Balance dynamique de sorption de vapeur (DVS)

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Retrait de carbonatation

La carbonatation des matรฉriaux cimentaires entraine une augmentation de volume des phases solides de 12% ร  19% selon la nature polymorphique des carbonates de calcium formรฉs [88]. Cependant, les diffรฉrentes expรฉriences tรฉmoignent toutes dโ€™un retrait liรฉ ร  la carbonatation. Selon Powers [101], ce retrait est imputable ร  la dissolution des cristaux de portlandite dans lโ€™eau, alors que ceux-ci sont soumis ร  des contraintes de compression. Au cours du processus de carbonatation, les ions Ca2+ se remobiliseraient dans les pores partiellement dรฉsaturรฉs du matรฉriau cimentaire (transfert des rรฉgions sous contraintes). Les carbonates de calcium pourraient alors se dรฉvelopper librement sans exercer de contraintes sur la pรขte de ciment. Il en rรฉsulterait une augmentation de la compressibilitรฉ17 de la pรขte, proportionnelle au retrait de carbonatation (ร  HR constante). Ce rรฉarrangement microstructural de la pรขte de ciment pourrait expliquer lโ€™origine de ce retrait [29].
Dโ€™autres expรฉriences sur des matรฉriaux dรฉpourvus de portlandite, tels que des bรฉtons cellulaires [101], tรฉmoignent de lโ€™existence dโ€™un retrait de carbonatation. Autrement dit, ce phรฉnomรจne de retrait nโ€™est pas uniquement liรฉ ร  la portlandite. Dโ€™autres phases hydratรฉes sont mises en jeu. Dans ce cadre, la diminution de la quantitรฉ dโ€™eau chimiquement liรฉe aux C-S-H est proposรฉe comme origine du retrait de carbonatation [102]. Dโ€™aprรจs Swenson & Sereda [95], le retrait de carbonatation sโ€™explique par la dรฉshydratation et par la polymรฉrisation du gel de silice formรฉ aprรจs carbonatation des C-S-H. Groves et al. [35] complรจtent ces donnรฉes en observant au microscope รฉlectronique ร  transmission (MET) les modifications microstructurales, induites par la carbonatation, dans le cas dโ€™รฉchantillons de pรขte de C3S (E/C = 0,5). Ainsi, le remplissage des vides de la zone externe des C-S-H par des microcristaux de carbonates de calcium permet dโ€™expliquer la perte globale de calcium de la zone interne des C-S-H. Ce phรฉnomรจne peut conduire ร  un retrait dans ces zones, ce qui expliquerait le retrait de carbonatation. En fait, la remobilisation de la couche de calcium est ร  lโ€™origine de la perte de cohรฉsion des C-S-H. Ce rรฉarrangement provoque une densification des C-S-H et induit une force motrice au retrait. Il est important de rappeler que la carbonatation mรจne ร  la prรฉcipitation dโ€™un gel siliceux amorphe lorsque la dรฉcalcification des C-S-H est fortement avancรฉe. Dans ce cadre, il se produit un rรฉarrangement de la structure cristalline des silicates sous une forme tridimensionnelle [38] alors que la polymรฉrisation des C-S-H est associรฉe ร  une structure bidimensionnelle. Le retrait de carbonatation rรฉsultant est significatif. Cette explication semble la plus probante. Elle est corroborรฉe par plusieurs auteurs dont Chen et al. [96]. Ils ont rรฉalisรฉ des essais de lixiviation de pรขtes de CEM I (nitrate dโ€™ammonium concentrรฉ), montrant que la dรฉcalcification des C-S-H et leur polymรฉrisation en gel de silice, sont ร  lโ€™origine dโ€™un retrait pouvant atteindre jusquโ€™ร  1%.

La teneur en CO2

Cinรฉtique

Les รฉpaisseurs carbonatรฉes sont dโ€™autant plus importantes que la teneur en CO2 est รฉlevรฉe [106] [107]. Au niveau macroscopique, la carbonatation est un phรฉnomรจne diffusif [10] [72] [77] [98] [108] (รฉvolution en racine carrรฉe du temps) qui sโ€™exprime selon (E-17) : (E-17) โˆš Oรน xc est lโ€™รฉpaisseur carbonatรฉe (mm), est une constante (dรฉterminรฉe ร  partir dโ€™expรฉriences et/ou de modรจles prรฉdictifs) qui dรฉpend de diffรฉrents facteurs liรฉs au matรฉriau et ร  lโ€™environnement.
Lโ€™impact de la teneur en CO2 sur la profondeur carbonatรฉe mesurรฉe par pulvรฉrisation de phรฉnolphtalรฉine sur des รฉchantillons de bรฉton (non prรฉconditionnรฉs) ร  base de CEM I est reprรฉsentรฉ sur la Figure 20. La tendance observรฉe est confirmรฉe par Hyvert et al. [109] sur une plus large gamme de pression partielle de CO2 (comprise entre 0,03% et 50%).

