Question de la reconnaissance
Selon l’article de Katia Rouff (2010), l’AMP serai un professionnel méconnu.
Destiné d’abord à seconder l’éducateur, l’AMP fait maintenant partie intégrante de l’équipe pluridisciplinaire. Il intervient dans les établissements prenant en charge des personnes handicapées ou âgées et, depuis peu, dans les associations de soins à domicile et des établissements accueillant des personnes en difficulté sociale. Il travaille sous la responsabilité d’un travailleur social ou d’un professionnel paramédical. Pourtant, la reconnaissance de ce professionnel reste encore partielle et le diplôme classé en catégorie V.
Dans le secteur de la gérontologie, où il intervient pourtant depuis le début des années quatre vingt dix, la spécificité de l’AMP est encore peu reconnue, d’ailleurs son titre n’existe pas.
Dans la fonction hospitalière, nous l’avons vu précédemment, un décret met en équivalence totale l’aide-soignant et l’AMP. Si des textes de 1999 concernant les EHPAD, insistent sur la diversité des métiers et incitent à l’embauche d’AMP uniquement sur leurs fonctions, dans la réalité, ces professionnels sont considérés comme des aides-soignants et pallient des difficultés de recrutement. Est-ce lié à un manque de moyens ou tout simplement à une méconnaissance de leur métier ?
La DHOS aussi dans un rapport d’étude relève que le positionnement du métier d’aide médico-psychologique a tendance à se confondre avec celui des aides-soignants, notamment dans les services gérontologiques, les EHPAD et autres unités accueillant principalement les personnes âgées. Une meilleure répartition des tâches entre les deux métiers devrait s’opérer.
Les aides médico-psychologiques, lorsqu’ils sont intégrés dans des équipes de soins, partagent souvent avec les aides-soignants l’ensemble des tâches. En effet l’animation et les activités culturelles sont des activités également revendiquées par les aides-soignants qui ne veulent pas être cantonnés aux seuls actes de soins et toilettes. Ainsi, dans certains secteurs (personnes âgées, handicap, etc.), les aides médico-psychologiques sont amenés à exercer pour partie un emploi d’aide-soignant.
Les services de soins à domicile où l’AMP intervient depuis 2006, n’ont pour leur part, pas encore bien identifié l’AMP. Or leur nombre et leur métier sont en pleine expansion.
L’AMP est considéré comme celui qui donne des soins. Pourtant, ce professionnel souhaite apporter plus, travailler en équipe, participer aux animations, etc., comme le prévoient les référentiels. Pourtant, ces professionnels souffrent du décalage entre l’importance des compétences acquises au fil des réformes et leur statut qui n’évolue pas en conséquence. Pourse soutenir, pour acquérir davantage de visibilité, ces professionnels s’organisent par le biaisd’associations, de sites Internet, de groupes Facebook…
D’après Maryvonne Guillaume-Corion, (citée Jacques Trémintin, 1997),la place de l’AMP est questionnée malgré l’élargissement considérable de son champ d’intervention .Son action est fondée sur le soin, la relation, l’écoute. Cette place qui n’est pas toujours très facile à trouver car elle situe l’AMP entre la dépendance envers l’éducateur ou l’infirmier et celle de lapersonne qu’il « assiste ». C’est un travail aux frontières du médical, de l’éducatif et du social, et ce métier nécessite des aptitudes à la communication, à la compréhension et au décryptage des messages. Mais ces capacités relationnelles ne sont pas pour autant reconnues par une grande liberté d’organisation ni d’initiatives.
Les caractéristiques du métier en prospective
Selon l’étude de la DHOS (2008), pour les aides médico-psychologiques exerçant dans des unités de soins, comme ils sont appelés à collaborer à parité avec les aides-soignants, il s’agit d’acquérir les compétences relatives aux soins. L’enjeu de maintenir des aides médico psychologiques dans les équipes soignantes est d’introduire précisément les compétences d’animation et les compétences psychologiques des aides médico -psychologiques, cette introduction devant se faire plutôt dans le cadre d’une mutualisation des compétences. Le même raisonnement semble être mené en introduisant des aides-soignants dans les équipes d’animation des foyers socio-éducatifs.
