Le réchauffement climatique en Suisse
En Suisse, on reparle actuellement du dérèglement climatique qui impacte fortement les remontées mécaniques de basse et moyenne altitude. Ce n’est plus un hiver atypique qui inquiète les stations, mais c’est clairement une tendance à plus long terme qui s’installe. A titre d’exemple, la station vaudoise « La Dôle », située à 1200 mètres, a dû licencier son personnel permanent pour la première fois cette année. Au mois de février 2015, ses jours d’activités se sont montrés dix fois inférieurs en comparaison à sa moyenne habituelle (10 jours d’activités cette année contre 90 à 105 habituellement). La faute au réchauffement climatique. La température moyenne en Suisse a augmenté depuis 1900 de 1.5 degrés, ce qui représente environ 30% de neige en moins. Concernant les stations de moyenne altitude, cette augmentation de la température représente une diminution de 30% de l’enneigement en à peine 35 ans. Cela ne signifie pas que ce type de stations doit cesser son activité mais que les bonnes conditions se feront de plus en plus rares. Cependant, à long terme et si la tendance se confirme, l’avenir de ces stations reste bancal (RTS, 2015).Selon l’illustration ci-dessus, les estimations montrent une augmentation moyenne de la température d’ici à 2050 par rapport à 1990 de 1.8 °C en hiver et de 2.7 °C en été pour le flanc nord des Alpes et de 1.8 °C en hiver et de 2.8 °C en été au sud de la Suisse (Swiss Academy of Sciences, 2007, p. 17). Concernant les précipitations, la situation est aussi très semblable pour les deux versants. Toutes saisons confondues, la différence entre les régions n’est que de quelques centimètres. Jusqu’en 2050, les estimations prévoient une augmentation des précipitations de 10% en hiver mais une diminution de 20 % en été. Durant le printemps et l’automne, les prévisions sont caractérisées par leur variabilité et sont donc difficilement prévisibles. La situation semble similaire pour les saisons estivales(Swiss Academy of Sciences, 2007, p. 19). Grâce à sa topographie, la Suisse bénéficiera cependant d’une garantie d’enneigement plus élevée que ses pays voisins. Toutefois, en cas de fort réchauffement climatique (2°C), il faudrait s’attendre à une diminution de 20% de l’enneigement des domaines skiables (Roland Zegg, 2010, p. 22). Afin de maintenir un niveau d’enneigement acceptable et de contrer les effets de ce réchauffement, les remontées mécaniques s’appuient sur un paquet de mesures technologiques et comportementales (Roland Zegg, 2010, p. 22):
Enneigement technique
Mesures pour la préparation des pistes
Déplacement des pistes de ski vers des domaines plus élevés, sur des flancs nord ou des glaciers
Protection des glaciers (recouvrement, bâches synthétiques, protection solaire)
Diversification des recettes (offres estivales) Certaines de ces mesures sont malheureusement susceptibles d’augmenter la consommation d’énergie en cas de réchauffement climatique.
