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Retrait de carbonatation
La carbonatation des matรฉriaux cimentaires entraine une augmentation de volume des phases solides de 12% ร 19% selon la nature polymorphique des carbonates de calcium formรฉs [88]. Cependant, les diffรฉrentes expรฉriences tรฉmoignent toutes dโun retrait liรฉ ร la carbonatation. Selon Powers [101], ce retrait est imputable ร la dissolution des cristaux de portlandite dans lโeau, alors que ceux-ci sont soumis ร des contraintes de compression. Au cours du processus de carbonatation, les ions Ca2+ se remobiliseraient dans les pores partiellement dรฉsaturรฉs du matรฉriau cimentaire (transfert des rรฉgions sous contraintes). Les carbonates de calcium pourraient alors se dรฉvelopper librement sans exercer de contraintes sur la pรขte de ciment. Il en rรฉsulterait une augmentation de la compressibilitรฉ17 de la pรขte, proportionnelle au retrait de carbonatation (ร HR constante). Ce rรฉarrangement microstructural de la pรขte de ciment pourrait expliquer lโorigine de ce retrait [29].
Dโautres expรฉriences sur des matรฉriaux dรฉpourvus de portlandite, tels que des bรฉtons cellulaires [101], tรฉmoignent de lโexistence dโun retrait de carbonatation. Autrement dit, ce phรฉnomรจne de retrait nโest pas uniquement liรฉ ร la portlandite. Dโautres phases hydratรฉes sont mises en jeu. Dans ce cadre, la diminution de la quantitรฉ dโeau chimiquement liรฉe aux C-S-H est proposรฉe comme origine du retrait de carbonatation [102]. Dโaprรจs Swenson & Sereda [95], le retrait de carbonatation sโexplique par la dรฉshydratation et par la polymรฉrisation du gel de silice formรฉ aprรจs carbonatation des C-S-H. Groves et al. [35] complรจtent ces donnรฉes en observant au microscope รฉlectronique ร transmission (MET) les modifications microstructurales, induites par la carbonatation, dans le cas dโรฉchantillons de pรขte de C3S (E/C = 0,5). Ainsi, le remplissage des vides de la zone externe des C-S-H par des microcristaux de carbonates de calcium permet dโexpliquer la perte globale de calcium de la zone interne des C-S-H. Ce phรฉnomรจne peut conduire ร un retrait dans ces zones, ce qui expliquerait le retrait de carbonatation. En fait, la remobilisation de la couche de calcium est ร lโorigine de la perte de cohรฉsion des C-S-H. Ce rรฉarrangement provoque une densification des C-S-H et induit une force motrice au retrait. Il est important de rappeler que la carbonatation mรจne ร la prรฉcipitation dโun gel siliceux amorphe lorsque la dรฉcalcification des C-S-H est fortement avancรฉe. Dans ce cadre, il se produit un rรฉarrangement de la structure cristalline des silicates sous une forme tridimensionnelle [38] alors que la polymรฉrisation des C-S-H est associรฉe ร une structure bidimensionnelle. Le retrait de carbonatation rรฉsultant est significatif. Cette explication semble la plus probante. Elle est corroborรฉe par plusieurs auteurs dont Chen et al. [96]. Ils ont rรฉalisรฉ des essais de lixiviation de pรขtes de CEM I (nitrate dโammonium concentrรฉ), montrant que la dรฉcalcification des C-S-H et leur polymรฉrisation en gel de silice, sont ร lโorigine dโun retrait pouvant atteindre jusquโร 1%.
La teneur en CO2
Cinรฉtique
Les รฉpaisseurs carbonatรฉes sont dโautant plus importantes que la teneur en CO2 est รฉlevรฉe [106] [107]. Au niveau macroscopique, la carbonatation est un phรฉnomรจne diffusif [10] [72] [77] [98] [108] (รฉvolution en racine carrรฉe du temps) qui sโexprime selon (E-17) : (E-17) โ Oรน xc est lโรฉpaisseur carbonatรฉe (mm), est une constante (dรฉterminรฉe ร partir dโexpรฉriences et/ou de modรจles prรฉdictifs) qui dรฉpend de diffรฉrents facteurs liรฉs au matรฉriau et ร lโenvironnement.
Lโimpact de la teneur en CO2 sur la profondeur carbonatรฉe mesurรฉe par pulvรฉrisation de phรฉnolphtalรฉine sur des รฉchantillons de bรฉton (non prรฉconditionnรฉs) ร base de CEM I est reprรฉsentรฉ sur la Figure 20. La tendance observรฉe est confirmรฉe par Hyvert et al. [109] sur une plus large gamme de pression partielle de CO2 (comprise entre 0,03% et 50%).
Reprรฉsentativitรฉ des essais de carbonatation accรฉlรฉrรฉe
Si les rรฉsultats de la littรฉrature sโaccordent sur la tendance prรฉcรฉdente, ils sont contradictoires lorsquโil sโagit de dรฉcrire lโimpact de la teneur en CO2 sur le degrรฉ de carbonatation. Or la cohรฉrence de donnรฉes acquises au cours dโessais de carbonatation accรฉlรฉrรฉe dรฉpend de leur reprรฉsentativitรฉ visร vis de la rรฉalitรฉ. Plusieurs auteurs se sont attelรฉs ร la comparaison des รฉvolutions minรฉralogiques et microstructurales des matรฉriaux cimentaires consรฉcutivement ร leur carbonatation ร diffรฉrentes teneurs en CO2.
Par exemple, Hyvert et al. [109] montrent, via des analyses DRX, sur une gamme de teneur en CO2 allant de 0,03% (conditions atmosphรฉrique) ร 50% (conditions accรฉlรฉrรฉes), que la portlandite a totalement disparue dans la zone carbonatรฉe. Parrott et Killoh [110] confirment ce rรฉsultat. Au contraire, dโaprรจs Thiรฉry [29], de la portlandite rรฉsiduelle subsiste dans une pรขte de ciment carbonatรฉe ร 50% de CO2. Ce rรฉsultat peut รชtre corrรฉlรฉ avec ceux de Groves et al. [35], pour qui la prรฉsence dโune gangue de carbonate se formant autour des grains de portlandite, inhiberait leur dissolution. Les rรฉsultats de Castellote et al. [111] rapportent, quant ร eux, la prรฉsence de portlandite rรฉsiduelle uniquement dans le cas de la carbonatation atmosphรฉrique (PCO2 โ 0,03%) ; la portlandite serait complรจtement carbonatรฉe dans le cas dโessais accรฉlรฉrรฉs (PCO2 > 3%) [111]. Anstice et al. [55] confirment par DRX, que le degrรฉ de carbonatation dรฉpend directement de la concentration en CO2.
