospecter pendant d‟autant plus longtemps que les caractéristiques valorisantes aux yeux des membres du sexe opposé (détention d‟une dot ou d‟un douaire, d‟un pécule, d‟un diplôme, etc.) sont plus longues à acquérir ou à révéler. Ainsi, entre sociétés comme au sein des sociétés et au fil du temps, les individus devraient prospecter pendant d‟autant plus longtemps et donc se mettre en couple d‟autant plus tardivement qu‟ils ont plus intérêt à accumuler un capital avant de se mettre en couple (parce que cela leur est nécessaire pour emménager dans un nouveau foyer) ou qu‟ils ont plus intérêt à prolonger leurs études avant de se mettre en couple (parce que cela leur permet d‟accroître leur désirabilité en accroissant leur niveau de revenus et la qualité de leurs discussions), ou encore qu‟ils font face à une relative pénurie de membres du sexe opposé (parce que dans ce cas seule une amélioration de leur désirabilité leur permettra de trouver un conjoint). Les individus attendraient ainsi de s‟être valorisés aux yeux des membres du sexe opposé afin de pouvoir se mettre en couple avec des conjoints préférables à ceux qu‟ils auraient pu obtenir en l‟absence de tels capitaux ou de tels diplômes. Par exemple, concernant respectivement la France et l‟Angleterre, des historiens de la famille d‟Ancien Régime remarquent : « Dans les régions où l‟on ne pratiquait pas « le mariage chez les parents », les garçons attendaient, pour se marier, d‟être en mesure de fonder l‟entreprise agricole, artisanale ou commerciale qui ferait vivre leur femme et leurs enfants. Cela pouvait les contraindre au célibat définitif Ŕ comme c‟était fréquemment le cas des cadets de la France méridionale Ŕ ou jusqu‟à un âge avancé. Quant aux filles elles ne trouvaient un mari qu‟à condition de lui apporter en dot une part de ce nécessaire capital de départ : celles que leurs parents ne pouvaient doter étaient contraintes de servir de longues années avant de songer à s‟établir. Déjà à la fin du XVᵉ siècle Ŕ dans une conjoncture démographique déprimée où le travail était donc bien rémunéré Ŕ l‟âge moyen au premier mariage était de vingt-cinq ans pour les garçons et de vingt-et-un ou vingt-deux pour les filles soit, pour les uns comme pour les autres, une dizaine d‟années de plus que l‟âge minimum légal » (Flandrin 1976).
« En Angleterre, où le phénomène du life-cycle servant [le placement des adolescents comme domestiques dans un ménage autre que celui de leurs parents] est général, le calendrier des mariages et celui de la formation des ménages se règlent sur le marché de l‟emploi. Quand le salaire réel augmente, l’épargne des jeunes domestiques s’accélère et leur permet de se marier plus tôt.49 L‟augmentation de la nuptialité provoque en retour à la génération suivante un afflux de main-d‟oeuvre qui fait baisser les salaires. Le mouvement de la nuptialité et celui des salaires se répondent avec un décalage de trente ans » (Burguière 1986)

Les gains du mariage issus de l’investissement dans les compétences spécifiques à l’union

Le mariage peut permettre d‟accroître le niveau de satisfaction des deux conjoints parce qu‟en réduisant leurs réticences à investir dans des compétences spécifiques à l’union il leur permet de profiter des gains que leur procurent ces investissements, qu‟ils n‟auraient pas entrepris s‟ils étaient restés cohabitants. En effet, au sein d‟un couple chacun peut investir dans l‟acquisition de compétences « spécifiques à l‟union », c‟est-à-dire des compétences qui seraient à long terme rentables pour celui qui les a acquises si le couple perdurait, mais qui ne seraient plus rentables si le couple venait à se dissoudre. Le mariage, en garantissant que les investissements dans de telles compétences ne seront pas effectués à perte, permet aux conjoints de réduire leurs réticences à investir dans de telles compétences, ce qui leur permet de profiter des gains issus de tels investissements.
