Attitudes et pratiques effectives des enseignants ordinaires du secondaire I
Vers de nouvelles pratiques pรฉdagogiques
Le Rapport du Conseil dโEtat รฉvoque les buts des mutations que traversent le milieu รฉducatif neuchรขtelois : lโharmonisation de la scolaritรฉ obligatoire ; lโorganisation de lโรฉcole de maniรจre verticale, afin de favoriser une meilleure cohรฉrence et un meilleur suivi tout au long de ce cursus ; augmenter le niveau de compรฉtence des รฉlรจves ; assurer une orientation progressive et individualisรฉe des รฉlรจves, aboutissant ร des profils de fin de scolaritรฉ plus spรฉcifiques. Lโun des moyens รฉvoquรฉs dans le rapport est, comme je lโai mentionnรฉ plus haut, la collaboration entre les enseignants du milieu ordinaire. Il leur est ainsi demandรฉ de travailler collectivement et ce, ร plusieurs niveaux : la mise en place et lโusage du PER, un travail par cycle, la gestion de classe et le suivi des รฉlรจves, de maniรจre individuelle et collective, si nous considรฉrons les passages potentiels dโรฉlรจves du niveau 1 au niveau 2 ; lโinclusion des BEP et lโintรฉgration des รฉlรจves de classes TE.
En rรฉsumรฉ, le nouveau cahier des charges des enseignants, rรฉsultant des rรฉcentes rรฉformes, impose quโils accueillent des รฉlรจves avec ou sans BEP, dans une perspective dโinclusion. A cette nouveautรฉ, sโajoute la nรฉcessitรฉ de travailler collectivement afin, dโune part, de mieux rรฉpondre ร la diversitรฉ des รฉlรจves et dโautre part, dโassurer une meilleure coordination et un meilleur suivi de ces derniers. Lors du IIIรจme Colloque international IIS de la HEP du canton de Vaud du mois dโavril 2015, portant sur lโinclusion scolaire et le rรดle des communautรฉs รฉducatives, beaucoup de confรฉrenciers dรฉploraient le grand manque dโexploitation des pratiques collaboratives, bien que des initiatives locales aient dรฉjร portรฉ leurs fruits. Bien quโil faille tenir compte du caractรจre rรฉcent des changements et du fait que ceux-ci nรฉcessitent du temps, il convient tout de mรชme de sโinterroger sur les apparentes rรฉsistances. La littรฉrature permettra dans cette perspective, dโune part, de dรฉfinir la notion dโinclusion scolaire et les diffรฉrents concepts liรฉs au travail collectif, et, dโautre part, de cibler ร quels niveaux se situent les tensions qui peuvent sโรฉriger en obstacles ร la collaboration et de fait ร lโinclusion. Cela permettra, ensuite, dโenvisager des pistes dโactions, qui faciliteraient lโappropriation et la mise en place de pratiques collectives, qui favoriseraient ร leur tour, lโacquisition des savoirs et lโinclusion de tous les รฉlรจves.
Intรฉgration et inclusion scolaires โ dรฉfinitions et encadrement
Dans lโune de ses brochures, disponibles en ligne, le CSPS, en 2011, propose des dรฉfinitions concernant ces deux notions. Il considรจre lโintรฉgration scolaire comme รฉtant ยซ la rรฉinsertion dโun รฉlรจve ou dโun groupe dโรฉlรจves dans le cadre normal (mainstream) de lโรฉcole et dans la vie communautaire, aprรจs quโil en ait dรฉjร รฉtรฉ exclu ยป . Lโinclusion, quant ร elle, vise ยซ ร ne laisser personne ร lโextรฉrieur de lโenseignement ordinaire, ceci dans le but de favoriser une participation aussi grande que possible de tous les รฉlรจves ร la vie scolaire et son environnement ยป. Il est prรฉcisรฉ que ยซ dans l’inclusion il n’existe pas de groupes de personnes avec ou sans handicap. Toutes les personnes prรฉsentent des besoins communs et individuels. L’รฉgalitรฉ et la diffรฉrence trouvent leur place, la diversitรฉ est la norme. Cette norme peut รชtre atteinte en changeant les structures et les opinions existantes ยป. Ces dรฉfinitions sont trรจs intรฉressantes, car elles permettent de se questionner sur les mesures mises en place pour rรฉpondre ร ce changement de paradigme au sein des รฉtablissements scolaires ordinaires. Les รฉlรจves ayant de grandes difficultรฉs scolaires sont-ils intรฉgrรฉs ou inclus au sein des classes ordinaires ? Comment les directions ont-elles rรฉpondu ร ces besoins de pรฉdagogie spรฉcialisรฉe ? En effet, les questions dโorganisation relรจvent du domaine de compรฉtences des cantons qui ont adhรฉrรฉ au concordat sur la pรฉdagogie spรฉcialisรฉe. Ce sont eux qui gรจrent, de maniรจre autonome, la scolarisation des รฉlรจves BEP. Ce sont eux, รฉgalement, qui dรฉterminent lโexistence et le nombre de classes spรฉciales. Dans le canton de Neuchรขtel et suite ร la rรฉgionalisation scolaire, ces compรฉtences sont partagรฉes entre le service de lโenseignement obligatoire (SEO) et les directions scolaires de chaque cercle. Sur le terrain et dans le domaine de la pratique, cโest aux directions dโรฉtablissements dโorganiser lโencadrement, en termes dโoutils, dโespaces, dโheures dโappuis et de soutien spรฉcialisรฉ et ce sont elles qui gรจrent la coordination de ces diffรฉrents facteurs.