Les rรฉsultats dโHyvert et al. [109] et de Castellote et al. [111] sโaccordent sur la dรฉpendance du taux de carbonatation des C-S-H avec la PCO2. En effet, il semble que le degrรฉ de carbonatation des C-S-H augmente avec la teneur en CO2 (au-delร de 3%). Les essais de carbonatation accรฉlรฉrรฉe, conduits traditionnellement ร 50% de CO2, sont ร lโorigine de lโapparition de fissures [4] [88] [93]. Il semble รฉgalement que les modifications minรฉralogiques induites au niveau des C-S-H ne soient plus reprรฉsentatives des รฉvolutions minรฉralogiques identifiรฉes en carbonatation naturelle [111] [112]. Pour des teneurs en CO2 de lโordre de 3%, un gel de C-S-H avec un rapport C/S quasi-identique ร celui mesurรฉ en carbonatation naturelle subsiste [111]. Tandis que pour une teneur en CO2 supรฉrieure ร 3%, le gel de C-S-H a complรฉtement disparu (dรฉcalcification forte et polymรฉrisation des chaines de silicates) [111]. Groves et al. [35] confirment ces rรฉsultats en mettant en รฉvidence la prรฉsence dโun gel siliceux amorphe ร base de calcium ร lโissue dโessais de carbonatation accรฉlรฉrรฉe rรฉalisรฉs avec du CO2 pur. Par ailleurs, ces mรชme auteurs stipulent quโen conditions de carbonatation atmosphรฉrique (PCO2 โ 0,04%), les C-S-H continueraient ร se polymรฉriser mais, sans former de gel de silice. La formation de C-S-H dรฉcalcifiรฉs, induite par la carbonatation, est corrรฉlรฉe ร la diminution du rapport molaire C/S, rรฉsultat notamment mis en รฉvidence par Kobayashi et al. [113]. A noter que lโaugmentation de la teneur en carbonates de calcium avec la PCO2 semble liรฉe ร la carbonatation des C-S-H [109]. Il est intรฉressant de noter quโร 50% de CO2, des phรฉnomรจnes de fissuration ont รฉtรฉ observรฉs [4] [88] [93]
Malgrรฉ le manque de donnรฉes relatives ร lโรฉvaluation de la reprรฉsentativitรฉ des essais de carbonatation accรฉlรฉrรฉe, les auteurs prรฉconisent lโemploi dโune teneur en CO2 nโexcรฉdant pas 3% [111] [112].
Lโhumiditรฉ relative
Il est frรฉquemment montrรฉ que lโhumiditรฉ relative (HR) de lโair avec lequel le matรฉriau cimentaire est en รฉquilibre, impacte fortement la cinรฉtique de carbonatation (Figure 21) [114] [86] [29] [98]. Lโoptimum dโHR relevรฉ sur la Figure 21 traduit :
๏ง un chemin dรฉsaturรฉ percolant dans les pores pour permettre au CO2 de pรฉnรฉtrer dans le rรฉseau poreux (par diffusion),
๏ง une phase liquide suffisante pour permettre la solubilisation du CO2 et par consรฉquent les rรฉactions de carbonatation.
La vitesse maximale de carbonatation ร 20ยฐC pour les bรฉtons traditionnels est obtenue pour une humiditรฉ relative comprise entre 40 et 60 %. Ces conditions optimales sont dรฉfinies pour un bรฉton durci oรน les transferts hydriques ร l’intรฉrieur du matรฉriau sont en รฉquilibre avec l’hygromรฉtrie extรฉrieure [114]. Par ailleurs, en comparant plusieurs rรฉsultats de la littรฉrature [86] [114] [98], on relรจve des vitesses de carbonatation maximales pour des optimums dโHR diffรฉrents (Figure 21).
La tempรฉrature
Selon Chaussadent [116], lโรฉlรฉvation de la tempรฉrature induit une baisse de la vitesse de carbonatation des bรฉtons. Pour cela, il sโappuie sur la solubilitรฉ du dioxyde de carbone dans l’eau et sur les travaux de Dheilly & Tudo [117]. Ces derniers montrent, ร partir dโessais menรฉs ร 20ยฐC et 40ยฐC, sur de la poudre de portlandite que celle-ci se dรฉgrade plus rapidement lorsque la tempรฉrature diminue, mettant alors en รฉvidence lโeffet de la solubilitรฉ rรฉtrograde des rรฉactifs (rรฉactions de surface). Au contraire, plusieurs auteurs constatent une thermoactivation du processus de carbonatation [118] [119] [120]. Une augmentation de tempรฉrature favorise le sรฉchage des pores, facilitant la diffusion du CO2 gazeux au sein du rรฉseau poreux. La tempรฉrature impacte le transport dโeau, en diminuant notamment le degrรฉ de saturation du matรฉriau [121]. Les travaux rรฉcents de Drouet [4] ont permis de montrer, ร partir dโessais conduits ร 20, 50 et 80ยฐC sur des รฉchantillons de CEM I, que la thermoactivation du transport est le facteur prรฉdominant dans lโeffet de la tempรฉrature vis-ร -vis de la solubilitรฉ rรฉtrograde des rรฉactifs. Cette conclusion nโest cependant pas applicable aux ciments composรฉs (CEM V et mรฉlange Bas-pH) oรน les profondeurs carbonatรฉes maximales sont mesurรฉes pour une tempรฉrature mรฉdiane de 50ยฐC. Lโauteur en conclut alors quโil existe une tempรฉrature de carbonatation optimale et quโil est probable quโau-delร dโune certaine tempรฉrature, la diminution de la solubilitรฉ des hydrates est telle que leur solubilitรฉ rรฉtrograde devient le facteur limitant.
Le dosage et la nature du ciment
Duval [122] observe une diminution des รฉpaisseurs carbonatรฉes lorsque la teneur en ciment augmente. Deux explications concomitantes ร la diminution de la vitesse de carbonatation sont relevรฉes dans la littรฉrature [122] [123] :
– Dโune part, la quantitรฉ de chaux ร carbonater par unitรฉ de volume augmente avec le dosage en ciment. La durรฉe de carbonatation est alors plus longue, la vitesse de carbonatation diminue. A noter que lโamplitude et la profondeur de carbonatation diminue รฉgalement.
