Bactériologie et anatomopathologie
INTRODUCTION
L’actinomycose est une affection bactérienne spécifique rare et non contagieuse, parfois aiguë, souvent chronique atteignant préférentiellement la sphère cervico-faciale. Il s’agit d’une infection purulente et granulomateuse. Elle est due à des bactéries anaérobies Gram positif : les Actinomycètes habituellement saprophytes des cavités naturelles de l’homme, de la cavité buccale surtout, mais qui peuvent devenir pathogènes dans certaines conditions. Actinomyces israelii est le plus souvent en cause en pathologie humaine. L’actinomycose cervico-faciale survient le plus souvent par contigüité à partir d’un foyer dentaire.
Il s’agit d’une infection spécifique et primaire des tissus mous et rarement de l’os. L’ostéite actinomycosique, devenue exceptionnelle de nos jours, touche souvent la mandibule. L’examen histo-pathologique reste la clé du diagnostic du fait des difficultés de l’examen bactériologique. Le traitement repose sur la pénicillino-thérapie et la place de la chirurgie est limitée. La prophylaxie repose sur une bonne hygiène bucco-dentaire et le traitement des foyers infectieux bucco-dentaires. Les points forts de l’étude sont surtout le sous diagnostic de cette affection, et son grand polymorphisme clinique pouvant atteindre tous les organes.
Notre travail vise à discuter à travers 4 observations d’actinomycose des maxillaires et d’une recherche bibliographique, les aspects cliniques, diagnostiques, thérapeutiques et évolutifs de cette affection.
Observation
Identité
Il s’agit de la patiente k.B âgée de 55 ans, mariée et mère de 2 enfants, sans profession, résidente à Marrakech et de bas niveau socio-économique.
Motif de consultation
La patiente a consulté en juillet 2007 pour une tuméfaction douloureuse de la mandibule.
Antécédents
-Diabète type1 depuis 11ans.
-Notion de traumatisme local par prothèse dentaire totale.
-Pas de néoplasie, ni de corticothérapie prolongée, ni de prise médicamenteuse et ni d’intervention chirurgicale.
Histoire de la maladie
Le début de la symptomatologie semble remonter à 2 ans par l’apparition d’une tuméfaction endobuccale qui s’est ulcérée par la suite avec mise à nu de l’os mandibulaire. Le tout évoluant dans un contexte d’apyrexie et de conservation de l’état général.
Examen clinique
Patiente édentée.
Tuméfaction du rebord alvéolaire en regard de la région molaire gauche(D36), avec ulcération endobuccale et mise à nu de l’os mandibulaire. Le reste de l’examen était normal.
Motif de consultation
Elle a consulté au service d’ORL pour haleine fétide, douleurs buccales et gêne à la mastication.
Antécédents
Elle a été traitée pour un cancer du sein métastatique par radiothérapie, chimiothérapie et biphosphonates.
Pas de diabète, ni de corticothérapie prolongée, ni de soins dentaires, ni d’intervention chirurgicale, ni d’alcoolo-tabagisme.
Histoire de la maladie
Elle a présenté une haleine fétide, douleurs buccales, gêne à la mastication. Le tout évoluant dans un contexte d’altération de l’état général sans fièvre.
Examen clinique
L’examen clinique trouve un mauvais état bucco-dentaire, un aspect de gingivite avec nécrose de la gencive et mise à nu de la branche horizontale mandibulaire gauche . Il n’y a pas d’autres signes cliniques en particulier pas d’adénopathies cervicales.
EPIDEMIOLOGIE
Il s’agit d’une affection rare dont la fréquence est de 5/100000, ce chiffre est probablement sous estimée du fait de la difficulté du diagnostic et de l’association fréquente avec d’autres germes (5).
L’actinomycose survient en général chez l’adulte entre 20 et 60 ans mais des cas ont été décrits chez l’enfant (5,6).
L’atteinte de la femme est moins fréquente que celle de l’homme avec un sex ratio de 3 hommes pour une femme (5).
Bennhoff note qu’il n y’a pas de prédominance masculine en cas de traumatisme de la sphère maxillo-faciale.Il est reconnu actuellement que l’actinomycose est disséminée le plus souvent à cause des traumatismes par rupture de la muqueuse, ainsi on peut dire qu’il n y a pas une vraie prédominance masculine et le résultat obtenu est à cause de la fréquence des traumatismes maxillo-faciaux et de l’éthylisme chez les hommes (1).