Reprรฉsentativitรฉ des essais de carbonatation accรฉlรฉrรฉe

Si les rรฉsultats de la littรฉrature sโ€™accordent sur la tendance prรฉcรฉdente, ils sont contradictoires lorsquโ€™il sโ€™agit de dรฉcrire lโ€™impact de la teneur en CO2 sur le degrรฉ de carbonatation. Or la cohรฉrence de donnรฉes acquises au cours dโ€™essais de carbonatation accรฉlรฉrรฉe dรฉpend de leur reprรฉsentativitรฉ visร vis de la rรฉalitรฉ. Plusieurs auteurs se sont attelรฉs ร  la comparaison des รฉvolutions minรฉralogiques et microstructurales des matรฉriaux cimentaires consรฉcutivement ร  leur carbonatation ร  diffรฉrentes teneurs en CO2.
Par exemple, Hyvert et al. [109] montrent, via des analyses DRX, sur une gamme de teneur en CO2 allant de 0,03% (conditions atmosphรฉrique) ร  50% (conditions accรฉlรฉrรฉes), que la portlandite a totalement disparue dans la zone carbonatรฉe. Parrott et Killoh [110] confirment ce rรฉsultat. Au contraire, dโ€™aprรจs Thiรฉry [29], de la portlandite rรฉsiduelle subsiste dans une pรขte de ciment carbonatรฉe ร  50% de CO2. Ce rรฉsultat peut รชtre corrรฉlรฉ avec ceux de Groves et al. [35], pour qui la prรฉsence dโ€™une gangue de carbonate se formant autour des grains de portlandite, inhiberait leur dissolution. Les rรฉsultats de Castellote et al. [111] rapportent, quant ร  eux, la prรฉsence de portlandite rรฉsiduelle uniquement dans le cas de la carbonatation atmosphรฉrique (PCO2 โ‰ˆ 0,03%) ; la portlandite serait complรจtement carbonatรฉe dans le cas dโ€™essais accรฉlรฉrรฉs (PCO2 > 3%) [111]. Anstice et al. [55] confirment par DRX, que le degrรฉ de carbonatation dรฉpend directement de la concentration en CO2.
Les rรฉsultats dโ€™Hyvert et al. [109] et de Castellote et al. [111] sโ€™accordent sur la dรฉpendance du taux de carbonatation des C-S-H avec la PCO2. En effet, il semble que le degrรฉ de carbonatation des C-S-H augmente avec la teneur en CO2 (au-delร  de 3%). Les essais de carbonatation accรฉlรฉrรฉe, conduits traditionnellement ร  50% de CO2, sont ร  lโ€™origine de lโ€™apparition de fissures [4] [88] [93]. Il semble รฉgalement que les modifications minรฉralogiques induites au niveau des C-S-H ne soient plus reprรฉsentatives des รฉvolutions minรฉralogiques identifiรฉes en carbonatation naturelle [111] [112]. Pour des teneurs en CO2 de lโ€™ordre de 3%, un gel de C-S-H avec un rapport C/S quasi-identique ร  celui mesurรฉ en carbonatation naturelle subsiste [111]. Tandis que pour une teneur en CO2 supรฉrieure ร  3%, le gel de C-S-H a complรฉtement disparu (dรฉcalcification forte et polymรฉrisation des chaines de silicates) [111]. Groves et al. [35] confirment ces rรฉsultats en mettant en รฉvidence la prรฉsence dโ€™un gel siliceux amorphe ร  base de calcium ร  lโ€™issue dโ€™essais de carbonatation accรฉlรฉrรฉe rรฉalisรฉs avec du CO2 pur. Par ailleurs, ces mรชme auteurs stipulent quโ€™en conditions de carbonatation atmosphรฉrique (PCO2 โ‰ˆ 0,04%), les C-S-H continueraient ร  se polymรฉriser mais, sans former de gel de silice. La formation de C-S-H dรฉcalcifiรฉs, induite par la carbonatation, est corrรฉlรฉe ร  la diminution du rapport molaire C/S, rรฉsultat notamment mis en รฉvidence par Kobayashi et al. [113]. A noter que lโ€™augmentation de la teneur en carbonates de calcium avec la PCO2 semble liรฉe ร  la carbonatation des C-S-H [109]. Il est intรฉressant de noter quโ€™ร  50% de CO2, des phรฉnomรจnes de fissuration ont รฉtรฉ observรฉs [4] [88] [93]
Malgrรฉ le manque de donnรฉes relatives ร  lโ€™รฉvaluation de la reprรฉsentativitรฉ des essais de carbonatation accรฉlรฉrรฉe, les auteurs prรฉconisent lโ€™emploi dโ€™une teneur en CO2 nโ€™excรฉdant pas 3% [111] [112].

Lโ€™humiditรฉ relative

Il est frรฉquemment montrรฉ que lโ€™humiditรฉ relative (HR) de lโ€™air avec lequel le matรฉriau cimentaire est en รฉquilibre, impacte fortement la cinรฉtique de carbonatation (Figure 21) [114] [86] [29] [98]. Lโ€™optimum dโ€™HR relevรฉ sur la Figure 21 traduit :
๏‚ง un chemin dรฉsaturรฉ percolant dans les pores pour permettre au CO2 de pรฉnรฉtrer dans le rรฉseau poreux (par diffusion),
๏‚ง une phase liquide suffisante pour permettre la solubilisation du CO2 et par consรฉquent les rรฉactions de carbonatation.
La vitesse maximale de carbonatation ร  20ยฐC pour les bรฉtons traditionnels est obtenue pour une humiditรฉ relative comprise entre 40 et 60 %. Ces conditions optimales sont dรฉfinies pour un bรฉton durci oรน les transferts hydriques ร  l’intรฉrieur du matรฉriau sont en รฉquilibre avec l’hygromรฉtrie extรฉrieure [114]. Par ailleurs, en comparant plusieurs rรฉsultats de la littรฉrature [86] [114] [98], on relรจve des vitesses de carbonatation maximales pour des optimums dโ€™HR diffรฉrents (Figure 21).

La tempรฉrature

Selon Chaussadent [116], lโ€™รฉlรฉvation de la tempรฉrature induit une baisse de la vitesse de carbonatation des bรฉtons. Pour cela, il sโ€™appuie sur la solubilitรฉ du dioxyde de carbone dans l’eau et sur les travaux de Dheilly & Tudo [117]. Ces derniers montrent, ร  partir dโ€™essais menรฉs ร  20ยฐC et 40ยฐC, sur de la poudre de portlandite que celle-ci se dรฉgrade plus rapidement lorsque la tempรฉrature diminue, mettant alors en รฉvidence lโ€™effet de la solubilitรฉ rรฉtrograde des rรฉactifs (rรฉactions de surface). Au contraire, plusieurs auteurs constatent une thermoactivation du processus de carbonatation [118] [119] [120]. Une augmentation de tempรฉrature favorise le sรฉchage des pores, facilitant la diffusion du CO2 gazeux au sein du rรฉseau poreux. La tempรฉrature impacte le transport dโ€™eau, en diminuant notamment le degrรฉ de saturation du matรฉriau [121]. Les travaux rรฉcents de Drouet [4] ont permis de montrer, ร  partir dโ€™essais conduits ร  20, 50 et 80ยฐC sur des รฉchantillons de CEM I, que la thermoactivation du transport est le facteur prรฉdominant dans lโ€™effet de la tempรฉrature vis-ร -vis de la solubilitรฉ rรฉtrograde des rรฉactifs. Cette conclusion nโ€™est cependant pas applicable aux ciments composรฉs (CEM V et mรฉlange Bas-pH) oรน les profondeurs carbonatรฉes maximales sont mesurรฉes pour une tempรฉrature mรฉdiane de 50ยฐC. Lโ€™auteur en conclut alors quโ€™il existe une tempรฉrature de carbonatation optimale et quโ€™il est probable quโ€™au-delร  dโ€™une certaine tempรฉrature, la diminution de la solubilitรฉ des hydrates est telle que leur solubilitรฉ rรฉtrograde devient le facteur limitant.

