Bénéfices et risques liés au maintien du lien parent-enfant

Bénéfices et risques liés au maintien du lien parent-enfant

Justification de la présence des services SDA

Au Québec, les services de droits d’accès, dépendamment des cas et des régions, peuvent être assurés par les services du Centre Jeunesse ou par les organismes communautaires. Le service de droit d’accès peut s’avérer justifié pour différents motifs (p. ex.,: négligence parentale, problématique de santé mentale d’un parent, dépendances et toxicomanie, violence conjugale ou familiale, reprise de contact après une longue période, aliénation parentale, etc.). Le présent essai doctoral portera principalement sur l’utilisation des servIces de droits d’accès suite à une séparation ou un divorce confli ctuel.
Bien qu’au Québec le nombre de divorces soit relativement stable depuis le milieu des années 1980, il demeure tout de même élevé (Institut de la Statistique du Québec, 2013). Ces désunions multiples et qui peuvent parfois être conflictuelles entraînent l’augmentation du besoin de visites supervisées. Avant toute chose, il est important de définir correctement le divorce, la séparation de corps (ou légale) et la séparation de fait. D’abord, le divorce concerne uniquement les gens mariés et met fin aux liens du mariage ainsi qu’à la vie commune. Ensuite, la séparation de corps (ou
légale) concerne les gens mariés qui, pour diverses raisons, n’arrivent plus à faire vie commune. Toutefois, ce type de séparation ne met pas fin aux liens du mariage. Pour sa part, la séparation de fait peut survenir si le couple est marié, en union de fait ou uni civilement et entrainera des conséquences différentes en fonction du type d’union (Ministère de la Famille et des Ainés, 2011). Commençons par quelques statistiques concernant l’évolution des situations des familles québécoises. Statistiques sur les familles québécoises. Dans les faits, le Ministère de la Famille et des Aînés, dans son document Un portrait statistique des familles au Québec (2011), fournit plusieurs chiffres intéressants. En 1981, on dénombrait plus de 41 000 mariages au Québec alors qu’en 2008, seulement 22000 mariages ont été célébrés. Quant aux divorces, on note que 51.9 % des mariages célébrés en 2005 risquent de se tenniner par un divorce. Au début des années 1970, c’était seulement 14.6 % des mariages qui se soldaient par un divorce.
Après plusieurs années de déclin, on note également, depuis 2002, une nette augmentation des naissances due en particulier aux naissances hors mariage (Ministère de la Famille et des Ainés, 2011). En 2008, ce sont seulement 37 % des enfants qui naissent de parents mariés alors que la majorité (63 %) des enfants vient au monde d’une mère non mariée. La mère peut être célibataire, séparée, divorcée, veuve, vivant seule ou en union libre.
L’augmentation des divorces en plus de l’augmentation constante des naissances nous amène à constater que plusieurs de ces enfants auront à vivre le divorce ou la séparation du couple parental. Ambert (2009) rapporte qu’en 1998, au Canada, près de 36200 enfants ont vécu le divorce de leurs parents. L’auteur soutient que cette tendance est actuellement maintenue. Cependant, ces chiffres ne tiennent pas compte des parents qui vivent en union libre. Une étude menée par Le Bourdais, Lapierre-Adarncyk et Pacault (2004) révèle que les enfants québécois dont les parents vivent en union libre ont trois fois plus de chances de vivre la séparation de leurs parents que ceux dont les parents sont mariés.
Il arrive que certains divorces ou séparations s’enlisent dans des conflits intenses et chroniques. Un divorce conflictuel se caractérise par des poursuites judiciaires longues et coûteuses, une colère et une méfiance élevée envers l’ex-conjoint, une grande hostilité qui se manifeste souvent par des agressions verbales ou physiques et des difficultés majeures à communiquer concernant les soins, l’éducation et la garde des enfants. Ces litiges durent souvent plusieurs années après la séparation (Johnston & Roseby, 1997). Au Canada, on estime que c’est entre 10 % et 20 % des cas de divorces ou de séparations qui deviennent conflictuels et chroniques et qui nécessitent une
intervention majeure de professionnels (Gilmour, 2004). Dans ces cas, il arrive également que les parents incluent, de manière directe ou indirecte, les enfants dans le conflit, ce qui les place dans une position délicate.

Conséquences des séparations parentales conflictuelles sur les enfants.