– Dโautre part, la compacitรฉ du matรฉriau a tendance ร augmenter avec le dosage en ciment. La diminution de la quantitรฉ dโeau de gรขchage, induite par un dosage en ciment plus important, rรฉduit la porositรฉ du ciment, freinant alors la pรฉnรฉtration du CO2 dans le rรฉseau poreux. Par consรฉquent, la vitesse de carbonatation diminue.
Hormis le dosage en ciment, un point majeur influenรงant le degrรฉ de carbonatation est la nature du ciment. Les ciments composรฉs, substituant une partie du ciment Portland par des additions minรฉrales (cendres volantes, laitier de haut fourneau, fumรฉe de silice, etc.), se carbonatent diffรฉremment selon leurs compositions. Aussi, une brรจve synthรจse des travaux relatant de lโeffet des additions minรฉrales sur la vitesse de carbonatation est proposรฉe. Seules les additions minรฉrales entrant dans la composition des ciments รฉtudiรฉs pour cette รฉtude sont prises en compte.
๏ถ Les cendres volantes et le laitier de haut fourneau
En conditions de carbonatation atmosphรฉrique, la profondeur de carbonatation augmente avec le taux de substitution du ciment Portland par des cendres volantes [94] [124]. Dโaprรจs Khan & Lynsdale [124], qui ont rรฉalisรฉ des essais en carbonatation naturelle (2 ans, 20ยฐC ยฑ 3ยฐC et 65 ยฑ 5% dโHR), pour chaque augmentation de 10% du taux de substitution, la profondeur carbonatรฉe augmente dโune รฉpaisseur de lโordre de 0,3 mm. Pour Parrott [125], qui a conduit des essais en carbonatation naturelle (18 mois ร 20ยฐC et 60% dโHR), la substitution dโune partie du clinker avec 19% ou plus de calcaire ou de laitier de haut fourneau augmente la profondeur de carbonatation. Par ailleurs, Ati [126] montre quโร 50% de substitution, lโeffet contraire se manifeste. Les profondeurs de carbonatation entre ciment Portland et ciment composรฉ (taux de substitution par des cendres volantes de 50%) sont alors comparables. Ces travaux vont รฉgalement ร lโencontre des rรฉsultats de Sisomphon et Franke [127] pour qui des bรฉtons ร 25% et 50% de substitution de cendres volantes se carbonatent, en conditions accรฉlรฉrรฉes ou naturelles, plus rapidement quโun bรฉton au ciment Portland. Ainsi, les valeurs des taux de substitution ร partir desquelles lโeffet du laitier de haut fourneau devient significatif restent controversรฉes.
๏ถ La fumรฉe de silice
Dโaprรจs Khan & Lynsdale [124], la fumรฉe de silice ne modifie pas significativement la profondeur de carbonatation. Dโautres rรฉsultats, dont ceux de Richardson et al. [128], tendent vers une diminution de la profondeur carbonatรฉe avec lโajout de fumรฉes de silice. Les rรฉsultats de Cabrera & Claisse [129] tendent รฉgalement vers cette conclusion. Dโaprรจs ces derniers, la fumรฉe de silice peut รชtre utilisรฉe pour rendre le matรฉriau pratiquement impermรฉable ร lโoxygรจne. Dans ce cas, la diffusion du CO2 serait ralentie. Au contraire, les rรฉsultats de Yamato et al. [130] montrent une augmentation de la profondeur carbonatรฉe avec lโajout de fumรฉes de silice. A la vue de ces rรฉsultats, lโeffet de lโajout de fumรฉes de silice reste, ร ce jour, trรจs controversรฉ.
De maniรจre gรฉnรฉrale, les travaux de la littรฉrature [127] [131] [132] montrent tous clairement que les ajouts pouzzolaniques diminuent la rรฉsistance ร la carbonatation. La raison de ce phรฉnomรจne est simple : en substituant une partie du clinker par des pouzzolanes, la teneur en portlandite diminue, ce qui a pour effet dโabaisser le pouvoir tampon de la solution interstitielle, et ce malgrรฉ la baisse du coefficient de diffusion du CO2.
Le rapport E/C
Plus le rapport E/C est รฉlevรฉ et plus la profondeur carbonatรฉe est importante [133] [134] [135] [136] [137]. Cette tendance sโexplique par lโaccroissement de la porositรฉ du bรฉton et du coefficient de diffusion du CO2 avec le rapport E/C (ยง2.4.1). Lโeau en excรจs crรฉe des vides (porositรฉ capillaire gรฉnรฉralement percolante) favorisant la diffusion du CO2.
La cure
Lโinfluence de la durรฉe de cure sur le degrรฉ de carbonatation a รฉtรฉ mise en รฉvidence par de nombreux auteurs [87] [138] [139] [140] [141] [142] [143]. Il ressort de ces rรฉsultats une รฉvolution de la profondeur de carbonatation en fonction de la racine carrรฉe du temps de cure [139] [141]. Dโaprรจs Fattuhi [138] [139], le taux de carbonatation diminue avec lโaugmentation de la durรฉe de cure. La cure favorise lโhydratation et donc une quantitรฉ dโhydrates susceptibles de se carbonater importante [139] [142]. De maniรจre concomitante, lโaugmentation de la durรฉe de cure mรจne ร la rรฉduction de la porositรฉ et donc ร la diminution du coefficient de diffusion du CO2 dans le rรฉseau poreux [138]. A noter quโร temps de cure รฉgal, les matรฉriaux curรฉs sous eau affichent des profondeurs de carbonatation plus faibles que celles des matรฉriaux curรฉs sous air [141].
Par exemple, Gruyaert et al. [143] montrent quโune pรฉriode de cure supรฉrieure ร 1 mois amรฉliore significativement les propriรฉtรฉs de durabilitรฉ des ciments au laitier. Lโeffet de la cure est plus apprรฉciable pour un ciment au laitier en raison de sa cinรฉtique dโhydratation plus lente [144] [145]. Cependant, pour une durรฉe de cure supรฉrieure ร 3 mois, la rรฉsistance ร la carbonatation nโest plus modifiรฉe significativement. Par ailleurs, il semble quโaugmenter la pรฉriode de cure nโa pas le mรชme effet dans le cas dโun ciment Portland ou dans le cas dโun ciment composรฉ [140]. Les rรฉsultats de Lo & Lee [141] tendent รฉgalement vers ce rรฉsultat. Selon plusieurs auteurs [125] [140], lโeffet de la cure sur la carbonatation serait minime devant lโeffet de la nature du ciment.
