La mammographie est l’examen clé dans le dépistage et le diagnostic précoce des lésions mammaires, allant des affections bénignes à celles des pathologies malignes notamment le cancer du sein qui constitue le premier cancer féminin [6]. La sensibilité́ de la mammographie et sa reproductibilité font d’elle la technique de référence pour le dépistage du cancer du sein. Cependant, sa spécificité́ moyenne nécessite le recours fréquent, dans le diagnostic de nature des lésions mammaires qu’elle détecte, à d’autres techniques : échographie mammaire, prélèvements guidés, voire imagerie par résonance magnétique [20]. Selon l’OMS, le cancer du sein est la première cause de mortalité́ chez la femme entre 40 et 59 ans [6]. La découverte tardive du cancer du sein expose les patientes à des traitements mutilants, plus longs, plus couteux et moins supportables avec des chances de guérison plus faibles. En plus de la chirurgie, il faudra souvent recourir à la chimiothérapie, radiothérapie, hormonothérapie, immunothérapie, aux traitements palliatifs, psychothérapie et un suivi rigoureux [16]. L’objectif général de notre travail était de déterminer le bilan d’activité mammographique dans le diagnostic des pathologies mammaires au centre hospitalier national de Pikine.
MATERIELS ET METHODES
Cadre d’étude
Nous avons colligé les patientes au niveau du service de Radiologie et d’Imagerie Médicale du centre hospitalier national de Pikine, ex Camp militaire de Thiaroye, fruit de la coopération entre le royaume d’Espagne et la république du Sénégal, implanté dans la banlieue dakaroise. Cet établissement a été inauguré par Monsieur le président de la république, son excellence Maître Abdoulaye Wade le 26 décembre 2006, avec une capacité d’accueil de 124 lits. Les services cliniques du CHNP sont variés chirurgie générale, médecine interne, réanimation avec bloc opératoire, urgences, pédiatrie, gynécoobstétrique, urologie, pharmacie, laboratoire et imagerie médicale. Le service d’imagerie médicale comprend un médecin chef radiologue, quatre radiologues vacataires, trois manipulateurs et quatre techniciens. Le plateau technique comporte un appareil de scanner hélicoïdale 16 barrettes de la marque SONATOM SCOPE SIEMENS, un appareil de mammographie de la marque SERENYS avec reprographe numérique de la marque CARESTREM, un appareil d’échographie de la marque GENERAL ELECTRIQUE .
Méthodologie
L’examen s’est fait de manière conventionnelle en position debout, patiente dévêtue jusqu’à la ceinture et dépourvue de tout objet radio-opaque. Il peut, si nécessaire, également se faire en position assise dans certains cas particuliers. Le sein est positionné entre la porte-cassette et le dispositif de compression. Trois clichés ont été́ réalisées sur chaque sein (face, profil, oblique externe), et au besoin un complément échographique était effectué. Les examens échographiques ont été réalisés comme suit :
➤ La patiente était dévêtue jusqu’à la ceinture ; rassurée ; mise en décubitus dorsal, bras relevés, puis en décubitus latéral pour l’étude des quadrants externe si nécessaire ;
➤ Comme pour toute autre échographie, on appliquait entre la sonde échographique et la peau, un gel, qui servait de « Conducteur » aux ultra-sons ;
➤ La focale était adaptée au volume mammaire et à la profondeur de la lésion ;
➤ Une profondeur adéquate : muscle pectoral et paroi thoracique inclus dans le champ exploré ;
➤ Une compression modérée pour réduire l’épaisseur du sein et des atténuations des crêtes de duret pour une meilleure analyse des anomalies profonde ;
➤ Un balayage radiaire et anti-radiaire de tous les quadrants mammaires s’est opéré (régions externes, internes, périphériques, rétro aréolaires et sillons sous-mammaires) ;
➤ Puis on terminait par l’exploration de la région axillaire.
Le traitement de l’image mammographique s’est déroulé́ sur un système de posttraitement numérisé́. On procédait ensuite à un examen clinique, qui d’abord commencé par l’analyse visuelle de la morphologie des seins, ensuite la palpation de chaque sein, et rechercher également un écoulement mammelonaire. On interrogeait les patientes sur les antécédents personnels, familiaux, prise de contraceptifs…, et on récupérerait également les clichés antérieurs pour comparaison. La lecture des images traitées a été assurée par un radiologue sur un négatoscope. En fin d’examen, on rassurait les patientes en leur expliquant les résultats trouvait et on les orientant en fonction de leurs anomalies mammaires pour la prise en charge adéquate.