Le dosage et la nature du ciment

Duval [122] observe une diminution des รฉpaisseurs carbonatรฉes lorsque la teneur en ciment augmente. Deux explications concomitantes ร  la diminution de la vitesse de carbonatation sont relevรฉes dans la littรฉrature [122] [123] :
– Dโ€™une part, la quantitรฉ de chaux ร  carbonater par unitรฉ de volume augmente avec le dosage en ciment. La durรฉe de carbonatation est alors plus longue, la vitesse de carbonatation diminue. A noter que lโ€™amplitude et la profondeur de carbonatation diminue รฉgalement.
– Dโ€™autre part, la compacitรฉ du matรฉriau a tendance ร  augmenter avec le dosage en ciment. La diminution de la quantitรฉ dโ€™eau de gรขchage, induite par un dosage en ciment plus important, rรฉduit la porositรฉ du ciment, freinant alors la pรฉnรฉtration du CO2 dans le rรฉseau poreux. Par consรฉquent, la vitesse de carbonatation diminue.
Hormis le dosage en ciment, un point majeur influenรงant le degrรฉ de carbonatation est la nature du ciment. Les ciments composรฉs, substituant une partie du ciment Portland par des additions minรฉrales (cendres volantes, laitier de haut fourneau, fumรฉe de silice, etc.), se carbonatent diffรฉremment selon leurs compositions. Aussi, une brรจve synthรจse des travaux relatant de lโ€™effet des additions minรฉrales sur la vitesse de carbonatation est proposรฉe. Seules les additions minรฉrales entrant dans la composition des ciments รฉtudiรฉs pour cette รฉtude sont prises en compte.
๏ถ Les cendres volantes et le laitier de haut fourneau
En conditions de carbonatation atmosphรฉrique, la profondeur de carbonatation augmente avec le taux de substitution du ciment Portland par des cendres volantes [94] [124]. Dโ€™aprรจs Khan & Lynsdale [124], qui ont rรฉalisรฉ des essais en carbonatation naturelle (2 ans, 20ยฐC ยฑ 3ยฐC et 65 ยฑ 5% dโ€™HR), pour chaque augmentation de 10% du taux de substitution, la profondeur carbonatรฉe augmente dโ€™une รฉpaisseur de lโ€™ordre de 0,3 mm. Pour Parrott [125], qui a conduit des essais en carbonatation naturelle (18 mois ร  20ยฐC et 60% dโ€™HR), la substitution dโ€™une partie du clinker avec 19% ou plus de calcaire ou de laitier de haut fourneau augmente la profondeur de carbonatation. Par ailleurs, Ati [126] montre quโ€™ร  50% de substitution, lโ€™effet contraire se manifeste. Les profondeurs de carbonatation entre ciment Portland et ciment composรฉ (taux de substitution par des cendres volantes de 50%) sont alors comparables. Ces travaux vont รฉgalement ร  lโ€™encontre des rรฉsultats de Sisomphon et Franke [127] pour qui des bรฉtons ร  25% et 50% de substitution de cendres volantes se carbonatent, en conditions accรฉlรฉrรฉes ou naturelles, plus rapidement quโ€™un bรฉton au ciment Portland. Ainsi, les valeurs des taux de substitution ร  partir desquelles lโ€™effet du laitier de haut fourneau devient significatif restent controversรฉes.
๏ถ La fumรฉe de silice
Dโ€™aprรจs Khan & Lynsdale [124], la fumรฉe de silice ne modifie pas significativement la profondeur de carbonatation. Dโ€™autres rรฉsultats, dont ceux de Richardson et al. [128], tendent vers une diminution de la profondeur carbonatรฉe avec lโ€™ajout de fumรฉes de silice. Les rรฉsultats de Cabrera & Claisse [129] tendent รฉgalement vers cette conclusion. Dโ€™aprรจs ces derniers, la fumรฉe de silice peut รชtre utilisรฉe pour rendre le matรฉriau pratiquement impermรฉable ร  lโ€™oxygรจne. Dans ce cas, la diffusion du CO2 serait ralentie. Au contraire, les rรฉsultats de Yamato et al. [130] montrent une augmentation de la profondeur carbonatรฉe avec lโ€™ajout de fumรฉes de silice. A la vue de ces rรฉsultats, lโ€™effet de lโ€™ajout de fumรฉes de silice reste, ร  ce jour, trรจs controversรฉ.
De maniรจre gรฉnรฉrale, les travaux de la littรฉrature [127] [131] [132] montrent tous clairement que les ajouts pouzzolaniques diminuent la rรฉsistance ร  la carbonatation. La raison de ce phรฉnomรจne est simple : en substituant une partie du clinker par des pouzzolanes, la teneur en portlandite diminue, ce qui a pour effet dโ€™abaisser le pouvoir tampon de la solution interstitielle, et ce malgrรฉ la baisse du coefficient de diffusion du CO2.

Le rapport E/C

Plus le rapport E/C est รฉlevรฉ et plus la profondeur carbonatรฉe est importante [133] [134] [135] [136] [137]. Cette tendance sโ€™explique par lโ€™accroissement de la porositรฉ du bรฉton et du coefficient de diffusion du CO2 avec le rapport E/C (ยง2.4.1). Lโ€™eau en excรจs crรฉe des vides (porositรฉ capillaire gรฉnรฉralement percolante) favorisant la diffusion du CO2.

La cure

Lโ€™influence de la durรฉe de cure sur le degrรฉ de carbonatation a รฉtรฉ mise en รฉvidence par de nombreux auteurs [87] [138] [139] [140] [141] [142] [143]. Il ressort de ces rรฉsultats une รฉvolution de la profondeur de carbonatation en fonction de la racine carrรฉe du temps de cure [139] [141]. Dโ€™aprรจs Fattuhi [138] [139], le taux de carbonatation diminue avec lโ€™augmentation de la durรฉe de cure. La cure favorise lโ€™hydratation et donc une quantitรฉ dโ€™hydrates susceptibles de se carbonater importante [139] [142]. De maniรจre concomitante, lโ€™augmentation de la durรฉe de cure mรจne ร  la rรฉduction de la porositรฉ et donc ร  la diminution du coefficient de diffusion du CO2 dans le rรฉseau poreux [138]. A noter quโ€™ร  temps de cure รฉgal, les matรฉriaux curรฉs sous eau affichent des profondeurs de carbonatation plus faibles que celles des matรฉriaux curรฉs sous air [141].
Par exemple, Gruyaert et al. [143] montrent quโ€™une pรฉriode de cure supรฉrieure ร  1 mois amรฉliore significativement les propriรฉtรฉs de durabilitรฉ des ciments au laitier. Lโ€™effet de la cure est plus apprรฉciable pour un ciment au laitier en raison de sa cinรฉtique dโ€™hydratation plus lente [144] [145]. Cependant, pour une durรฉe de cure supรฉrieure ร  3 mois, la rรฉsistance ร  la carbonatation nโ€™est plus modifiรฉe significativement. Par ailleurs, il semble quโ€™augmenter la pรฉriode de cure nโ€™a pas le mรชme effet dans le cas dโ€™un ciment Portland ou dans le cas dโ€™un ciment composรฉ [140]. Les rรฉsultats de Lo & Lee [141] tendent รฉgalement vers ce rรฉsultat. Selon plusieurs auteurs [125] [140], lโ€™effet de la cure sur la carbonatation serait minime devant lโ€™effet de la nature du ciment.