Concernant l’évolution du positionnement fonctionnel, plusieurs points d’évolution devraient trouver des solutions ou un développement dans les années à venir dont un recentrage des missions d’aide-soignant et d’aide médico-psychologique dans les unités de soins ou les centres socio-éducatifs de façon à utiliser au mieux les compétences de l’un et de l’autre, en tablant néanmoins sur le fait que la coexistence des deux professionnels dans une équipe peut permettre un enrichissement mutuel, en matière de soin pour l’un et en matière d’animation et de psychologie pour l’autre.
Nous allons poursuivre l’éclairage de notre questionnement dans la partie suivante en nous appuyant sur la théorie des représentations sociales.
Emergence du processus représentationnel
Moscovici en 1961 (cité par MOLINER P., 1993, p.5) a distingué trois conditions permettant aux individus de construire collectivement des représentations qui sont : la dispersion de l’information, la focalisation des groupes puis la pression à l’inférence.
Pour Moliner (1993), ces conditions sont nécessaires mais pas suffisantes. Il apporte de nouvelles contributions sur ce sujet en mettant en avant des critères d’émergence du processus représentationnel.
Il s’agit ici de s’assurer que l’objet d’étude est effectivement un objet de représentation sociale. En effet, « toute étude de représentation devrait débuter par un examen attentif de la situation dans laquelle se placent le groupe interrogé et l’objet dont on souhaite étudier la représentation sociale » (MOLINER P., 1993, p.13).
Nous allons présenter ici les cinq caractéristiques de la situation sociale dans laquelle peut apparaître le processus représentationnel selon Moliner.
– L’objet polymorphe, c’est-à-dire qui peut apparaître sous différentes formes dans la société. L’aspect polymorphe est une propriété de l’objet social.
– L’existence d’un groupe social : ensemble d’individus qui sont en interaction avec l’objet de représentation. Nous discernons deux types de position du groupe par rapport à l’objet de représentation : structurelle (l’objet participe à l‘histoire du groupe) ou conjoncturelle (confrontation du groupe à un objet nouveau et problématique).
– Un enjeu en termes d’identité et de cohésion sociale. La « valeur d’enjeu de l’objet correspond à une spécificité de son insertion sociale » (MOLINER P., 1993, p.7).
L’enjeu d’identité correspond à la notion d’identité psychosociale. L’identité des individus se fonde par rapport à l’objet permettant ainsi au groupe de former une entité spécifique. C’est un aspect structurel de l’élaboration de la représentation.
L’enjeu du maintien de la cohésion sociale : lorsque le groupe social est confronté à un nouvel objet, il y a une volonté du groupe de se rassembler autour de points de vue consensuels. Ce désir de partager une vision commune de l’objet permet à chacun le maintien d’appartenance au groupe. C’est un aspect conjoncturel de l’élaboration de la représentation.
– L’objet est au centre d’une interaction sociale : nous avons vu que la notion d’enjeu de l’objet correspond à un besoin soit identitaire, soit de cohésion sociale du groupe social. « Cette notion d’enjeu ne peut se comprendre que si on envisage les relations que le groupe entretient avec d’autres groupes sociaux. » (MOLINER P., 1993, p.11)
Ce besoin ne se justifie que dans l’interaction du groupe avec d’autres groupes.
L’objet s’inscrit dans une dynamique sociale.
– L’absence d’une instance de régulation et de contrôle définissant un système orthodoxe : les instances de contrôle et de régulation ne conduisent pas à une élaboration représentationnelle mais favorisent l’émergence de l’élaboration scientifique ou idéologique.
En conclusion : « Il y aura élaboration représentationnelle quand, pour des raisons structurelles ou conjoncturelles, un groupe d’individus est confronté à un objet polymorphe dont la maîtrise constitue un enjeu en termes d’identité ou de cohésion sociale. Quand, en outre, la maîtrise de cet objet constitue un enjeu pour d’autres acteurs sociaux interagissant avec le groupe. Quand enfin le groupe n’est pas soumis à une instance de régulation et de contrôle définissant un système orthodoxe. » (MOLINER P.,1993, p.13)
Définitions et caractéristiques des représentations sociales
Selon Abric : “La représentation sociale est une vision fonctionnelle du monde, qui permet à l’individu ou au groupe de donner un sens à ses conduites, et de comprendre la réalité, à travers son propre système de références, donc de s’y adapter, de s’y définir une place.” (Cité par, PIASER A., 1999, p.15).
