Définitions
Contraception
Selon l’OMS, la définition de la contraception est l’utilisation d’agents, de dispositifs, de méthodes ou de procédures pour diminuer la probabilité de conception ou l’éviter. Une femme est concernée par la contraception si elle est en âge de procréer, qu’elle n’est ni enceinte ni infertile, qu’elle a des rapports hétérosexuels et souhaite éviter une grossesse. Selon une étude de l’INED (Institut National d’Études Démographiques) réalisée en 2017 concernant la contraception, plus de sept femmes sur dix âgées de 15 à 49 ans sont concernées par la contraception (1), parmi ces femmes 8 % ne souhaitent pas de grossesse mais n’utilisent pas de contraception (2).
Consultation de contraception
Selon la Haute Autorité de Santé (HAS), la définition d’une consultation de contraception est: “une consultation d’écoute, d’échange et de dialogue, qui doit respecter intimité et confidentialité” .
Elle doit permettre :
– D’évaluer les attentes et les besoins de la personne, ses connaissances et ses habitudes de vie,
– Fournir une information individualisée, claire et hiérarchisée sur les méthodes contraceptives disponibles et adaptées à la personne demandeuse et s’assurer de la compréhension de ces informations,
– Conseiller et/ou prescrire la méthode choisie par la personne, la plus adaptée et acceptable pour elle en fonction de ses préférences, de son état de santé, du rapport bénéfices/risques des différentes méthodes, et de la possibilité pour elle d’adhérer à la méthode en fonction de sa situation et de ses habitudes de vie.
Confidentialité
Les études montrent que pour une adhésion optimale au traitement, les patientes doivent savoir que cette consultation est anonyme . En application de l’article L. 5134-1 du Code de la santé publique, la patiente mineure n’a pas besoin du consentement de ses responsables légaux pour la prescription, la délivrance ou l’administration de contraceptifs (18). Si la jeune fille souhaite bénéficier du secret, le médecin devra appliquer la procédure mise en place par la sécurité sociale, en utilisant un numéro de sécurité sociale spécifique, prévu à cet effet (19). Il ne sera pas fait mention de cette délivrance de contraceptifs sur le relevé de remboursement de l’Assurance Maladie de l’adolescente ou de ses parents.
Prescription
Que la patiente demande ou non une anonymisation de cette consultation, le médecin rédige sa prescription de contraception en mentionnant l’identité et l’âge de la patiente ainsi que la mention : “contraception pour mineure” (19). Cette mention permet de bénéficier du tiers payant pour la délivrance de la contraception mais aussi pour les actes de biologie si nécessaire. Cette procédure est toujours d’actualité et concerne donc les patientes de moins de 26 ans.
Facturation
Dans le cas où la patiente fait la demande d’anonymisation de cette consultation, le médecin devra faire une feuille de soin électronique sans la carte vitale et effectuer une facturation isolée par numéro de sécurité sociale anonyme “2 55 55 55 CCC 0 42/XX” (19). Cependant, cette notion d’anonymisation ne dispense pas la patiente de communiquer son identité ainsi que son âge au médecin lors de la consultation.
Consultation anonyme et gratuite
Si la patiente mineure souhaite bénéficier d’une consultation anonyme et gratuite, elle peut également être orientée vers les Centres de Planification et d’Education Familiale (CPEF) qui sont présents dans tous les départements. En effet, ces centres accueillent les patientes qu’elles bénéficient ou non de droits à la sécurité sociale.
Place du médecin généraliste
● Consultation du médecin généraliste pour une demande de contraception : Dans notre étude, 58,7 % des patientes ont consulté leur médecin généraliste de famille pour cette première demande de contraception, 3 % ont consulté un médecin généraliste libéral différent de leur médecin traitant, 7,5 % se sont rendues au SUMPPS, 6,3 % au CPEF et 26,2 % avaient consulté un gynécologue ou une sage femme. Concernant les consultations de gynécologue ou de sage femme, ce résultat ne peut être interprété car sur l’affiche descriptive de notre étude permettant le recrutement des patientes, il était précisé que seules les patientes ayant consulté un médecin généraliste pouvaient participer. Ainsi, la majorité des patientes ayant vu cette affiche et qui n’avaient pas consulté un médecin généraliste n’ont certainement pas dû participer. Cependant, il est tout de même possible de constater qu’une majorité de patientes ont consulté un médecin généraliste libéral (60 %) et parmi elles 93,8 % se sont rendues chez leur médecin traitant.