Les transferts hydriques dans les matรฉriaux cimentaires

Dรฉfinition du matรฉriau cimentaire

Un matรฉriau cimentaire peut รชtre assimilรฉ ร  un milieu poreux dans lequel 3 phases distinctes sont en รฉquilibre (Figure 22) :
๏‚ง la phase solide (Vs), qui correspond ร  la matrice minรฉrale poreuse solide,
๏‚ง la phase liquide (Vl), qui est contenue dans les pores du matรฉriau cimentaire sous la forme dโ€™eau capillaire et dโ€™eau adsorbรฉe (ยง3.2),
๏‚ง la phase gazeuse (Vg), qui est contenue dans les pores du matรฉriau sous forme dโ€™air sec et de vapeur dโ€™eau.

Description simplifiรฉe du transport dโ€™eau

Plusieurs auteurs proposent une modรฉlisation complรจte du sรฉchage oรน les transferts dโ€™humiditรฉ sont dรฉcrits par les mouvements de la phase gazeuse (air sec et vapeur dโ€™eau) et de lโ€™eau liquide [148] [149] [150] [151]. La modรฉlisation se fait ร  pression de gaz non constante afin de rendre compte des cinรฉtiques de sรฉchage observรฉes expรฉrimentalement. Le modรจle correspondant sโ€™avรจre compliquรฉ ร  mettre en oeuvre de par ses nombreux couplages et non-linรฉaritรฉs rendant les calculs complexes. De plus, beaucoup de donnรฉes dโ€™entrรฉe sont nรฉcessaires. Aussi, plusieurs modรจles simplifiรฉs relatifs au sรฉchage des matรฉriaux cimentaires ont รฉtรฉ dรฉveloppรฉs [152] [153] [154].
Lโ€™approche simplifiรฉe sรฉlectionnรฉe pour la modรฉlisation du sรฉchage est celle proposรฉe par Mainguy et al. [150], consistant ร  prendre en compte le mouvement de lโ€™eau liquide seul par permรฉation et ร  nรฉgliger les autres modes de transport. La validitรฉ de cette approche repose sur lโ€™analyse complรจte effectuรฉe par ces auteurs [150] et sโ€™avรจre justifiรฉ dans le cas de matรฉriaux faiblement permรฉables. Par exemple, cette analyse rรฉvรจle que la perte de masse, au cours du sรฉchage de matรฉriaux poreux prรฉsentant une permรฉabilitรฉ de lโ€™ordre de 10-21 mยฒ, rรฉsulte essentiellement du transport dโ€™eau sous forme liquide. Coussy quant ร  lui impose que la valeur de la permรฉabilitรฉ intrinsรจque soit infรฉrieure ร  10-19 mยฒ [155]. Ce modรจle simplifiรฉ consiste alors en une seule รฉquation de diffusion oรน le coefficient de transport D(Sl) rend compte du transport dโ€™eau sous forme liquide uniquement (E-25).
Oรน krl est la permรฉabilitรฉ relative ร  lโ€™eau liquide, elle varie de 0 ร  1 selon lโ€™รฉtat de saturation du matรฉriau.
Mainguy et al. [150] montrent que, lors du sรฉchage de matรฉriaux cimentaires peu permรฉables, la diffusion de vapeur ne joue pas un rรดle significatif dans le transport de lโ€™humiditรฉ. Le transport de lโ€™humiditรฉ prend en compte le mouvement de lโ€™eau liquide seul par permรฉation et son รฉvaporation au niveau de la surface assรฉchรฉe. Ainsi, lโ€™expression (E-25) nรฉglige la pression du gaz dans lโ€™expression de la dรฉpression capillaire en raison de lโ€™existence dโ€™une surpression du mรฉlange gazeux. Le mouvement de diffusion de vapeur (de type fickien) ร  travers le matรฉriau jusquโ€™ร  lโ€™atmosphรจre ambiante est accompagnรฉ dโ€™un mouvement de diffusion inverse de lโ€™air sec vers le coeur du matรฉriau. Ce phรฉnomรจne de ยซ diffusion inverse ยป crรฉe alors une uniformisation de la phase gazeuse bloquant alors le transport dโ€™humiditรฉ sous forme vapeur. Cela justifie que seul le transport dโ€™eau sous forme liquide contribue au transport dโ€™humiditรฉ.
Thiรฉry et al. [156] modรฉlisent lโ€™รฉvolution du rapport du flux dโ€™eau liquide sur le flux dโ€™eau total, pour trois bรฉtons de permรฉabilitรฉs diffรฉrentes (KBH#10-22 mยฒ, KBO#10-21 mยฒ, KM25#10-20 mยฒ), en fonction de lโ€™HR imposรฉe ร  lโ€™extรฉrieur (Figure 25). Ils montrent alors que le rapport entre le flux massique d’eau liquide et flux massique total d’eau tend trรจs rapidement vers 1. Le transport par permรฉation dโ€™eau liquide est donc prรฉpondรฉrant devant les autres modes de transfert dโ€™eau. Lโ€™utilisation de ce modรจle simplifiรฉ semble particuliรจrement efficace pour les matรฉriaux ยซ peu permรฉables ยป. Le domaine de validitรฉ de ce modรจle varie avec les propriรฉtรฉs des matรฉriaux concernรฉs, dans la limite dโ€™une erreur relative sur la perte de masse dโ€™au plus 10% et, selon lโ€™humiditรฉ relative externe :
๏‚ง HR > 20% pour un bรฉton ร  haute performance (KBH#10-22 mยฒ, BH Figure 25),
๏‚ง HR > 45% pour un bรฉton ordinaire (KBO#10-21 mยฒ, BO Figure 25),
๏‚ง HR > 65% pour un bรฉton de mauvaise qualitรฉ (KM25#10-20 mยฒ, M25 Figure 25).

