Autisme et trouble développemental du langage oral associé

AUTISME ET TROUBLE DÉVELOPPEMENTAL DU LANGAGE ORAL ASSOCIÉ

Le développement typique du langage oral

Le langage est une fonction que l’être humain maîtrise et qui lui permet de s’exprimer et de communiquer. Il inclut la parole, expression privilégiée la plupart du temps, l’expression gestuelle et le langage écrit. Les modalités lexicales, grammaticales, phonologiques et pragmatiques sont toutes quatre mises en jeu lors de l’utilisation de ces facultés langagières. (Plaza, 2014) Ici, nous nous intéresserons particulièrement au langage oral qui possède deux versants : le versant de la réception et celui de la production qui ne se développent pas de façon synchronisée. Le système auditif est donc opérationnel avant le tractus phonatoire, qui permet de produire un langage articulé (Plaza, 2014).

Le développement du langage s’effectue alors par chevauchements. Ainsi, les modalités acquises en premier servent d’appui pour les suivantes. En revanche, une difficulté dans un domaine particulier peut desservir les autres modalités. L’acquisition du langage oral se fait grâce à des connaissances linguistiques qui sont sollicitées au cours d’activités langagières particulières et variées que l’enfant peut rencontrer dans son expérience personnelle. Ces connaissances vont alors s’élargir à d’autres contextes et ainsi elles vont pouvoir se généraliser (Plaza, 2014). Selon Colas et al. (2021), sur le plan réceptif, l’enfant réagit aux voix de son entourage, dès sa naissance, et particulièrement à celle de sa mère. Il va également se familiariser avec sa langue maternelle, très rapidement, grâce à sa prosodie. Il va, progressivement, affiner sa compréhension des mots et va commencer à comprendre certaines structures grammaticales. Entre 8 et 10 mois, il sait réagir à l’appel de son prénom et comprend quelques mots simples. A 18 mois, il est capable de comprendre près de 200 mots et connaît les différentes parties du corps. Sa compréhension syntaxique va se préciser et à 24 mois, il comprendra alors des consignes complexes et enfin à 3 ans il pourra comprendre correctement le langage quotidien.

L’acquisition du langage sur le versant productif s’effectue comme suit : tout d’abord il y a les vocalisations qui apparaissent vers 2/3 mois et qui se diversifient, puis vient le babillage canonique (répétition de syllabes simples). Avant 18 mois, apparaissent les premiers mots avec le développement d’un stock lexical d’environ une cinquantaine d’items avant l’explosion lexicale qui survient entre 10 et 30 mois. Les premières phrases sont construites entre 2 et 3 ans suivies par la diversification de la morphosyntaxe. A 4 ans, l’enfant maîtrise globalement la langue et continue à l’enrichir en affinant son utilisation grâce aux différentes interactions qu’il va avoir. Son environnement est alors d’une importance capitale dans le développement de son langage (Colas et al., 2021) .

Le développement du langage oral chez une personne TSA

Il arrive bien souvent que les enfants TSA parlent plus tard que leurs pairs qui ont un développement typique (Delage & Durrleman, 2015). Il n’est pas rare que les parents observent, chez leur enfant, une régression du langage autour des 18 mois.

Il existe des particularités plus ou moins inhérentes au fonctionnement typique d’une personne avec un trouble du spectre autistique que nous allons détailler ci-dessous .

Les difficultés concernant les précurseurs langagiers

Dans le développement de l’enfant autiste, on retrouve des particularités pré langagières qui peuvent alerter l’entourage. Par exemple, le jeu symbolique et l’imitation sociale sont bien souvent altérés. L’enfant ne partage pas ses centres d’intérêts ou ses réussites avec ses pairs, il a alors du mal à créer des relations avec eux. Il existe également des non-adaptations dans son regard, sa posture et sa gestuelle et concernant la réciprocité sociale et la gestion des émotions. Tous ces précurseurs sont essentiels afin de développer un langage oral fonctionnel. S’ils subissent un dysfonctionnement, la communication est alors altérée concernant les modalités verbales, non verbales, gestuelles et comportementales (Colas et al., 2021).

