L’allaitement maternel reste le meilleur, malgré les progrès de l’alimentation artificielle. Il est irremplaçable pour conférer une immunité passive chez le nourrisson, avant l’arrivée à la maturité de son propre système immunitaire. Le colostrum et le lait maternel contiennent les facteurs immunologiques humoraux et cellulaires qui assurent les mécanismes spécifiques et non spécifiques de défense contre les agents infectieux. Dans ce cas, il est logique d’admettre que l’allaitement maternel assure de meilleures relations mère-enfant et qu’il favorise ainsi un développement psychomoteur harmonieux. l’alimentation artificielle basée essentiellement mais non exclusivement sur l’emploi du lait de vache a pris un réel essor dans certaines villes où ce changement de comportement a répondu à un besoin social. Ce bouleversement n’a été possible que grâce à des procédés technologiques nouveaux, assurant mieux l’hygiène et la conservation des laits diététiques. La différence de composition entre le lait de femme et le lait de vache rendent nécessaire la « correction » de ce dernier afin de le rendre acceptable pour le nouveau-né. Ainsi, les laits traditionnels, c’est-à-dire les laits secs plus ou moins écrémés, saccharosés ou additionnés de dextrine-maltose, acidifiés ou non, se heurtent à la concurrence de formules plus récentes, se rapprochant de la composition du lait maternel, notamment par un apport comparable en acides gras non saturés. Certains fabricants de laits artificiels présentent des produits qui réalisent même une copie chimique très fidèle du lait de femme, tant par leur richesse en lactose que par leur composition protidique où la lactalbumine prédomine sur la caséine, ainsi que par leur faible teneur en sels minéraux. D’une manière générale, les laits diététiques s’utilisent à raison d’une mesure (que l’on trouve dans la boîte) pour 30 ml d’eau de 13 à 15 grammes pour 100 ml d’eau, selon les variétés. Mais cette standardisation n’est pas absolue et il convient si on ne connaît pas parfaitement le maquis des laits en poudre, de se référer aux indications portées sur les notices. L’incertitude croissante quant à la qualité et à l’efficacité des substituts de lait maternel soulève un certain nombre de questions. En premier lieu, de par leur nature, les substituts du lait maternel sont plus susceptibles à l’erreur oui à l’omission. La plupart des pays en voie de développement n’ont pas les conditions nécessaires à une utilisation des laits artificiels selon les instructions des fabricants. En second lieu, lorsque les substituts du lait sont utilisés, ils doivent être de la meilleure qualité possible et résulter de la technologie la plus récente. En troisième lieu, l’intolérance aux protéines de lait de vache (IPLV). Les protides conservent leurs propriétés biologiques d’origine et les quelques nourrissons vraiment intolérants aux protides du lait de vache ne supportent pas mieux ces laits nouveaux que le lait de vache ordinaire. Ainsi, compte tenu de la place non négligeable qu’occupent les laits diététiques dans la ration alimentaire des différentes catégories d’âge de l’enfant, il est logique voire prudent de procéder à des contrôles périodiques de ces produits qui sont très consommés au Sénégal afin d’évaluer leur qualité et si nécessaire d’inciter les autorités compétentes à plus de vigilance.
QUELQUES ELEMENTS DE NUTRITION
Le terme « besoin » désigne des choses nécessaires à l’existence dit le dictionnaire. Quand on parle de « besoins » alimentaires, on se réfère à la quantité et à la qualité d’aliments nécessaires pour vivre. En fait, une analyse physiologique minutieuse du besoin alimentaire montre que ce besoin n’est pas définissable de façon absolue, mais qu’il est relatif aux conditions d’existence implicitement admises par chacun en particulier, c’est-à-dire au niveau d’activité et de santé (23).
Besoins particuliers du nourrisson et du jeune enfant
Les besoins en eau, en éléments énergétiques, en minéraux et en vitamines de l’enfant sont proportionnellement plus élevés que chez l’adulte et doivent s’équilibrer différemment (importance de l’apport en eau et en protéines notamment).
Besoins hydriques
Ils sont considérables. L’organisme du nourrisson exige à peu près 130 ml d’eau par kilogramme de poids et par jour, pendant les premiers mois. Ce besoin s’abaisse progressivement avec l’âge : aux environs de 110 ml/kg/j entre 6 mois et 1 an ; 80 à 100 ml ensuite .
Besoins énergétiques quantitatifs
Ils sont estimés à 100 calories/kg/jour pour les 6 premiers mois, 90 calories de 6 mois à 1 an et 50 calories de 1 à 2 ans ½ .