Les isothermes dโ€™adsorption-dรฉsorption

Dรฉfinition et classification

Les isothermes de sorption Sl = Sl(h) reprรฉsentent, ร  une tempรฉrature donnรฉe et, ร  lโ€™รฉquilibre thermodynamique (dans le rรฉseau poreux), la quantitรฉ dโ€™eau retenue dans le rรฉseau poreux (Sl ou w) en fonction de lโ€™humiditรฉ relative de lโ€™environnement extรฉrieur. Expรฉrimentalement, les isothermes de dรฉsorption sont obtenues pour des humiditรฉs relatives dรฉcroissantes alors que lโ€™isotherme dโ€™adsorption est obtenue pour des humiditรฉs relatives croissantes.
Soulignons quโ€™au cours des cycles adsorption-dรฉsorption, des phรฉnomรจnes dโ€™hystรฉrรฉsis sont susceptibles dโ€™apparaitre [160] (Figure 27). Plusieurs types dโ€™hystรฉrรฉsis existent. Leurs origines ont et, font encore lโ€™objet de diffรฉrentes thรฉories. Aligizaki [161] a rรฉpertoriรฉ ces hystรฉrรฉsis dans des classes sur la base de travaux de la littรฉrature. Selon Mc Bain [162], lโ€™hystรฉrรฉsis est due ร  la prรฉsence de pores en forme de ยซ bouteille dโ€™encre ยป. La partie large des pores serait remplie aux fortes HR mais ne pourrait รชtre vidรฉe au cours de la dรฉsorption que lorsque la partie รฉtroite serait elle-mรชme vidรฉe aux faibles HR. Plus rรฉcemment, Espinosa & Franke [163] associent lโ€™hystรฉrรฉsis ร  la condensation capillaire dans une structure poreuse complexe (les rayons de pores concernรฉs par la condensation capillaire et la dรฉsorption ne sont pas les mรชmes pour une valeur dโ€™HR donnรฉe).

La permรฉabilitรฉ intrinsรจque ร  lโ€™eau liquide

La permรฉabilitรฉ intrinsรจque ร  lโ€™eau liquide dโ€™un matรฉriau Kl se dรฉcrit, au sens de Darcy, comme son aptitude ร  se laisser traverser par un liquide sous lโ€™effet dโ€™un gradient de pression totale. Sa mesure directe est possible via lโ€™utilisation dโ€™un permรฉamรจtre [190]. Le principe gรฉnรฉral de cet essai consiste ร  saturer un รฉchantillon, puis ร  le soumettre ร  un gradient de pression liquide constant. Ainsi, la mesure du dรฉbit en sortie du matรฉriau permet, en rรฉgime permanent, dโ€™estimer la permรฉabilitรฉ intrinsรจque ร  lโ€™eau liquide. Cependant, cette mesure est difficile ร  mettre en oeuvre pour deux raisons majeures : dโ€™une part, saturer lโ€™รฉchantillon sโ€™avรจre รชtre une tรขche compliquรฉe et, dโ€™autre part, la pression dโ€™eau liquide ร  injecter en entrรฉe doit รชtre considรฉrable afin dโ€™obtenir un dรฉbit mesurable en sortie. Ces constats sont dโ€™autant plus vrais que les matรฉriaux correspondant sont peu permรฉables. Les essais sont donc longs et fastidieux. De plus, les valeurs obtenues sont impropres aux simulations du transport dโ€™eau en insaturรฉ ; elles apparaissent systรฉmatiquement trop รฉlevรฉes, ce qui mรจne ร  une surestimation des cinรฉtiques de sรฉchage [191].
Classiquement, la permรฉabilitรฉ intrinsรจque ร  lโ€™eau liquide est mesurรฉe indirectement via une mรฉthode expรฉrimentale basรฉe sur la connaissance de la cinรฉtique de sรฉchage isotherme et sur lโ€™utilisation dโ€™un modรจle numรฉrique [150] [192] [193]. Plus spรฉcifiquement, le calage des courbes de pertes de masse numรฉrique par rapport ร  la courbe expรฉrimentale se fait en modifiant la valeur de Kl jusquโ€™ร  dรฉterminer la valeur qui minimise lโ€™รฉcart entre les cinรฉtiques expรฉrimentales et simulรฉes. Par ailleurs, les paramรจtres de sรฉchage (la pression capillaire Pc dรฉduite des isothermes de sorption, la permรฉabilitรฉ relative ร  lโ€™eau liquide krl et la porositรฉ ) รฉtant connus, il suffit dโ€™utiliser lโ€™รฉquation de Richards (E-31) pour prรฉdire la cinรฉtique de perte de masse et, ainsi รฉvaluer la permรฉabilitรฉ du milieu continu (Kl).

Bilan de lโ€™รฉtude bibliographique

Lโ€™analyse des donnรฉes de la littรฉrature a permis :
๏‚ง De dรฉcrire les systรจmes hydratรฉs constituant la matrice cimentaire, รฉtape nรฉcessaire ร  la bonne comprรฉhension des diffรฉrentes modifications induites par la carbonatation ;
๏‚ง De traiter le couplage chimie-transport, prรฉpondรฉrant dans le phรฉnomรจne de carbonatation et, de dรฉtailler les consรฉquences du processus sur la minรฉralogie, la microstructure et les propriรฉtรฉs de transport des matรฉriaux cimentaires. Les principaux facteurs impactant le degrรฉ de carbonatation ont รฉgalement รฉtรฉ relevรฉs et analysรฉs ;
๏‚ง Dโ€™identifier les diffรฉrents modes de transport mis en jeu dans les milieux poreux et, intervenant dans le processus de carbonatation. Ainsi, il apparait que lโ€™approche simplifiรฉe proposรฉe par Mainguy [150], basรฉe sur le transport de lโ€™eau liquide seule, apporte une description reprรฉsentative des phรฉnomรจnes de sรฉchage.
La synthรจse bibliographique dรฉmontre la nรฉcessitรฉ de prendre en compte les transferts hydriques conjointement au processus de carbonatation. En parallรจle, se pose de maniรจre rรฉcurrente, la question de la reprรฉsentativitรฉ des donnรฉes acquises en laboratoire ร  lโ€™รฉchelle rรฉelle. Dโ€™un point de vue opรฉrationnel, la fiabilitรฉ des rรฉsultats obtenus repose sur leur applicabilitรฉ ร  des ouvrages et structures existants. Dans ce sens, la prรฉdiction de la durabilitรฉ des structures requiert la confrontation dโ€™รฉchantillons de laboratoire avec des analogues anciens, i.e. carbonatรฉs naturellement. Pour rรฉpondre ร  ces problรฉmatiques intimement liรฉes, un programme expรฉrimental associรฉ ร  des mรฉthodes de caractรฉrisation a รฉtรฉ dรฉfini. Cโ€™est lโ€™objet du Chapitre 2 Programme expรฉrimental.

