Pronostic
โข Evolution de la maladie De plus en plus dโรฉtudes mettent en รฉvidence que la durรฉe moyenne entre le dรฉbut des troubles psychotiques et la premiรจre intervention joue un rรดle dรฉterminant dans lโรฉvolution de la maladie. Une intervention rapide permettra de rรฉduire les symptรดmes et dโamรฉliorer la qualitรฉ de vie de la personne (30). On dรฉfinit une intervention rapide si elle intervient dans les 2 premiรจres annรฉes de maladie (30). A lโinverse, plus lโarrivรฉe de lโintervention est tardive, plus lโรฉvolution de la maladie sera pรฉjorรฉe (31). Dโautres facteurs entrent en compte dans le pronostic de la maladie. On sait que lโadhรฉrence au traitement, lโaccรจs aux soins ainsi que le soutien psychosocial jouent un rรดle dans lโรฉvolution positive ou nรฉgative de la maladie (16)(32). Les chiffres tirรฉs de la littรฉrature font รฉtat de rรฉmission favorable et durable chez 20 ร 30% des sujets ayant subi un รฉpisode psychotique (16)(8). Ils sont en mesure de reprendre une vie sociale, affective et professionnelle (16). Environ 50-60% des sujets auront une rรฉsolution partielle de leurs symptรดmes. Ils pourront vivre en communautรฉ mais seront toujours sujets ร des rechutes (16)(8). Les derniers 20-30% seront ceux chez qui le traitement nโaura eu que peu dโeffet et chez qui lโรฉtat continue ร se dรฉgrader (16)(32). Ils seront obligรฉs de vivre dans un milieu protรฉgรฉ (8). Ainsi, nous pouvons conclure que plus de la moitiรฉ des patients schizophrรจnes seraient en mesure de reprendre une vie sociale et professionnelle grรขce ร la rรฉmission de leurs symptรดmes. Malgrรฉ cela, ยซ seuls 10 ร 20 % des personnes souffrant de cette pathologie ont un emploi et ceux qui en avaient un avant le dรฉbut de la maladie le perdent frรฉquemment ou รฉprouvent de grandes difficultรฉs ร le garder lorsque la maladie est installรฉe ยป (33). Une mauvaise qualitรฉ des programmes de rรฉinsertion professionnelle ainsi que les consรฉquences nรฉfastes de la maladie sur les fonctions cognitives, notamment la perte de mรฉmoire, peuvent รชtre des causes freinant le maintien dโune activitรฉ professionnelle adรฉquate (33).
โข Espรฉrance de vie Il est important de spรฉcifier รฉgalement que le risque de suicide est important chez les patients schizophrรจnes. Les phases psychotiques aigรผes, avec la prรฉsence dโhallucinations et de dรฉlires, sont des pรฉriodes particuliรจrement ร risque (16)(6). Environ la moitiรฉ des patients feront au moins une tentative de suicide et elle sera mortelle chez 10% des patients (16). Lโinsatisfaction ressentie par le malade est un important facteur de risque de suicide. Ainsi, lโamรฉlioration de la qualitรฉ de vie de la personne doit รชtre un critรจre important de la prise en charge (30). Lโusage de mรฉdicaments antipsychotiques, qui sont prodiguรฉs pour le traitement des psychoses, crรฉe des effets secondaires entraรฎnant des troubles mรฉtaboliques tels que lโaugmentation du poids et de la circonfรฉrence abdominale, une dyslipidรฉmie ou encore une hyperglycรฉmie (34)(35)(36). Ces modifications mรฉtaboliques augmentent le risque de dรฉvelopper certaines maladies cardiovasculaires. Il a รฉtรฉ dรฉmontrรฉ que les facteurs de risque cardiovasculaire รฉtaient 4 fois plus prรฉsents chez la population schizophrรจne que la population sans troubles psychiques (37). Ces effets secondaires engendrรฉs par les traitements rรฉduiraient dโenviron 20% lโespรฉrance de vie dโune personnes schizophrรจne (38).
Autonomie
La perte dโautonomie reprรฉsente un รฉlรฉment central dans la stratรฉgie thรฉrapeutique, bien quโelle soit trรจs difficile ร รฉvaluer (39). Actuellement, le type de prise en charge pour une personne atteinte de schizophrรฉnie dรฉpend de la gravitรฉ de sa maladie. La phase la plus critique est celle oรน la personne manifeste des symptรดmes psychotiques (39). Durant cette pรฉriode, la perte dโautonomie est trรจs marquรฉe et lโhospitalisation est quasiment inรฉvitable (39). Les fonctions cognitives les plus affectรฉes sont la mรฉmoire, lโattention et les fonctions exรฉcutives, cโest-ร -dire que la personne ne sera plus en mesure dโanticiper, de planifier et dโexรฉcuter une action (40). Ceci peut avoir des rรฉpercussions sur les activitรฉs de la vie quotidienne de la personne, notamment au niveau de son travail, comme citรฉ dans le chapitre prรฉcรฉdent (16). Environ 80% des personnes schizophrรจnes souffriront de dรฉficits des fonctions cognitives. Cependant, la gravitรฉ de ces difficultรฉs varie selon les personnes (40). Ainsi, plus lโapparition de la maladie est prรฉcoce, plus elles prรฉsenteront des difficultรฉs dโautonomie par la suite (39). La durรฉe moyenne entre lโapparition des premiers symptรดmes et le premier traitement antipsychotique joue รฉgalement un rรดle important. En effet, plus lโintervalle entre les deux est important, plus les dรฉficits cognitifs seront importants (39).
