BILAN DES ACTIVITES DU SAMU NATIONAL A TRAVERS UNE ETUDE RETROSPECTIVE SUR CINQ ANNEES

La mรฉdecine dโ€™urgence de lโ€™antiquitรฉ au XXรจme siรจcle

ย  ย  ย  Dans le Traitรฉ des maladies, Hippocrate (460-377 avant Jรฉsus-Christ) consacre la notion dโ€™urgence en affirmant quโ€™ ยซil faut profiter de lโ€™occasion de porter secours avant quโ€™elle nโ€™รฉchappe et on sauvera ainsi le malade pour avoir su en profiter ยป [8, 81, 103]. A cette รฉpoque, la mรฉdecine dโ€™urgence se limitait surtout ร  la mรฉdecine de guerre et les mรฉdecins militaires de la sociรฉtรฉ romaine soignaient dรฉjร  les blessรฉs sur les champs de bataille et pratiquaient lโ€™hรฉmostase en ligaturant les artรจres [54, 103]. Le Moyen-รขge fut marquรฉ par un relatif dรฉsintรฉrรชt des soins aux blessรฉs mais le concept de relevage des blessรฉs se dรฉveloppe avec les Chevaliers de Saint-Jean de Jรฉrusalem (devenue lโ€™Ordre du Malte de nos jours) durant les croisades du XIรจme siรจcle. Des initiatives locales se dรฉveloppรจrent รฉpisodiquement et une structure dโ€™urgence fut mise en place ร  la fin du XIVรจme siรจcle pour les premiers secours aux tailleurs de pierre du Dรดme de Milan [81, 103]. En 1633, un mรฉdecin รฉcossais, Stephen BRADWELL, proposa pour la premiรจre fois un guide de soins dโ€™urgence ร  lโ€™usage civil des mรฉdecins et des profanes intitulรฉ ยซ Helps for sudden accidents ยป [50, 103]. Dominique-Jean LARREY (1766-1842), chirurgien militaire franรงais dรฉveloppa le concept des soins primaires dโ€™urgence et favorisa la mise en place dโ€™un systรจme de tri : il faut ยซ toujours commencer par le plus dangereusement blessรฉ, sans avoir รฉgard au rang et aux distinctions ยป [44, 81, 103]. Pierre-Franรงois PERCY dรฉveloppa le brancardage et le transport des blessรฉs par des compagnies dโ€™ambulances regroupant des binรดmes de brancardiers appelรฉs โ€˜โ€˜despotatsโ€™โ€™ [81, 103]. Dans la mรชme pรฉriode sโ€™est dรฉveloppรฉ aux Etats-Unis un systรจme de soins prรฉ hospitaliers par Joseph BARNES et Jonathan LETTERMAN, inspirรฉs des travaux de LARREY. En Suisse, lโ€™adjudant des troupes de santรฉ Ernst Mร–CKLI organisa le premier cours de secourisme en 1884 [103]. Les structures civiles ont aussi participรฉ ร  lโ€™amรฉlioration des secours ร  lโ€™ensemble de la population, en particulier dรจs 1870, les patients รฉtaient transportรฉs vers les hรดpitaux par des ambulances municipales qui sont devenues des ambulances de lโ€™Assistance Publique. Certaines ambulances furent mรฉdicalisรฉes par les mรฉdecins des Hรดpitaux de Paris [81, 103]. A Londres, dรจs les annรฉes 1890, des civiรจres sur roues ont รฉtรฉ confectionnรฉes et rendues disponibles auprรจs de la Police, des sapeurs-pompiers ou des chauffeurs de taxi pour transporter les patients vers les hรดpitaux ou les cabinets mรฉdicaux. Les principaux hรดpitaux de New-York utilisent des ambulances hippomobiles avec mรฉdecin ร  bord ; les soins administrรฉs restaient nรฉanmoins encore extrรชmement sommaires. En 1899, la municipalitรฉ de Lausanne en Suisse a รฉtudiรฉ le moyen de transporter les malades et les blessรฉs dans des voitures spรฉcialement destinรฉes ร  cet usage, afin dโ€™รฉviter aux patients lโ€™inconfort et le chaos douloureux et dangereux des chars ordinaires. Les premiรจres ambulances automobiles firent enfin leur apparition au XIXรจme siรจcle [103]. Au XXรจme siรจcle, les progrรจs rรฉalisรฉs en mรฉdecine militaire durant les deux guerres mondiales ont รฉtรฉ trรจs contributifs pour la mรฉdecine dโ€™urgence. Ainsi, la mise en place de salles dโ€™opรฉration et de stรฉrilisation mobiles avancรฉes, le dรฉveloppement des soins les plus urgents (comme le parage des soins hรฉmorragiques, lโ€™injection systรฉmatique de sรฉrum antitรฉtaniqueโ€ฆ) et des techniques dโ€™anesthรฉsie firent augmenter les soins dโ€™urgence ร  grande รฉchelle [81,103]. Lโ€™รฉvacuation primaire des blessรฉs en vรฉhicules blindรฉs, puis leur รฉvacuation secondaire par voie aรฉrienne favorisait le dรฉveloppement du sauvetage hรฉliportรฉ et le transport aรฉrien de longue distance [44, 103]. En Europe, le dรฉveloppement des premiers services dโ€™urgence prรฉ-hospitaliers รฉtait trรจs disparate, assurรฉs par la police, les sapeurs-pompiers, des structures de santรฉ privรฉ et publiques [103]. Aux ร‰tats-Unis, lโ€™augmentation croissante du nombre de victimes dโ€™accidents de la circulation donna lieu ร  une vรฉritable prise de conscience. En 1966, un rapport officiel intitulรฉ ยซ Accidental death and disability: the neglected disease for modern societyยป posa les bases du secours routier hospitalier. Il fut renforcรฉ par la publication la mรชme annรฉe, du ยซ National Highway Traffic Safety Act ยป, instituant et rรจglementant les soins aux traumatisรฉs sรฉvรจres de la route [26, 103]. Parallรจlement ร  lโ€™รฉvolution gรฉnรฉrale de la mรฉdecine, une formation du personnel ambulancier dรฉbuta dans plusieurs villes dโ€™Amรฉrique du Nord. Le concept de ยซ lโ€™heure dโ€™or ยป, prรฉconisant la rรฉduction des dรฉlais de prise en charge des victimes de traumatismes majeurs, fut dรฉcrit aprรจs la seconde guerre mondiale par R. Adams COWLEY [103]. Les services dโ€™urgence prรฉ-hospitaliรจre se dรฉveloppรจrent mais le problรจme de la coordination, de la gestion des ressources disponibles et de la centralisation des informations dans une rรฉgion donnรฉe faisaient dรฉfaut dโ€™oรน la naissance de la rรฉgulation mรฉdicale pour apporter des solutions ร  ces problรจmes sus-citรฉs.