Pรขte de ciments dรฉdiรฉes ร  lโ€™รฉtude du transport dโ€™eau

Les pรขtes de ciment durcies sont รฉlaborรฉes ร  partir de ciments dโ€™origine commerciale CEM I, CEM III/A, CEM V/A et dโ€™un liant Bas-pH (mรฉlange T1, en rรฉfรฉrence aux travaux de Codina [12]). Les fiches produit des ciments correspondants sont disponibles en Annexe 1. Ils sont respectivement dรฉsignรฉs par PI, PIII, PV et PBP. Le Tableau 11 prรฉsente les compositions de chacune des formulations รฉtudiรฉes. Les matรฉriaux PI et PV ont รฉtรฉ sรฉlectionnรฉs par lโ€™Andra pour les รฉtudes de R&D dans le cadre des structure et des colis de stockage. La formulation PIII a รฉtรฉ sรฉlectionnรฉe par lโ€™Andra pour dโ€™autres applications relatives ร  la gestion des dรฉchets radioactifs. La formulation dite ยซ Bas-pH (T1) ยป est un mรฉlange ternaire, non commercial, ร  base de ciment CEM I (Lafarge, Usine Le Teil), de cendres volantes (EdF, Centrale de Cordemais), de fumรฉe de silice (Condensil S95DM, voir Annexe 3) et de superplastifiant (Chrysofluid Optima 175, voir Annexe 3). Elle a รฉtรฉ formulรฉe par le CEA [12] [194], dans le cadre des รฉtudes sur le scellement des alvรฉoles de stockage, afin de limiter les interactions chimiques bรฉton/argile21 qui pourraient affecter lโ€™efficacitรฉ du scellement. A noter que les formulations PI, PV et PBP ont dรฉjร  รฉtรฉ รฉtudiรฉes au cours dโ€™une prรฉcรฉdente รฉtude [4]. Aussi, les propriรฉtรฉs de transport dโ€™eau des matรฉriaux non carbonatรฉs sont connues. Le retour dโ€™expรฉrience est donc intรฉressant.
Les formulations dรฉcrites dans le Tableau 11 sont รฉlaborรฉes avec un rapport Eau/Liant de 0,4. Cette valeur a รฉtรฉ choisie car elle procure ร  la pรขte fraiche les propriรฉtรฉs escomptรฉes, i.e. bonne maniabilitรฉ, pas de sรฉgrรฉgation apparente de la pรขte et pas de ressuage.

C-S-H

Dans les matรฉriaux cimentaire, il est communรฉment admis que le rapport C/S des C-S-H varie dโ€™environ 1,7 ร  0,8 [14]. Dans ce cadre, des C-S-H de rapports C/S diffรฉrents (0,8 ; 1,2 ; 1,5 et 1,7) sont synthรฉtisรฉs au laboratoire. Diffรฉrents modes de synthรจse existent dont notamment : par hydratation de C3S ou de ๏ข-C2S, par rรฉaction pouzzolanique ou par prรฉcipitation [202]. Nous sรฉlectionnons le mode de synthรจse par rรฉaction pouzzolanique, couramment employรฉ dans la littรฉrature [203]. Il consiste ร  mรฉlanger deux rรฉactifs dans diffรฉrentes proportions : oxyde de calcium (CaO) et de silice (SiO2). Cette variation de proportion permet dโ€™obtenir des C-S-H de diffรฉrents rapports C/S (pour une conversion complรจte). Le protocole spรฉcifique de synthรจse est dรฉcrit en Annexe 9.

Ettringite

Rappelons que lโ€™ettringite provient de lโ€™hydratation de C3A (Tableau 4). Pour lโ€™obtenir, il faut ajouter au clinker du sulfate de calcium sous forme de gypse (CaSO4, 2H2O). En prรฉsence des ions Ca2+, Al3+, OH- et SO42-, la phase la moins soluble est lโ€™ettringite (Ca6Al2(SO4)3(OH)12.26H2O) qui se forme tant que la concentration en sulfate en solution est suffisante . Le protocole de synthรจse de lโ€™ettringite est extrait des travaux de Renaudin et al. [204]. Les grandes รฉtapes de la synthรจse sont rรฉcapitulรฉes en Annexe 9.

Caractรฉrisation du solide

Suivi de carbonatation

Le suivi de carbonatation permet de justifier dโ€™un รฉtat de carbonatation des รฉchantillons stabilisรฉ. Cโ€™est une รฉtape prรฉalable indispensable ร  lโ€™acquisition des propriรฉtรฉs de transport dโ€™eau des matรฉriaux carbonatรฉes. Lโ€™รฉtat gรฉnรฉral de carbonatation des pรขtes de ciment est รฉvaluรฉ au moyen de diffรฉrentes techniques et mรฉthodes dont :
(i) Le suivi massique, permettant dโ€™รฉvaluer la variation de masse liรฉe ร  la prรฉcipitation de carbonate de calcium. Dans notre cas, des lots de 5 ร  7 รฉchantillons par formulation sont pesรฉs26 ร  รฉchรฉances rรฉguliรจres de carbonatation accรฉlรฉrรฉe (0, 7, 14, 29, 49, 82, 113, 160, 208, 260, 320 et 349 jours).
(ii) La pulvรฉrisation de phรฉnolphtalรฉine [205], permettant dโ€™รฉvaluer la profondeur de carbonatation depuis la surface exposรฉe au CO2. Lโ€™indicateur de pH vire du violet dans la zone non carbonatรฉ (pH โ‰ˆ 13) ร  incolore dans la zone carbonatรฉe (pH โ‰ˆ 9). La technique est simple de mise en oeuvre mais semble sous-estimer la profondeur de carbonatation. Etant donnรฉ quโ€™elle repรจre la profondeur de carbonatation ร  un pH de 9 et que le milieu cimentaire est tamponnรฉ par la portlandite ร  un pH de lโ€™ordre de 12,5, il subsiste une zone correspondant ร  cet intervalle de pH, compris entre 10 et 12,5, non dรฉtectรฉe par la phรฉnolphtalรฉine. Lโ€™รฉpaisseur de cette zone dรฉpend de la pente du front de carbonatation.
(iii) Lโ€™emploi dโ€™un cotmรจtre27, permettant le dosage du carbone inorganique, reprรฉsentatif de la quantitรฉ de carbonates de calcium formรฉe par carbonatation. Le principe de lโ€™appareil consiste ร  acidifier une ยซ solution ยป (suspension de ciment28 dans de lโ€™eau dรฉionisรฉe) via de lโ€™acide phosphorique puis, ร  purger le CO2 dรฉgazรฉ (avec de lโ€™azote) jusquโ€™ร  un dรฉtecteur infrarouge. La rรฉponse du dรฉtecteur est visualisรฉe sous la forme d’un pic dont la surface intรฉgrรฉe est proportionnelle ร  la concentration de carbone inorganique dans l’รฉchantillon.
(iv) Lโ€™รฉvaluation de la prise de masse des รฉchantillons liรฉe ร  la fixation de CO2 obtenue par sรฉchage. A une รฉchรฉance de carbonatation donnรฉe, un รฉchantillon est sorti de lโ€™enceinte de carbonatation accรฉlรฉrรฉe pour รชtre resaturรฉ puis, sรฉchรฉ ร  80ยฐC selon le protocole LCPC [206]. Au moyen de pesรฉes pรฉriodiques, la cinรฉtique de prise de masse liรฉe au CO2 est รฉvaluรฉe. Gardons ร  lโ€™esprit que la variation de masse relative ร  cette expรฉrience de sรฉchage est une combinaison de plusieurs phรฉnomรจnes.
(v) Lโ€™analyse thermogravimรฉtrique, utilisรฉe pour la caractรฉrisation du cortรจge minรฉralogique (voir ยง3.2.2), vient complรฉter ce suivi par รฉvaluation directe des quantitรฉs de carbonate de calcium formรฉ et de portlandite consommรฉe.