Des programmes de rรฉinsertion sociale ont รฉtรฉ mis en place afin de diminuer la durรฉe dโhospitalisation, dโamรฉliorer la qualitรฉ de vie et de favoriser un contexte socioprofessionnel adaptรฉ (41). Cependant, bien que les antipsychotiques soient efficaces dans lโamรฉlioration des symptรดmes, une majoritรฉ des personnes auront des difficultรฉs ร sโadapter dans un environnement social tel que le travail (39). Un autre facteur qui entre en compte dans lโautonomie de la personne est la perte de motivation dans la vie de tous les jours (42). Il existe deux types de motivation. Premiรจrement, la motivation intrinsรจque, qui se manifeste lorsque la personne ressent de lโintรฉrรชt ou du plaisir ร effectuer une action. La motivation extrinsรจque, quant ร elle, dรฉpend de stimuli externes ร la personne, comme par exemple une rรฉcompense ou une punition. De rรฉcentes recherches ont montrรฉ que les personnes atteintes de schizophrรฉnie ont des niveaux de motivations intrinsรจques infรฉrieures par rapport aux personnes en santรฉ (42). Le patient malade nโagira donc pas, car il ne trouvera pas ou plus dโintรฉrรชt ou de plaisir ร effectuer lโaction (43). Une diminution de la motivation intrinsรจque peut conduire ร des symptรดmes nรฉgatifs tels que lโanhรฉdonie (44).
Le comportement anhรฉdonique peut induire un isolement social, une diminution du fonctionnement global de la personne et des difficultรฉs ร atteindre les buts fixรฉs lors dโun traitement comportemental (45)(46). Un sรฉjour hospitalier peut รชtre la consรฉquence de cet isolement (41). Concernant la motivation extrinsรจque, il a รฉtรฉ dรฉmontrรฉ que le patient schizophrรจne est rรฉceptif aux rรฉcompenses, notamment si elles sont incluses dans les paramรจtres de traitement. Par exemple, elle peuvent se prรฉsenter sous forme dโencouragements ou dโargent (47). Une รฉtude rรฉcente a notamment dรฉmontrรฉ lโimportance dโaller ร la recherche dโexpรฉriences enrichissantes afin de stimuler le dรฉveloppement de la motivation intrinsรจque, par exemple en fixant des objectifs thรฉrapeutiques avec la personne (47). Elle a รฉgalement mis en รฉvidence lโimportance dโune intervention prรฉcoce sur le comportement, afin de permettre au personnes schizophrรจnes dโรฉviter les attitudes asociales, dโaugmenter leur autonomie et leur qualitรฉ de vie (47).
Prise de poids
Les antipsychotiques, conventionnels ou atypiques, ont une propension ร induire une prise de poids (56). En effet, jusquโร 80% des personnes traitรฉes sous antipsychotiques souffrent de surpoids ou dโobรฉsitรฉ (60). La prรฉvalence de lโobรฉsitรฉ chez les personnes schizophrรจnes est 1.5 ร 2 fois plus รฉlevรฉe que chez la population gรฉnรฉrale (54)(61). Le risque de gain de poids est particuliรจrement important lors du premier รฉpisode psychotique aigu chez le jeune adulte (60). Les personnes traitรฉes sous olanzapine semblent prendre du poids dans les trois mois suivants le dรฉbut du traitement (62). La prise de poids varie suivant le type dโantipsychotique consommรฉ (53). Lโolanzapine, la clozapine et la risperidone sont les traitements ayant le plus dโimpact sur le poids corporel (53)(55). A contrario, le ziprasidone et lโaripiprazole sont ceux qui prรฉsentent le moins dโeffet sur le poids (53)(55). Une mรฉta-analyse de Allison & al. (63) a quantifiรฉ les prises de poids en lien avec les diffรฉrents neuroleptiques. La prise de poids la plus importante รฉtait sous clozapine (+4.5kg) et olanzapine (+4.2kg). Par la suite on trouve la thioridazine (+3.2kg), la risperdone (+2.1kg), lโhalopรฉridol (+1.1kg) et finalement la ziprasidone (+0.04kg).