● Démographie médicale : Selon la dernière étude de l’atlas de démographie médicale, la densité départementale en termes de gynécologues (médicaux et obstétricaux) est en diminution (26). En effet, dans les départements concernés par notre étude, le Calvados est passé d’une densité en gynécologues de 2,5 pour 10 000 habitants en 2010 à 1,4 en 2021, soit une diminution de 44 %. Concernant l’Orne, la densité était de 2,1 pour 10 000 habitants en 2010 et est passée à 0,7 en 2021 soit une diminution de 66,7 %. Ces chiffres confirment donc la nette diminution du nombre de gynécologues dans ces départements et la nécessité pour les médecins généralistes d’avoir un rôle dans la prise en charge de la contraception de leurs patientes.
Craintes concernant la consultation
Dans notre étude, la principale crainte concernant la consultation était celle de la nécessité d’un examen gynécologique. Cette inquiétude est également retrouvée dans d’autres études et pourrait même constituer un frein à la demande de contraception (22). Nous avons retrouvé d’autres inquiétudes comme celle de l’information des parents par le médecin et l’appréhension de discuter de sexualité, également retrouvées dans d’autres études (13). En outre, nous avons constaté que 16 % des patientes s’étant présentées en consultation avec un accompagnant sans que ce dernier ne soit sorti, déclarent ne pas avoir osé poser de questions à cause de sa présence. On remarque également que ces patientes accompagnées posent beaucoup moins de questions concernant la sexualité.
Ainsi, il apparaît important de rappeler aux patient(e)s la notion du secret médical existant même auprès des parents et de leur proposer de faire sortir la personne accompagnante. De surcroît, selon une étude, il serait plus facile pour les adolescents de parler de sexualité si le médecin traitant amorce la discussion et les questionne sur ce sujet car il apparaît difficile pour elles de l’aborder spontanément .
Points forts de l’étude
Les points forts de cette étude sont qu’elle était anonyme et confidentielle, ce qui a pu permettre aux patientes de ne pas être limitées dans leurs réponses et de pouvoir s’exprimer librement. De plus, le fait que le questionnaire se déroule en ligne a permis aux participantes de répondre au moment qu’elles souhaitaient et de façon interactive ce qui a apporté plus de réponses mais aussi de la confidentialité. Concernant les réponses aux questions, les patientes n’ont que très rarement utilisé la possibilité d’ajouter une autre réponse dans la catégorie “autre” ce qui montre que les propositions à chaque question étaient exhaustives et correspondaient à leurs attentes. Un des points forts est également la répartition des affiches sur le territoire, effectivement, nous avons pu faire participer des jeunes femmes de territoires urbains, périurbains mais aussi ruraux.
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Table des matières
I. Introduction
1. Définitions
a. Contraception
b. Consultation de contraception
2. Enjeux de la consultation
3. Prescription
a. Prescription initiale
b. Prise en charge
c. Place du médecin généraliste
d. Renouvellement
4. Confidentialité
a. Prescription
b. Facturation
c. Consultation anonyme et gratuite
5. Sujet de notre étude
II. Matériel et méthode
1. Type d’étude
2. Population cible
3. Aspect réglementaire
4. Diffusion du questionnaire
5. Critère de jugement principal
6. Questionnaire
7. Biais prévisibles
III. Résultats
1. Âge
2. Médecin consulté
3. Genre du médecin
4. Accompagnant à la consultation
5. Anonymisation
6. Attentes de la consultation
a. Attentes générales
b. Attentes en fonction de l’âge
7. Sexualité
a. Questions sur la sexualité
b. Différences en fonction du genre du médecin
8. Moyen de contraception envisagé
9. Contraception prescrite
a. Pilule
b. DIU
c. Implant
10. Inquiétudes avant la consultation
11. Documentation
12. Question(s) au cours de la consultation
a. Question(s) posée(s) si la patiente était seule
b. Question(s) posée(s) si la patiente était accompagnée
c. Différence entre ces patientes
13. Durée de la consultation
14. Deuxième consultation
15. Satisfaction
IV. Discussion
1. Résultats
2. Comparaison aux autres études
a. Profil des participantes
b. Genre du médecin consulté
c. Choix du moyen de contraception
d. Attentes des patientes de cette consultation
e. Place du médecin généraliste
● Consultation du médecin généraliste pour une demande de contraception
● Démographie médicale
f. Craintes concernant la consultation
3. Points forts de l’étude
4. Limites de l’étude
V. Conclusion
VI. Bibliographie
VI. Annexes
1. Annexe 1 : affiche
2. Annexe 2 : questionnaire
3. Annexe 3 : lieux de diffusion du questionnaire