Les transferts hydriques dans les matรฉriaux cimentaires
Dรฉfinition du matรฉriau cimentaire
Un matรฉriau cimentaire peut รชtre assimilรฉ ร un milieu poreux dans lequel 3 phases distinctes sont en รฉquilibre (Figure 22) :
๏ง la phase solide (Vs), qui correspond ร la matrice minรฉrale poreuse solide,
๏ง la phase liquide (Vl), qui est contenue dans les pores du matรฉriau cimentaire sous la forme dโeau capillaire et dโeau adsorbรฉe (ยง3.2),
๏ง la phase gazeuse (Vg), qui est contenue dans les pores du matรฉriau sous forme dโair sec et de vapeur dโeau.
Description simplifiรฉe du transport dโeau
Plusieurs auteurs proposent une modรฉlisation complรจte du sรฉchage oรน les transferts dโhumiditรฉ sont dรฉcrits par les mouvements de la phase gazeuse (air sec et vapeur dโeau) et de lโeau liquide [148] [149] [150] [151]. La modรฉlisation se fait ร pression de gaz non constante afin de rendre compte des cinรฉtiques de sรฉchage observรฉes expรฉrimentalement. Le modรจle correspondant sโavรจre compliquรฉ ร mettre en oeuvre de par ses nombreux couplages et non-linรฉaritรฉs rendant les calculs complexes. De plus, beaucoup de donnรฉes dโentrรฉe sont nรฉcessaires. Aussi, plusieurs modรจles simplifiรฉs relatifs au sรฉchage des matรฉriaux cimentaires ont รฉtรฉ dรฉveloppรฉs [152] [153] [154].
Lโapproche simplifiรฉe sรฉlectionnรฉe pour la modรฉlisation du sรฉchage est celle proposรฉe par Mainguy et al. [150], consistant ร prendre en compte le mouvement de lโeau liquide seul par permรฉation et ร nรฉgliger les autres modes de transport. La validitรฉ de cette approche repose sur lโanalyse complรจte effectuรฉe par ces auteurs [150] et sโavรจre justifiรฉ dans le cas de matรฉriaux faiblement permรฉables. Par exemple, cette analyse rรฉvรจle que la perte de masse, au cours du sรฉchage de matรฉriaux poreux prรฉsentant une permรฉabilitรฉ de lโordre de 10-21 mยฒ, rรฉsulte essentiellement du transport dโeau sous forme liquide. Coussy quant ร lui impose que la valeur de la permรฉabilitรฉ intrinsรจque soit infรฉrieure ร 10-19 mยฒ [155]. Ce modรจle simplifiรฉ consiste alors en une seule รฉquation de diffusion oรน le coefficient de transport D(Sl) rend compte du transport dโeau sous forme liquide uniquement (E-25).
Oรน krl est la permรฉabilitรฉ relative ร lโeau liquide, elle varie de 0 ร 1 selon lโรฉtat de saturation du matรฉriau.
Mainguy et al. [150] montrent que, lors du sรฉchage de matรฉriaux cimentaires peu permรฉables, la diffusion de vapeur ne joue pas un rรดle significatif dans le transport de lโhumiditรฉ. Le transport de lโhumiditรฉ prend en compte le mouvement de lโeau liquide seul par permรฉation et son รฉvaporation au niveau de la surface assรฉchรฉe. Ainsi, lโexpression (E-25) nรฉglige la pression du gaz dans lโexpression de la dรฉpression capillaire en raison de lโexistence dโune surpression du mรฉlange gazeux. Le mouvement de diffusion de vapeur (de type fickien) ร travers le matรฉriau jusquโร lโatmosphรจre ambiante est accompagnรฉ dโun mouvement de diffusion inverse de lโair sec vers le coeur du matรฉriau. Ce phรฉnomรจne de ยซ diffusion inverse ยป crรฉe alors une uniformisation de la phase gazeuse bloquant alors le transport dโhumiditรฉ sous forme vapeur. Cela justifie que seul le transport dโeau sous forme liquide contribue au transport dโhumiditรฉ.
Thiรฉry et al. [156] modรฉlisent lโรฉvolution du rapport du flux dโeau liquide sur le flux dโeau total, pour trois bรฉtons de permรฉabilitรฉs diffรฉrentes (KBH#10-22 mยฒ, KBO#10-21 mยฒ, KM25#10-20 mยฒ), en fonction de lโHR imposรฉe ร lโextรฉrieur (Figure 25). Ils montrent alors que le rapport entre le flux massique d’eau liquide et flux massique total d’eau tend trรจs rapidement vers 1. Le transport par permรฉation dโeau liquide est donc prรฉpondรฉrant devant les autres modes de transfert dโeau. Lโutilisation de ce modรจle simplifiรฉ semble particuliรจrement efficace pour les matรฉriaux ยซ peu permรฉables ยป. Le domaine de validitรฉ de ce modรจle varie avec les propriรฉtรฉs des matรฉriaux concernรฉs, dans la limite dโune erreur relative sur la perte de masse dโau plus 10% et, selon lโhumiditรฉ relative externe :
๏ง HR > 20% pour un bรฉton ร haute performance (KBH#10-22 mยฒ, BH Figure 25),
๏ง HR > 45% pour un bรฉton ordinaire (KBO#10-21 mยฒ, BO Figure 25),
๏ง HR > 65% pour un bรฉton de mauvaise qualitรฉ (KM25#10-20 mยฒ, M25 Figure 25).
Les isothermes dโadsorption-dรฉsorption
Dรฉfinition et classification
Les isothermes de sorption Sl = Sl(h) reprรฉsentent, ร une tempรฉrature donnรฉe et, ร lโรฉquilibre thermodynamique (dans le rรฉseau poreux), la quantitรฉ dโeau retenue dans le rรฉseau poreux (Sl ou w) en fonction de lโhumiditรฉ relative de lโenvironnement extรฉrieur. Expรฉrimentalement, les isothermes de dรฉsorption sont obtenues pour des humiditรฉs relatives dรฉcroissantes alors que lโisotherme dโadsorption est obtenue pour des humiditรฉs relatives croissantes.
