Urgence vraie
C’est une situation pathologique où l’urgence est objective et correspond à une atteinte importante d’une grande fonction ; il y a une gravité réelle pouvant mettre en jeu le pronostic vital ou fonctionnel. Les manifestations objectives peuvent être de même tonalité que dans l’urgence ressentie, mais inversement l’urgence peut être réelle sans pour autant que les signes extérieurs attirent l’attention de l’entourage. Les caractéristiques de l’urgence vraie sont dominées par deux notions, la nécessité d’une action thérapeutique rapide et la possibilité pour le patient d’attendre un certains temps avant cette action de soins. En effet, si la nécessité des soins rapides s’impose, le patient est cependant encore en mesure d’avoir une réponse adaptée aux conséquences de l’affection ; ses possibilités de lutte sont encore bonnes et permettent donc de mettre en œuvre un traitement à la fois symptomatique et étiologique dans des délais plus grands .
Anamnèse
Dans un premier temps, le motif de consultation est précisé et oriente l’interrogatoire. En endodontie le motif de consultation porte très souvent sur la douleur et des questions simples et courtes permettent d’orienter la recherche de la cause de la douleur. Le caractère spontané ou provoqué de la douleur, les facteurs déclenchants, sa durée, sa localisation et sa nature doivent être déterminées46,47. Les antécédents médicaux et chirurgicaux et des critères tels que la fatigue, la fièvre, une automédication excessive doivent aussi être retenus pour la prise en charge du patient.
Pulpite aiguë réversible (hyperhémie pulpaire)
La pulpite réversible correspond à un stade d’altération d’une pulpe enflammée mais vivante34,45. Il s’agit d’une accumulation sanguine dans le parenchyme pulpaire due à un mécanisme vasculaire. Toute inflammation de la pulpe, quelle que soit sa gravité, se traduit par une congestion de celle-ci, donc une hyperhémie. C’est un témoin de toutes les affections aiguës et non une maladie : c’est un stade initial. Cependant, ce stade initial peut ne pas être dépassé, et la pulpe peut faire disparaitre cette manifestation : l’état de santé revient, on dit alors que la lésion est réversible. C’est dans ce cas précis que l’hyperhémie pulpaire est considérée comme une entité pathologique qui a sa symptomatologie propre9,17. On lui connait quatre étiologies, traumatique (fracture amélo-dentinaire sans exposition pulpaire), infectieuse (aggravation d’une dentinite), mécanique (réalisation d’une obturation métallique sans protection juxta-pulpaire) et thermique (préparation cavitaire ou prothétique sans irrigation).
Un abcès fluctuant est présent
Si le drainage trans-canalaire n’a pu être obtenu et qu’un abcès fluctuant est présent, il faut procéder à son incision. Après avoir effectué une anesthésie muqueuse superficielle et périphérique, on insère une lame 11 ou 15 au niveau du point le plus fluctuant jusqu’au contact avec le périoste. Un drainage immédiat soulage le patient. Les canaux sont abondamment rincés avec de l’hypochlorite de sodium et la dent est refermée et mise en sous occlusion. Comme dans le cas précédent, un rendez-vous est donné aussitôt que possible pour initier le traitement endodontique de préférence sous antibiothérapie
CONCLUSION
Les urgences endodontiques constituent une part importante des urgences odontologiques dans la pratique quotidienne de l’omnipraticien. Le caractère particulier de ces urgences est qu’elles sont invalidantes de par la présence, dans presque tous les cas, d’une douleur violente. Même si le pronostic vital du patient n’est pas particulièrement mis en jeu, une thérapeutique d’urgence s’impose pour soulager cette douleur et éviter un risque de complication infectieuse. Cependant, la réalisation de cette thérapeutique d’urgence nécessite toujours un plan rigoureux à suivre du fait de l’importance qu’elle occupe dans la réussite du traitement étiologique. Nous avons choisi de mener une étude transversale descriptive dans la région de Dakar dans le but d’évaluer la prise en charge des urgences endodontiques par les praticiens en vue de leur amélioration. Notre échantillon est constitué de 106 chirurgiens dentistes dont 37 femmes et 69 hommes. Le secteur privé est le plus représentatif avec un pourcentage de 60,4%. Du point de vue démographique, 74,5% des dentistes exercent dans le département de Dakar, 10,4% dans