LA REGULATION MEDICALE

ย  ย  ย La rรฉgulation mรฉdicale est la prise en charge, par un mรฉdecin exerรงant dans une organisation dรฉdiรฉe, dโ€™un patient en situation dโ€™urgence et se trouvant ร  distance. La particularitรฉ de cet exercice mรฉdical รฉtant dโ€™รชtre un acte pratiquรฉ au tรฉlรฉphone ; ce qui en fait une des dimensions de la tรฉlรฉmรฉdecine [39]. Le dialogue tรฉlรฉphonique entre le patient et le mรฉdecin est un interrogatoire mรฉdical qui doit รชtre conduit avec mรฉthode. Le mรฉdecin rรฉgulateur, a la responsabilitรฉ de conclure cet รฉchange par une dรฉcision en adรฉquation avec les besoins de santรฉ du patient et respectueuse de son libre choix. Cette dรฉcision peut รชtre un conseil, une prescription, lโ€™envoi dโ€™un moyen (mรฉdecin avec vรฉhicule lรฉger, ambulance SMUR, sapeurs-pompiers), lโ€™orientation du patient vers une structure de soins. Cette pratique professionnelle suppose un environnement technique adaptรฉ, un sens du travail en rรฉseau, une bonne connaissance des partenaires, un rรฉel savoir-faire, ร  la fois mรฉdical et relationnel, et une รฉthique rigoureuse [62]. Lโ€™objectif de la rรฉgulation est dโ€™aboutir ร  la prescription du juste soin reprรฉsentant la rรฉponse la mieux adaptรฉe ร  la demande, compte tenu de lโ€™organisation en place, des ressources disponibles et du contexte avec une bonne gestion du temps [51]. Devant toute situation oรน lโ€™analyse est incertaine, le doute bรฉnรฉficie au patient et commande lโ€™engagement sans dรฉlai des moyens susceptibles de couvrir lโ€™hypothรจse la plus dรฉfavorable. Lorsque son intervention est envisagรฉe, le SMUR est dรฉclenchรฉ dโ€™emblรฉe, en premiรจre intention. La rรฉgulation mรฉdicale pratiquรฉe au sein du SAMU permet ร  la personne la moins favorisรฉe et la moins informรฉe dโ€™accรฉder aux ressources les plus adaptรฉes et les plus performantes chaque fois que cela est nรฉcessaire [51]