Minรฉralogie

Analyse par diffraction des rayons X (DRX)

Lโ€™analyse par diffraction des rayons X (DRX) permet lโ€™identification des phases minรฉralogiques constitutives des matรฉriaux cimentaires. Lโ€™identification des phases minรฉrales consiste ร  chercher, pour les couples distance interrรฉticulaire-intensitรฉ donnรฉes (dhkl – I) des raies les plus intenses, une coรฏncidence entre le diffractogramme inconnu et les diffractogrammes des รฉtalons probables, parmi une base de donnรฉes (JCPDS).
Nos analyses sont rรฉalisรฉes sur un diffractomรจtre PANalytical Xโ€™Pert et les acquisitions sont rรฉalisรฉe avec un tube de cuivre (Cu Kฮฑ, ฮป = 1,54 ร…). Lโ€™appareil est couplรฉ ร  un dรฉtecteur spรฉcifique Xโ€™Celerator permettant de rรฉduire de 100 fois la durรฉe dโ€™acquisition par rapport ร  un dรฉtecteur standard pour une qualitรฉ de signal identique [208]. Les mesures sont rรฉalisรฉes sur le domaine angulaire (5ยฐ- 65ยฐ) par pas de 0,017ยฐ (durรฉe dโ€™acquisition dโ€™un diffractogramme trรจs rapide, de lโ€™ordre de 20 minutes).

Analyse thermogravimรฉtrique (ATG)

Lโ€™analyse thermogravimรฉtrique (ATG) permet la caractรฉrisation des matรฉriaux cimentaires par mesure directe de la variation de masse dโ€™un รฉchantillon lorsquโ€™il est exposรฉ ร  un rรฉgime de tempรฉrature (linรฉaire ou modulรฉ). Cette technique permet notamment de quantifier la portlandite et les carbonates de calcium. Les courbes ATG sont souvent prรฉsentรฉes sous la forme de leur dรฉrivรฉe premiรจre (DTG), cela permet de mieux distinguer les sauts et donc dโ€™identifier les pics plus clairement. Diffรฉrents auteurs ont dรฉcrit les rรฉactions qui se produisent dans les matรฉriaux cimentaires sous รฉlรฉvation de la tempรฉrature. Dans ce cadre, il est possible dโ€™identifier des plages de tempรฉrature caractรฉristiques des phases des matรฉriaux cimentaires. Dans notre cas, nous nous baserons le plus souvent sur les plages de tempรฉratures dรฉfinies par le LCPC [206] :
๏‚ง 110-130ยฐC : Dรฉcomposition des phases AFt et des C-S-H. Cependant, plusieurs auteurs stipulent que lโ€™eau liรฉe des C-S-H est รฉvacuรฉe sur une plage plus large, par exemple de 25 ร  550ยฐC dโ€™aprรจs Taylor [14]. Dans ce contexte, nous nous baserons sur les donnรฉes rรฉcentes de Borges et al. [74] considรฉrant que dรจs 300ยฐC, la quantitรฉ dโ€™eau libรฉrรฉe par les C-S-H est nรฉgligeable.
๏‚ง 175-190ยฐC : Dรฉcomposition des phases AFm.
๏‚ง 230-240ยฐC : Dรฉcomposition du gypse. A noter que cette derniรจre est observรฉe par Ramachandran et al. [209] sur la plage de tempรฉrature 140-170ยฐC.
๏‚ง La deshydroxylation de la katoรฏte est identifiรฉe par Rivas-Mercury et al. [210] sur la plage de tempรฉrature 300-450ยฐC.
๏‚ง 390-400ยฐC : Dรฉcomposition de la brucite. Collier et al. [73] รฉlargissent cette plage de tempรฉrature ร  lโ€™intervalle 350-450ยฐC.
๏‚ง 460-510ยฐC : Deshydroxylation de la portlandite (pic endothermique). Certains auteur relรจvent cette plage de tempรฉrature sur lโ€™intervalle 400-600ยฐC [209] [29] [68].
๏‚ง 575-579ยฐC : Transformation du quartz. A noter que la courbe ATD (Analyse Thermique Diffรฉrentielle) permet de quantifier la teneur en quartz par calcul de lโ€™aire du pic de transformation du quartz-๏ก en quartz-๏ข.
๏‚ง 600-900ยฐC : Dรฉcarbonatation [209] [29] [68] [211].
๏‚ง 780-800ยฐC : Dรฉcomposition de la partie magnรฉsienne de la dolomite. Elle est identifiรฉe sur une plage plus large, allant de 710ยฐC ร  910ยฐC, dโ€™aprรจs Maitra et al. [212].
Les essais ATG/DTG permettent dโ€™estimer directement la quantitรฉ de portlandite. La technique nโ€™est cependant par adaptรฉe ร  lโ€™estimation de la teneur en C-S-H (du fait de la superposition des pics DTG des phases AFt et AFm (Figure 62). Aussi, la teneur en C-S-H est รฉvaluรฉe ร  partir dโ€™essais de sorption dโ€™eau et via lโ€™utilisation de la mรฉthode Olson & Jennings [213] (ยง3.2.4).
Sur la base dโ€™une description simplifiรฉe de lโ€™assemblage minรฉralogique (prise en compte des phases majeures, voir Tableau 17), nous proposons dโ€™รฉvaluer, par ATG, les รฉvolutions du rapport C/S de nos matรฉriaux au cours de la carbonatation.