le département de Rufisque, 8,5% à Guédiawaye et 6,6% à Pikine. La fréquence maximale de la durée d’exercice se situe dans l’intervalle 11-15 ans et est de 26,4%. Un pourcentage de 91,5% des dentistes suit une formation dont le type le plus utilisé est représenté par les livres, soit 24,5% des praticiens, par contre 8,5% d’entre eux ne suivent aucune formation continue. Un pourcentage de 38,7% des dentistes reçoit un nombre de patients qui varie de 6 à 10 par jour, et seulement 8,5% des praticiens reçoivent plus de 20 patients par jour. Les résultats sur la prise en charge des urgences endodontiques ont montré des pourcentages non satisfaisants des praticiens qui réalisent des thérapeutiques en adéquation avec la littérature actuelle. Ces pourcentages sont de 34% pour l’hyperhémie pulpaire, 38,7% pour la pulpite aiguë irréversible, 32,1% pour la pulpo-desmodontite, 23,6% pour la parodontite apicale aiguë simple et 39,6% pour l’abcès apical aigu. L’analyse des résultats entre les données socioprofessionnelles et celles spécifiques à l’étude a montré que les dentistes du secteur public et qui reçoivent un grand nombre de patients par jour ont tendance à faire des prescriptions sans aucun un acte chirurgical. De la même façon, les dentistes qui ne suivent aucune formation continue ont tendance à réaliser des traitements inadéquats. Au décours de cette étude, il apparait qu’il existe donc un grand besoin d’amélioration de la prise en charge des urgences endodontiques. Pour résoudre ce problème dans sa globalité, la formation continue devra être obligatoire pour tous les praticiens et les structures publiques doivent être augmentées pour permettre aux praticiens de ce secteur de faire face, de manière efficace, à tous les besoins de la santé bucco-dentaire de la communauté.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS SUR LES URGENCES ENDODONTIQUES
I. URGENCES
1.1. DEFINITION
1.2. CLASSIFICATION
1.2.1. Urgence ressentie
1.2.2. Urgence vraie
1.2.3. Détresse
II. URGENCES EN ENDODONTIE
2.1. SPECIFICITES DE LA DOULEUR EN ENDODONTIE
2.1.1. Mécanismes périphériques impliqués dans la nociception de la sphère trigéminale
2.1.2. Eléments diagnostiques
2.1.2.1. Anamnèse
2.1.2.2. Examens radiologiques
2.1.2.3. Tests
2.1.3. Importance du diagnostic différentiel
2.1.3.1. Lésion endodontique mimant une lésion parodontale
2.1.3.2. Lésion parodontale mimant une lésion endodontique
2.1.3.3. Syndrome du septum et lésions endodontiques
2.1.3.4. Traumatismes et lésions endodontiques
2.2. PATHOLOGIES PULPAIRES ET PERI-APICALES CONDUISANT A UNE CONSULTATION D’URGENCE
2.2.1. Pathologies pulpaires
2.2.1.1. Pulpite aiguë réversible (hyperhémie pulpaire)
2.2.1.1.1. Physiopathologie
2.2.1.1.2. Diagnostic
2.2.1.2. Pulpite aiguë irréversible
2.2.1.2.1. Physiopathologie
2.2.1.2.2. Diagnostic
2.2.1.3. Pulpo-desmodontite
2.2.1.3.1. Physiopathologie
2.2.1.3.2. Diagnostic
2.2.2. Pathologies péri-apicales
2.2.2.1. Parodontite apicale aiguë simple
2.2.2.1.1. Physiopathologie
2.2.2.1.2. Diagnostic
2.2.2.2. Abcès apical aigu – Abcès Phœnix
2.2.2.2.1. Physiopathologie
2.2.2.2.2. Diagnostic
2.3. TRAITEMENTS D’URGENCE EN ENDODONTIE
2.3.1. Pathologies pulpaires
2.3.1.1. Hyperhémie pulpaire
2.3.1.2. Pulpite aiguë irréversible
2.3.1.3. Pulpo-desmodontite
2.3.2. Pathologies péri-apicales
2.3.2.1. Parodontite apicale aiguë simple
2.3.2.2. Abcès apical aigu
2.3.2.2.1. Le drainage est obtenu par voie trans-canalaire
2.3.2.2.2. Un abcès fluctuant est présent
2.3.2.2.3. Le drainage n’est pas obtenu
DEUXIEME PARTIE : ATTITUDES DES CHIRURGIENS DENTISTES FACE AUX URGENCES ENDODONTIQUES
I. JUSTIFICATION ET OBJECTIFS
II. METHODOLOGIE
2.1. TYPE ET CADRE D’ETUDE
2.2. ECHANTILLONNAGE
2.3. PROCEDURE DE COLLECTE DES DONNEES
2.4. ANALYSES STATISTIQUES
III. RESULTATS
3.1. DONNEES SOCIOPROFESSIONNELLES
3.1.1. Sexe
3.1.2. Secteur d’exercice
3.1.3. Lieu d’exercice
3.1.4. Durée d’exercice
3.1.5. Formation continue en endodontie
3.1.6. Nombre de patients par jour
3.2. TRAITEMENTS DES URGENCES EN ENDODONTIE
3.2.1. Hyperhémie pulpaire
3.2.2. Pulpite aiguë irréversible
3.2.3. Pulpo-desmodontite
3.2.4. Parodontite apicale aiguë simple
3.2.5. Abcès apical aigu
IV. DISCUSSION
4.1. LIMITES DE L’ETUDE
4.2. DONNEES SOCIOPROFESSIONNELLES
4.3. ATTITUDES DES CHIRURGIENS DENTISTES FACE AUX URGENCES ENDODONTIQUES
CONCLUSION
REFERENCES
ANNEXES
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