BILAN DE 5 MOIS D’ACTIVITES AU SERVICE ORL DE RICHARD-TOLL

HISTORIQUE DE L’ORL

En France L’ORL a profondément évolué. C’est une spécialité relativement ancienne, qui s’est constituée dans la seconde moitié du XIXème siècle. Lorsqu’au début des années 1860 la laryngoscopie fut maîtrisée et diffusée, rien ne prédisposait ses nouveaux adeptes à unir leur destin professionnel d’auristes aux pratiques ancestrales. Une innovation d’importance allait bouleverser l’éclairage artificiel en otologie sous l’influence d’Antonin Von TROELTSCH : le miroir concave que les oculistes venaient d’adopter pour l’examen ophtalmoscopique. C’est d’ailleurs en France, en décembre 1955, que ce jeune auriste Allemand formé d’abord à l’ophtalmologie, fit part de son invention devant la société des médecins allemands de Paris. Une étroite collaboration paraissait promise entre l’otologie et l’ophtalmologie. C’est ainsi, qu’aux USA, fut créée en 1869 une revue commune, les « Archives of ophtalmoloy and otology ». En France, le ministre de l’instruction publique demandait, en 1875, un rapport pour compléter l’enseignement officiel dans les facultés de médecine. Ce rapport ignorait totalement la laryngologie ; quant à l’otologie, à peine évoquée, il était suggéré de la rattacher à l’ophtalmologie pour créer une chaire commune, à côté des chaires communes pour les maladies mentales, les maladies d’enfants, la dermatologie, la syphiligraphie, et les maladies des voies urinaires. Très tôt, les laryngologistes et otologistes découvrirent qu’ils avaient des points communs dans la recherche du meilleur éclairage pour explorer les organes de leur discipline. Les plus entreprenants d’entre eux créèrent trois revues dont les titres jalonnèrent l’évolution de la spécialité naissante. L’apparition en 1875 dans la revue « Annales des maladies de l’oreille et du larynx (otoscopie, laryngoscopie, rhinoscopie) » marque en France le début officieux de l’étroite collaboration entre ces deux spécialités. Son titre met en relief l’importance de l’examen « scopique ». En 1877, les « Annales » s’étendaient aux « organes annexes », essentiellement les fosses nasales et le pharynx. La « Revue mensuelle de laryngologie, d’otologie et de rhinologie » était créée à Bordeaux par Emile MOURE qui venait de s’y installer après une formation parisienne. Il fut un des premiers otorhinolaryngologistes à exercer son activité dans les trois branches de la nouvelle discipline. Albert ROUAULT et Henry LUC de Paris conçurent en 1887 les « Archives internationales de laryngologie, de rhinologie et d’otologie ». Puis elles furent dirigées par Claude CHAUVEAU (1861-1940) qui publia plusieurs livres concernant l’histoire de l’ORL. Elles deviendront en 1922 « Archives internationales de laryngologie, otologie rhinologie et broncho-œsophagique » [3]. Ce titre montrait l’intérêt des otorhinolaryngologistes pour l’endoscopie des voies aérodigestives dont ils avaient pratiquement l’exclusivité de fait. Si le champ de spécialité de l’ORL se trouva bien dessiné en quelques années, peu de spécialistes avaient la double compétence otolaryngologique, la plupart étant des auristes. Ainsi, fait probablement unique dans l’histoire des spécialités médicales, la spécialité précéda les véritables otorhinolaryngologistes. Devant l’absence de reconnaissance officielle de l’ORL, la formation des futurs spécialistes était laissée aux initiatives privées. On comprend le succès rencontré par la création d’une société française d’Otologie et de laryngologie en 1882, à l’initiative d’Emile MOURE. Elle changea de nom en 1892 pour devenir Société française d’otologie, de laryngologie et de Rhinologie, faisant officiellement état du troisième pilier de l’ORL. La diffusion des connaissances reposait aussi sur les nombreux ouvrages qui furent publiés à cette époque à la fin du XIX ème siècle, soit par des auteurs français, soit par des auteurs étrangers dont beaucoup bénéficiaient d’une traduction française. Mais, à part quelques exceptions comme le « guide pratique » de BARATOUX publié en 1892, il fallut attendre le début du siècle suivant pour voir publiés les traites consacrés à l’ensemble de la spécialité tels que ceux de CASTEX et Lubet BARBON, de ESCAT, de LANNOIS, de MOURE et de LAURENS. Ce dernier, ancien assistant de Marcel LERMOYEZ, s’était vu confier par deux célèbres chirurgiens de Paris, Paul BERGER et Henri HARTMANN, la rédaction du tome consacré à « la chirurgie Oto-Rhino-Laryngologique » de leur « traité de médecine opératoire et de thérapeutique chirurgicale ». Cet ouvrage, paru en 1906, témoignait de l’émancipation de la chirurgie ORL par rapport à la chirurgie générale.