Développement en montagne
En conséquence aux exigences grandissantes des clients, les remontées mécaniques ont dû adapter et développer non seulement leurs installations d’enneigement artificiel mais aussi leurs installations de transports (téléskis, télésièges). Actuellement, plus d’un tiers des pistes en Suisse peuvent être enneigées de manière artificielle. Si l’on établit une comparaison avec les pays voisins tels que l’Autriche ou l’Italie, la proportion des surfaces skiables pouvant être enneigées artificiellement reste nettement inférieure. Il est toutefois nécessaire de mentionner que le domaine skiable de ces stations se situe à une altitude plus basse. En outre, l’enneigement technique en Suisse permet de prolonger la durée d’exploitation des installations et d’offrir aux hôtes des conditions favorables et une sécurité accrue. Durant la saison 2012-2013, près de 41% (soit 92 km2) des pistes damées ont été enneigées artificiellement, ce qui confirme la nécessité de ces infrastructures. Par rapport à nos voisins, la proportion d’enneigement artificiel suisse reste relativement faible, à savoir 60% en Autriche (2012/13) et 70% en Italie (2007/08) contre 41% en Suisse (Remontées Mécaniques Suisses, 2014, p. 14). Conformément au graphique, le nombre d’installations de transport à câbles est en léger déclin depuis plus de 25 ans. En effet, bon nombre de téléskis ont été démontés ou remplacés par des installations à mouvement continu (télésièges) (Roland Zegg, 2010, p. 24). Une fois encore, l’adaptation des installations aux exigences des clients force les remontées mécaniques à changer leurs moyens de transports par des installations, certes plus coûteuses, mais plus confortables et plus rapides. Selon le rapport effectué par les Remontées Mécaniques Suisses, ce remplacement massif d’installations a engendré une augmentation des personnes transportées de 64% entre 1996 et 2006 et une augmentation de 82% pour la capacité de transport. Conséquemment, les hôtes jouissent de remontées plus rapides et plus performantes, ce qui influe directement sur la densité de fréquentation du domaine skiable. Par déduction, on peut émettre l’hypothèse que si les clients passent moins de temps sur les remontées, ils peuvent skier plus sur un laps de temps plus court. Ainsi, les skieurs se fatiguent plus rapidement et le temps passé au restaurant peut augmenter sensiblement (Roland Zegg, 2010, p. 26).
Bilan énergétique de Télévercorin SA
Définition de la base de calculs Les calculs concernant la consommation en kWh ont été effectués sur une année civile normale (1er janvier au 31 décembre 2013) en raison de la granulométrie des données fournies par Sierre-Energie SA. Toutefois, la consommation totale entre 2013 et 2014 ne varie pas plus de 5% (Glassey, 2015). Les calculs financiers sont basés sur la durée de l’exercice comptable de Téléverocrin SA, soit du 1er mai au 31 avril 2013 afin de préserver une certaine cohésion entre les chiffres du rapport annuel et les analyses financières effectuées.
Consommation électrique annuelle (saison 2013-2014) Afin d’avoir un point de vue global de la consommation électrique de la société, le graphique ci-dessous présente la consommation totale par mois pour l’année 2013-2014. Les différences de consommation sont en parfaite corrélation avec les variations saisonnières d’activités : le graphique montre que la période d’exploitation la plus intense s’étend de mi-novembre à fin mars pour une consommation moyenne d’environ 200’000 kWh par mois. L’activité usuelle de la branche s’effectue durant les heures d’ouverture standard, c’est-à-dire d’environ 8h00 à 16h302 et par conséquent, l’essentiel de la consommation se facture au tarif le plus haut (heures pleines) (Sierre-Energie SA, 2015), soit 85% au tarif HP, et seulement 15% au tarif HC. Le pic de consommation au mois de décembre s’explique par un enneigement artificiel massif afin de combler le manque d’enneigement de début de saison. Il est intéressant de constater que le mois de décembre relate également une consommation HC relativement haute par rapport au reste de l’année. Cette hausse de consommation est essentiellement liée à l’utilisation des installations d’enneigement pendant la nuit. La consommation de l’année 2013-14 s’élève à 1’200’068 kWh, dont 60,5% (725’782 kWh) utilisés durant la « haute saison » . En termes financiers, cela se traduit par une charge de 230’000 CHF pour l’exercice analysé, soit 11% du total des charges et 61 % du total des charges énergétiques. Selon l’étude faite par les RMS « la part des coûts d’électricité oscille entre 16% et 100% des coûts énergétiques totaux, pour les remontées mécaniques suisses, ils s’élèvent à environ deux tiers » (Roland Zegg, 2010, p. 50). Avec 61%, Télévercorin SA se place alors dans la moyenne suisse. Etant donné les investissements récents dans la société (remplacement de la télécabine en 2012), les données et chiffres analysés s’étalent de 2013 à aujourd’hui. La catégorie la plus énergivore comprend toutes les installations liées au transport de personnes ou matériels et représente 58% de besoin en électricité. L’enneigement artificiel représente 13% des dépenses énergétiques alors que les restaurants et les gîtes (15%) ainsi que les bâtiments administratifs (14%) ont un impact bien plus faible (les détails des calculs sont disponibles à l’annexe IV). La comparaison avec la moyenne suisse montre que les besoins des transports se montent à 55%, 32% pour l’enneigement artificiel, 13% pour la restauration et services (Roland Zegg, 2010, p. 51). Conséquemment, Télévercorin SA se situe dans la moyenne suisse, à l’exception des dépenses liées à l’enneigement artificiel. En effet, la partie supérieure du domaine skiable (Mont-Major, Cabanon, Tracuit) bénéficie d’un enneigement naturel suffisant. Ainsi, en considérant l’étendue du système d’enneigement artificiel (il ne couvre pas l’entièreté du domaine skiable supérieur) une consommation plus faible relative à la production de neige semble tout à fait normale et explique en partie la différence relevée de 19% comparativement à la moyenne suisse.