Soulignons quโau cours des cycles adsorption-dรฉsorption, des phรฉnomรจnes dโhystรฉrรฉsis sont susceptibles dโapparaitre [160] (Figure 27). Plusieurs types dโhystรฉrรฉsis existent. Leurs origines ont et, font encore lโobjet de diffรฉrentes thรฉories. Aligizaki [161] a rรฉpertoriรฉ ces hystรฉrรฉsis dans des classes sur la base de travaux de la littรฉrature. Selon Mc Bain [162], lโhystรฉrรฉsis est due ร la prรฉsence de pores en forme de ยซ bouteille dโencre ยป. La partie large des pores serait remplie aux fortes HR mais ne pourrait รชtre vidรฉe au cours de la dรฉsorption que lorsque la partie รฉtroite serait elle-mรชme vidรฉe aux faibles HR. Plus rรฉcemment, Espinosa & Franke [163] associent lโhystรฉrรฉsis ร la condensation capillaire dans une structure poreuse complexe (les rayons de pores concernรฉs par la condensation capillaire et la dรฉsorption ne sont pas les mรชmes pour une valeur dโHR donnรฉe).
La permรฉabilitรฉ intrinsรจque ร lโeau liquide
La permรฉabilitรฉ intrinsรจque ร lโeau liquide dโun matรฉriau Kl se dรฉcrit, au sens de Darcy, comme son aptitude ร se laisser traverser par un liquide sous lโeffet dโun gradient de pression totale. Sa mesure directe est possible via lโutilisation dโun permรฉamรจtre [190]. Le principe gรฉnรฉral de cet essai consiste ร saturer un รฉchantillon, puis ร le soumettre ร un gradient de pression liquide constant. Ainsi, la mesure du dรฉbit en sortie du matรฉriau permet, en rรฉgime permanent, dโestimer la permรฉabilitรฉ intrinsรจque ร lโeau liquide. Cependant, cette mesure est difficile ร mettre en oeuvre pour deux raisons majeures : dโune part, saturer lโรฉchantillon sโavรจre รชtre une tรขche compliquรฉe et, dโautre part, la pression dโeau liquide ร injecter en entrรฉe doit รชtre considรฉrable afin dโobtenir un dรฉbit mesurable en sortie. Ces constats sont dโautant plus vrais que les matรฉriaux correspondant sont peu permรฉables. Les essais sont donc longs et fastidieux. De plus, les valeurs obtenues sont impropres aux simulations du transport dโeau en insaturรฉ ; elles apparaissent systรฉmatiquement trop รฉlevรฉes, ce qui mรจne ร une surestimation des cinรฉtiques de sรฉchage [191].
Classiquement, la permรฉabilitรฉ intrinsรจque ร lโeau liquide est mesurรฉe indirectement via une mรฉthode expรฉrimentale basรฉe sur la connaissance de la cinรฉtique de sรฉchage isotherme et sur lโutilisation dโun modรจle numรฉrique [150] [192] [193]. Plus spรฉcifiquement, le calage des courbes de pertes de masse numรฉrique par rapport ร la courbe expรฉrimentale se fait en modifiant la valeur de Kl jusquโร dรฉterminer la valeur qui minimise lโรฉcart entre les cinรฉtiques expรฉrimentales et simulรฉes. Par ailleurs, les paramรจtres de sรฉchage (la pression capillaire Pc dรฉduite des isothermes de sorption, la permรฉabilitรฉ relative ร lโeau liquide krl et la porositรฉ ) รฉtant connus, il suffit dโutiliser lโรฉquation de Richards (E-31) pour prรฉdire la cinรฉtique de perte de masse et, ainsi รฉvaluer la permรฉabilitรฉ du milieu continu (Kl).
Bilan de lโรฉtude bibliographique
Lโanalyse des donnรฉes de la littรฉrature a permis :
๏ง De dรฉcrire les systรจmes hydratรฉs constituant la matrice cimentaire, รฉtape nรฉcessaire ร la bonne comprรฉhension des diffรฉrentes modifications induites par la carbonatation ;
๏ง De traiter le couplage chimie-transport, prรฉpondรฉrant dans le phรฉnomรจne de carbonatation et, de dรฉtailler les consรฉquences du processus sur la minรฉralogie, la microstructure et les propriรฉtรฉs de transport des matรฉriaux cimentaires. Les principaux facteurs impactant le degrรฉ de carbonatation ont รฉgalement รฉtรฉ relevรฉs et analysรฉs ;
๏ง Dโidentifier les diffรฉrents modes de transport mis en jeu dans les milieux poreux et, intervenant dans le processus de carbonatation. Ainsi, il apparait que lโapproche simplifiรฉe proposรฉe par Mainguy [150], basรฉe sur le transport de lโeau liquide seule, apporte une description reprรฉsentative des phรฉnomรจnes de sรฉchage.
La synthรจse bibliographique dรฉmontre la nรฉcessitรฉ de prendre en compte les transferts hydriques conjointement au processus de carbonatation. En parallรจle, se pose de maniรจre rรฉcurrente, la question de la reprรฉsentativitรฉ des donnรฉes acquises en laboratoire ร lโรฉchelle rรฉelle. Dโun point de vue opรฉrationnel, la fiabilitรฉ des rรฉsultats obtenus repose sur leur applicabilitรฉ ร des ouvrages et structures existants. Dans ce sens, la prรฉdiction de la durabilitรฉ des structures requiert la confrontation dโรฉchantillons de laboratoire avec des analogues anciens, i.e. carbonatรฉs naturellement. Pour rรฉpondre ร ces problรฉmatiques intimement liรฉes, un programme expรฉrimental associรฉ ร des mรฉthodes de caractรฉrisation a รฉtรฉ dรฉfini. Cโest lโobjet du Chapitre 2 Programme expรฉrimental.
