Définitions des concepts
-La mort maternelle : Selon les définitions des neuvièmes et dixièmes révisions de la classification statistique internationale des maladies et des problèmes de santé connexes (CIM), « la mort maternelle est le décès d’une femme survenue au cours de la grossesse ou dans un délai de 42 jours après sa terminaison quelle qu’en soit la durée et la localisation pour une quelconque déterminée ou aggravée par la grossesse ou les soins qu’elle a motivé, mais ni accidentelle ni fortuite» [11].
-Les décès maternels par causes obstétricales directes : Les décès par cause obstétricale directe sont ceux qui résultent de complications obstétricales (grossesse, travail et suites de couches), d’interventions, d’omissions, d’un traitement incorrect ou d’un enchaînement d’événements résultant de l’un quelconque des facteurs ci-dessus. On distingue 5 grandes causes obstétricales directes. Il s’agit : des hémorragies, des dystocies, de l’hypertension artérielle, des infections, des avortements à risque [11].
-Les décès maternels par causes obstétricales indirectes : Ce sont des décès maternels qui résultent d’une maladie préexistante ou d’une affection apparue pendant la grossesse sans qu’elle soit due à des causes obstétricales directes mais qui a été aggravée par les effets physiologiques de la grossesse [11].
-Morts maternelles liées à la grossesse : ce sont des décès survenus au cours de la grossesse ou dans un délai de 42 jours après sa terminaison quelle que soit la cause de la mort [11].
-Morts maternelles tardives: Ce sont des décès qui résultent de causes obstétricales directes ou indirectes, qui surviennent entre six semaines et un an après l’accouchement [11].
-La mortalité néonatale : C’est le nombre de décès d’enfants nés vivants au cours des 4 premières semaines de vie (28 jours) [12]
-La mortalité néonatale précoce : C’est le nombre de décès d’enfants nés vivants survenant au cours de la première semaine de vie [12].
-La mortalité néonatale tardive : C’est le nombre de décès de nouveau-nés survenus entre le 8ème et le 28ème jour de vie [12].
-La mortinatalité : le nombre de décès survenus au cours de la grossesse après 28 semaines révolues d’aménorrhées rapporté à 1000 naissances totales [13].
-Le taux mortalité maternel (TMM) : C’est le nombre de décès maternels par an pour 100.000 femmes en âge de procréer (de 15 à 49 ans) [14].
-Le ratio de mortalité maternelle (RMM) : Exprime le nombre de décès maternels par an pour 100.000 naissances vivantes [14].
-Le taux de mortalité néonatale : C’est le nombre de décès de nouveau-nés avant 28 jours de vie au cours d’une année sur le nombre totale de naissances vivantes au cours de la même période multipliés par mille [12].
-La malformation congénitale : sous le terme de malformation congénitale, on entend toute condition présente avant la naissance, déterminant une déviation de nombre, de siège, de forme, de volume ou de fonction de tout segment, organe, cellule ou constituant cellulaire suffisante pour designer cette déviation comme anormale [16].
Enquête confidentielle, audit confidentielle et autopsie verbale des décès maternels
♦ L’enquête confidentielle : C’est une méthode de recherche systématique, pluridisciplinaire et anonyme portant sur la totalité ou sur un échantillon représentatif des décès maternels survenus au niveau local, provincial, régional ou national. Elle permet de recenser leur nombre leurs causes et les facteurs évitables qui leur sont liés grâce aux enseignements tirés de chaque décès, et au regroupement des données. Ces enquêtes fournissent des indicateurs sur les domaines dans les quels on rencontre les principaux problèmes qui nécessitent des recommandations que le secteur de la santé et la communauté doivent prendre afin d’améliorer les résultats cliniques. Elle nécessite l’existence d’un système opérationnel de statistique et la présence dans chaque établissement de professionnels chargés de signaler régulièrement les décès aux responsables de l’enquête. L’enquête confidentielle fait appel à la technique de « l’audit confidentielle» pour investiguer les décès survenus dans les établissements de santé et la technique de «l’autopsie verbale» pour investiguer ceux survenus à domicile.
♦ L’autopsie verbale : Elle vise à élucider les causes médicales du décès et à mettre à jour les facteurs personnels, familiaux, communautaires ayant contribué au décès d’une femme lorsque celui-ci est survenu en dehors d’un établissement médical. Elle consiste à interroger des personnes bien informées des évènements ayant entrainé le décès et peut également servir à identifier les facteurs liés à des décès survenus au niveau des établissements de soins.
-Audit clinique des soins : C’est un processus d’amélioration de la qualité, qui vise à améliorer les soins prodigués aux patientes et les issues cliniques, par l’examen systématique des soins de santé par rapport à des critères explicites et par la mise en œuvre de changements. En suite un nouveau contrôle est exercé pour confirmer les améliorations apportées à la fourniture des soins de santé. L’audit clinique des soins est complémentaire de l’enquête confidentielle et n’en constitue pas une alternative [1].