La représentation sociale est « le produit et le processus d’une activité mentale par lequel un individu ou un groupe reconstitue le réel auquel il est confronté et lui attribue une signification spécifique ». (ABRIC J-C., 2003, p. 64). En d’autres termes, le groupe élabore des représentations afin de mieux comprendre, d’appréhender et d’interpréter la réalité et la vie quotidienne comme le souligne Jodelet (2003, p. 47), « Nous avons toujours besoin de savoir à quoi nous en tenir avec le monde qui nous entoure. Il faut bien s’y ajuster, s’y conduire, le maîtriser physiquement ou intellectuellement, identifier et résoudre les problèmes qu’il pose. C’est pourquoi nous fabriquons des représentations ». Dans cette réalité représentée, reconstruite, signifiante, les individus agissent, interagissent entre eux par le biais de « la représentation qui est un guide pour l’action, elle oriente les actions et les relationssociales ». (ABRIC J-C., 2003, p. 13). Moliner, Rateau, Cohen Scali, (2002, p. 13) introduisent la notion « d’objet social » dans leur définition. Pour ces auteurs, « la représentation sociale se présente concrètement comme un ensemble d’éléments cognitifs (opinions, informations, croyances) relatifs à un objet social ». En ce sens, Jodelet (2003, p. 54) affirme que « représenter ou se représenter correspond à un acte de pensée par lequel un sujet se rapporte à un objet. Celui-ci peut être aussi bien une personne, une chose, un évènement matériel, psychique ou social, un phénomène naturel, une idée, une théorie etc… Il peut être aussi réel qu’imaginaire ou mythique, mais il est toujours requis. Il n’y a pas de représentations sans objets ». Pour qu’une représentation existe, il faut donc qu’elle porte sur un objet réel ou irréel, cet objet peut être « d’ordre humain, social, idéel, matériel »(JODELET D., 2003, p. 60) pour un groupe donné. On peut alors dire que « la représentationest une forme de savoir pratique reliant un sujet à un objet ». (JODELET D., 2003, p. 59).
L’ancrage
« Ce processus permet d’incorporer quelque chose qui ne nous est pas familier et qui nous crée des problèmes dans le réseau de catégories qui nous sont propres et nous permet de le confronter avec ce que nous considérons un composant, ou membre typique d’une catégorie familière ». (DOISE W., PALMONARI A., 1986, p. 22).
Ce processus se décompose en trois phases :
– construire un réseau de significations : « En amont, l’ancrage enracine la représentation et son objet dans un réseau de significations qui permet de les situer en regard des valeurs sociales et de leur donner cohérence ». (JODELET D., 2003, p. 73). L’objet de représentation va donc faire sens pour le groupe. « Les groupes assignent du sens sur un nouvel objet de représentation, c.-à-d. qu’en fonction des valeurs, des attitudes et des normes partagées par le groupe, ils se construisent un réseau de significations sur l’objet de représentation ». (NETTO S., 2011, p. 78).
– compléter le système d’interprétation opérant du groupe : l ’ancrage va donner une valeur fonctionnelle à la représentation et à son objet. Le système d’interprétation devient un média entre l’individu et son environnement.
– créer une grille de lecture pour comprendre la réalité, la vie quotidienne : dans cette phase, les éléments nouveaux vont être intégrés dans les systèmes de représentation préexistants. Dès lors, ils vont faire partis de ces systèmes.
Approches théoriques
Il existe deux grands courants relatifs aux représentations sociales : la théorie du noyau central, développée par Abric (1976) et les principes générateurs de prises de position, élaborée par Doise (1984).
Nous allons vous présenter succinctement ces approches.
Théorie du noyau central
Cette théorie développée par Abric (1976) avance l’idée que les représentations sont structurées par deux sous-systèmes interdépendants, qui ont chacun un rôle spécifique, ils’agit du système central et du système périphérique.
