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Apprentissage alimentaire et construction de la personne
Le nouveau-né qui tête pour la première fois, accomplit son premier acte relationnel à la manière qui lui a été dévolue par la génétique. Puis au fur et mesure des transactions nourricières, il expérimente les lois qui organisent le monde extérieur. A chaque nouvelle tétée, la répétition des séquences marquées par le bien-être du rassasiement , puis l’inconfort du manque créé par la faim, est à la base de l’apprentissage qui associe le lait dans la bouche et le ventre plein au confort et au plaisir, et aussi la bouche et le ventre vide à l’inconfort et au déplaisir.
La durée de l’attente, le rythme et la répétition des soins contribuent à faire prendre conscience du temps, tandis que l’alternance de présence et d’absence de la mère ou de la nourrice ébauche l’espace. D’autres éléments en dehors du nutritif, tels que l’identité, l’estime de soi, le rapport avec l’autre, l’affectivité … etc., se jouent lors des échanges nourriciers.
Bien nourrir un enfant, c’est le faire manger bien pour qu’il devienne grand, fort et en bonne santé. Son alimentation assure au fur et à mesure de la croissance sa socialisation et son intégration dans la société.
En effet, avec la croissance, les conditions des repas se modifient. La table familiale, les repas collectifs, les repas scolaires…etc., vont succéder aux repas individuels des premiers mois.
Cette convivialité enseigne à l’enfant comment partager la nourriture et les symboles qu’elle véhicule, ainsi que la participation à un rituel qui inscrit l’appartenance à un groupe.
L’alimentation constitue alors une force majeure de liaison entre les membres d’un groupe et assure la transmission des traditions alimentaires dans la majorité des cultures. Adopter le comportement alimentaire d’un groupe, c’est donc bien adopter une façon de penser autant que de manger.
Le nourrisson qui a une alimentation uniforme sera confronté progressivement, en fonction de sa croissance, à l’extrême diversité de l’alimentation de l’adulte.
Ainsi l’association des caractéristiques sensorielles d’un aliment aux signaux physiologiques qui en suivent l’ingestion, constitue un apprentissage des goûts, des mécanismes de l’appétit et du rassasiement. Comme le plaisir de manger, elle rend l’enfant sensible aux stimuli extérieur de la prise alimentaire (vue, odeur des aliments).
La socialisation conduit l’enfant à moins utiliser les signaux physiologiques de la faim et la satiété pour se confronter aux usages de la vie en famille (terminer son plat, respecter les horaires des repas …), puis en société.
L’adolescence correspond à une période d’autonomisation pendant la quelle le comportement change à différents niveaux : les repas deviennent irréguliers et volontiers déséquilibrés.
Cela, heureusement reflète une période de transition psychosociale, et non une indication des futurs choix alimentaires à l’âge adulte [66, 144].
Contrôle du comportement alimentaire
Le comportement alimentaire est un ensemble de phénomènes répondant à des stimuli provenant du milieu intérieur ou extérieur, qui conduisent à la prise alimentaire. Le contrôle de ce comportement est d’ordre métabolique et psychosocial [35].
Initiation de la prise alimentaire
L’initiation de la prise alimentaire peut être secondaire à la sensation de la faim qui est une perception d’un état de besoin, et ressentie comme une sensation de malaise (creux épigastrique).
L’appétit est un désir de manger un type d’aliment. C’est une sensation plus sélective que celle de la faim, et d’avantage liée à la recherche d’un plaisir. Mais ce ne sont pas des facteurs prépondérants. En effet, des stimuli d’origine métabolique présentés par des mécanismes glucostatiques, lipostatiques, aminostatiques ou thermostatiques semblent jouer un rôle beaucoup plus important.
La théorie glucostatique est la mieux décrite. Des récepteurs glucidiques hépatique et hypothalamique ont été mis en évidence. Plus la glycémie baisse en phase préprandiale, plus les récepteurs deviennent sensibles au flux de glucose.
En fait, le contrôle métabolique de la prise alimentaire est surement plurifactoriel, et il est possible que la baisse du flux énergétique au niveau des cellules des centres nerveux soit un puissant stimulus de l’initiation du repas.