Historique
Le mot audit nous vient du latin par l’Anglais. En latin audioaudine signifie écouter-entendre et par extension donner audience. Ce n’est qu’à partir du 20ème siècle que l’audit commence réellement à prendre de l’importance. L’utilisation du mot «audit» fut assimilée au contrôle et à la vérification. Il revêtait un caractère de nature comptable. L’audit a considérablement «étendu son champ d’investigation pour enfin déborder le domaine comptable et financier pour couvrir l’ensemble des activités de l’entreprise [17]. Dans le domaine de la santé, les Américains sont les premiers à avoir étudié l’évaluation des pratiques médicales et de la qualité des soins dans les années 1960-1970 [17]. Les premières enquêtes confidentielles sur les décès maternels ont été réalisées au Royaume-Uni. Au cours des années 1920, des professionnels de santé et des groupes de défense des femmes se sont inquiétés du manque d’amélioration du taux de mortalité maternel. Aussi en 1928, des professionnels de santé ont mis en place localement un système de vérification des études des cas et ces audits ne comprenaient qu’un examen approfondi des évènements indésirables. Ce n’est qu’en 1935 que le RoyaumeUni a mis en place un système d’enquête confidentielle sous l’égide des autorités sanitaires et dont les recommandations ont largement contribué à baisser le taux de mortalité maternel de 400 à 11/100.000 N.V entre 1935 et 1999. La baisse la plus spectaculaire a été enregistrée dans la ville de Rochdale (région pauvre d’Angleterre) où le taux de mortalité maternel est passé de 900 à 280/100.000 N.V entre 1928 et 1934 [18]. En France, les enquêtes confidentielles ont démarré en 1996 avec un comité d’expert dont le rôle est de faire une analyse des décès maternels : étiologie et cause du décès, évitabilité, qualité des soins obstétricaux, proposition de mesures de prévention concernant la mort maternelle, remise en fin de mandat d’ un rapport sur les causes et l’ évolution de la mortalité maternelle. Cette surveillance repose sur un double système de recueil des données ; elle associe l’information issue du certificat médical de décès à celle d’une enquête confidentielle avec comité d’expert [20].
Audit clinique fondé sur les critères
Définition : L’audit clinique est un processus qui vise à améliorer la qualité des soins et leurs résultats par une revue systématique des soins prodigués par rapport à des critères précis et en procédant à des changements. On choisit des aspects de la pratique des soins, leurs résultats et on les évalue systématiquement par rapport à des critères explicites. Là où c’est nécessaire, des changements sont ensuite apportés à l’échelon des personnes, de l’équipe ou du service, et une surveillance ultérieure permet de confirmer les améliorations apportées dans la fourniture des soins.
Avantages : L’élément participatif de l’audit clinique offre un mécanisme efficace pour apporter des améliorations. C’est un excellent outil pédagogique, qui lorsqu’il est effectué correctement n’est nullement répressif. L’audit clinique fournit un retour d’informations directes au personnel de l’établissement sur les pratiques et les performances, et le processus participatif leur permet d’aider à identifier des mesures d’amélioration réalistes. II fournit un cadre structuré pour la collecte des renseignements et implique une évaluation moins subjective de prise en charge des cas que les études sur les décès maternels dans les établissements ou les enquêtes confidentielles. Le processus d’audit peut permettre de faire ressortir certaines insuffisances dans la tenue des dossiers médicaux des patientes et dans la conservation de ces derniers.
Inconvénients : L’audit clinique est limité à l’établissement où les soins de santé sont administrés et ne peut pas donc traiter la question d’ordre communautaire. Un audit clinique ne peut traiter que de certaines causes de décès à la fois et ne fournit donc pas une vue d’ensemble complète de tous les décès maternels. Les concepts de pratique fondée sur des bases factuelles et d’audit peuvent paraître étrangers ou inquiétants à certains professionnels de la santé. Un audit exige de disposer d’une série de critères appropriés ou d’élaborer des critères. Les responsables de l’audit doivent être prêts à clore le processus de vérification en procédant à au moins un réexamen final des pratiques.
Les facteurs liés à la reproduction
« Trop d’enfants, trop tôt, trop tard et trop rapprochés ». Voici les « quatres trop » qui contribuent à augmenter le taux de la mortalité maternelle. Pour expliquer cette situation, on peut évoquer diverses raisons.
-Dans les mariages polygames, les coépouses ont tendance à la concurrence pour avoir le plus grand nombre d’enfant et cela à cause de l’héritage du mari. Dans d’autres cas, la préférence de l’enfant de sexe masculin dans notre société oblige certaines femmes à faire des grossesses rapprochées. Cette attitude est encouragée et renforcée par les structures sociales qui restreignent le droit des filles à hériter.
-Parfois, le grand nombre d’enfant constitue la preuve de fécondité d’une femme dans la société traditionnelle et constitue une source de main d’œuvre pour le couple à la vieillesse.
-Risque lié au statut matrimonial : Le célibat constitue un risque de décès maternel très élevé. En effet les femmes à statut matrimonial instables sont exposées aux avortements provoquées clandestins dont les conséquences vont d’un choc hémorragique à une stérilité secondaire ou définitive. Par les exigences du couple, certaines femmes mariées sont exposées aux grossesses très rapprochées et tardives entrainant un affaiblissement de l’organisme maternel et exposant au décès.
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Table des matières
I. Introduction
II. Généralités
III. Méthodologie
IV. Résultats
V. Commentaires et discussions
VI. Conclusion et Recommandations
Références
Annexes
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