Besoins qualitatifs
Protéines
Le besoin protidique est estimé à environ 3g/kg/jour. Cette dose ne doit pas être dépassée sauf indications spéciales : un régime hyperprotidique peut être cause à lui seule de troubles plus ou moins graves (fièvre, acidose). Il y a lieu de tenir compte, comme en diététique générale, de l’origine des protéines. Le meilleur équilibre en acides amines indispensables à la croissance est réalisé dans le lait et, plus spécialement pour le nouveau-né dans le lait de femme. Les hydrolysats de protéines, administrés par voie digestive, ou même par voie veineuse sont précieux dans certains états de carence ou d’intolérance.
Lipides
Il en faut de 3 à 4 grammes par kilogramme de poids corporel et par jour. Un apport lipidique insuffisant entraîne un déficit calorique et un déficit en vitamines liposolubles. Un excès lipidique est une cause de dyspepsie et d’anorexie. Tous les lipides ne sont pas équivalents. On insiste sur l’importance d’un apport bien équilibré en acides gras non saturés, comme il est réalisé par le lait de femme.
Glucides
Le besoin oscille entre 10 et 12 grammes par kilo et par jour. Un apport glucidique insuffisant provoque un déficit calorique qui ne peut être compensé que par un excès de protides ou de lipides, avec ses risques (acidose et cétose en particulier). L’excès d’apport glucidique est fréquent : c’est un facteur d’adiposite et de troubles dyspeptiques (diarrhées de fermentation) .
Vitamines
Les nourrissons ont besoin de vitamines, mais quelques mères croient que les jus de fruits frais font face à l’ensemble de ce besoin. De fait, le besoin en vitamine C (environ 5 mg par kilo et par jour) n’est pas satisfait par le régime lacto-farineux ; il faut donc donner de l’acide ascorbique, soit sous forme de jus d’orange ou mieux, de jus de citron dilué, soit sous une forme pharmacologique, à raison d’un comprimé de 50 mg d’acide ascorbique chaque jour. Certains laits industriels sont cependant enrichis en vitamine C.Ce qu’on oublie parfois ce sont les besoins en vitamine D, d’où la fréquence encore excessive des cas de rachitisme. On comprend donc que la nécessité de donner systématiquement de la vitamine D sous forme pharmacologique, au minimum 800 à 1200 UI (2 à 3 gouttes de stérogyl) et ceci au moins jusqu’à 2 ans.
Minéraux
Le lait humain contient, en proportion, moins de minéraux que le lait de vache. Par exemple, le lait maternel contient le quart du calcium trouvé dans le lait de vache. Cependant, la proportion de minéraux du lait humain est adaptée au développement d’un être humain et non d’un bovin. Ainsi la haute teneur en minéraux du lait de vache oblige le foie et les reins de l’enfant à un surcroît de travail pour éliminer l’excès utilisé (14). Le sodium, le potassium, le magnésium se trouvent en quantité suffisante dans les aliments habituels du nourrisson. Le lait de vache renferme même un peu trop de sodium pour le nouveau-né. Dans les déshydratations sévères un déficit minéral peut intervenir ; on doit alors en tenir compte pour la rééquilibration des enfants qui en sont atteints. Le métabolisme phosphocalcique est capital, en raison de la croissance osseuse. Les besoins en calcium sont élevés, de 150 à 600 mg par jour. Ils sont du même ordre pour le phosphore. Les troubles du métabolisme phosphocalcique sont dus, dans la majorité des cas, à la des troubles de l’absorption intestinale et de l’utilisation du calcium par l’organique. Le fer, indispensable pour les globules rouges sanguins, devrait être apporté à raison d’au moins 1 mg par kilogramme par jour. Le lait et surtout le lait de vache est pauvre en fer, d’où la nécessité de donner des aliments autres que le lait (légumes verts, viande), ce qui ne peut se faire trop tôt. C’est pourquoi, beaucoup de laits industriels actuels sont enrichis en fer, on ne sait pas encore si cette pratique diminuera la fréquence des anémies ferriprives du nourrisson. On citera encore les besoins en oligo-éléments, manganèse, iode, cuivre, etc..
Toutefois, lorsque l’aliment a été assimilé et utilisé par l’organisme, les acides organiques ne subsistent pas ; ils sont brûlés comme le seraient des sucres. Le caractère acide ou basique des « restes » laissé par l’aliment dépend alors des minéraux qu’il a apportés.