Les difficultés de théorie de l’esprit

« La théorie de l’esprit se définit comme la capacité d’attribuer des états mentaux à soimême et aux autres, et à interpréter le comportement d’autrui en termes d’états mentaux. Elle permet d’identifier l’émotion, de comprendre les intentions communicatives d’autrui, de comprendre la communication infra-verbale. Elle sous-tend les capacités d’empathie » (TanetMory, 2014). Les difficultés de théorie de l’esprit, qui sont le principal déficit cognitif des personnes TSA, sont la cause majeure de leurs mésaises concernant l’aspect social du langage (Delage & Durrleman, 2015). Cela entraîne, par exemple, des difficultés pour comprendre les blagues et les sous-entendus produits par les autres, pour prévoir et expliquer les actions d’autrui prenant en compte leurs convictions et pour réussir à faire la distinction entre apparence et réalité (Motet-Fèvre et al., 2017). Ces déficits entraînent également des fragilités concernant la politesse, le respect du tour de parole, la maintenance du sujet, ou le fait de ne pas s’appesantir sur des sujets inappropriés (Delage & Durrleman, 2015). En bref, ce déficit très courant dans la population TSA serait à l’origine des difficultés pragmatiques auxquelles ces personnes seraient bien souvent confrontées (Delage & Durrleman, 2015).

Les difficultés pragmatiques

Les difficultés de communication sociale font partie des critères diagnostic de la diade autistique selon le DSM V et la CIM 10. Au minimum, ces difficultés se traduisent par des incommodités à engager ou soutenir une discussion mais peuvent aussi se traduire par un usage répétitif, stéréotypé ou idiosyncrasique du langage et cela peut aller jusqu’à une absence de langage sans autres modes de communication alternative, ce qui arrive chez 30 à 50% de la population TSA (Courtois-Du-Passage & Galloux, 2004). Les déficits pragmatiques touchent principalement la politesse, le tour de parole, la maintenance du sujet ou la persévérance sur un sujet inapproprié. La compréhension de l’humour est aussi très compliquée pour les personnes porteuses d’autisme. Il leur est, pareillement, difficile de saisir et d’utiliser les caractères prosodiques de la langue : ils traitent, peu aisément, les changements de ton, les inflexions et les accentuations. (CourtoisDu-Passage & Galloux, 2004). La gestuelle est, elle aussi, altérée : les personnes autistes utilisent des gestes mais ils ne sont pas toujours en rapport avec le contexte de la conversation en cours (Delage & Durrleman, 2015). Ces compétences pragmatiques peuvent s’améliorer avec l’âge verbal de la personne mais le temps de raisonnement restera, lui, plus lent.

Les difficultés concernant les fonctions exécutives

Le terme de fonction exécutive « désigne une série de processus cognitifs supérieurs mis en jeu lors d’actions dirigées vers un but : planification stratégique des actions, inhibition d’actions non pertinentes, flexibilité cognitive et motrice entre les différentes étapes et sous-buts d’une action » (Mottron, 2004). Elles vont, de concert, avec la mémoire de travail qui, elle, permet de retenir des informations et de les manipuler mentalement. Contrairement au langage pragmatique, ce n’est pas un déficit caractéristique de cette population, mais il n’est pas rare que des personnes autistes éprouvent des difficultés dans ce domaine (Manwaring et al., 2017). En effet, les personnes avec TSA présentent régulièrement des difficultés à gérer les changements, la flexibilité cognitive, l’inhibition et la mémoire de travail. Elles éprouvent également des difficultés dans des fonctions d’un niveau supérieur comme la planification. Et nous savons que ces acquisitions sont importantes pour pouvoir être autonome dans la vie quotidienne et pour pouvoir communiquer correctement avec les autres (Manwaring et al., 2017). Il existe donc bien une relation entre les fonctions exécutives et le langage.

Particularités sensorielles 

Nous savons également que les personnes TSA rencontrent, bien souvent, des particularités sensorielles qui peuvent alors entraver leur communication et leur langage. Elles impactent de façon significative la perception du contexte par la personne et le développement de sa communication fonctionnelle. Cela se traduit par une non-hiérarchisation des informations auditives, une perception ralentie des stimuli auditifs (hypersensibilité au bruit), une perception des énoncés verbaux tel un continuum sonore sans que rien de significatif ne soit compris, une perception sensorielle visuelle altérée (envahissement perceptif), un traitement sensoriel unimodal ainsi qu’une grande fatigabilité (Motet-Fèvre et al., 2017).