La séparation parentale peut entraîner son lot de conséquences négatives pour l’enfant.
Plusieurs auteurs s’entendent pour dire que le conflit relevant de la séparation parentale représente un facteur de stress majeur pour l’enfant (Jourdan-Ionescu, Ionescu, Bouteyre, Roth, Méthot et Vasile, 2011 ; Poussin & Martin-Lebrun, 2011; Jonhston & Roseby, 1997). De plus, les parents peuvent être tellement absorbés par ce conflit postrupture que leur disponibilité émotionnelle et leur capacité à répondre aux besoins de leur enfant peuvent être diminuées (Jourdan-Ionescu & al., 2011). Dans de telles circonstances, la mise en place d’une coparentalité suite à la séparation peut parfois engendrer de nombreux conflits ou accroître ceux qui étaient déjà présents, auxquels les
enfants peuvent assister ou dont ils peuvent ressentir les tensions. Dans de telles situations, plusieurs conséquences peuvent être observées chez les enfants notamment l’apparition d’un conflit de loyauté, des signes d’aliénation parentale ou des impacts sur le développement normal de l’enfant.

Conflit de loyauté

 En effet, les enfants dont les parents sont séparés sont plus susceptibles de vivre un conflit de loyauté. Selon Ducommun-Nagy (2006), la loyauté se définit comme une sorte de sentiment d’appartenance à une personne ou à un groupe.
Devant un conflit parental, les enfants aux prises avec un conflit de loyauté peuvent donc vivre un fort sentiment de culpabilité en souhaitant demeurer loyaux à un des deux parents ou aux deux. L’auteur explique que ce genre de conflit vient du fait que l’enfant serait redevable aux deux parents et qu’il se sent dans l’obligation de faire un choix. Il peut même arriver que l’intensité du conflit parental amène l’enfant à vivre des « loyautés clivées» c’est-à-dire que chacun des parents l’empêche d’être loyal envers l’autre parent. Cela devient invivable pour l’enfant et peut l’amener à adopter des comportements autodestructeurs. Dans ce genre de situation, en plus d’empêcher une lueur de loyauté envers l’autre parent, l’enfant devient très souvent «parentifié» en servant à combler le vide que ressent son parent.

Aliénation parentale.

L’aliénation parentale, qui est un phénomène relativement complexe, peut également être observée. Gardner (2006) explique que dans certaines situations parentales hautement conflictuelles, l’enfant peut s’allier à un parent, le plus souvent la mère et se mettre à rejeter son autre parent, le plus souvent le père, de manière irrévocable et sans aucune ambivalence en le dénigrant ouvertement, sans raison justifiant un tel comportement de la part de l’enfant. Par contre, si l’enfant a réellement subi de mauvais traitements de la part du parent aliéné, cette hostilité exprimée par l’enfant devient justifiée. Selon Gardner (2006), les symptômes d’aliénation parentale résulteraient d’une combinaison de l’endoctrinement de l’enfant par le parent aliénant et de la contribution de l’enfant dans la diffamation du parent aliéné. L’aliénation parentale se mettrait en place progressivement dans le temps, passant d’une relation positive avec les deux parents au développement d’une affinité puis d’une alliance avec l’un d’eux pour finalement en arriver à un détachement complet de l’autre parent. Gardner (1998, 2006) estime, selon son expérience, qu’on retrouverait des symptômes importants de l’aliénation parentale dans 85 % à 90 % des séparations conflictuelles et des disputes concernant la garde des enfants. Il rapporte également que la majorité des parents aliénants seraient des mères. Selon lui, il n’est pas rare non plus que certains parents aliénants émettent de fausses allégations d’abus sexuels ou de mauvais traitements à l’encontre de l’autre parent afin de contribuer à l’éloignement et au détachement de l’enfant vis-à-vis de ce parent (Parlement du Canada, 1998).
Cependant, Gardner (1998, 2006) invite les professionnels à la prudence en n’associant pas directement les fausses accusations au « syndrome d’aliénation parentale ». Le syndrome d’aliénation parentale de Gardner a fait l’objet de nombreux débats: soit les gens adhèrent à la théorie de Gardner, soit ils la rejettent totalement. En effet, en raison du fait que Gardner a élaboré sa théorie sur sa propre expérience clinique, plusieurs lui reprochent son manque de validité empirique. De plus, pendant une certaine période, les tribunaux auraient abusé de cette théorie pour résoudre des litiges entourant la garde d’enfant lors de divorces (Cloutier, 2006). Selon Dallam (1999), le syndrome d’aliénation parentale de Gardner est fondé sur des hypothèses sans fondement. Voici quelques exemples de postulats qui seraient erronés selon Dallam (1999). Gardner mentionne qu’en conflit sur la garde, il y aurait une épidémie d’accusations d’abus sexuel de la part des mères à l’endroit des pères. En fait, Dallam (1999) soulève, en se basant sur des statistiques, que ce type d’accusation est plutôt rare.
Un autre postulat sur lequel Gardner fonde sa théorie propose que la majorité des accusations d’abus sexuel en contexte de litige sur la garde serait fausse. Toutefois, les recherches de Dallam (1999) suggèrent que, pour de 50% à 75% des cas, les accusations d’abus sexuel sont jugées valables. Finalement, Dallam (1999) conclue que les propos de Gardner sont fortement biaisés en faveur des présumés abuseurs et contre les femmes et les enfants. Sur le fait que malgré les différences d’opinions entre les auteurs, il ne faut pas négliger la possibilité qu’il y ait aliénation parentale dans les cas de séparations douloureuses.