Charges liées aux pics de puissance L’étude menée par les RMS montre que « Le poste de dépenses le plus important concerne cependant les pics de puissance qui engendrent quelque 42%des coûts d’électricité globaux. Seuls 54% des coûts énergétiques correspondent à une énergie effective active » (Roland Zegg, 2010, p. 51). L’analyse des pics de puissance pour Télévercorin SA relate des chiffres moins alarmants, seuls 16% des coûts d’électricité concernent les pics de puissance. La consommation en [kWh] de certains acteurs est fusionnée sur un seul compteur. Pour pallier ce problème, une pondération a été définie (cf annexe IV) afin de pouvoir affecter les consommateurs à leur catégorie.A noter que la station de pompage reflète une puissance consommée de 25 kW durant le mois de février à octobre, alors qu’aucune consommation ne devrait apparaitre. Les moteurs de la télécabine génèrent 52% de la puissance taxée. La réduction de ces pics de puissance, c’est-à-dire un lissage de la courbe de charge, entrainerait des frais relatifs bien moindres. La linéarisation de la courbe de consommation de chaque consommateur (une DUP5 plus linéaire) nécessite une étude détaillée afin de déceler les failles et d’optimiser la consommation.
Récapitulatif de la consommation d’énergie La structure de consommation d’énergie électrique de la société peut être divisée en 4 catégories distinctes : tarif heures creuses, tarif heures pleines, la taxe de puissance et les autres coûts qui sont liés à l’acheminement , les redevances communales (PCP) et les redevances fédérales. Comme vu précédemment, l’essentiel de la consommation se fait durant les heures pleines et représente 27% des charges électriques et 86% de la consommation totale. Le montant des taxes liées aux pics de puissance représente quant à lui 16% du total des coûts alors que les autres taxes représentent 53%. Les calculs ont été effectués sur la base suivante (détails disponibles en annexe VI) (Sierre-Energie SA, 2014):
Fourniture énergie heures pleines : 0.053 fr. par kWh
Fourniture énergie heures creuses : 0.042 fr. par kWh
Fourniture de puissance : 4.00 fr. par kW
Autres charges : par différence
L’acheminement n’est pas un montant forfaitaire, mais dépend de la quantité d’énergie consommée. Nous voyons que les autres charges constituent (53%) une part importante dans le total des charges. Selon l’analyse faite, seuls 47% (107’000 fr. sur un total de 230’000 fr.) des charges payées correspondent au montant de la fourniture d’énergie alors que les taxes d’acheminement et redevances constituent l’autre moitié. Les 16% relatifs à la taxe de puissance représentent tout de même la moitié des coûts liés à la consommation d’énergie durant les heures pleines. Bien que difficile à réaliser, un lissage de la courbe de puissance s’avérerait certainement rentable en mobilisant des moyens techniques adéquats.