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Table des matiรจres

Chapitre 1 Etat de lโ€™art
1. Les ciments
1.1 CEM I
1.2 Ciments composรฉs
1.3 Hydratation du ciment
1.4 La portlandite
1.5 Les silicates de calcium hydratรฉs
1.6 Les aluminates et sulfo-aluminates de calcium
1.7 Les aluminoferrites
1.8 Conclusion
2. Description et impact du processus de carbonatation
2.1 Phรฉnomรฉnologie du processus
2.2 Systรจmes rรฉactionnels
2.2.1 Dissolution du CO2
2.2.2 Carbonatation de la portlandite
2.2.3 Carbonatation des C-S-H
2.2.4 Carbonatation des aluminates
2.2.5 Conclusion
2.3 Abondance polymorphique des carbonates de calcium
2.3.1 Impact du pH et de la tempรฉrature
2.3.2 Impact de la teneur en CO2 et de lโ€™humiditรฉ relative
2.3.3 Impact de la nature des rรฉactifs
2.3.4 Conclusion
2.4 Effet de la carbonatation sur la microstructure
2.4.1 Modification de la porositรฉ et de la distribution poreuse
2.4.2 Retrait de carbonatation
2.5 Modification des propriรฉtรฉs de transport
2.6 Paramรจtre impactant la carbonatation
2.6.1 La teneur en CO2
2.6.1.1 Cinรฉtique
2.6.1.2 Reprรฉsentativitรฉ des essais de carbonatation accรฉlรฉrรฉe
2.6.2 Lโ€™humiditรฉ relative
2.6.3 La tempรฉrature
2.6.4 Le dosage et la nature du ciment
2.6.5 Le rapport E/C
2.6.6 La cure
3. Les transferts hydriques dans les matรฉriaux cimentaires
3.1 Dรฉfinition du matรฉriau cimentaire
3.2 Lโ€™eau dans un matรฉriau cimentaire
3.3 Transport dโ€™eau
3.3.1 En milieu saturรฉ
3.3.2 En milieu insaturรฉ
3.4 Description simplifiรฉe du transport dโ€™eau
3.4.1 La courbe de pression capillaire
3.4.2 Les isothermes dโ€™adsorption-dรฉsorption
3.4.2.1 Dรฉfinition et classification
3.4.2.2 Description des isothermes
3.4.3 La permรฉabilitรฉ relative ร  lโ€™eau liquide
3.4.4 La permรฉabilitรฉ intrinsรจque ร  lโ€™eau liquide
4. Bilan de lโ€™รฉtude bibliographique
Chapitre 2 Programme expรฉrimental
1. Matรฉriaux
1.1 Pรขte de ciments dรฉdiรฉes ร  lโ€™รฉtude du transport dโ€™eau
1.1.1 Gรขchage des รฉchantillons
1.1.2 Cure
1.1.3 Echantillonnage
1.2 Analogues naturels
1.2.1 Bรฉtons
1.2.2 Pรขtes de ciment
1.3 Minรฉraux modรจles
1.3.1 C-S-H
1.3.2 Ettringite
1.3.3 Portlandite
2. Carbonatation des pรขtes de ciment et des minรฉraux modรจles
2.1 Conditionnement hydrique
2.2 Carbonatation
3. Caractรฉrisation du solide
3.1 Suivi de carbonatation
3.2 Minรฉralogie
3.2.1 Analyse par diffraction des rayons X (DRX)
3.2.2 Analyse thermogravimรฉtrique (ATG)
3.2.3 Teneur en eau liรฉe
3.2.4 Teneur en C-S-H
3.2.5 Rรฉsonance magnรฉtique nuclรฉaire (RMN)
3.3 Microstructure
3.3.1 Porositรฉ par intrusion de mercure (PIM)
3.3.2 Connectivitรฉ
3.3.3 Tortuositรฉ
3.3.4 Surface spรฉcifique
3.3.5 Porosimรฉtrie par adsorption
3.3.6 Microfissuration
3.3.7 Retrait
4. Description du transport dโ€™eau
4.1 Densitรฉ et porositรฉ
4.2 Isothermes de dรฉsorption
4.2.1 Mรฉthode des solutions salines
4.2.2 Balance dynamique de sorption de vapeur (DVS)
4.3 Permรฉabilitรฉ
4.3.1 Katz & Thompson
4.3.2 Analyse inverse
4.3.2.1 Principe
4.3.2.2 Mรฉthode
4.3.3 Essai ร  la coupelle
4.3.3.1 Principe
4.3.3.2 Dispositif expรฉrimental
4.3.3.3 Opรฉrationnalitรฉ du dispositif
Chapitre 3 Matรฉriaux sains
1. Minรฉralogie
1.1 DRX
1.2 ATG
1.3 Teneur en eau liรฉe
1.4 Teneur en C-S-H
1.5 RMN
1.6 Conclusion
2. Microstructure
2.1 Distributions des tailles de pores
2.2 Connectivitรฉ
2.3 Tortuositรฉ
2.4 Surface spรฉcifique
2.5 Porosimรฉtrie par adsorption
2.6 Conclusion
3. Description du transport dโ€™eau
3.1 Densitรฉ et porositรฉ
3.2 Isothermes de dรฉsorption
3.2.1 Rรฉsultats
3.2.2 Description
3.3 Permรฉabilitรฉ
3.3.1 Katz & Thompson
3.3.2 Analyse inverse
3.3.3 Essais ร  la coupelle
3.3.3.1 Rรฉsultats
3.3.3.2 Ajustement alternatif de la permรฉabilitรฉ
3.4 Conclusion
Chapitre 4 Matรฉriaux carbonatรฉs
1. Suivi de carbonatation
1.1 Etat gรฉnรฉral des รฉchantillons
1.2 Suivi massique
1.3 Dosage du carbonate de calcium
2. Minรฉralogie
2.1 DRX
2.2 ATG
2.2.1 Rรฉsultats
2.2.2 Modes de dรฉcomposition du carbonate de calcium
2.2.2.1 Evaluation du rapport C/S
2.3 Teneur en eau liรฉe
2.4 Teneur en C-S-H
2.5 RMN
2.6 Conclusion
3. Microstructure
3.1 Distributions des tailles de pores
3.2 Connectivitรฉ
3.3 Tortuositรฉ
3.4 Surface spรฉcifique
3.5 Porosimรฉtrie par adsorption
3.6 Microfissuration
3.7 Retrait
3.8 Conclusion
4. Description du transport dโ€™eau
4.1 Densitรฉ et porositรฉ
4.2 Isothermes de dรฉsorption
4.3 Propriรฉtรฉ de transport
4.3.1 Katz & Thompson
4.3.2 Essais ร  la coupelle
4.3.2.1 Coefficient de diffusion du CO2
4. Conclusion
Chapitre 5 Reprรฉsentativitรฉ de la carbonatation accรฉlรฉrรฉe
1. Analogues naturels
1.1 Minรฉralogie
1.1.1 DRX et ATG
1.1.2 RMN
1.2 Microstructure
1.2.1 Porosimรฉtrie au mercure
1.2.2 Microfissuration
1.3 Conclusion
2. Matรฉriaux modรจles
2.1 C-S-H
2.2 Portlandite
2.3 Ettringite
2.4 Conclusion
Conclusion Gรฉnรฉrale
Perspectives
Rรฉfรฉrences bibliographiques

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