Vers une dรฉfinition de la coordination, de la collaboration et de la coopรฉration Nombreux sont les termes dรฉjร รฉvoquรฉs dans ce travail, faisant rรฉfรฉrence ร la collaboration. Cโest pourquoi, il convient de se concentrer ici sur la dรฉfinition des concepts sur lesquels reposera cette recherche. En effet, ce travail vise la mise en place dโun projet collaboratif au service de lโinclusion scolaire dans le cadre de lโintรฉgration partielle de lโun de mes รฉlรจves. En effet, cette modalitรฉ dโinclusion requiert nรฉcessairement que je travaille avec la personne qui accueille mon รฉlรจve. Afin dโassurer au mieux son intรฉgration et son suivi, il me semblait donc nรฉcessaire que nous collaborions davantage et de maniรจre plus rapprochรฉe. De mรชme dans un contexte qui rend lโenseignement dans les classes rรฉguliรจres de fait dรฉlicat, il me semblait judicieux de crรฉer les conditions qui favoriseraient la mise en place de pratiques collectives visant un plus grand degrรฉ de partage. A ce sujet, la littรฉrature sur la collaboration nomme diffรฉrentes maniรจres de travailler ensemble et en dรฉfinit les caractรฉristiques. Ainsi, la collaboration se caractรฉrise par : Lโinterdรฉpendance engendrรฉe par le partage de ressources (โฆ) et se dรฉveloppe dรจs lors des pratiques dโรฉchange, de facilitation, dโentraide, de prise de dรฉcision relatives ร lโรฉlaboration de projet, ร la conception de dispositifs ou encore ร la prรฉparation de sรฉances dโenseignement. (โฆ) En somme, la collaboration est prรฉsente chaque fois que plusieurs enseignants travaillent ensemble ร la poursuite dโun objectif commun, mรชme sโils assumeront individuellement leurs tรขches face aux รฉlรจves. (Marcel, Dupriez, Tardif & Pรฉrisset Bagnoud, 2007, p.10).
En ce qui concerne les pratiques de coopรฉration, celles-ci se caractรฉrisent par : Lโajustement des activitรฉs en situation en vue dโune action commune efficace (โฆ). La coopรฉration entre enseignants est donc effective dans toute situation oรน les enseignants agissent ensemble, opรจrent ensemble et ajustent en situation leur activitรฉ professionnelle afin de rรฉpondre aux caractรฉristiques de la situation et ร leurs objectifs. (Marcel & al., 2007, p.11). La coordination quant ร elle, relรจve, selon certains auteurs, davantage de mesures administratives permettant de rรฉunir, organiser et formaliser lโarticulation des pratiques de chaque enseignant, conformรฉment aux dรฉcisions des autoritรฉs. La nouvelle dimension ร apporter ร ce concept de coordination, au vu des rรฉcentes rรฉformes, serait lโimplication partenariale des enseignants dans la conception et la construction de projets communs (Marcel et al., 2007). Cette notion de partenariat paraรฎt fondamentale car elle organise, structure et donne du sens ร lโรฉquipe de professionnels et cโest pourquoi je la dรฉvelopperai dans le chapitre suivant. Une รฉtude romande, portant sur les reprรฉsentations des pratiques collaboratives des enseignant.e.s de fin de scolaritรฉ obligatoire (ยซ Travail en รฉquipe : reprรฉsentations et pratiques des enseignant.e.s romand.e.s ยป), avant lโintroduction du PER, dรฉvoile que ยซ les enseignant.e.s. neuchรขtelois sont celles/ceux qui pratiquent le moins souvent la ยซ production des supports de cours ou des exercices ยป ainsi que ยซ lโรฉchange de documents ยป (Armi & Pagnossin, 2012, p. 9).