Organisation des ressources humaines

      L’ORL est une spécialité en plein essor où la demande est grandissante. À ce titre, elle mérite un personnel qualifié. Un service d’ORL nécessite un praticien spécialisé, un(e) infirmier(e) diplômé(e) d’état, un(e) aide infirmier(e), une secrétaire et un(e) assistant(e) social(e). De manière générale, la gestion du personnel doit :
 prévoir le nombre minimum en dessous duquel la sécurité des malades est mise en jeu ;
 permettre le choix d’un personnel qualifié et de qualité ;
 préciser les besoins de formation initiale, la nécessité de formation continue, d’une formation des personnels à l’accueil des malades et des familles, au choix des informations à donner et au respect des malades ;
 organiser la gestion des conflits, des absences, des accidents de travail et du taux de renouvellement des prestataires ;
 établir le suivi évaluation des activités du service.
Un travailleur en ORL présente des contraintes physiques, psychologiques et émotionnelles qu’il faut prendre en compte. Ceci est un gage de stabilité des équipes, de la qualité des soins et de la sécurité des malades. Le personnel médical doit assurer une organisation continue des services avec un planning régulier des demi-journées de travail de la semaine, un planning des permanences et des gardes, des week-ends et des jours fériés. Faute de personnel médical dans les régions, il arrive que le spécialiste ou l’aspirant en place soit seul à cumuler toutes les tâches. Cette organisation peut varier d’un service à un autre. Aux aptitudes professionnelles doivent se greffer des qualités que sont : le sens de la responsabilité et dévouement diligent au travail, la capacité d’organisation, d’écoute et de discernement, la qualité de porter un jugement objectif sur autrui et de résoudre les conflits, l’humanité, la compassion à l’égard du malade et sa famille. Les infirmiers du service d’ORL, en plus de leur formation initiale, doivent suivre la formation continue leur permettant de maitriser les soins, d’améliorer leurs connaissances et compétences mais surtout impliquer leur responsabilité face au malade. Les aides-soignants et les agents du service soignant en collaboration avec les infirmiers prennent en charge l’hygiène et le confort des malades ainsi que l’hygiène de l’environnement. L’obligation de présence continue du personnel soignant auprès des malades contraint chacun à une activité nocturne régulière définie par un calendrier sous la supervision d’un personnel qualifié.

Au plan thérapeutique

     La prise en charge des différentes pathologies rencontrées pendant cette période pouvait être médicale ou chirurgicale. Le traitement médical reste prédominant dans la pathologie ORL. Les résultats obtenus dans notre série ainsi que ceux obtenus dans les études de TALL et al. [8], PADOUNOU [16], NDJIFOU [10] et plusieurs autres vont dans ce sens. En ce qui concerne le traitement chirurgical les interventions semblent être dominées par l’amygdalectomie et la chirurgie thyroïdienne. Dans notre étude, l’amygdalectomie représente 46% suivie de la chirurgie thyroïdienne avec 18% et de l’adéno-amygdalectomie qui est de 6%. L’amygdalectomie et l’adéno-amygdalectomie sont les interventions chirurgicales les plus réalisées en ORL surtout en zone rurale [6]. On retrouve ainsi une prédominance de la chirurgie amygdalienne dans les séries de MBAYE [6] et NIASS [5]. C’est aussi le cas chez TALL et al. [8] à Kolda avec 87,4% des chirurgies amygdaliennes. La chirurgie thyroïdienne représente le deuxième type d’intervention avec comme seule indication : le goitre. La prévalence au fil des années du goitre suit une progression régulière en Afrique Noire. Le goitre survient habituellement chez le sexe féminin, cette prépondérance féminine sera de 19 femmes pour un homme [2]. PADONOU [16] et KAOUK [17] avaient montré que la majorité des malades provenait de la zone urbaine. Les patients étaient le plus souvent dans des conditions sociales modestes. Les agressions psychoaffectives diverses telles que : conflit conjugal (61,5% des cas) ou situation matérielle difficile (1,18% des cas) [17]. Certains patients attribuent le déclenchement de leur maladie à un évènement stressant. La prédominance féminine est universellement reconnue et généralement estimée à quatre voire six fois supérieure [18].