Nutrition de l’enfant et développement du SNC
Les besoins du bébé varient avec l’âge, la taille, la rapidité de sa croissance et le niveau d’activité, ainsi qu’avec la composition de ses apports alimentaires. Les recommandations ne doivent donc pas être considérées comme très strictes (3). Les besoins caloriques (5) pour assurer le métabolisme de base sont estimés généralement à 50 kcal/kg/j. En besoin pour l’activité physique (20 kcal), les 10 kcal restants constituent les pertes fécales ; pour les besoins de la croissance (20 kcal). Les besoins totaux avoisinent les 100 kcal/kg/j pour un enfant normal. Ils sont plus importants chez le prématuré, de l’ordre de 120 à 150 kcal/kg/j. Pour les protéines, les besoins de la prime-enfance dépendent de la taille de l’enfant et du rendement du gain de poids corporel. Les apports quotidiens recommandés (AQR) pour les aminoacides méritent d’être comparés à ceux de l’adulte. Ils sont proportionnellement plus élevés, pour les acides aminés « bâtisseurs », (leucine, isoleucine, valine : 10 fois plus environ) et les précurseurs des neuromédiateurs, phénylamine, tryptophane. Deux aminoacides non essentiels chez l’adulte sont essentiels chez l’enfant (histidine et cystéine). Concernant les lipides, la recherche menée ces dernières années sur la biochimie des acides gras poly insaturés (AGPI) a montré l’importance de leur apport diététique pour le développement du SNC du nouveau-né et de l’enfant. Le cerveau est majoritairement lipidique ; alors que son poids représente 2 % du poids du corps, sa consommation énergétique correspondant à 20 % de la ration calorique .
La moitié de l’énergie consommée par le cerveau sert à la transmission nerveuse, grâce à l’activité enzymatique des ATPases membranaires Na K dépendantes. Une carence en acide gras (AG) essentiels, linoléiques et αlinolénique modifie la fluidité de membranes neuronales et affecte le fonctionnement de ces enzymes, avec les répercussions sur l’apprentissage et les performances. Ces considérations concernent non seulement l’enfant après 1 à 2 ans, mais aussi et surtout le nourrisson qui, à la différence des autres espèces de mammifères a une maturité cérébrale très imparfaite à la naissance .
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : GENERALITES
I – QUELQUES ELEMENTS DE NUTRITION
I.1. – Besoins particuliers du nourrisson et du jeune enfant
I.1.1. – Besoins hydriques
I.1.2. – Besoins énergétiques quantitatifs
I.1.3. – Besoins quantitatifs
1.1.3.1. – Protéines
1.1.3.2. – Lipides
1.1.3.3. – Glucides
1.1.3.4. – Vitamines
1.1.3.5. – Minéraux
I.2. – Nutrition de l’enfant et développement du SNC
I.3. – Alimentation et développement du système immunitaire
II – IMPORTANCE DU LAIT DANS L’ALIMENTATION DE L’ENFANT A BAS AGE
II.1. – Le lait maternel
II.2. – Evolution de la composition du lait durant la lactation
II.3. – Lait de vache et formulations infantiles
III – ASPECTS REGLEMENTAIRES ET ASSURANCE QUALITE
III.1. – Aspects réglementaires
III.2. – Assurance qualité
DEUXIEME PARTIE : ETUDE EXPERIMENTALE
I – CADRE D’ETUDE
II –METHODOLOGIE
II.1. – Echantillonnage
II.2. – Analyse des échantillons
II.2.1. – Contrôle de la solubilité
II.2.1.1. – Réactifs
II.2.1.2. – Matériel
II.2.1.3. – Méthode
II.2.2. – Matière grasse
II.2.2.1. – Réactifs
II.2.2.2. – Matériel
II.2.2.3. – Méthode acido-butyrique de Gerber
II.2.3. – Détermination de la teneur en azote total du lait par la méthode Kjeldahl
II.2.3.1. – Réactifs
II.2.3.2. – Matériel
II.2.3.3. – Principe de la méthode
II.2.3.4. – Mode opératoire
II.2.4. – Dosage des chlorures
II.2.4.1. – Matériel
II.2.3.2. – Réactifs
II.2.4.3. – Principe de la méthode
II.2.4.4. – Mode opératoire
II.2.5. – Dosage du lactose
II.2.5.1. – Matériel
II.2.5.2. – Réactifs
II.2.5.3. – Principe de la méthode
II.2.5.4. – Mode opératoire
II.2.5.5. – Expression des résultats
II.2.6. – Matière sèche
II.2.6.1. – Matériel
II.2.6.2. – Réactifs
II.2.6.3. – Principe de la méthode
II.2.6.4. – Mode opératoire
II.2.6.5. – Expression des résultats
II.3. – Détermination de la teneur des minéraux par S.A.A
II.3.1. – Principe
II.3.2. – Mode opératoire
III – RESULTATS
III.1. – Test de solubilité
III.2. – Teneur en azote et en protéines
III.3. – Matières grasses
III.4. – Chlorures
III.5. – Lactose
III.6. – Matière sèche
III.7. – Minéraux
IV – DISCUSSION
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES