Attitudes et pratiques comportementales des populations face au VIH

Depuis 1981 où il a été découvert le syndrome de l’immunodéficience acquise (SIDA) continue sa propagation à travers les continents, n’épargne personne : hommes, femmes, enfants et personnes âgées [1]. Actuellement le monde est confronté à une multitude d’épidémies de sida différentes, qui ne sont pas apparues en mêmes temps qui n’ont pas la même ampleur et qui touchent des populations différentes [2]. Sa propagation rapide, son étendue et la gravité de son impact font de l’épidémie de SIDA un phénomène unique dans l’histoire de l’humanité.

Dans les pays les plus durement touchés, le VIH a réduit l’espérance de vie de plus de 20 ans, ralenti la croissance économique et aggravé la pauvreté des ménages. Dans la seule Afrique subsaharienne, l’épidémie a rendu orphelins plus de 12 millions d’enfants de moins de 18 ans [2]. Selon le rapport mondial 2011 de l’Organisation des Nations Unies pour la lutte contre le SIDA (ONUSIDA) sur 34 millions de personnes infectées par le VIH (estimation OMS 2010), 23,8 millions vivent en Afrique subsaharienne soit 70 %.

D’après les estimations, en 2012, 35,3 (32,2-38,8) millions de personnes vivaient avec le VIH dans le monde. On constate une augmentation par rapport aux années précédentes due à l’augmentation du nombre de personnes sous thérapie antirétrovirale [26]. Au Mali, les résultats de la dernière étude de séroprévalence de l’infection à VIH réalisée en 2006 dans la population générale adulte au cours de l’Enquête Démographie et Santé (EDS IV) ont montré une baisse du taux de prévalence du VIH de 1,7 % à 1,3 % faisant du Mali un pays à faible prévalence. Cette étude révèle que globalement les femmes sont plus touchées que les hommes (respectivement 1,5 % et 1 %) ; la tranche d’âge de 30 à 34 ans est la plus touchée (2,2 %) [chatpfe.com].

Chez les personnes au système immunitaire altéré, le risque de développer une tuberculose maladie après la primo-infection ou après guérison apparente de plusieurs années s’accroît considérablement. On estime que 30 % des personnes vivant avec le VIH dans le monde souffrent également de la tuberculose. Les personnes séropositives ont deux fois plus de chances de contracter la tuberculose dans une année donnée que les nonséropositives. Faute d’un traitement approprié, environ 90 % des séropositifs meurent quelques mois après avoir contracté la tuberculose [5]. Au Mali, 13 % des patients séropositifs pour le VIH font une tuberculose. L’incidence de la tuberculose maladie chez les patients séropositifs pour le VIH peut atteindre 50 à 60 % des patients tuberculeux en Afrique subsaharienne. La tuberculose est la huitième cause de mortalité dans le monde (plus de 3 millions de décès par an) et la première cause de mortalité due à une bactérie unique. On rapporte 9 millions de nouveaux cas de tuberculose-maladie par an. Plus de 95 % de la mortalité et de la morbidité s’observent dans les pays en développement. Un tiers de la population mondiale est infecté. Il y a 8 millions de nouveaux cas de tuberculose active par an dans le monde, dont 80 % en Afrique. Le risque annuel d’infection par le bacille de Koch (BK) en Afrique est de 1,5 à 2,5 %. Ainsi, plus de 50% des adultes africains de 20 à 40 ans sont infectés par le BK et risquent de développer une tuberculose : l’incidence y est de 229/100 000 et le taux de décès de 104/100 000. La tuberculose est la cause de 7 % des décès et de 26 % des décès évitables. Cinquante pour cent des tuberculeux ont des expectorations bacillifères et sont donc hautement contagieux [3].

Selon le rapport de 2007 de la DNS au Mali la coinfection VIH/TB était de 16 ,2 % et à Ségou la prévalence de la coinfection était de 27 ,8 % [21]. Selon L’OMS l’incidence de la tuberculose à TPM+ au MALI était estimée à 123/100000 habitants [22]. Le Mali reste toujours un pays à forte endémie tuberculeuse avec une incidence en 2010 estimée à 68 nouveaux cas de tuberculose pulmonaire pour 100 000 habitants [25]. Le dépistage du VIH, à la suite de conseil systématique chez les tuberculeux, a débuté mi-2007 et a couvert, en 2009, 43 % des tuberculoses détectées avec un taux de tuberculeux infectés par le VIH de 18% [25]. L’application des mesures de prévention et un traitement correct de la tuberculose et du VIH ainsi que le changement des comportements peuvent faciliter la lutte contre la pandémie du VIH et donc de la tuberculose dans les populations. En absence d’un traitement curatif du sida, la lutte contre la progression du VIH et de ses opportunistes particulièrement la tuberculose repose essentiellement sur l’Information, l’éducation et la communication (IEC). C’est dans le but de changer les comportements de la population que nous avons entrepris cette étude.