Le système central
« Le noyau central dont la détermination est essentiellement sociale, liée aux conditions historiques, sociologiques et idéologiques. Directement associé aux valeurs et aux normes, il définit les principes fondamentaux autour desquels se constituent les représentations ». (ABRIC J-C., 2003, p. 28). Le noyau central est donc lié à la mémoirecollective, à l’histoire du groupe, il va permettre de donner aux groupes des significations sur l’objet . De plus, le noyau va également apporter des significations à la représentation mais aussi aux éléments périphériques. Il est peu sensible au contexte, il est constitué d’éléments stables, non négociables et cohérents qui vont permettre de résister aux changements, « toute modification du noyau central entraîne une transformation complète de la représentation ». (ABRIC J-C., 2003, p 22). Il assure deux fonctions : une fonction génératrice : « il est l’élément par lequel se crée ou se transforme, la signification des autres éléments constitutifs de la représentation. Il est ce par quoi ces éléments prennent un sens, une valeur ». (ABRIC
J-C., 2003, p 22), et une fonction organisatrice : car « c’est le noyau central qui détermine la nature des liens qui unissent entre eux les éléments de la représentation. Il est en ce sens l’élément unificateur et stabilisateur de la représentation ».
Les représentations professionnelles
C’est une catégorie particulière des représentations sociales. Les représentations sociales englobent les représentations professionnelles.
Elle a été introduite par le groupe de recherche-Représentations et Engagement Professionnels ; leurs Evolutions : Recherches, Expertise (R.E.P.E.R.E) dirigée par M. Bataille afin d’avoir un outil conceptuel plus opérant.
Il s’agit d’étudier des groupes professionnels, les objets d’étude appartiennent strictement au domaine professionnel des sujets.
Définitions et caractéristiques des représentations professionnelles
« Les représentations professionnelles sont des représentations sociales portant sur des objets appartenant à un milieu professionnel spécifique et partagée par les membres d’une même profession » (BATAILLE M., PIASER A., 2011, p 1).
Elles sont un élément de référence continu par lequel les professionnels évoluent.
L’appartenance du groupe et de l’objet à la même sphère professionnelle les caractérise.
Leurs études permettent ainsi de comprendre les rapports qu’entretiennent les groupes avec ces objets.
« Les représentations professionnelles sont des représentations sociales portant sur des objets appartenant à un milieu professionnel spécifique et partagées par les membres de la profession. En se situant conjointement sur le versant du produit et sur celui du processus, elles constituent un élément de référence permanent grâce auquel les individus évoluent en situation professionnelle : opinions, attitudes, prises de position, etc. » (PIASER A., 1999, p 19).
On peut leur attribuer quatre caractéristiques :
-un caractère descriptif : les contenu s des représentations informent les professionnels sur les objets de leur environnement. Cela permet de communiquer au sein du groupe mais aussi à orienter les positions des membres du groupe.
– un côté prescriptif : contenu de référence commun au groupe professionnel.
– un caractère conditionnel : le comportement professionnel s’établira en fonction du contexte.
– un caractère évaluatif : la pertinence ou non pertinence des conduites professionnelles s’intègre aux représentations existantes et permet aux acteurs d’acquérir une meilleure expérience de leur environnement.
Fonctions des représentations professionnelles
Les représentations professionnelles ont les mêmes fonctions que celles des représentations sociales que nous avons vues précédemment.
– Fonction cognitive : elles sont des connaissances nécessaires que les individus vont mobiliser lors de leurs activités, de plus, « elles ne sont pas figées et évoluent au rythme des changements de pratiques survenant en réponse à des situations professionnelles en mouvement ». « L’ensemble de ces réponses adaptées constitue des savoirs expérientiels spécifiques ; » (PIASER A., 1999, p. 22).
– Fonction de protection de l’identité du groupe : dans chaque groupe professionnel, il existe une identité professionnelle qui est spécifique à ce groupe. Les représentations professionnelles vont ainsi pouvoir conserver cette identité lorsque le groupe se retrouvera en situation de changement en sauvegardant les composantes premières de cette identité.