Il existe d’autre stimuli d’ordre sensoriel ou socioculturel. Par exemple, un repas peut débuter parce qu’il est l’heure de manger, ou parce que les qualités organoleptiques des aliments sont provocatrices [35, 102].
Fin de repas
La fin de repas est marquée par la satiété qui indique la plénitude gastrique, et s’accompagne souvent de bien-être. La fin de repas dépend également des facteurs métaboliques et sensoriels, alors que la distension gastrique semble avoir un rôle mineur [102].
Mécanismes neurobiologiques du comportement alimentaire
Les structures hypothalamiques jouent un rôle prépondérant. Elles sont pourvues de récepteurs sensibles à des signaux métaboliques et sensoriels. Elles intègrent les informations transmises par la voie nerveuse ou par la voie hormonale.
La stimulation des afférences dopaminergiques et β2 adrénergiques inhibent l’hypothalamus latéral, et tend à diminuer la prise alimentaire. L’hypothalamus médian tend plutôt à inhiber la prise alimentaire. Les afférences sérotoninergiques stimulent l’activité de l’hypothalamus médian, alors que les afférences α2 noradrénergiques l’inhibent.
Outre les substrats énergétiques, de nombreuses molécules peuvent influencer la prise alimentaire, à savoir les catécholamines et la sérotonine.
L’effet satiétogène de la distension intestinale pourrait en partie être médié par la cholécystokinine. Les glucocorticoïdes, l’insuline et les dérives opioïdes augmentent la prise alimentaire alors que le glucagon augmente la satiété [35, 102].
Besoins nutritionnels et apports recommandés chez le nourrisson et l’enfant
Les besoins nutritionnels concernent la quantité moyenne des nutriments nécessaires quotidiennement à l’individu pour assurer le développement de son organisme, le renouvellement des tissus, le maintien d’un bon état de santé physique et psychique, et l’activité physique conforme à ses conditions de vie.
Les apports conseillés sont définis comme les apports en nutriments proposés à un groupe, en tenant compte des motivations et des habitudes alimentaires du groupe dans la mesure où elles ne sont pas nuisibles à la santé.
Les apports nutritionnels peuvent être différents pour les enfants de même âge et de même sexe, suivant qu’ils ont acquis un poids conforme à leur taille ou, qu’au contraire, il existe un retard pondéral. Les apports conseillés ne sont pas des normes universelles, mais des propositions adaptables à chaque situation. Ils doivent être modulés pour chaque sujet en raison des variations interindividuelles [3, 43].
Besoins en eau et apports conseillés
Les besoins hydriques sont proportionnellement plus élevés chez le nourrisson qu’aux autres âges de la vie.
Tandis que 35 à 40 millilitres d’eau /Kg de poids corporel et par jour suffisent au grand enfant, le nourrisson durant les premiers mois de la vie a besoin d’environ 120 ml d’eau / Kg de poids corporel et par jour [42, 64]. Lorsque la température est élevée, notamment en été ou en hiver, si l’air des habitations est chaud et sec, les besoins en eau sont plus importants [3, 44].
Besoins en énergie et apports conseillés
Le besoin énergétique est la consommation d’énergie considérée comme adéquate pour couvrir les besoins énergétiques de l’individu moyen en bonne santé d’une catégorie d’âge et de sexe donnés.
Les besoins en énergie s’expriment en valeur absolue et par rapport à une valeur de référence. L’énergie est exprimée en kilojoule (KJ) ou en kilocalorie (Kcal) [42, 64, 101].
Les facteurs de conversion sont : 1 Kcal = 4,184 KJ et 1 KJ = 0,239 Kcal
Apports conseillés en énergie
Chez le nourrisson
Les dépenses d’énergie concernent principalement la croissance et la régulation thermique. La surface corporelle d’échange thermique est proportionnellement plus grande chez l’adulte (le rapport surface cutanée / poids corporel est 2,5 plus élevé chez le nouveau-né que chez l’adulte).
De la naissance à l’âge adulte, la croissance des organes par rapport à leur masse initiale est variable pour chacun d’entre eux :
− Cerveau …………………………2 fois
− Masse musculaire………………40 fois
− Cœur, foie, reins………………..10 à 20 fois.