Par exemple, un individu peut investir de ses propres ressources (temps, argent et/ou énergie) pour apprendre à cuisiner le plat préféré de son conjoint, mais comme un tel investissement exige Ŕ comme tout investissement Ŕ de dépenser des ressources immédiatement pour n‟en retirer les bénéfices que dans l‟avenir, seuls les individus qui savent que leur couple perdurera n‟hésitent pas à réaliser de tels investissements. Ainsi, en garantissant que le couple perdurera, le mariage réduit les réticences à effectuer certains investissements et permet de profiter des gains (en l‟occurrence, des gains altruistes) qui en proviennent. Si, comme on l‟a vu à propos des États-Unis, le degré de plaisir sexuel que les hommes mariés déclarent éprouver est supérieur à celui des hommes non mariés, ce peut être en raison du fait que le mariage incite à investir dans des compétences qui procurent du plaisir spécifiquement au conjoint ; et si parallèlement le degré de satisfaction émotionnelle que les individus mariés déclarent retirer de leur vie sexuelle dépasse celui des individus non mariés, ce peut être en raison du fait que le mariage incite à investir émotionnellement dans le couple (Waite 1995). Plus généralement, la garantie de stabilité associée au mariage incite les époux à accommoder leurs goûts et à faire les efforts nécessaires pour tolérer leurs « défauts » respectifs, pour parvenir à un « ajustement stable des besoins affectifs et des traits de caractère » (Roussel 1975), ainsi qu‟à ne pas user de stratégies extrêmes pour parvenir à leurs fins Ŕ ce que le jargon de la théorie du choix rationnel désigne sous le nom de réduction des « coûts de transaction » ou plus particulièrement des coûts de négociation au sein du couple. Cette accumulation d‟investissements spécifiques à l‟union pourrait permettre d‟accroître le degré de satisfaction des époux par rapport aux cohabitants.61
L‟investissement dans une compétence spécifique à l‟union qui conduit le plus fortement à préférer le mariage à la cohabitation reste, toutefois, l‟investissement qui consiste à renoncer au moins partiellement à sa propre carrière professionnelle pour s‟investir dans la production domestique (entretien du foyer, éducation des enfants, etc.) et/ou dans la carrière professionnelle de son conjoint (principalement en lui libérant du temps, mais parfois aussi en l‟aidant directement). On comprend aisément qu‟en l‟absence de la garantie de stabilité du couple qui est associée au mariage les femmes refusent de se spécialiser dans la production domestique, puisque cela reviendrait à sacrifier leur propre carrière au profit d‟un individu Ŕ fût-il leur conjoint Ŕ qui pourrait à tout moment, et à moindres frais, revenir sur sa promesse de leur faire partager les fruits de son activité professionnelle. A contrario, le mariage, en permettant de lever les réticences à la spécialisation dans la sphère domestique, permet aux couples de profiter de tous les gains qui sont issus de la division du travail. Il s‟agit là d‟un point important : une raison de se marier consiste pour l‟homme Ŕ dans la situation classique Ŕ à garantir à son épouse qu‟il ne la quittera pas après qu‟elle se soit spécialisée dans la sphère domestique (et qu‟elle soit donc devenue relativement peu productive dans la sphère marchande), et ce afin d‟inciter son épouse à se spécialiser dans la sphère domestique pour que tous deux profitent à plein des gains de la division du travail.62 En d‟autres termes, par le mariage, l‟homme s‟interdit d‟agir de façon opportuniste (il se « lie les mains ») afin de profiter, avec son épouse, des gains de la division du travail.