Développement de l’enfant.

Bien que ce ne soit pas le cas de tous les enfants, la séparation parentale peut entraîner diverses conséquences négatives chez l’enfant en fonction de son âge et de son niveau de développement (Poussin & Martin-Lebrun, 2011). Par exemple, au plan affectif, la séparation parentale alors que l’enfant n’a que quelques mois pourrait favoriser un renforcement de la relation avec la mère au détriment de la relation père-enfant. L’enfant plus vieux qui aurait de la difficulté à s’adapter à la séparation de ses parents est plus susceptible de présenter des difficultés scolaires, des problèmes de comportements, des troubles affectifs intériorisés ainsi que des difficultés d’apprentissage. Les impacts de la séparation parentale sur les enfants et leur niveau d’adaptation à la situation dépendent également des proportions des facteurs de protection et des facteurs de risque présents autour de l’enfant, sa famille et son environnement (Jourdan-Ionescu & al., 2011). Johnston et Roseby (1997) précisent que les enfants vivant des conflits parentaux intenses et chroniques présenteraient souvent des signes de régression dans leur développement. Par exemple, un enfant dont la propreté était acquise pourrait recommencer à s’échapper dans son pantalon alors qu’un autre enfant pourrait régresser au niveau langagier. Le nombre élevé de désunions parentales conflictuelles ainsi que les nombreuses conséquences pour l’enfant de telles situations justifient la présence des services SDA. Un tel service s’avère donc essentiel pour plusieurs familles afin de réduire au minimum les contacts entre les parents, réduisant ainsi les tensions, tout en permettant à l’enfant de garder contact avec son parent non-gardien. En effet, il a été démontré que le maintien et le développement de la relation entre le parent et son enfant après la séparation parentale jouent un rôle important pour l’adaptation de l’enfant à sa nouvelle situation de vie (Jourdan-Ionescu & al., 2011).

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Table des matières

Sommaire
Liste des tableaux
Remerciements
Introduction
Contexte théorique
Supervision des droits d’accès
Justification de la présence des services SDA
Définition du service
Historique du service
Objectifs de la supervision
Provenance des dossiers et profil de la clientèle
Bénéfices et risques liés au maintien du lien parent-enfant
Cadre des visites supervisées
Code d’éthique
La formation des intervenants
L’ observation
La rédaction des rapports
Le plan de supervision
Attachement
La théorie de l’attachement
L’évolution de la place des pères comme figures d’attachement
Différences et similitudes entre les relations aux pères et aux mères
Évaluation de la qualité de la relation parent-enfant
Justification de la pertinence d’une grille d’observation des comportements d’attachement père-enfant en contexte de supervision des droits d’accès
Critères d’établissement des modalités de garde des enfants
Justification d’un outil pour les pères
Objectifs de l’essai
Variables considérées
Méthode
Mesures
Participants
Déroulement
Résultats
Premier objectif de recherche : Développement d’un instrument
Deuxième objectif: Expérimentation de l’instrurnent
Discussion
Premier objectif: Développement d’un instrument
Deuxième objectif: Expérimentation de l’instrument
Conclusion
Références
Appendice A. Questionnaire sociodémographique et de perception de la relation père-enfant (Comtois, 2012)
Appendice B. Questionnaire pour l’intervenant(e) (Comtois, 2012)
Appendice C. Outil de prise de notes et Grille d’évaluation de la qualité de la relation père-enfant (Comtois, 2012)

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