De plus, l’activité métabolique des organes dont dépend le métabolisme de base n’est pas proportionnelle à leur masse. Par exemple le cerveau du nourrisson utilise 44 % du total des besoins de base d’énergie, alors qu’il ne représente que 10 % de la masse corporelle [22, 23].
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIÈRE PARTIE : GÉNÉRALITÉS SUR LA DIÉTÉTIQUE INFANTILE
Chapitre I : Comportement alimentaire
1. Aspect psychosocial de l’acte alimentaire
1.1. Fonctions de l’acte alimentaire
1.2. Apprentissage alimentaire et construction de la personne
2. Contrôle du comportement alimentaire
2.1. Initiation de la prise alimentaire
2.2. Fin de repas
2.3. Mécanismes neurobiologiques du comportement alimentaire
Chapitre II : Besoins nutritionnels et apports recommandés chez le nourrisson et l’enfant
1. Besoins en eau et apports conseillés
2. Besoins en énergie et apports conseillés
2.1. Apports conseillés en énergie
2.1.1. Chez le nourrisson
2.1.2. Chez l’enfant
2.2. Couverture des besoins en énergie par les nutriments
3. Besoins en protéines et apports conseillés
3.1. Apports en protéines conseillés pour le nourrisson et le très jeune enfant
3.2. Apports en protéines conseillés pour le jeune enfant non défini.
3.3. Apports en protéines conseillés pour l’enfant défini.
4. Besoins en minéraux et apports conseillés
4.1. Calcium
4.2. Phosphore
4.3 Sodium et potassium
4.4. Magnésium
4.5. Fer
4.6. Zinc
4.7. Iode
4.8. Fluor
5. Besoins en vitamines et apports conseillés
5.1. Vitamines hydrosolubles
5.1.1. Vitamines du groupe B
5.1.2. Vitamine C
5.2. Vitamines liposolubles
5.2.1. Vitamine A
5.2.2. Vitamine D
5.2.3. Vitamine E
5.2.4. Acides gras polyinsaturés
5.2.5. Vitamine K
Chapitre III : Alimentation du nourrisson et de l’enfant en bas âge
1. Développement de l’alimentation chez le nourrisson et l’enfant
1.1 Evolution de l’alimentation chez le nourrisson
1.2. Principes des règles alimentaires du nourrisson
1.3. Alimentation chez l’enfant
2. Période de l’alimentation lactée exclusive
2.1. Lait maternel
2.1.1. Caractéristiques du lait maternel
2.1.2. Composition et variabilité du lait de femme
2.1.3. Allaitement maternel et prévention des maladies
2.1.4. Suppléments en sels minéraux, oligoéléments et vitamines
2.2. Lait de vache
2.3. Substituts du lait maternel
2.3.1. Préparations pour nourrissons
2.3.2. Préparations de suite
2.3.3. Aliments spéciaux et substituts du lait
3. Diversification alimentaire
3.1. Modalités de la diversification alimentaire .
3.1.1. Aliments à introduire initialement
3.1.2. Aliments dont l’introduction doit être retardée, y compris chez le nourrisson sain
3.2. Poursuite de la diversification
3.3. Erreurs nutritionnelles les plus courantes de l’enfance à éviter
4. Prévention des allergies alimentaires
4.1. Régime chez la mère pendant la grossesse et l’allaitement
4.2. Promotion de l’allaitement
4.3. Promotion des laits « HA » pour les enfants à risque
4.4. Interdiction des préparations à base de protéines de soja avant l’âge de 6 mois
4.5. Introduction différée des aliments
Chapitre IV : Alimentation de l’enfant à partir de 3 ans
1. Rythmes alimentaires
1.1. Conséquences des modalités des prises alimentaires
1.2. Conséquences des prises alimentaires multiples
2. Consommation alimentaire chez l’enfant de plus de 3 ans
2.1. Risque d’une consommation excessive en lipides
2.2. Consommation des glucides
2.3. Augmentation de la consommation des fruits et légumes
2.4. Augmentation de la consommation de calcium et de vitamine D
2.5. Activités physiques
DEUXIÈME PARTIE : DIÉTÉTIQUE SPÉCIFIQUE
Chapitre I : Diététique des troubles digestifs.