Pรขte de ciments dรฉdiรฉes ร lโรฉtude du transport dโeau
Les pรขtes de ciment durcies sont รฉlaborรฉes ร partir de ciments dโorigine commerciale CEM I, CEM III/A, CEM V/A et dโun liant Bas-pH (mรฉlange T1, en rรฉfรฉrence aux travaux de Codina [12]). Les fiches produit des ciments correspondants sont disponibles en Annexe 1. Ils sont respectivement dรฉsignรฉs par PI, PIII, PV et PBP. Le Tableau 11 prรฉsente les compositions de chacune des formulations รฉtudiรฉes. Les matรฉriaux PI et PV ont รฉtรฉ sรฉlectionnรฉs par lโAndra pour les รฉtudes de R&D dans le cadre des structure et des colis de stockage. La formulation PIII a รฉtรฉ sรฉlectionnรฉe par lโAndra pour dโautres applications relatives ร la gestion des dรฉchets radioactifs. La formulation dite ยซ Bas-pH (T1) ยป est un mรฉlange ternaire, non commercial, ร base de ciment CEM I (Lafarge, Usine Le Teil), de cendres volantes (EdF, Centrale de Cordemais), de fumรฉe de silice (Condensil S95DM, voir Annexe 3) et de superplastifiant (Chrysofluid Optima 175, voir Annexe 3). Elle a รฉtรฉ formulรฉe par le CEA [12] [194], dans le cadre des รฉtudes sur le scellement des alvรฉoles de stockage, afin de limiter les interactions chimiques bรฉton/argile21 qui pourraient affecter lโefficacitรฉ du scellement. A noter que les formulations PI, PV et PBP ont dรฉjร รฉtรฉ รฉtudiรฉes au cours dโune prรฉcรฉdente รฉtude [4]. Aussi, les propriรฉtรฉs de transport dโeau des matรฉriaux non carbonatรฉs sont connues. Le retour dโexpรฉrience est donc intรฉressant.
Les formulations dรฉcrites dans le Tableau 11 sont รฉlaborรฉes avec un rapport Eau/Liant de 0,4. Cette valeur a รฉtรฉ choisie car elle procure ร la pรขte fraiche les propriรฉtรฉs escomptรฉes, i.e. bonne maniabilitรฉ, pas de sรฉgrรฉgation apparente de la pรขte et pas de ressuage.
C-S-H
Dans les matรฉriaux cimentaire, il est communรฉment admis que le rapport C/S des C-S-H varie dโenviron 1,7 ร 0,8 [14]. Dans ce cadre, des C-S-H de rapports C/S diffรฉrents (0,8 ; 1,2 ; 1,5 et 1,7) sont synthรฉtisรฉs au laboratoire. Diffรฉrents modes de synthรจse existent dont notamment : par hydratation de C3S ou de ๏ข-C2S, par rรฉaction pouzzolanique ou par prรฉcipitation [202]. Nous sรฉlectionnons le mode de synthรจse par rรฉaction pouzzolanique, couramment employรฉ dans la littรฉrature [203]. Il consiste ร mรฉlanger deux rรฉactifs dans diffรฉrentes proportions : oxyde de calcium (CaO) et de silice (SiO2). Cette variation de proportion permet dโobtenir des C-S-H de diffรฉrents rapports C/S (pour une conversion complรจte). Le protocole spรฉcifique de synthรจse est dรฉcrit en Annexe 9.
Ettringite
Rappelons que lโettringite provient de lโhydratation de C3A (Tableau 4). Pour lโobtenir, il faut ajouter au clinker du sulfate de calcium sous forme de gypse (CaSO4, 2H2O). En prรฉsence des ions Ca2+, Al3+, OH- et SO42-, la phase la moins soluble est lโettringite (Ca6Al2(SO4)3(OH)12.26H2O) qui se forme tant que la concentration en sulfate en solution est suffisante . Le protocole de synthรจse de lโettringite est extrait des travaux de Renaudin et al. [204]. Les grandes รฉtapes de la synthรจse sont rรฉcapitulรฉes en Annexe 9.
Caractรฉrisation du solide
Suivi de carbonatation
Le suivi de carbonatation permet de justifier dโun รฉtat de carbonatation des รฉchantillons stabilisรฉ. Cโest une รฉtape prรฉalable indispensable ร lโacquisition des propriรฉtรฉs de transport dโeau des matรฉriaux carbonatรฉes. Lโรฉtat gรฉnรฉral de carbonatation des pรขtes de ciment est รฉvaluรฉ au moyen de diffรฉrentes techniques et mรฉthodes dont :
(i) Le suivi massique, permettant dโรฉvaluer la variation de masse liรฉe ร la prรฉcipitation de carbonate de calcium. Dans notre cas, des lots de 5 ร 7 รฉchantillons par formulation sont pesรฉs26 ร รฉchรฉances rรฉguliรจres de carbonatation accรฉlรฉrรฉe (0, 7, 14, 29, 49, 82, 113, 160, 208, 260, 320 et 349 jours).
(ii) La pulvรฉrisation de phรฉnolphtalรฉine [205], permettant dโรฉvaluer la profondeur de carbonatation depuis la surface exposรฉe au CO2. Lโindicateur de pH vire du violet dans la zone non carbonatรฉ (pH โ 13) ร incolore dans la zone carbonatรฉe (pH โ 9). La technique est simple de mise en oeuvre mais semble sous-estimer la profondeur de carbonatation. Etant donnรฉ quโelle repรจre la profondeur de carbonatation ร un pH de 9 et que le milieu cimentaire est tamponnรฉ par la portlandite ร un pH de lโordre de 12,5, il subsiste une zone correspondant ร cet intervalle de pH, compris entre 10 et 12,5, non dรฉtectรฉe par la phรฉnolphtalรฉine. Lโรฉpaisseur de cette zone dรฉpend de la pente du front de carbonatation.
(iii) Lโemploi dโun cotmรจtre27, permettant le dosage du carbone inorganique, reprรฉsentatif de la quantitรฉ de carbonates de calcium formรฉe par carbonatation. Le principe de lโappareil consiste ร acidifier une ยซ solution ยป (suspension de ciment28 dans de lโeau dรฉionisรฉe) via de lโacide phosphorique puis, ร purger le CO2 dรฉgazรฉ (avec de lโazote) jusquโร un dรฉtecteur infrarouge. La rรฉponse du dรฉtecteur est visualisรฉe sous la forme d’un pic dont la surface intรฉgrรฉe est proportionnelle ร la concentration de carbone inorganique dans l’รฉchantillon.
(iv) Lโรฉvaluation de la prise de masse des รฉchantillons liรฉe ร la fixation de CO2 obtenue par sรฉchage. A une รฉchรฉance de carbonatation donnรฉe, un รฉchantillon est sorti de lโenceinte de carbonatation accรฉlรฉrรฉe pour รชtre resaturรฉ puis, sรฉchรฉ ร 80ยฐC selon le protocole LCPC [206]. Au moyen de pesรฉes pรฉriodiques, la cinรฉtique de prise de masse liรฉe au CO2 est รฉvaluรฉe. Gardons ร lโesprit que la variation de masse relative ร cette expรฉrience de sรฉchage est une combinaison de plusieurs phรฉnomรจnes.