Langage et cerveau

En temps normal, la zone du langage s’étend sur une aire corticale continue dans l’hémisphère gauche qui va des terminaisons des voies acoustiques et optiques jusqu’aux origines des voies motrices qui permettent l’action des muscles qui servent dans la phonologie, l’articulation et les gestes manuels (Motet-Fèvre et al., 2017). L’hémisphère droit, quant à lui, prend en charge la perception des événements acoustiques de longue durée et joue un rôle dans le contrôle de la prosodie (Catani et al., 2007). Dans l’autisme, les difficultés de mémoire épisodique impactent la connectivité cérébrale et le traitement de l’information en contraignant l’élaboration de souvenirs multimodaux. Les personnes TSA possèdent également une activation atypique des systèmes miroirs qui entraîne le défaut de réciprocité sociale. Les troubles de la communication, à proprement parler, viendraient, eux, d’une anomalie du traitement cortical de l’information auditive et d’un défaut de connectivité entre les deux hémisphères. Nous savons aussi que l’activation des deux aires principales du langage sont désynchronisées lorsque les personnes avec TSA doivent traiter des tâches lexicales. S’établit alors le postulat que le signal qui part de l’aire de Wernicke (reconnaissance initiale du mot) diminue avant d’atteindre l’aire de Broca (qui permet de transformer l’information reçue en langage). Cette sous connectivité peut être due à l’abondance de substance blanche retrouvée dans le cerveau des TSA comme nous l’avions évoqué dans la première partie de ce mémoire (Motet-Fèvre et al., 2017). Il est aussi question d’une prédominance droite dans le volume du cortex frontal inférieur ainsi que des aires d’associations plus importantes chez les personnes TSA qui n’ont pas de déficience intellectuelle (Motet-Fèvre et al., 2017).

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Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE THÉORIQUE
1. Les troubles du spectre de l’autisme
1.1 Définition générale
1.2 Les chiffres
1.2.1 Prévalence
1.2.2 Sex-ratio
1.3 Etiologie
1.3.1 Facteurs environnementaux
1.3.3 Les différents marqueurs
1.4 Dépistage, diagnostic et évaluation
1.4.1 Les outils diagnostics
1.4.2 Où poser le diagnostic
1.4.3 Spécificités chez adulte
1.5 TSA et hétérogénéité
1.6 Diagnostics différentiels et pathologies associées
1.6.1 Diagnostics différentiels
1.6.2 Les pathologies associées
2. Autisme et trouble développemental du langage oral associé
2.1 Le développement typique du langage oral
2.2 Le développement du langage oral chez une personne TSA
2.2.1 Les difficultés concernant les précurseurs langagiers
2.2.2 Les difficultés de théorie de l’esprit
2.2.3 Les difficultés pragmatiques
2.2.4 Les difficultés concernant les fonctions exécutives
2.2.5 Particularités sensorielles
2.2.6 Langage et cerveau
2.3 Les troubles du langage oral
2.3.1 Définitions
2.3.2 Prévalence
2.3.3 Trouble du langage oral associé au TSA
2.5 Evolution et conséquences du TDLO à l’âge adulte
2.5.1 Les évolutions
2.5.2 Les conséquences
3. Autisme et troubles alimentaires
3.1 Généralités
3.1.1 Lien avec langage oral
3.2 Les troubles alimentaires
3.2.1 Troubles de l’oralité alimentaire chez les personnes TSA
3.3 Etiologie
3.3.1 Atteintes sensorielles
3.3.2 Atteintes organiques
3.3.3 Atteintes environnementales
3.3.4 Atteintes cognitives
3.3.5 Atteintes motrices
3.4 Facteurs protecteurs
3.5 Conséquences
3.5.1 Conséquences sur la santé
3.5.2 Conséquences sociales
PROBLÉMATIQUE ET HYPOTHÈSES
1. Problématique et objectifs
2. Hypothèses
MÉTHODOLOGIE
1. Population
1.1 Présentation de la population
1.2 La méthodologie de recrutement
2. Matériel
2.1 Choix du questionnaire et ses objectifs
2.2 Structure du questionnaire
2.2.1 Détail des parties
2.3 Procédure
2.4 Analyse des données
RÉSULTATS
1. Présentation de la population
2. Analyse des résultats
2.1 Etude de cas
2.1.1 Sujet 1
2.1.2 Sujet 2
2.1.3 Sujet 3
2.1.4 Sujet 4
2.1.5 Sujet 5
2.1.6 Sujet 6
2.2 Analyse approfondie des résultats collectifs
2.3 Synthèse des résultats
DISCUSSION
1. Rappel des objectifs et des hypothèses
2. Validation ou invalidation des hypothèses de départ
3. Atouts, limites et perspectives de l’étude
3.1 Atouts et limites de l’étude
3.2 Perspectives de recherche
CONCLUSION

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