CONCLUSION

     L’ORL représente une branche de la médecine spécialisée dans le diagnostic et la prise en charge des pathologies du nez, de l’oreille, de la gorge, de la tête et du cou. C’est une spécialité qui reste encore méconnue en Afrique. Nous avions mené une étude rétrospective à l’EPS de Richard-Toll entre le 1 août et 31 décembre 2019 avec comme objectif dresser le profil épidémiologique, clinique et thérapeutique de nos patients. Les données suivantes : âge, sexe, diagnostic, type de pathologie, indications opératoires, type d’intervention et suites opératoires ont été colligées à partir des dossiers médicaux et des registres du bloc opératoire. Dans notre étude, les pathologies pharyngolaryngées prédominaient avec 31,33% suivies des pathologies otologiques à 25,33%, puis des pathologies rhino sinusiennes à 19,84% et des autres pathologies à 18,80%. La prise en charge des différentes pathologies rencontrées pendant cette période d’activité pouvait être médicale ou chirurgicale. Le traitement médical était plus fréquent avec 87,20% suivi du traitement chirurgical avec 12,79%. Les interventions chirurgicales étaient dominées par l’amygdalectomie (46,94%) suivies de la chirurgie thyroïdienne (18,36%) et de l’adénoamygdalectomie (12,24%). Cette étude met en évidence l’importance de la présence d’un otorhynolaryngologiste dans la ville de Richard-Toll. L’évaluation faite par notre étude a pu relever des points importants à améliorer. La mise en place de tous les moyens possibles au niveau des pôles régionaux serait un bénéfice immense assez prodigieux aussi bien pour nos populations que pour tous les praticiens. Au terme de notre étude, nous formulerons les recommandations suivantes :
 A l’intention de l’EPS :
-la nécessité de renforcer le service ORL en ressources humaines surtout en infirmier spécialise en ORL
-l’amélioration du plateau technique.
 À l’endroit du Ministère de la Santé et de la formation professionnelle
-améliorer la couverture sanitaire de la population
-relever le plateau technique des structures sanitaires de proximité en les dotant d’unités de radiologie ;
-renforcer l’effectif du personnel spécialiste pour la prise en charge des affections ORL ;
-former un nombre suffisant de spécialistes en ORL
 À l’attention de la population :
-consulter la structure sanitaire la plus proche en cas de signe d’appel oto-rhinolaryngologique en vue d’un diagnostic précoce et d’une prise en charge adéquate.
 À l’endroit des praticiens :
-avoir la volonté et le courage d’exercer dans les zones rurales sinon pérenniser les missions humanitaires permettant d’avoir l’épidémiologie des pathologies ORL au Sénégal ;
-bien tenir les dossiers médicaux
-référer tôt les patients aux services ORL dont le plateau technique est plus relevé.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
1. HISTORIQUE DE L’ORL
1.1 En France
1.2 Au Sénégal
1. Démographie
2. Infrastructures
3. Activités
2. ORGANISATION GENERALE D’UN SERVICE D’ORL
2.1 Structure
2.2 Organisation des ressources humaines
2.3 Organisation des soins
2.4 Organisation des tâches
DEUXIEME PARTIE
1. Cadre d’étude
1.1 Présentation de l’EPS
1.1.1 Historique
1.1.2 Organisation et fonctionnement des services
1.1.3 Capacité d’accueil
1.1.4 Service d’ORL
2. Patients et méthodes
2.1. Patients
2.2. Méthodes
3. Résultats
3.1. SECTEUR CONSULTATION
3.1.1. Données épidémiologiques
3.1.2. Données cliniques
3.2. SECTEUR BLOC OPERATOIRE
4. DISCUSSION
1. Au plan épidémiologique
1.1. Âge
1.2. Sexe
2. Clinique
3. Au plan thérapeutique
CONCLUSION
REFERENCES
RESUME

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