(v) Lโanalyse thermogravimรฉtrique, utilisรฉe pour la caractรฉrisation du cortรจge minรฉralogique (voir ยง3.2.2), vient complรฉter ce suivi par รฉvaluation directe des quantitรฉs de carbonate de calcium formรฉ et de portlandite consommรฉe.
Minรฉralogie
Analyse par diffraction des rayons X (DRX)
Lโanalyse par diffraction des rayons X (DRX) permet lโidentification des phases minรฉralogiques constitutives des matรฉriaux cimentaires. Lโidentification des phases minรฉrales consiste ร chercher, pour les couples distance interrรฉticulaire-intensitรฉ donnรฉes (dhkl – I) des raies les plus intenses, une coรฏncidence entre le diffractogramme inconnu et les diffractogrammes des รฉtalons probables, parmi une base de donnรฉes (JCPDS).
Nos analyses sont rรฉalisรฉes sur un diffractomรจtre PANalytical XโPert et les acquisitions sont rรฉalisรฉe avec un tube de cuivre (Cu Kฮฑ, ฮป = 1,54 ร
). Lโappareil est couplรฉ ร un dรฉtecteur spรฉcifique XโCelerator permettant de rรฉduire de 100 fois la durรฉe dโacquisition par rapport ร un dรฉtecteur standard pour une qualitรฉ de signal identique [208]. Les mesures sont rรฉalisรฉes sur le domaine angulaire (5ยฐ- 65ยฐ) par pas de 0,017ยฐ (durรฉe dโacquisition dโun diffractogramme trรจs rapide, de lโordre de 20 minutes).
Analyse thermogravimรฉtrique (ATG)
Lโanalyse thermogravimรฉtrique (ATG) permet la caractรฉrisation des matรฉriaux cimentaires par mesure directe de la variation de masse dโun รฉchantillon lorsquโil est exposรฉ ร un rรฉgime de tempรฉrature (linรฉaire ou modulรฉ). Cette technique permet notamment de quantifier la portlandite et les carbonates de calcium. Les courbes ATG sont souvent prรฉsentรฉes sous la forme de leur dรฉrivรฉe premiรจre (DTG), cela permet de mieux distinguer les sauts et donc dโidentifier les pics plus clairement. Diffรฉrents auteurs ont dรฉcrit les rรฉactions qui se produisent dans les matรฉriaux cimentaires sous รฉlรฉvation de la tempรฉrature. Dans ce cadre, il est possible dโidentifier des plages de tempรฉrature caractรฉristiques des phases des matรฉriaux cimentaires. Dans notre cas, nous nous baserons le plus souvent sur les plages de tempรฉratures dรฉfinies par le LCPC [206] :
๏ง 110-130ยฐC : Dรฉcomposition des phases AFt et des C-S-H. Cependant, plusieurs auteurs stipulent que lโeau liรฉe des C-S-H est รฉvacuรฉe sur une plage plus large, par exemple de 25 ร 550ยฐC dโaprรจs Taylor [14]. Dans ce contexte, nous nous baserons sur les donnรฉes rรฉcentes de Borges et al. [74] considรฉrant que dรจs 300ยฐC, la quantitรฉ dโeau libรฉrรฉe par les C-S-H est nรฉgligeable.
๏ง 175-190ยฐC : Dรฉcomposition des phases AFm.
๏ง 230-240ยฐC : Dรฉcomposition du gypse. A noter que cette derniรจre est observรฉe par Ramachandran et al. [209] sur la plage de tempรฉrature 140-170ยฐC.
๏ง La deshydroxylation de la katoรฏte est identifiรฉe par Rivas-Mercury et al. [210] sur la plage de tempรฉrature 300-450ยฐC.
๏ง 390-400ยฐC : Dรฉcomposition de la brucite. Collier et al. [73] รฉlargissent cette plage de tempรฉrature ร lโintervalle 350-450ยฐC.
๏ง 460-510ยฐC : Deshydroxylation de la portlandite (pic endothermique). Certains auteur relรจvent cette plage de tempรฉrature sur lโintervalle 400-600ยฐC [209] [29] [68].
๏ง 575-579ยฐC : Transformation du quartz. A noter que la courbe ATD (Analyse Thermique Diffรฉrentielle) permet de quantifier la teneur en quartz par calcul de lโaire du pic de transformation du quartz-๏ก en quartz-๏ข.
๏ง 600-900ยฐC : Dรฉcarbonatation [209] [29] [68] [211].
๏ง 780-800ยฐC : Dรฉcomposition de la partie magnรฉsienne de la dolomite. Elle est identifiรฉe sur une plage plus large, allant de 710ยฐC ร 910ยฐC, dโaprรจs Maitra et al. [212].
Les essais ATG/DTG permettent dโestimer directement la quantitรฉ de portlandite. La technique nโest cependant par adaptรฉe ร lโestimation de la teneur en C-S-H (du fait de la superposition des pics DTG des phases AFt et AFm (Figure 62). Aussi, la teneur en C-S-H est รฉvaluรฉe ร partir dโessais de sorption dโeau et via lโutilisation de la mรฉthode Olson & Jennings [213] (ยง3.2.4).
Sur la base dโune description simplifiรฉe de lโassemblage minรฉralogique (prise en compte des phases majeures, voir Tableau 17), nous proposons dโรฉvaluer, par ATG, les รฉvolutions du rapport C/S de nos matรฉriaux au cours de la carbonatation.