Mission dite ยซ Secondaire ยป ou de ยซ Transfert ยป

ย  ย  ย Une mission de type ยซ Transfert ยป est une prise en charge mรฉdicale spรฉcialisรฉe dโ€™un patient hospitalisรฉ ou pris en charge par un service (dโ€™urgences ou non), au sein dโ€™un รฉtablissement de santรฉ. Elle a pour objet dโ€™assurer, si nรฉcessaire, des soins complรฉmentaires de rรฉanimation et le transfert vers un service ou un plateau technique adaptรฉ ร  lโ€™รฉtat du patient. Cette mission ne concerne quโ€™un seul patient. Les รฉtablissements de santรฉ, publics ou privรฉs, concernรฉs par ces missions sont : les Centres Hospitaliers, les CHU (Centre Hospitalier Universitaire), les CHR (Centre Hospitalier Rรฉgional), les cliniques privรฉes ou les Etablissements de santรฉ privรฉs dโ€™intรฉrรชt collectif (ESPIC), quel que soit le service dโ€™admission du patient. Les รฉtablissements dโ€™hรฉbergement pour personnes รขgรฉes, quel qu’en soit le type, nโ€™entrent pas dans ce cadre.

Interventions SMUR

ย  ย  ย  Les interventions SMUR SAMU Sรฉnรฉgal lors de notre รฉtude รฉtaient de 14963 (soit une moyenne de 2993 sorties/an). Par contre au SAMU Cameroun 1555 interventions avaient รฉtรฉ rรฉalisรฉes (soit une moyenne de 518 sorties /an) dont 142 qui sโ€™รฉtaient soldรฉes par une absence d’action et 107 par une arrivรฉe tardive [70]. Cette disparitรฉ entre le nombre et la nature des appels du SAMU au Sรฉnรฉgal et celui du Cameroun pourrait sโ€™expliquer par le fait que le rรดle de ce dernier รฉtait peu connu de ses populations car ร  ses dรฉbuts. Les interventions du SAMU National Sรฉnรฉgal รฉtaient rรฉparties entre : 71,51%, ambulance de Districts 12,15%, ambulance hรดpital 9,12%, ambulance sapeur 5,30%, autres SMUR 1,49% et ambulance privรฉe 0,43%.

Urgences infectieuses

ย  ย  ย  Au cours de notre รฉtude, nous avions enregistrรฉ 9,22% de cas de tรฉtanos parmi les pathologies infectieuses par contre une รฉtude rรฉalisรฉe au Mali a montrรฉ 6,5% de cas de tรฉtanos [71] ce qui รฉtait infรฉrieur ร  nos rรฉsultats. Cette diffรฉrence pourrait รชtre liรฉe ร  une meilleure couverture vaccinale des populations de cette zone contre la maladie. Le Paludisme grave reprรฉsentait 5,23% et les accรจs palustres simples 2,30% lors de notre รฉtude ce qui รฉtait supรฉrieur au taux retrouvรฉ au Mali (0,41% de cas de paludisme) [95]. Cette situation pourrait sโ€™expliquer par la raretรฉ des vecteurs dans certaines zones arides du Nord. En Algรฉrie, une รฉtude avait montrรฉ 14,1% de sepsis sรฉvรจre [89] contrairement ร  notre รฉtude oรน le sepsis รฉtait peu frรฉquent (3,10%). Cette disparitรฉ pourrait รชtre en rapport avec une sous-รฉvaluation des cas par un transfert direct des patients dans les services de soins sans recours au SAMU.