Inventaire et consommation des installations de transport
Inventaire Afin de garantir une qualité d’enneigement et des conditions de ski optimales sur les 35kilomètres de pistes, la société dispose d’un parc machines et installations relativement large.Le téléski du Crêt-du-Midi (1) est certainement l’installation la plus utilisée par les skieurs. Il permet non seulement de remonter la piste principale mais est aussi le seul téléski permettant de revenir de la partie du domaine située à l’ouest et offre aux utilisateurs l’accès direct au restaurant. Construit en 1973, il a été rénové en 2003 afin de garantir un débit suffisant et ainsi éviter un engorgement au départ du téléski. Le téléski du Mont Major (2) quant à lui permet d’atteindre le point culminant du domaine (2369 mètres) et ouvre l’accès aux pistes menant soit au téléski du Cabanon (3), soit au téléski de Tracuit (4) en empruntant la piste noire. Ces trois derniers téléskis possèdent des caractéristiques similaires en termes de vitesse maximale (environ 3.6 m/s.) et de débit à l’heure (environ 800 personnes à l’heure) mais sont équipés d’une motorisation différente. La motorisation du téléski du Cabanon (3) est d’une puissance installée 74 kW, soit près du double des deux premiers téléskis, étant donné le dénivelé et la longueur inclinée (respectivement 242 mètres et 898 mètres) plus élevés. Pour des raisons similaires, le téléski de Tracuit (4) possède un moteur d’une puissance installée de 92 kW. Le téléski de Sigeroulaz (5) permet de relier l’intermédiaire au Crêt-du-Midi. Le dénivelé (529 mètres) et la longueur inclinée (1770 mètres) étant importants, la puissance installée du moteur de 110 kW est sensiblement plus élevée que le téléski de Tracuit. L’arrivée des nouvelles télécabines a incité une partie des skieurs à délaisser cette installation au profit des cabines plus confortables et plus rapides, permettant ainsi de fluidifier et de réguler l’attente au téléski de Sigeroulaz. Les nouvelles télécabines permettent désormais de faire le trajet (longueur inclinée de 2881 mètres pour un dénivelé de 1004 mètres) en environ 10 minutes alors que l’ancienne installation mettait plus de 20 minutes pour relier la gare de départ à Vercorin au Crêt duMidi. Le temps de trajet a été calculé ainsi :
Vitesse moyenne durant l’hiver : 5 mètres par seconde (Glassey, 2015)
Longueur inclinée : 2881 mètres (Télévercorin SA, 2015)
Durée du trajet : 5 m. /sec. x 60 sec. = 300 mètres par minutes, soit 9.6 minutes .Les deux moteurs asynchrones d’une puissance de 500 kW chacun situés à la gare intermédiaire de Sigeroulaz permettent, à l’aide des 41 cabines (Télévercorin SA, 2015), un débit théorique de 1200 personnes par heures. Outre le changement des télécabines, toute l’infrastructure relative à l’exploitation a également été rénovée. Les gares de départ, de l’intermédiaire et d’arrivée ont également subis de grands changements optimisant ainsi le flux de personnes. Les spécificités techniques du petit téléski du Chardon ainsi que les trois téléskis du Creux du Lavioz ne sont pas mentionnées étant donné l’impact énergétique négligeable par rapport à l’ensemble des installations.
Consommation des installations Les installations en place (téléskis et télécabine) ont consommé durant l’année 2013 plus de 800’000 kWh, soit 58% de la consommation électrique totale. Les 2 moteurs installés fonctionnent de manière synchronisée et fournissent des puissances à peu près identiques. L’énergie nécessaire au fonctionnement des cabines se monte à 760’000 kWh, soit 85% de le la consommation électrique des installations. A noter que certainstéléskis sont regroupés sur un seul et même compteur. Ainsi, le téléski du Crêt-du-Midi, Mont-Major et Tracuit ont consommé 42’000 kWh. En se basant sur la consommation du Cabanon (mesure spécifique) et son dénivelé, on peut estimer la consommation individuelle moyenne pour chaque téléski.
Efficacité énergétique de la télécabine Afin de situer la performance de l’installation, l’étude faite par les remontées mécaniques suisses montre que le coefficient d’efficacité d’une installation est dépendant de l’énergie utilisée qui elle-même dépend des facteurs suivants (Roland Zegg, 2010, p. 56) :
« Le taux d’utilisation de l’installation
Les pertes de transmission (efficacité du moteur, mécanisme de l’installation)
L’infrastructure (les commandes, le chauffage, éclairage)
La résistance de friction, d’usure et de l’air »
Le coefficient d’efficacité théorique utilise les données théoriques optimales, c’est-à-dire caractéristiques techniques de la télécabine de Télévercorin SA en situation idéale. Le coefficient d’efficacité énergétique quant à lui, dépend essentiellement du taux de fréquentation de l’installation. Plus ce dernier est élevé, meilleur sera le rendement. Contrairement au coefficient théorique, il est nécessaire de connaitre la consommation de l’installation durant une période donnée.