– Fonction d’orientation des conduites: reprenant les propos d’Abric (2003), on peut dire que les représentations professionnelles tout comme les représentations sociales « sont un guide pour l’action et les pratiques » car elles leur permettent d’agir dans des situations habituelles mais aussi inhabituelles.
– Fonction de communication : représentation collective, références communes du langage utilisée au sein du groupe professionnel.
– Fonction de justification anticipée ou rétrospective des pratiques : les représentations professionnelles servent à analyser, rendre compte, expliquer sa pratique professionnelle.
Conditions générales d’existences
En s’appuyant la réflexion théorique de Moliner, Piaser (1999) a dégagé plusieurs particularités des représentations professionnelles. Nous allons en évoquer quelques-unes car elles nous semblent applicables à notre étude et elles vont nous conduire au concept d’identité professionnelle
En se référant à l’objet polymorphe, Piaser évoque la co mplexité des situations d’enseignement. Dans le domaine médicosocial, il en est de même et les professionnels dont les AMP, sont confrontés à cette complexité. Les situations sont complexes de par leur nature et de par leurs contextes d’exercice. Elles présentent des traits communs mais elles sont toujours différentes, ce qui oblige les professionnels à s’adapter (mobilisation de schèmes).
Les professionnels ont donc une bonne connaissance des objets représentationnels, ce qui paradoxalement impacte sur la communication entre les membres du groupe en renforçant le côté implicite de la représentation.
De plus, d’après Piaser, les représentations professionnelles se trouvent dans une configuration structurelle et donc « l’enjeu qui préside à élaboration représentationnelle se pose en terme d’identité », « l’exercice professionnel reste encore un fort marqueur identitaire » (PIASER A., 1999, p 19).
Dans cette notion d’identité il faut intégrer à la fois l’identité propre du groupe professionnel, c’est-à-dire comment ce groupe se perçoit et « l’identité pour Autrui » (DUBAR), comment il est perçu par d’autres. « L’élaboration de ses représentations professionnelles va permettre à tout groupe professionnel qui partage un travail, de se distinguer des autres groupes plus ou moins proches. Cela est facile dans le cas d’activités aux noms nettement différents mais lecaractère original de certains professionnels n’est pas toujours aussi facilement perceptible.
Ce peut être le cas quand plusieurs professions sont regroupées sous des appellations génériques : … les professionnels de la santé, etc… Chaque catégorie professionnelle concerne un ensemble de personnels dont les statuts, les contextes d’exercice, les missions, etc… divergent. Partager avec d’autres un ensemble de représentations professionnelles de référence, permet d’une part à chaque membre d’une profession de mieux identifier son groupe d’appartenance et d’autre part, rend plus aisée cette reconnaissance pour des personnes extérieures à ces groupes.» (PIASER A., 1999, p 20).
L’identité professionnelle
L’identité, terme construit à partir du latin « idem » : identique, « identitas » : qualité de ce qui est le même. C’est ce qui fait la particularité d’un individu ou d’un groupe.
L’identité personnelle concerne le sentiment d’identité, c’est à dire le fait que l’individu se perçoit le même et reste le même dans le temps. En un sens plus large, on peut l’assimiler ausystème de sentiments et de représentations par lequel le sujet se singularise.
L’identité d’un individu, c’est donc ce qui le rend semblable à lui-même et donc différent des autres. C’est ce par quoi la personne se sent exister aussi bien en ses personnages (propriétés, fonctions et rôles sociaux) qu’en ses actes de personne (significations, valeurs et orientations).
L’identité, c’est ce par quoi la personne se définit et se connaît, ce par quoi elle se sent acceptée et reconnue comme telle par autrui.
Béatrice Drot de Lange (2000) dans son étude sur l’identité professionnelle des enseignants cite René Sainseaulieu (1985), pour qui l’identité professionnelle se définit comme « la façon dont les différents groupes de travail s’identifient aux pairs, aux chefs, aux autres groupes, l’identité au travail est fondée sur des représentations collectives distinctes ». L’identité serait un processus relationnel d’investissement de soi (investissement dans les relat i ons durables, qui mettent en question la reconnaissance réciproque des partenaires), s’ancrant dans« l’expérience relationnelle et sociale du pouvoir ».