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Table des matiรจres

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
1. Gรฉnรฉralitรฉs
1.1. Dรฉfinitions
1.2. Historique
1.2.1. La mรฉdecine dโ€™urgence de lโ€™antiquitรฉ au XXรจme siรจcle
1.2.2. Crรฉation du premier SAMU
1.2.3. Naissance de la rรฉgulation mรฉdicale
1.2.4. Gรฉnรฉralisation du concept
2. La rรฉgulation mรฉdicale
2.1. Gestion de la rรฉgulation
2.1.1. Acteurs
2.1.1.1. Lโ€™appelant
2.1.1.2. Lโ€™ARM
2.1.13. Le mรฉdecin rรฉgulateur
2.1.2. Les effecteurs
2.1.3. Mise en ล“uvre
2.1.4. Dossier patient
2.2. Contraintes de la Rรฉgulation mรฉdicale
2.2.1. Prรฉsence permanente du mรฉdecin rรฉgulateur
2.2.2. Suivi des conseils mรฉdicaux
2.3. Le triage
3. Le SMUR
3.1. Prรฉsentation
3.2. Missions
3.2.1. Mission ยซ Primaire ยป
3.2.2. Mission dite ยซ Secondaire ยป ou de ยซ Transfert ยป
3.2.3. Missions primo-secondaires
3.2.4. Autres missions
3.3. Vecteurs
3.3.1. Vecteurs terrestres
3.3.2. Vecteurs aรฉriens
3.3.3. Vecteurs maritimes
DEUXIEME PARTIE
1. Cadre dโ€™รฉtude
1.1. Prรฉsentation du SAMU national
1.2. Missions
1.3. Ressources humaines
1.4. Logistique et activitรฉs
1.5. Les SMUR du SAMU National Sรฉnรฉgal
2. Matรฉriels et mรฉthodes
2.1 Type dโ€™รฉtude
2.2 Pรฉriode dโ€™รฉtude
2.3 Les objectifs de notre รฉtude
2.3.1 Objectif gรฉnรฉral
2.3.2 Objectifs spรฉcifiques
2.4 Recueil des donnรฉes
2.5 Paramรจtres รฉtudiรฉs
2.5.1 La rรฉgulation mรฉdicale
2.5.2 Les sorties du service mobile dโ€™urgence et de rรฉanimation
3. Rรฉsultats
3.1 Donnรฉes du centre de rรฉception et de rรฉgulation des appels (CRRA) : les appels entrants
3.2 Donnรฉes des services mobiles dโ€™urgence (SMUR)
3.2.1 Caractรฉristiques sociodรฉmographiques
3.2.1.1 Frรฉquence
3.2.1.2 Le sexe
3.2.1.3 Lโ€™รขge
3.2.1.4 Rรฉpartition selon le type dโ€™intervention
3.2.1.5 Rรฉpartition selon lโ€™รฉquipe dโ€™intervention
3.2.1.6 Rรฉpartition selon le motif dโ€™intervention
3.2.2 Pathologies des pathologies par spรฉcialitรฉ
3.2.2.1 Urgences traumatologiques
3.2.2.2 Urgences neurologiques
3.2.2.3 Urgences gynรฉco-obstรฉtricales
3.2.2.4 Urgences digestives
3.2.2.5 Urgences Infectieuses
3.2.2.6 Urgences cardio-vasculaires
3.2.2.7 Urgences pneumologiques
3.2.2.8 Urgences neurochirurgicales
3.2.2.9 Urgences psychiatriques
3.2.2.10 Urgences nรฉphrologiques
3.2.2.11 Urgences urologiques
3.2.2.12 Urgences endocrinologiques
3.2.2.13 Urgences pรฉdiatriques et nรฉonatale
3.2.2.14 Urgences cancรฉrologie
3.2.2.15 Urgences rhumatologiques
3.2.2.16 Urgences ORL
3.2.2.17 Urgences hรฉmatologiques
3.2.2.18 Urgences dues aux intoxications
3.2.2.19 Urgences dermatologiques
3.2.2.20 Urgences ophtalmologiques
3.2.2.21 Urgences dues aux pathologies circonstancielles
3.2.3 Rรฉpartition selon la structure dโ€™accueil
4. DISCUSSION
CONCLUSION
RECOMMANDATIONS
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

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