Pertes liées aux frottements Afin de comprendre le sens de ces coefficients, l’étude menée par les Remontées Mécaniques Suisse (RMS) sur un télésiège débrayable montre que « pour un taux de fréquentation de 65%, seule 40% de la puissance absorbée est utilisée pour la puissance effective de transport » (Roland Zegg, 2010, p. 57). Le graphique ci-dessous illustre les différentes sources de pertes d’énergie et peut être appliqué8 par analogie pour d’autres installations telles que les télécabines ou téléskis. Les systèmes tels que les remontées mécaniques permettent un réglage quant au fonctionnement de l’installation afin de l’adapter au mieux à la demande. Les installations à mouvement continu ne peuvent cependant pas en bénéficier mais doivent se cantonner à un réglage axé uniquement sur la réduction ou l’augmentation de la vitesse de déplacement afin d’optimiser leur consommation. Une étude menée par l’entreprise ClimatePartner montre qu’une télécabine de la société Doppelmayr (similaire à la télécabine de TéléVercorin SA) nécessite 54% de la consommation électrique avec une charge de 15 % à la montée. Si on augmente la capacité de transport de 40% (soit 55%), la consommation d’énergie n’augmente que de 20%, soit 74%. En ce sens, il est important de réguler la vitesse et le nombre de véhicules en fonction des besoins. (Roland Zegg, 2010, p. 58). Une optimisation du fonctionnement des télécabines permet donc une économie d’énergie non négligeable (voir chapitre sur l’optimisation du fonctionnement des télécabines).
Inventaire et consommation des bâtiments La société de Télévercorin SA possède plusieurs types de bâtiments qui peuvent être catégorisés de la manière suivante :
les infrastructures nécessaires à l’administration et l’exploitation de la société
les restaurants et buvettes
Les gîtes
Le total de la consommation électrique des bâtiments administratifs et ceux relatifs aux services s’élève à 393’000 kWh pour l’année 2013, soit le 29% du total de la consommation électrique. Le graphique suivant montre la proportion de consommation entre les bâtiments administratifs (47%, 183’000 kWh) et les gîtes et restaurants (53%). Les 53%, soit 209’000 kWh, sont répartis entre les différents établissements mentionnés. Tous les gîtes disposent d’un chauffage électrique tandis que le restaurant et les bâtiments administratifs situés à Vercorin se chauffent au mazout. Nous voyons conséquemment que le restaurant du Crêt-du-Midi consomme près de 35% (131’000 kWh) parmi les bâtiments relatifs aux services clients. La cuisine, la chambre froide, le chauffage, tous ces éléments qui constituent un restaurant sont particulièrement énergivores et feront l’objet d’une étude approfondie afin d’en optimiser la consommation. Le gîte et la buvette de l’étable situés à Sigeroulaz (intermédiaire) qui proposent un service de restauration mais également d’hébergement durant toute l’année, consomment près de 12% (50’000 kWh) de l’énergie électrique. Il est important de mentionner que la consommation de certains bâtiments a été estimée. En effet, les compteurs électriques installés regroupant parfois deux bâtiments (gîte et buvette par exemple), une pondération attribuant la part de consommation allouée pour un type particulier de bâtiment a été utilisée.