DISCUSSION
Dans notre étude l’âge moyen des patientes était de 43 ans. Ce résultat est similaire à celui de Elmi Moussa M à Kolda et El Madrouchi I dans un cabinet privé à Dakar [10] et proche de celui de Ksikes S également dans une structure privée à Dakar [18] et Wade NA au centre hospitalier le Dantec qui eux ont trouvés un âge moyen 46 ans. Par contre Yaoundé GUEGANG. E et al au Cameroun avait trouvé une moyenne d’âge de 53 ans [14]. On s’est aperçu qu’il n’existe pas de différence significative entre l’âge moyen des études urbaines et la nôtre. La tranche d’âge comprise entre 41 et 50 ans était la plus fréquente avec un pourcentage de 49%. Ceci est concordant avec les recommandations de la SBI (Society of Breast Imaging) et l’ACR (American College of Radiology) qui préconisent de débuter le dépistage à l’âge de 45 ans et à 30 ans pour les patientes à risque [9]. Dans notre étude l’antécédent le plus fréquent était l’antécédent familial de cancer du sein avec 40,8%, ce qui concorde avec les résultats de Morssaoui S au Maroc . Dans notre série d’étude le principal prescripteur de mammographie était le gynécologue, suivi du médecin généraliste, nos résultats sont similaires à Spyckerelle Y et coll [27] à Nancy, en revanche Wade NA à Dantec avait trouvé que les demandes venaient plus du service de cancérologie suivie de la gynécologie, alors que dans l’étude de Elmi Moussa M et ksikes S à Dakar les demandes de mammographies provenaient en plus grand nombre des médecins généralistes. Nos résultats pourraient s’expliquer par la présence d’un service de gynécologie au CHN de Pikine et une consultation de sénologie qui s’effectuait toutes les semaines.
Dans notre étude la principale indication de mammographie était le dépistage systématique individuel, qui était demandé chez 27 patientes soit 55,2%. Pour le reste des demandes, on trouvait la mastodynie avec 16.3%, suivi par les nodules avec 12.2% et les masses avec 10.2%, ADP axillaire avec 4,1%, et écoulement avec 2%. Ksikes S [18] dans son étude, avait plutôt trouvé que la mastodynie était l’indication la plus fréquente avec 86.7%, suivi du dépistage individuel. L’indication de dépistage individuel dans notre étude s’expliquerait par deux facteurs : la prescription des mammographies par des médecins, donc les patientes ont un suivi régulier et le deuxième facteur serait les antécédents des patientes dominées par les antécédents personnels et familiaux de cancer du sein. Dans les pays développés, le dépistage organisé représente la principale indication mammographie suivie par le dépistage individuel ce qui n’est pas le cas dans les pays en voie développement [29,3]. Dans notre série d’étude, les lésions observées étaient représentées en grand pourcentage par les opacités 24,5%, suivies des micro-calcifications 12,2%, puis les macro-calcifications 6,1%, nos résultats sont similaires à Elmi Moussa M, et aux deux études réalisées à Dakar . Le plus petit pourcentage était attribué à la désorganisation architecturale avec un taux de 2%, ceci est concordant avec les résultats trouvés par Elmadrouchi I et également dans deux études marocaines et française . Ces lésions ont été décrites et classées en fonction de leur aspect selon la classification BIRADS de l’ACR. Cependant, la positivité de ces mammographies peut être expliquée par la réalisation de mammographie à un stade tardif par manque de sensibilisation.
La densité mammaire la plus fréquente dans notre population d’étude, était le type B avec 38,8%, suivi du type A avec 34,7%, ceci est superposable avec Elmi Moussa M, Wade NA et également l’étude de l’institut national de la santé publique du Québec réalisée par Theberge I [30], par contre, nos résultats ne concordent pas avec ceux d’El Madrouchi I [10] et Ksikes S [18] qui avaient trouvé une prédominance du type C. Nos résultats pourraient s’expliquer par la tranche d’âge prédominante dans notre étude qui est comprise entre 41 et 50 ans. Dans une étude similaire française, chilienne et danoise, le plus grand taux enregistré était celui des seins graisseux type A. . La clarté des seins des femmes participant au dépistage organisé dans ces pays pourrait s’expliquer par le fait que les programmes invitent les femmes à partir de 50 ans. A cet âge les seins sont généralement en involution lipomateuse physiologique, dans ce cas la densité est moins importante et la glande mammaire est facile à examiner . La densité des seins peut être lié à plusieurs facteurs comme l’âge, la phase du cycle menstruel, la prise de contraceptifs, ou de traitement hormonal substitutif après la ménopause, et l’allaitement . On signale également que certains facteurs techniques influent sur la densité mammaire :
-Un cliché sous-exposé fera apparaître le sein plus dense
– A l’inverse un cliché surexposé le fera apparaître moins dense.
– Le film utilisé.
-Les conditions de développement et de lecture (luminosité ambiante, négatoscope) peuvent également modifier la perception Le risque de cancer du sein est 4 à 6 fois plus élevé chez les femmes ayant des seins denses comparées aux femmes ayant des seins graisseux. [4,10]. Le sein « dense » présente pour le radiologue une réelle difficulté .
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Table des matières
INTRODUCTION
I. MATERIELS ET METHODES
1.1. Cadre d’étude
1.2. Type et période d’étude
1.3. Critères d’inclusion
1.4. Population d’étude
1.4.1. Caractéristiques de la population d’étude
1.5. Stratégie de collecte
1.6. Matériels
1.6.1. Sénographe
1.6.2. Échographe
1.7. Méthodologie
1.8. Paramètres d’étude
1.9. Analyse statistique
II. RESULTATS
2.1. Résultats globaux
2.2. Type de densité du sein
2.3. Lésions élémentaires
2.4. Topographie des lésions mammaires
2.4.1. Sein droit, gauche ou bilatéral
2.4.2. Répartition sur le quadrant
2.5. Classification des anomalies mammographiques selon BIRADS de L’ACR
III. DISCUSSION
CONCLUSION
RECOMMANDATIONS
REFERENCES
ANNEXE