Les gains du mariage issus de l’investissement dans les enfants

Le mariage peut permettre d‟accroître le niveau de satisfaction des deux conjoints parce qu‟en réduisant leurs réticences à investir dans leurs enfants Ŕ c‟est-à-dire, à concevoir puis à élever leurs enfants Ŕ il leur permet de profiter des gains que leur procurent leurs enfants. En d‟autres termes, en garantissant aux conjoints qu‟aucun d‟entre eux ne sera victime du comportement opportuniste de l‟autre, le mariage permet de réduire les éventuelles réticences des conjoints à investir dans leurs enfants, ce qui leur permet de profiter des gains issus de tels investissements. En l‟absence de mariage, une femme qui souhaiterait avoir des enfants pour les amener jusqu‟à l‟âge adulte se trouverait confrontée à un problème des plus graves : le risque que l‟homme avec lequel elle aura ces enfants ne les reconnaisse pas, ou refuse de contribuer à les élever, ou tout simplement l‟abandonne. En effet, c‟est une tentation compréhensible pour un homme que d‟obtenir la satisfaction d‟avoir des enfants (et de les savoir élevés par leur mère) sans avoir à en supporter le coût d‟élevage. Le contrat de mariage, en garantissant non seulement que les époux s‟entraident, mais aussi qu‟ils contribuent tous deux à l‟entretien et à l‟éducation des enfants, et ce sur long terme Ŕ terme requis par la durée nécessaire à l‟élevage d‟un être humain autosuffisant Ŕ, permet donc d‟apaiser les craintes de la conjointe quant à l‟éventualité que son conjoint adopte un comportement de « passager clandestin » (free rider) aux conséquences désastreuses sur son bien-être et celui de ses enfants. Il s‟agit là, sans aucun doute, de l‟explication la plus fondamentale à l‟universalité de l‟institution du mariage dans l‟espèce humaine : à problème universel, réponse universelle ; c‟est d‟ailleurs ce dont semble témoigner l‟étymologie du terme « mariage », qui provient du latin matrimonium, qui désigne la fonction (monium) de mère (matri). Pour autant, les hommes aussi n‟auraient-ils pas un gain au mariage, susceptible de leur donner de bonnes raisons de se marier plutôt que de cohabiter ? Tout d‟abord, s‟il existe chez les femmes un consensus selon lequel Ŕ pour la raison susmentionnée Ŕ il n‟est pas question d‟entretenir des relations sexuelles ou de faire un enfant avec un homme qui n‟est pas prêt à s‟engager par le mariage, les hommes sont bien obligés de se marier s‟ils désirent avoir des relations sexuelles ou des enfants.64 (De ce point de vue, comme nous le verrons en détail dans la deuxième partie de cette thèse, la diffusion de la pilule contraceptive, en réduisant pour les femmes le coût des relations sexuelles hors mariage, devrait avoir accru la fréquence de telles relations et par conséquent avoir désincité les hommes à se marier.) Mais surtout, par le mariage, les hommes gagnent eux aussi une garantie contre l‟éventuel comportement opportuniste de leur conjointe, à savoir le risque d‟élever un enfant qui n‟est pas le leur. En effet, le contrat de mariage, en garantissant que les époux soient fidèles l‟un envers l‟autre et en accordant au mari une présomption de paternité des enfants de son épouse, permet d‟apaiser les craintes du conjoint quant à l‟éventualité de n‟être pas le père des enfants qu‟il contribue à élever matériellement et affectivement.65 D‟un point de vue juridique, le mariage implique toujours la présomption de paternité, ce qui notamment dispense le mari d‟avoir à faire des démarches pour reconnaître les enfants que son épouse met au monde (Nizard 1977 ; Prioux 1994) ; en France, la présomption de paternité impliquait aussi, jusqu‟en 2005, le caractère obligatoire de la transmission du patronyme du mari à l‟enfant (depuis lors, le patronyme du mari n‟est transmis à l‟enfant qu‟en l‟absence de déclaration explicite contraire des parents), ainsi que l‟obligation pour les femmes veuves ou divorcées d‟attendre un délai de viduité de trois cents jours avant de se remarier.

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Table des matières