Bien quโil ne faille pas gรฉnรฉraliser ce constat, il convient de relever que les quelques donnรฉes issues de la littรฉrature confirment mon sentiment et la pertinence de cette recherche. Bien que, dรฉsormais, lโintroduction du PER implique lโรฉlaboration dโobjectifs communs et, par consรฉquent, induise une unification des actions collectives, nous sommes poussรฉs ร constater que le passage dโune pratique individuelle ร une pratique collective nโest pas une รฉvidence pour tous et encore moins รฉvident ร effectuer. Cโest dโailleurs ce que confirment des รฉtudes menรฉes en รฉtablissements scolaires (Armi & Pagnossin).
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Table des matiรจres
REMERCIEMENTS
RESUME ET MOTS CLES
LISTE DES SIGLES
LISTE DES TABLEAUX ET DES FIGURES
LISTE DES ANNEXES
INTRODUCTION
1. Problรฉmatique
1.1. Dรฉfinition et importance de lโobjet de recherche
1.1.1. Cadre lรฉgal โ contexte de rรฉforme et pรฉdagogie spรฉcialisรฉe
1.1.1.1. Sur le chemin de lโintรฉgration scolaire
1.1.1.2. Vers lโharmonisation des pratiques : Le concordat HarmoS
1.1.1.3. La rรฉforme des filiรจres du cycle 3
1.1.2. Vers de nouvelles pratiques pรฉdagogiques
1.2. Revue de la littรฉrature
1.2.1. Intรฉgration et inclusion scolaires โ dรฉfinitions et encadrement
1.2.2. Le travail collectif
1.2.2.1 Vers une dรฉfinition de la coordination, de la collaboration et de la coopรฉration
1.2.2.2 Le partenariat : vers une reconnaissance des membres qui collaborent
1.2.2.3. Typologie du travail partagรฉ
1.2.2.4. Le coenseignement
1.3. Pertinence de la problรฉmatique
1.4. Questions et objectifs de recherche
2. Mรฉthodologie
2.1. Approches mรฉthodologiques
2.1.1. Une dรฉmarche qualitative
2.1.2. Une dรฉmarche descriptive et comprรฉhensive
2.1.3. Lโรฉtude de cas
2.1.4. Des phases dรฉductives et inductives
2.2. Contexte de recherche
2.2.1. Le collรจge
2.2.1.1. Le contexte des classes hรฉtรฉrogรจnes avec groupes ร niveaux : inclusion des BEP
2.2.1.2. Le contexte des classes Terminal
2.2.2. Le projet : le coenseignement au service de lโinclusion
2.2.2.1. Description du projet
2.3. Mรฉthode de rรฉcoltes de donnรฉes
2.3.1. Outils de rรฉcolte de donnรฉe
2.3.1.1. Entrevue semi-dirigรฉe avec le directeur
2.3.1.2. Lโentrevue semi-dirigรฉe avec le coenseignant
2.3.1.3. Entre participation observante et observation participante
2.3.2. Nature du corpus de donnรฉes
2.3.2.1. Transcription des entrevues semi-dirigรฉes avec le directeur et le coenseignant
2.3.2.2. Le journal de bord
2.4. Dรฉmarche dโanalyse
2.4.1. De lโanalyse des entrevues semi-dirigรฉes
2.4.2. De lโanalyse du journal de bord : grille dโindicateurs
2.4.3. Le paradigme systรฉmique
3. Analyse et prรฉsentations des rรฉsultats
3.1. Position et mesures prises par la direction pour favoriser la collaboration et lโinclusion scolaire
3.1.1. La direction
3.1.2. Le coenseignant
3.1.3. Le journal de bord
3.1.4. Interprรฉtation
3.2. Attitudes et pratiques effectives des enseignants ordinaires du secondaire I
3.2.1. La direction
3.2.2. Le coenseignant
3.2.3. Le journal de bord
3.2.4. Interprรฉtation
3.2.5. Analyse journal de bord ร travers la grille dโindicateurs de collaboration
3.2.6. Interprรฉtation
3.3. Les conditions qui favorisent ou entravent la mise en place de projet collaboratif en contexte inclusif
3.3.1. Le directeur
3.3.2. Le coenseignant
3.4.3. Le journal de bord
3.4.4. Interprรฉtation
4. Conclusion – discussion
5. Bibliographie et webographie
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