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Table des matiรจres
Chapitre 1 Etat de lโart
1. Les ciments
1.1 CEM I
1.2 Ciments composรฉs
1.3 Hydratation du ciment
1.4 La portlandite
1.5 Les silicates de calcium hydratรฉs
1.6 Les aluminates et sulfo-aluminates de calcium
1.7 Les aluminoferrites
1.8 Conclusion
2. Description et impact du processus de carbonatation
2.1 Phรฉnomรฉnologie du processus
2.2 Systรจmes rรฉactionnels
2.2.1 Dissolution du CO2
2.2.2 Carbonatation de la portlandite
2.2.3 Carbonatation des C-S-H
2.2.4 Carbonatation des aluminates
2.2.5 Conclusion
2.3 Abondance polymorphique des carbonates de calcium
2.3.1 Impact du pH et de la tempรฉrature
2.3.2 Impact de la teneur en CO2 et de lโhumiditรฉ relative
2.3.3 Impact de la nature des rรฉactifs
2.3.4 Conclusion
2.4 Effet de la carbonatation sur la microstructure
2.4.1 Modification de la porositรฉ et de la distribution poreuse
2.4.2 Retrait de carbonatation
2.5 Modification des propriรฉtรฉs de transport
2.6 Paramรจtre impactant la carbonatation
2.6.1 La teneur en CO2
2.6.1.1 Cinรฉtique
2.6.1.2 Reprรฉsentativitรฉ des essais de carbonatation accรฉlรฉrรฉe
2.6.2 Lโhumiditรฉ relative
2.6.3 La tempรฉrature
2.6.4 Le dosage et la nature du ciment
2.6.5 Le rapport E/C
2.6.6 La cure
3. Les transferts hydriques dans les matรฉriaux cimentaires
3.1 Dรฉfinition du matรฉriau cimentaire
3.2 Lโeau dans un matรฉriau cimentaire
3.3 Transport dโeau
3.3.1 En milieu saturรฉ
3.3.2 En milieu insaturรฉ
3.4 Description simplifiรฉe du transport dโeau
3.4.1 La courbe de pression capillaire
3.4.2 Les isothermes dโadsorption-dรฉsorption
3.4.2.1 Dรฉfinition et classification
3.4.2.2 Description des isothermes
3.4.3 La permรฉabilitรฉ relative ร lโeau liquide
3.4.4 La permรฉabilitรฉ intrinsรจque ร lโeau liquide
4. Bilan de lโรฉtude bibliographique
Chapitre 2 Programme expรฉrimental
1. Matรฉriaux
1.1 Pรขte de ciments dรฉdiรฉes ร lโรฉtude du transport dโeau
1.1.1 Gรขchage des รฉchantillons
1.1.2 Cure
1.1.3 Echantillonnage
1.2 Analogues naturels
1.2.1 Bรฉtons
1.2.2 Pรขtes de ciment
1.3 Minรฉraux modรจles
1.3.1 C-S-H
1.3.2 Ettringite
1.3.3 Portlandite
2. Carbonatation des pรขtes de ciment et des minรฉraux modรจles
2.1 Conditionnement hydrique
2.2 Carbonatation
3. Caractรฉrisation du solide
3.1 Suivi de carbonatation
3.2 Minรฉralogie
3.2.1 Analyse par diffraction des rayons X (DRX)
3.2.2 Analyse thermogravimรฉtrique (ATG)
3.2.3 Teneur en eau liรฉe
3.2.4 Teneur en C-S-H
3.2.5 Rรฉsonance magnรฉtique nuclรฉaire (RMN)
3.3 Microstructure
3.3.1 Porositรฉ par intrusion de mercure (PIM)
3.3.2 Connectivitรฉ
3.3.3 Tortuositรฉ
3.3.4 Surface spรฉcifique
3.3.5 Porosimรฉtrie par adsorption
3.3.6 Microfissuration
3.3.7 Retrait
4. Description du transport dโeau
4.1 Densitรฉ et porositรฉ
4.2 Isothermes de dรฉsorption
4.2.1 Mรฉthode des solutions salines
4.2.2 Balance dynamique de sorption de vapeur (DVS)
4.3 Permรฉabilitรฉ
4.3.1 Katz & Thompson
4.3.2 Analyse inverse
4.3.2.1 Principe
4.3.2.2 Mรฉthode
4.3.3 Essai ร la coupelle
4.3.3.1 Principe
4.3.3.2 Dispositif expรฉrimental
4.3.3.3 Opรฉrationnalitรฉ du dispositif
Chapitre 3 Matรฉriaux sains
1. Minรฉralogie
1.1 DRX
1.2 ATG
1.3 Teneur en eau liรฉe
1.4 Teneur en C-S-H
1.5 RMN
1.6 Conclusion
2. Microstructure
2.1 Distributions des tailles de pores
2.2 Connectivitรฉ
2.3 Tortuositรฉ
2.4 Surface spรฉcifique
2.5 Porosimรฉtrie par adsorption
2.6 Conclusion
3. Description du transport dโeau
3.1 Densitรฉ et porositรฉ
3.2 Isothermes de dรฉsorption
3.2.1 Rรฉsultats
3.2.2 Description
3.3 Permรฉabilitรฉ
3.3.1 Katz & Thompson
3.3.2 Analyse inverse
3.3.3 Essais ร la coupelle
3.3.3.1 Rรฉsultats
3.3.3.2 Ajustement alternatif de la permรฉabilitรฉ
3.4 Conclusion
Chapitre 4 Matรฉriaux carbonatรฉs
1. Suivi de carbonatation
1.1 Etat gรฉnรฉral des รฉchantillons
1.2 Suivi massique
1.3 Dosage du carbonate de calcium
2. Minรฉralogie
2.1 DRX
2.2 ATG
2.2.1 Rรฉsultats
2.2.2 Modes de dรฉcomposition du carbonate de calcium
2.2.2.1 Evaluation du rapport C/S
2.3 Teneur en eau liรฉe
2.4 Teneur en C-S-H
2.5 RMN
2.6 Conclusion
3. Microstructure
3.1 Distributions des tailles de pores
3.2 Connectivitรฉ
3.3 Tortuositรฉ
3.4 Surface spรฉcifique
3.5 Porosimรฉtrie par adsorption
3.6 Microfissuration
3.7 Retrait
3.8 Conclusion
4. Description du transport dโeau
4.1 Densitรฉ et porositรฉ
4.2 Isothermes de dรฉsorption
4.3 Propriรฉtรฉ de transport
4.3.1 Katz & Thompson
4.3.2 Essais ร la coupelle
4.3.2.1 Coefficient de diffusion du CO2
4. Conclusion
Chapitre 5 Reprรฉsentativitรฉ de la carbonatation accรฉlรฉrรฉe
1. Analogues naturels
1.1 Minรฉralogie
1.1.1 DRX et ATG
1.1.2 RMN
1.2 Microstructure
1.2.1 Porosimรฉtrie au mercure
1.2.2 Microfissuration
1.3 Conclusion
2. Matรฉriaux modรจles
2.1 C-S-H
2.2 Portlandite
2.3 Ettringite
2.4 Conclusion
Conclusion Gรฉnรฉrale
Perspectives
Rรฉfรฉrences bibliographiques
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