1. L’analyse des comportements sociodémographiques au prisme de la théorie du choix rationnel
1.1. Qu’est-ce qu’une bonne explication en sciences sociales ?
1.1.1. Une explication par les mécanismes causaux…
1.1.2. … plutôt qu‟une explication normative de l‟action
1.2. Qu’est-ce que la théorie du choix rationnel ?
1.2.1. La structure des explications de la théorie du choix rationnel
1.2.2. Les objections à l‟utilisation de la théorie du choix rationnel
1.2.3. L‟utilité de la théorie du choix rationnel
1.2.4. Les possibles échecs de la théorie du choix rationnel
1.3. L’apport de la théorie du choix rationnel à l’analyse des comportements sociodémographiques
1.3.1. A quoi bon se mettre en couple ? Les gains de la mise en couple
1.3.1.1. Les gains de l‟union issus de la consommation commune de biens non rivaux
1.3.1.2. Les gains de l‟union issus de la division sexuelle du travail entre conjoints
1.3.1.2.1. La spécialisation selon les avantages comparatifs dans les productions marchande et domestique
1.3.1.2.2. Les rendements croissants dans les productions marchande et domestique
1.3.1.3. Les gains de l‟union issus de l‟assurance mutuelle
1.3.1.4. Les gains de l‟union issus de l‟extension de l‟éventail des biens consommables ..
1.3.1.5. Les gains de l‟union et le choix du conjoint
1.3.1.6. Les gains de l‟union et le calendrier de la mise en couple
1.3.2. A quoi bon se marier ? Les gains du mariage
1.3.2.1. Les gains du mariage issus de l‟investissement dans les compétences spécifiques à l‟union
1.3.2.2. Les gains du mariage issus de l‟investissement dans les enfants
1.3.2.3. Les gains du mariage spécifiques aux femmes
1.3.2.4. Les gains de la cohabitation
2. La formation des couples en France dans la seconde moitié du XXᵉ siècle : intensité, calendrier et choix du conjoint
2.1. La baisse de l’intensité et le report du calendrier de la primo-nuptialité : observations sur données agrégées
2.1.1. La baisse de l‟intensité et le report du calendrier de la primo-nuptialité en France
2.1.1.1. Au fil des générations
2.1.1.2. Au fil des périodes
2.1.2. La baisse de l‟intensité et le report du calendrier de la primo-nuptialité dans les autres pays occidentaux
2.1.2.1. Au fil des générations
2.1.2.2. Au fil des périodes
2.1.3. La baisse de l‟intensité et le report du calendrier de la primo-nuptialité : une évaluation empirique de quelques mécanismes explicatifs sur données agrégées
2.1.3.1. Le modèle des gains de l‟union issus de la consommation commune de biens non rivaux
2.1.3.2. Le modèle des gains de l‟union issus de l‟exploitation des avantages comparatifs
2.1.3.3. Le modèle des gains de l‟union issus de l‟exploitation des rendements croissants
2.1.3.4. Le modèle de calendrier de la mise en couple
2.1.3.5. Le modèle de la pilule
2.1.3.6. Bilan des observations sur données agrégées
2.2. La baisse de l’intensité et le report du calendrier de la primo-nuptialité en France depuis la génération 1947 : tests empiriques sur données individuelles
2.2.1. La baisse de l‟intensité et le report du calendrier de la primo-nuptialité, et l‟essor de la cohabitation dans les pays occidentaux : revue de la littérature empirique internationale
2.2.1.1. Le modèle de la hausse de l‟activité professionnelle des femmes .
2.2.1.2. Le modèle de la hausse de la difficulté d‟insertion professionnelle des jeunes
2.2.1.3. Le modèle de la pilule
2.2.2. La baisse de l‟intensité et le report du calendrier de la primo-nuptialité en France depuis la génération 1947 : modèles de régression sur données individuelles françaises
2.2.2.1. Les données de l‟enquête Étude de l’Histoire Familiale 1999
2.2.2.2. Absence définitive de mise en couple et célibat définitif : analyses de régression
2.2.2.3. Âge à la première mise en couple et au premier mariage : analyses de régression
2.2.3. La baisse de la primo-nuptialité et l‟essor de la cohabitation en France depuis la génération 1947 : modèles de durée sur données individuelles françaises
2.2.3.1. Les modèles de durée et les données de l‟enquête Étude de l’Histoire Familiale 1999 telles que mises en forme pour l‟estimation de modèles de durée
2.2.3.2. Mariage direct ou cohabitation lors de la première mise en couple : modèles de durée
2.2.3.3. Mariage lors de la première cohabitation : modèles de durée
2.2.3.4. Mariage direct ou cohabitation lors de la première mise en couple de 1968 à 1978 : modèles de durée
2.2.4. Bilan général sur la baisse de l‟intensité et le report du calendrier de la primo-nuptialité
2.3. L’écart d’âge entre conjoints : observations et tests empiriques sur diverses données
2.3.1. L‟écart d‟âge entre conjoints au profit de l‟homme : un phénomène universel, mais d‟intensité variable
2.3.1.1. L‟écart d‟âge entre conjoints sur données agrégées : ses variations entre sociétés contemporaines, et au fil du temps
2.3.1.2. L‟écart d‟âge entre conjoints sur données individuelles : ses variations selon l‟âge au mariage de chaque conjoint
2.3.1.3. L‟écart d‟âge entre conjoints sur données individuelles : ses variations selon la position sociale du couple
2.3.1.4. Bilan des observations
2.3.2. Un modèle explicatif de l‟écart d‟âge entre conjoints
2.3.3. L‟écart d‟âge entre conjoints en France en 1978-1998 : modèles d‟analyse de variance sur données individuelles françaises