Enveloppe thermique des bâtiments
Bâtiments avec chauffage électrique :La granulométrie des données fournies par Sierre-Energie ne permet pas de définir clairement la consommation du chauffage électrique des principaux bâtiments. En ce sens, les dépenses électriques durant les heures creuses ont été définies comme celles liées au chauffage. Le gîte de Chantovent semble avoir une consommation électrique moyenne en adéquation avec les ordres de grandeur donnés par les standards minergie. Cependant, le gîte n’étant pas exploité annuellement, la dépense électrique de 300 mégajoule par mètre carré est sousestimée. Si l’on estime l’exploitation à 60 jours par année :
9710 kWh HC / 60 = 162 kWh/jour
162 kWh *365 jours = 59000 kWh 1840 MJ/m2
La consommation est deux fois supérieure à un bâtiment de 1920. Cependant, les charges relatives sont tellement faibles qu’il ne serait pas rentable d’effectuer des rénovations d’autant plus qu’il s’agit de comparaisons entre la plaine et la montagne. La Buvette de l’étable se situe également dans la moyenne. L’exploitation étant plus élevée que le Gîte de Chantovent, la dépense électrique de 430 mégajoules par mètre carré semble également sous-estimée, mais dans une moindre mesure. Une extrapolation similaire au gîte élèverait la consommation électrique à plus de 800 mégajoules/m. Le restaurant du Crêt-du-Midi montre une consommation de 23 litres par mètre carré, soit 2,5 fois plus qu’un ménage standard. La surface et les conditions météorologiques étant complètement différentes, ce facteur 2,5 peut être considéré comme normal. La station de départ à Vercorin consomme environ 8 litres par mètre carré. L’enveloppe thermique du bâtiment est donc tout à fait acceptable.
Analyse financière des bâtiments destinés à la restauration Selon une étude menée par l’OFEN et l’hôtellerie suisse en 2006, « l’hôtel suisse moyen dépense environ 3% de son chiffre d’affaires, c’est-à-dire environ 50’000.- francs pour l’énergie » (Roland Zegg, 2010, p. 63). Les conditions climatiques de haute altitude impactent fortement le bilan énergétique de telles infrastructures. C’est pourquoi l’exploitation d’un restaurant de montagne peut avoir un besoin en chauffage supérieur de 50 à 100% par repas ou par employé durant la saison hivernale (Roland Zegg, 2010, p. 63). La Buvette de l’Etable montre un ratio de 3% qui est considéré comme « moyen ». A noter qu’une faible partie du total de charges électriques est allouée au gîte situé à proximité.
Comparaison de la consommation électrique selon les normes de l’hôtellerie suisse Selon l’étude menée par l’Hôtellerie Suisse, l’indice de dépense d’énergie pour unrestaurant avec cuisine inclue (bâtiment datant de 2009) s’élève à 199 kWh/m2 pour la chaleur et 216 kWh électriques par mètre carré (Hotelleriesuisse, 2010, p. 24). Le restaurant d’altitude du Crêt-du-Midi a une consommation plus faible, s’élevant à 141 kWh électriques par mètre carré. Les litres de mazout utilisés par mètre carré pour le chauffage équivalent à 247 kWh/m2 alors que la moyenne se situe à 199 kWh/m2 . La buvette de l’étable consomme 119 kWh/m2 pour le chauffage et 329 kWh/m2 pour l’exploitation de l’établissement (y compris la consommation du gîte situé à proximité).
Consommation de combustibles En plus de l’énergie électrique consommée, plusieurs combustibles fossiles sont requis afin d’alimenter les véhicules, entre autres les dameuses ou encore certains chauffages à mazout.Dans le but d’établir une comparaison avec la consommation électrique de la société, le pouvoir calorifique de chaque combustible fossile a été déterminé. Ce dernier n’est toutefois pas entièrement transformé en chaleur utile en raison de pertes diverses (par exemple déperditions de chaleur par la cheminée).
Inventaire et consommation des installations d’enneigement technique L’étude menée par les Remontées Mécaniques Suisses (RMS) affirme qu’au niveau suisse, « près de 60 GWh de l’énergie électrique et une grande partie des 164 GWh de carburants fossiles évalués sont utilisés par les entreprises de remontées mécaniques pour l’enneigement et la préparation des pistes » (p.60). La consommation d’énergie liée à l’enneigement artificiel pèse donc lourd dans le bilan énergétique d’une société de remontées mécaniques.