C Dubar a généralisé l’analyse de R Sainseaulieu avec la notion d’identité sociale. Les individus appartiennent à des espaces identitaires variés au sein desquels ils se considèrent suffisamment reconnus et valorisés : ces champs d ’investissement peuvent être le travail, mais aussi hors travail. Il se peut aussi qu’il n’existe pas pour un individu d’espaces identitaires dans lequel il se sente reconnu et valorisé. Pour C Dubar, l’espace de reconnaissance de l’identité sociale dépend étroitement de la reconnaissance ou non reconnaissance des savoirs, des compétences et des images de soi, noyaux durs des identités par les institutions. La transaction entre d’une part les individus porteurs de désir d’identification et de reconnaissance et d’autre part les institutions offrant des statuts, des catégories et des formes variées de reconnaissance peut être conflictuelle. Les partenaires de cette transaction peuvent être multiples (collègues, hiérarchie de l’institution, l’univers de la formation, la famille etc.)
La construction d’une identité professionnelle est basée sur ce que P Berger et T Luckman (1966) appellent « la socialisation secondaire » : l’incorporation de savoirs spécialisés ou savoirs professionnels, définis et construits en référence à un champ d’activité particulier.
L’identité professionnelle est le sentiment d’appartenir à un groupe social qui génère une identité collective.
Problématique
Nous allons reprendre le cheminement de notre réflexion afin d’aboutir à une question de recherche.
Le but de ce travail est d’entrevoir comment les AMP exerçant dans le milieu soignant se représentent professionnellement et comment elles sont perçues en particulier par les cadres de santé.
Le constat de départ a mis en évidence un décalage entre leur rôle prescrit, c’est-à-dire de référence et leur rôle réel. En effet le positionnement du métier d’AMP à tendance à se confondre avec celui des aides-soignants. Le questionnement de départ porte sur le rôle des AMP, sur ce décalage, sur leur positionnement et leur vécu par rapport à cela. Cela nous a conduit à formuler une question de départ : Assigne-t-on un rôle adéquat des AMP dans lesinstitutions psychiatriques ?
Nous avons exploré cette question de départ en effectuant des recherches afin de d’éclairer cette question. Des éléments que nous avons vus dans le cadre contextuel corroborent ce constat mais soulignent également une volonté politique d’évolution par l’approche « compétences ». L’évolution des professions de santé (démographie et formation), les pratiques professionnelles individualisées et la complexité des problématiques psychiatriques nécessitent plus que jamais des formes de collaboration entre les acteurs professionnels tant en matière d’organisation de la prise en charge du patient que des modes d’organisation du travail.
Comme nous l’avons vu supra, du fait du caractère récent de cette profession et de son évolution, la question de la reconnaissance se pose, en effet l’AMP semble être un professionnel méconnu.
La théorie des représentations sociales et plus particulièrement le concept des représentations professionnelles nous a permis de mieux comprendre cette question.
Reprenons la définition d’Abric : “La représentation sociale est une vision fonctionnelle du monde, qui permet à l’individu ou au groupe de donner un sens à ses conduites, et de comprendre la réalité, à travers son propre système de références, donc de s’y adapter, de s’y définir une place.” (Cité par, PIASER A., p.15).
rapports de proximité ou d’éloignement des différentes parties du corpus caractérisés par la CHD, les uns par rapport aux autres.Grace à ce logiciel nous avons procédé à deux niveaux d’analyse. Le premier niveaudétermine des classes de discours, le second niveau conduit à une analyse multifactorielle.
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Table des matières
Introduction
Première partie : cadre contextuel
Deuxième partie : cadre conceptuel : les représentations sociales et professionnelles
Troisième partie : cadre empirique
Quatrième partie : autoévaluation du développement professionnel
Conclusion
Bibliographie
Annexes
Annexe 1 Guide d’entretien
Annexe 2 Corpus d’entretiens
Annexe 3 Dendrogramme / Profils des classes
Annexe 4 Analyses factorielles
Table des matières