1. Reflux gastro-œsophagien (RGO)
1.1. Définition
1.2. Principales erreurs diététiques à l’origine des régurgitations
1.3. Traitements
2. Constipation fonctionnelle du nourrisson et du jeune enfant
2.1. Définition
2.2. Mesures diététiques
3. Diarrhées aiguës du nourrisson et du jeune enfant
3.1. Prise en charge diététique de la diarrhée aiguë
3.1.1. Réhydratation orale
3.1.2. Renutrition précoce
3.2. Prévention nutritionnelle de la diarrhée
Chapitre II : Intolérance et allergie alimentaire
1. Allergie aux protéines du lait de vache (APLV)
1.1. Nourrisson de moins de 6 mois
1.2. Nourrisson âgé de plus de 6 mois
1.3. Durée du régime
1.4. Prévention
2. Régime des intolérances au lactose
2.1. Régime en pratique
2.2. Allergie alimentaire au lait de vache ou intolérance au lactose
3. Intolérance au gluten
3.1. Régime sans gluten en pratique
3.2. Indications du régime sans gluten chez l’enfant
Chapitre III : Maladies métaboliques et héréditaires
1. Régime des intolérances aux sucres
1.1. Régime de l’intolérance héréditaire au fructose
1.1.1. Principes de prise en charge diététique
1.1.2. Problèmes posés par le régime
1.2. Régime de la galactosémie
1.2.1. Principes du régime
1.2.2. Régime en pratique
1.2.3. Durée du régime
1.2.4. Principes de surveillance et devenir à long terme Erreur ! Signet non
2. Phénylcétonurie (PCU)
2.1. Principes et réalisation pratique du régime
2.2. Aliments utilisés dans le régime
2.3. Indications du régime pauvre en PHE
3. Mucoviscidose
3.1. Définition
3.2. Déficit nutritionnel
3.3. Prise en charge nutritionnelle
3.3.1. Absence de situation de dénutrition ou de risque de dénutrition
3.3.2. Situation de dénutrition ou de risque de dénutrition
4. Hypercholestérolémies de l’enfant
4.1. Stratégie de la prise en charge
4.2. Traitement diététique
4.2.1. Limiter les graisses
4.2.2. Rééquilibrer les acides gras
4.2.3. Augmenter les apports en fruits et légumes
5. Diabète de l’enfant
5.1. Prise en charge diététique
5.1.1. Apports énergétique
5.1.2. Apport en glucides
5.1.3. Protides
5.1.4. Lipides
5.1.5. Fibres
5.2. Composition des collations et des repas
6. Obésité chez le jeune enfant
6.1. Facteurs favorisant la prise de poids excessive
6.2. Recommandations pratiques
6.2.1. Augmentation de l’activité physique et la diminution de la sédentarité
6.2.2. Recommandations nutritionnelles
Chapitre IV : Diététique de la malnutrition de l’enfant
1. Classification des MPE et critères d’évaluation
1.1. Marasme
1.2. Kwashiorkor
1.3. Kwashiorkor marastique
2. Conséquences de la malnutrition
2.1. Conséquences hydro-électrolytiques et minérales
2.2. Dette énergétique
2.3. Carence protéique
2.4. Conséquences digestives
2.5. Conséquences immunologiques
3. Prise en charge nutritionnelle
3.1. Principes du traitement
3.2. Phase de rééquilibration hydro-électrolytique
3.4. Phase de renutrition dans les pays en voie de développement
Chapitre V : Conseils en officine
1. Conseils du pharmacien
2. Conseils concernant l’allaitement maternel
2.1. Décision d’allaiter
2.2. Soins pendant la grossesse
3. Allaitement optimal
3.1. Conseils concernant la mère
3.1.1. Régime alimentaire
3.1.2. Médicaments et allaitement
3.1.3. Hygiène de vie
3.2. Conseils concernant l’enfant
4. Conseils concernant la diversification et le sevrage
4.1. Diversification
4.2. Sevrage
4.2.1. Sevrage progressif
4.2.2. Sevrage rapide
CONCLUSION
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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