Inventaire des installations Les besoins en électricité pour l’enneigement technique sont générés par deux types d’activités :
Le transport de l’eau : le pompage de l’eau nécessaire aux canons à neige s’effectue à la station des Planards, située au-dessus de l’intermédiaire de Sigeroulaz. Cette station de pompage utilise l’eau de la source de la Réchy qui se trouve au-dessus des Méandres (environ 2300 mètres d’altitude). La station contient également un compresseur permettant d’injecter de l’eau avec suffisamment de pression dans les canons de type perche.
Processus de congélation : l’électricité consommée par les systèmes à basse pression est nécessaire au chauffage des buses, aux compresseurs de pulvérisation ainsi qu’aux ventilateurs. Au niveau de l’enneigement technique, le domaine skiable de Télévercorin SA est subdivisé en 2 parties distinctes. La partie supérieure (Sigeroulaz – Crêt-du-midi) équipée de canons et perches TechnoAlpin datant de 2012 et la partie inférieure (Sigeroulaz – Vercorin) équipée essentiellement de perches Snowstar (Comina, 2015).
Consommation des installations d’enneigement technique L’évolution technologique des lances ayant permis de faire chuter la consommation d’air comprimé par lance de 15 kW en 1993 à environ 1.5 kW en 2007 (Confédération Suisse, 2009, p. 10), la consommation des perches présentes sur le haut du domaine skiable de Télévercorin SA est relativement faible (année d’acquisition 2012). La consommation des canons de type « ventilateur » bien plus importante est générée par la turbine nécessaire au fonctionnement du ventilateur. Les données de consommation détaillées 2013-14 concernant la partie Sigeroulaz – Vercorin ne sont malheureusement pas disponibles.
-Consommation globale de l’enneigement technique :Pour situer la consommation d’énergie électrique de l’ensemble du système d’enneigement technique, il est indispensable de prendre en compte la consommation de la salle des machines, soit la station de pompage des Planards comprenant une pompe et un compresseur avec la consommation cumulée de chaque enneigeur. L’ensemble des données a été récupéré à l’aide du logiciel ATASSplus, développé par l’entreprise TechnoAlpin (TechnoAlpin, 2015), lors de l’entretien avec le responsable de l’enneigement technique Monsieur Raoul Comina.
Taxe de puissance Durant l’année 2013, la salle des machines des Planards s’est vue taxée de 841 kW, pour un montant de 3364.- francs, soit 9% du total des taxes de puissance payées en 2013. L’essentiel de la consommation s’est effectuée entre mi-octobre et fin janvier (Sierre Energie SA, 2014).
Efficacité énergétique des pistes Avec une largeur de pistes moyenne de 23 mètres et un domaine skiable s’étalant sur plus de 35 kilomètres (Glassey, 2015), la surface d’entretien des pistes de ski s’élève à plus de 80 hectares. Ces 80 hectares de pistes signifient (calculs à l’annexe VIII) :
Dameuses : 620 litre de diesel consommé par hectare de pistes
Premier passage : 0.63 litre de diesel consommé par personne
La moyenne suisse 2008 se situait entre 1450 et 1700 litres de diesel par hectare et 0.35 à 0.65 litres par premier passage (Roland Zegg, 2010, p. 62). En 2013, Télévercorin SA se situe nettement en deçà des 1450 litres. Cependant, en 2014, la moyenne s’élève à 910 litres ce qui suggère une volatilité relativement importante selon les conditions d’enneigement naturel. Les 0.63 litres par personne se positionnent quant à eux dans la tranche supérieure comparativement à la moyenne suisse.
Cartographie de la consommation électrique des installations
Analyse financière La consommation électrique de mai à août semble démesurée par rapport au chiffre d’affaires dégagé. Le pic de décembre (chiffre d’affaires) est relatif à la vente des abonnements saisonniers. La consommation électrique du restaurant semble également trop élevée durant la saison estivale.