Bien que la prise de poids induite par les antipsychotiques ne soit pas encore bien comprise, certaines รฉtudes expliquent que le gain pondรฉral rรฉsulte de leur interaction avec certains neurotransmetteurs tels que la sรฉrotonine, lโhistamine, les endocannabinoรฏdes et la dopamine (55)(64). Les molรฉcules des antipsychotiques ont un rรดle antagoniste aux neurotransmetteurs. Par exemple, la sรฉrotonine joue un rรดle essentiel dans la rรฉgulation de la prise alimentaire (65). Ce neurotransmetteur est anorexigรจne. Dans le cas dโun patient traitรฉ par un antipsychotique ayant un rรดle antagoniste ร la sรฉrotonine, la satiรฉtรฉ sera inhibรฉe. Le patient ressentira une modification au niveau de ses sensations alimentaires avec des difficultรฉs ร ressentir la satiรฉtรฉ. Il sera alors susceptible dโaugmenter ses prises alimentaires et aura un fort risque de prise de poids (65). Une autre hypothรจse suggรจre que les neuroleptiques pourraient รฉgalement avoir un impact sur certaines hormones influenรงant lโappรฉtit telles que lโinsuline, la leptine, la prolactine, lโestradiol et la testostรฉrone (66). La somnolence, la dรฉpression, lโasthรฉnie et les insomnies sont รฉgalement des effets secondaires, induits par les antipsychotiques, susceptibles dโinduire une prise de poids (67). Dโautres รฉtudes, qui ont mesurรฉ la variation de poids sur une longue pรฉriode, ont dรฉmontrรฉ quโร partir de quelques mois de traitement, le poids atteint un plateau puis se stabilise (68). Cependant, la durรฉe avant dโatteindre le plateau de poids varie selon le type dโantipsychotique. Par exemple, il est atteint en 8-10 semaines sous risperidone et en plus de 20 semaines pour lโolanzapine (68). La prise de poids due au traitement mรฉdicamenteux a des consรฉquences sur la qualitรฉ de vie de la personne. Cet effet secondaire peut รฉgalement engendrer une mauvaise compliance, voire un arrรชt du traitement (69).
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Table des matiรจres
RESUME
GLOSSAIRE
1. INTRODUCTION
2. SCHIZOPHRENIE
2.1 DEFINITION
2.2 PREVALENCE ET INCIDENCE
2.3 CAUSES
2.4 SYMPTOMES
2.5 PRONOSTIC
2.6 AUTONOMIE
2.7 IMPACT SUR LโENTOURAGE
2.8 STIGMATISATION
2.9 TRAITEMENT MEDICAMENTEUX
3. EFFETS SECONDAIRES DES ANTIPSYCHOTIQUES
3.1 AUGMENTATION DES FACTEURS DE RISQUE CARDIOVASCULAIRE
3.1.1 Prise de poids
3.1.2 Hyperlipidรฉmie
3.1.3 Hyperglycรฉmie et diabรจte
3.1.4 Hypertension
4. DEFINITION DE LโETUDE
4.1 BUT
4.2 OBJECTIFS
4.3 QUESTION DE RECHERCHE
4.4 HYPOTHESES
5. METHODOLOGIE
5.1 DESIGN
5.2 REVUE DE LITTERATURE
5.2.1 Stratรฉgie de recherche
5.2.2 Critรจres dโinclusion
5.2.3 Critรจres dโexclusion
5.2.4 Sรฉlection des articles
5.3 ESSAIS CLINIQUES RANDOMISES
5.3.1 Stratรฉgie de recherche
5.3.2 Critรจres dโinclusion
5.3.3 Critรจres dโexclusion
5.3.4 Sรฉlection des articles
5.4 ANALYSE ET EXTRACTION DES DONNEES
6. RESULTATS
6.1 RESULTATS DE LA REVUE DE LITTERATURE
6.2 CARACTERISTIQUES DES REVUES
6.3 RESULTATS DES REVUES
6.3.1 Gestion du poids
6.3.2 Facteurs de risque cardiovasculaire
6.4 CARACTERISTIQUES DES ESSAIS CLINIQUES RANDOMISES
6.5 RESULTATS DES ESSAIS CLINIQUES RANDOMISES
6.5.1 Gestion du poids
6.5.2 Facteurs de risque cardiovasculaire
7. DISCUSSION
7.1 RAPPEL DES RESULTATS
7.1.1 Rappel des rรฉsultats de la revue de littรฉrature
7.1.2 Rappel des rรฉsultats des essais cliniques randomisรฉs
7.2 INTRODUCTION A LA DISCUSSION
7.3 FACTEURS INFLUENรANT LโEFFICACITE DโUNE PRISE EN CHARGE NUTRITIONNELLE
7.4 BARRIERES A LA PRISE EN CHARGE NUTRITIONNELLE
7.5 LIMITES
7.6 POINTS FORTS
8. PERSPECTIVES
9. CONCLUSION
10. REMERCIEMENTS
11. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
12. ANNEXES
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