2.3.3.1. Statistiques descriptives
2.3.3.2. Analyse de variance
2.3.4. Bilan général sur l‟écart d‟âge entre conjoints
3. La dissolution des couples en France dans la seconde moitié du XXᵉ siècle : intensité, calendrier et initiative
3.1. La hausse de l’intensité et le maintien du calendrier de la divortialité : observations sur données agrégées
3.1.1. La hausse de l‟intensité et le maintien du calendrier de la divortialité en France ..
3.1.1.1. Au fil des promotions de mariage
3.1.1.2. Au fil des périodes
3.1.2. La hausse de l‟intensité et les évolutions du calendrier de la divortialité dans les autres pays occidentaux
3.1.2.1. Au fil des périodes
3.1.3. La hausse de l‟intensité de la divortialité : les difficultés d‟une évaluation empirique de divers mécanismes explicatifs
3.1.3.1. Le modèle des gains de l‟union issus de la consommation commune de biens non rivaux
3.1.3.2. Le modèle des gains de l‟union issus de l‟exploitation des avantages comparatifs
3.1.3.3. Le modèle des gains de l‟union issus de l‟exploitation des rendements croissants
3.1.3.4. Les mécanismes de hausse auto-entretenue de l‟intensité de la divortialité
3.1.3.5. Bilan des observations sur données agrégées
3.2. Les variations d’intensité de la rupture d’union entre couples en France de 1968 à 1998 : tests empiriques sur données individuelles
3.2.1. Les variations d‟intensité de la rupture d‟union entre couples dans les pays occidentaux : revue de la littérature théorique et empirique internationale
3.2.1.1. Le rôle des caractéristiques individuelles des conjoints et de leurs modalités de vie en couple
3.2.1.2. Le rôle de l‟appariement des conjoints
3.2.1.2.1. L‟appariement des conjoints selon leurs caractéristiques de consommation
3.2.1.2.2. L‟appariement des conjoints selon leurs caractéristiques productives .
3.2.1.2.3. L‟appariement des conjoints résultant de leurs durées de prospection
3.2.1.3. Le rôle des investissements spécifiques à l‟union
3.2.1.4. Le rôle des événements imprévus
3.2.1.5. Le rôle des coûts directs de la rupture
3.2.2. Les variations d‟intensité de la rupture d‟union entre couples en France de 1968 à 1998 : modèles de durée sur données individuelles françaises
3.2.2.1. Les modèles de durée et les données de l‟enquête Étude de l’Histoire Familiale 1999 telles que mises en forme pour l‟estimation de modèles de durée
3.2.2.2. Rupture d‟union lors de la première mise en couple : modèles de durée
3.2.2.3. Divorce lors du premier mariage : modèles de durée
3.2.2.4. Séparation lors de la première cohabitation : modèles de durée
3.2.2.5. Bilan des observations sur données individuelles
3.2.3. Bilan général sur les variations d‟intensité de la rupture d‟union
3.3. L’initiative de la rupture : observations et tests empiriques sur diverses données
3.3.1. La féminité de l‟initiative de la rupture : un phénomène apparemment général ….
3.3.1.1. L‟initiative du divorce sur données agrégées : ses variations au fil du temps et entre sociétés contemporaines
3.3.1.2. L‟initiative du divorce sur données individuelles : ses variations selon plusieurs caractéristiques sociodémographiques
3.3.1.3. Bilan des observations
3.3.2. Un modèle explicatif de la féminité de l‟initiative de la rupture
3.3.3. L‟initiative de la rupture en France en 1970-1982 : modèles de durée et de régression sur données individuelles françaises
3.3.3.1. Statistiques descriptives
3.3.3.2. Modèles de durée et modèles de régression
3.3.4. Bilan général sur l‟initiative de la rupture
Conclusion
Annexe
Bibliographie

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