Description de la recherche

Le VIH est l’une des maladies découvertes récemment, mais qui entraine des morbidités et mortalités redoutables. Il est causé par un virus appelé virus de l’immunodéficience humaine (VIH) qui est un rétrovirus appartenant à la famille des rétroviridae, et aux sous-familles des lentivirus. Ce virus a été identifié en 1983 comme étant l’agent étiologique du sida. L’histoire du Sida commence dans deux villes des États-Unis (New York et Los Angeles) où des cas cliniques ont été observés des communautés d’homosexuel par le Docteur Gohlieb et collaborateurs entre octobre 1980 et mai 1981 et par le Docteur Pozalki [15]. Le sida est considéré, non plus seulement comme une maladie, mais comme un phénomène social unique et toujours tabou. Il est unique parce que les individus ne maîtrisent pas toujours les informations qui le concernent. Il est unique également parce qu’à travers le temps et depuis sa découverte, il nourrit les passions et cause plus de ravages sur le plan social des relations des personnes infectées avec leur entourage que sur le plan physiologique. Il s’agit des modes de contagion, de traitement, de suivi de la maladie. Celui qui est infecté par le VIH est généralement stigmatisé et dans la communauté, il est perçu comme un « cadavre ambulant », quelqu’un que le spectre de la mort est susceptible de hanter à chaque seconde. Le sida fait parler de lui à ce moment-là par l’incurabilité qui lui est très souvent associée [23]. S’il y a une maladie parmi tant d’autres pandémies qui est ravageuse dans certaines régions et qui fait couler beaucoup d’encre et de salive, c’est bien le sida, qui est encore plus problématique dans le continent africain. Les nombreuses recherches pluridisciplinaires investies dans ce domaine d’étude témoignent de l’ampleur de la question. On ne pourrait ne pas saluer les stratégies novatrices qui ont été mises en place pour améliorer le statut psychologique et social des personnes infectées, parallèlement aux activités médicales [23]. Depuis quelques années avec l’avènement du VIH, on assiste à une recrudescence de la tuberculose dans le monde en général et dans les pays en voie de développement en particulier comme le Mali.

Justification de l’étude

Plus de trois décennies après le début de la pandémie, force nous est de constater le risque et l’importance de la transmission hétérosexuelle du VIH, et les mesures préconisées pour le contenir n’ont pas produit des effets escomptés. En effet malgré les campagnes d’information, d’éducation et de communication pour la santé certaines populations (notamment les jeunes, les chauffeurs, les toxicomanes et les professionnelles du sexe) persistent dans leurs comportements à risque ce qui explique un progrès inquiétant du SIDA .

▶ La forte mobilité des chauffeurs routiers accroît la propagation géographique du VIH. Souvent obligés de partir pour l’étranger ou une autre région pour y trouver du travail, ils sont séparés de leur famille, et nombreux sont ceux qui ont recours aux prostituées en ayant des rapports sexuels pas toujours protégés. Ils ont également des rapports avec une multitude de partenaires non régulières (vendeuses, gargotières, aides familiales). Le service est souvent rendu avec une contrepartie financière pour la femme pour des rapports sans préservatifs. Une fois contaminés, ces couples provisoires présentent une probabilité élevée de contaminer d’autres personnes, car se déplaçant en permanence. L’attitude de certains migrants est d’opter pour la prévention pendant le premier rapport, et au fur et à mesure que la confiance s’établit, les partenaires rompent avec cette pratique [12-14]
▶ Les prostitués entretiennent des relations sexuelles de types vaginaux et/ou anaux très souvent non protégées avec des partenaires multiples et non réguliers. Elles s’exposent de cette façon aux risques d’infections et exposent de même leurs clients [12]
▶ Les jeunes représentent une proportion importante de la population et sont tous particulièrement exposés au risque de contacter ou de transmettre une infection à VIH en l’occurrence ceux dont les comportements sont liés aux activités socioéconomiques (coxeurs, vendeuses, domestiques). Les jeunes qui arrivent en ville du fait de l’exode rural, laissés à eux-mêmes, se livrent à des comportements non contrôlés. Ils adaptent pour la plupart des comportements à risque en ayant des rapports de toutes sortes moyennant de l’argent avec des partenaires sexuels multiples, non réguliers, le plus souvent trouvés sur le site de leurs travaux.

Ces jeunes garçons ont des relations fréquentes avec les prostituées. Aussi ils sont souvent employés comme apprenti dans le secteur du transport où ils aident les chauffeurs sur les longues distances. Dans ce cadre ils ont parfois des relations avec des hommes beaucoup plus âgés [8-12-13]. Les jeunes femmes et filles qui travaillent comme employées des maisons sont souvent exploitées par leurs employeurs même. Ces rapports sont souvent non protégés. Aussi elles subissent parfois des abus sexuels de la part d’adolescents des familles d’accueil [8-12]. La sexualité entre hommes englobe fréquemment le rapport anal non protégé. Or ce type de rapport comporte un risque élevé de transmissions du VIH en particulier pour le partenaire passif, mais aussi un large pourcentage de ces homosexuels est marié et également a des rapports sexuels non protégés avec d’autres femmes.

Les toxicomanes de sexe masculin pour la plupart utilisent du matériel d’injection non stérile, mais aussi procèdent à des échanges rituels de ce matériel, s’exposant ainsi à un risque élevé pour le VIH, en même temps que leurs partenaires au cours des rapports sexuels non protégés [8-14]. L’impact de la pandémie de VIH sur la vulnérabilité des ménages a été abondamment documenté. Les communautés et les ménages qui vivaient déjà de façon précaire ont été rendus encore plus vulnérables en raison des conséquences complexes du virus.

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Table des matières

SOMMAIRE
I- INTRODUCTION
II- CADRE THEORIQUE
III- DEMARCHE METHODOLOGIQUE
IV- RESULTATS
V- COMMENTAIRES / DISCUSSION
VI- CONCLUSION / SUGGESTION
VII- REFERENCES
VIII- ANNEXES

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