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Table des matières
Résumé managérial
Avant-Propos et remerciements
Table des matières
Liste des tableaux
Liste des figures
1 Introduction
1.1 Contexte, objectifs et méthodologie
2 Bases théoriques
3 Glossaire des remontées mécaniques
4 Notions financières
4.1 Payback
4.2 VAN – Valeur actuelle nette
4.3 TRI – Taux de rentabilité interne
4.4 Prix du kWh
5 Situation initiale
6 Le dilemme énergétique des remontées mécaniques
6.1 Le réchauffement climatique en Suisse
6.2 Exigences des clients
6.3 Développement en montagne
6.4 Conséquences
7 Bilan énergétique de Télévercorin SA
7.1 Définition de la base de calculs
7.2 Consommation électrique annuelle (saison 2013-2014)
7.2.1 Charges liées aux pics de puissance
7.2.2 Récapitulatif de la consommation d’énergie
7.3 Inventaire et consommation des installations de transport
7.3.1 Inventaire
7.3.2 Consommation des installations
7.4 Efficacité énergétique de la télécabine
7.5 Pertes liées aux frottements
7.6 Inventaire et consommation des bâtiments
7.6.1 Enveloppe thermique des bâtiments
7.6.2 Analyse financière des bâtiments destinés à la restauration
7.6.3 Comparaison de la consommation électrique selon les normes de l’hôtellerie suisse
7.7 Inventaire du parc véhicules
7.8 Consommation de combustibles
7.9 Inventaire et consommation des installations d’enneigement technique
7.9.1 Inventaire des installations
7.9.2 Consommation des installations d’enneigement technique
7.9.3 Taxe de puissance
7.9.4 Efficacité énergétique des pistes
7.10 Cartographie de la consommation électrique des installations
7.11 Analyse financière
8 Pistes d’optimisations
8.1 Télécabines
8.1.1 Optimisation du fonctionnement des télécabines
8.1.2 Réduction de la vitesse
8.1.3 Optimisations diverses
8.1.4 Optimisation de la courbe de charge des moteurs
8.2 Restaurant
8.2.1 Température ambiante et aération
8.2.2 Courbe de chauffe
8.2.3 Isolation
8.2.4 Eau chaude
8.2.5 Achat d’appareils et de machines
8.2.6 Formation du personnel
8.2.7 Veille des machines et appareils
8.2.8 Eclairage
8.2.9 Chauffage extérieur
8.2.10 Gestion des pics de puissance
8.3 Bâtiment administratif – Station de Vercorin
8.3.1 Isolation
8.3.2 Appareils de bureau
8.3.3 Installation de panneaux photovoltaïques (calculs annexe XI)
8.4 Bâtiment de Sigeroulaz – intermédiaire
8.4.1 Récupération de la chaleur des moteurs
8.4.2 Installation de panneaux photovoltaïques (calculs annexe XII)
8.5 Enneigement artificiel
8.5.1 Optimisation sans frais d’investissement
8.5.2 Optimisation avec coûts d’investissement (Thomas, 2009)
8.5.3 Optimisation de la courbe de charge
8.6 Préparation des pistes
8.6.1 Snowfarming
8.6.2 Gestion des pistes – dameuses
8.7 Retenue collinaire
8.7.1 Refroidissement
8.7.2 Turbinage de la source du Mont-Major
8.8 Remplacement d’un téléski
8.9 Acheter de l’énergie à meilleur compte
9 Conclusion des pistes d’optimisations
10 Conclusion et limites de l’étude
11 Bibliographie
12 Listes des annexes
Annexe I: Présenation de la société de Télévercorin SA
La société Télévercorin SA
Etat des lieux
Annexe II : Données techniques des installations
Annexe III : Courbe de charge traction 1 du 02.03.2015 au 06.03.2015
Annexe IV : Besoin d’électricité de Télévercorin SA
Annexe V : Charges liées aux pics de puissance
Annexe VI : Structure et coûts de la consommation 2013 de Télévercorin SA
Annexe VII : Coefficient efficacité théorique
Annexe VIII : Consommation de diesel par hectare / nombre de premiers passage
Annexe IX : Pics de puissance du restaurant
Annexe X : Consommation en veille des appareils de bureau chez CimArk
Annexe XI : Station de départ – Installation de panneaux PV – calculs financiers
Annexe XII : Station intermédiaire – Installation de panneaux PV – calculs financiers
Annexe XIII : Turbinage source Mont-Major – calculs financiers
Annexe XIV : Données de base Sierre-Energie
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