La prédominance de la maladie en zone rurale est classique (5).
Dans la littérature, de nombreuses localisations d’actinomycose ont été rapportées.
Anatomopathologie
Souvent, le diagnostic de l’actinomycose peut être posé avec un degré élevé de certitude devant l’association de tableaux cliniques évocateurs, et d’arguments histologiques avec l’observation de grains actinomycosiques ou grains soufrés sulfur granules, dans le pus ou les prélèvements biopsiques après colorations spécifiques (7).
Les prélèvements sont examinés en microscopie optique conventionnelle après coloration usuelle à l’Hématine-Eosine Safran (HES) et colorations histochimiques spéciales au Gram, à l’Acide Périodique de Schiff (PAS) et au Gomori-Grocott (9).
CLINIQUE
Interrogatoire
L’interrogatoire est une étape importante .Il permet de rechercher l’âge, le sexe, l’origine ,le niveau socio-économique et surtout les facteurs de risque de l’infection actinomycosique à savoir :la mauvaise hygiène bucco-dentaire, l’alcoolo-tabagisme, les traumatismes gingivo-dentaires, les interventions chirurgicales (en particulier ,extractions dentaires),la lithiase salivaire , un foyer infectieux chronique local ,le diabète ,la néoplasie, l’immunodépression, une corticothérapie prolongée, la chimiothérapie, la malnutrition, le SIDA, le traitement par les biphosphonates.
CONCLUSION
L’actinomycose, en particulier dans sa localisation cervico-faciale, est une infection devenue exceptionnelle dans les pays industrialisés. Elle est par contre relativement fréquente dans les pays en voie de développement. Cette maladie est causée par des bacilles Gram positifs anaérobes nommés Actinomyces. Elle succède souvent à des soins dentaires ou à un traumatisme oral et elle est favorisée par une mauvaise hygiène bucco-dentaire et par une baisse des défenses immunitaires de l’organisme.
Sur le plan clinique, le mode de découverte de cette affection bactérienne est très variable, rendant ainsi son diagnostic clinique difficile. En effet, on retrouve différentes localisations et étiologies ainsi que des aspects cliniques divers. Lorsque les signes ne sont pas typiques ou sont méconnus, cette maladie peut être source de nombreux problèmes diagnostiques pour le clinicien, retardant ainsi une prise en charge thérapeutique adaptée.
La confirmation du diagnostic repose sur des examens microbiologiques ; souvent difficiles à réaliser et/ou histologiques, avec des colorations spécifiques.
L’infection actinomycosique touche le plus souvent les tissus mous.
Exceptionnellement, elle peut atteindre l’os. L’ostéite actinomycosique touche le plus souvent la mandibule.
Un traitement antibiotique précoce, adapté et prolongé par voie intraveineuse puis orale est indispensable afin d’éviter la survenue de lésions mutilantes. Dans certains cas, une association de traitement médicamenteux et de débridement chirurgical étendu peut s’avérer nécessaire.
Le pronostic est le plus souvent favorable après l’institution d’une antibiothérapie prolongée. Par ailleurs, une bonne hygiène bucco-dentaire demeure le seul moyen adéquat pour prévenir l’apparition d’une actinomycose.
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Table des matières
INTRODUCTION
PATIENTS ET METHODES
RESULTATS
1. Observation1
2. Observation2
3. Observation3
4. Observation4
DISCUSSION
I_ Historique
II_ Epidémiologie
III_ Bactériologie et anatomopathologie
1. Bactériologie
1-1. Caractéristiques bactériologiques
a-1. Germes
a-2. Habitat_Transmission
a-3. Pathogénie
1-2 Bactériologie
a-1. L’examen direct
a-2. Mise en culture
a-3 Caractères biochimiques
2. Anatomopathologie
2-1 Grain actinomycosique
Actinomycose des maxillaires – à propos de 4 cas au CHU MOHAMMED VI de Marrakech
2-2 Follicule actinomycosique
IV_ Clinique
1. Interrogatoire
2. L’examen clinique
3. Bilan
V_ Formes cliniques
1. Selon la localisation
2. Selon l’âge
3. Selon le terrain
4. Selon la porte d’entrée
5. Selon le germe
VI_ Diagnostic différentiel
VII_ Prise en charge
1. Traitement
1-1 But
1-2 Moyens et indications
2- Suivi et évolution
3- Prévention
CONCLUSION
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