Le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) est un rétrovirus (virus qui utilise l’enzyme transcriptase inverse pour transcrire son ARN en ADN proviral) et fait partie de la sous-famille des lentivirus (virus à évolution lente). Deux types sont actuellement connus, le VIH-1 et le VIH-2 (Montanier et al., 1989 ; Mboup et al., 1995; Wang et al, 2000). Son épidémie est devenue un problème majeur de santé et de développement à travers le monde et en particulier en Afrique subsaharienne. Selon le rapport de l’ONUSIDA (ONUSIDA, 2011), en fin 2010, il y’aurait approximativement 34 millions de personnes dans le monde vivant avec le VIH (PVVIH) dont 68% en Afrique Subsaharienne. Au Sénégal, la séroprévalence dans la population générale est relativement faible (0,7%) mais on constate une disparité selon les régions, une féminisation de l’épidémie avec un sexe ratio de 2,25 au détriment des femmes et une prévalence élevée dans certains groupes à risque (CNLS, 2010).
La malnutrition, à travers ses effets négatifs sur le système immunitaire, aggrave l’infection à VIH en augmentant le risque d’infections opportunistes et de mortalité (Semba et Tang, 1999 ; Paton et al., 2006). Aujourd’hui, elle constitue avec l’insécurité alimentaire les principaux obstacles à la réussite du traitement des PVVIH (Koethe et al., 2009).
Le syndrome d’émaciation que l’on constate généralement chez les adultes atteints du SIDA en Afrique est une des graves manifestations nutritionnelles de la maladie (Babameto et Kotler, 1997). Il est définit comme étant une perte de poids de 10 % en 6 mois, accompagnée de diarrhée ou de fièvre de plus de 30 jours (CDC, 1993). Les causes de la malnutrition sont multifactorielles, mais le principal déterminant est la diminution des ingesta (Macallan et al., 1995 ; Castetbon et al., 2000). D’autres facteurs ont été évoqués dont la malabsorption, les infections opportunistes et l’altération du métabolisme. La malnutrition et le VIH/SIDA œuvrent donc en synergie, créant un cercle vicieux qui accélère l’évolution de l’infection entrainant une perte de poids et des carences en micronutriments (Semba et al., 1999 ; Fawzi et al., 2005 ; Sztam et al., 2010). Quel que soit l’élément initiateur, une fois ce cycle installé, il ne peut être stoppé efficacement qu’en menant une double intervention à la fois nutritionnelle et anti-infectieuse (Chevalier et al., 1996).
Dans le contexte africain où la malnutrition constitue la deuxième complication de l’infection à VIH, les programmes d’interventions nutritionnelles devraient être une priorité dans la prise en charge des PVVIH (Au et al., 2006 ; Cantrell et al., 2008).
ATPE, SUPPLEMENT, ET REGIME ALIMENTAIRE DES SUJETS
ATPE
L’aliment thérapeutique prêt à l’emploi (ATPE) est à base de pâte d’arachide et de lait écrémé en poudre fortifié avec un complexe vitamines-minéraux. L’aliment a une densité énergétique élevée, ne contient pas d’eau et peu sensible à la prolifération bactérienne. Il se conserve donc longtemps et facilement en l’absence de réfrigération et même dans des conditions d’hygiène non optimale. Il a déjà été testé par notre équipe sur des enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère (Diop et al., 2003). L’ATPE a été gracieusement offert par l’UNICEF. La composition du supplément, 100g d’ATPE mélangé à de la bouillie de riz (9,1g de farine) .
Le supplément apporte 25,3% d’énergie en plus des besoins recommandés. Cette énergie provient des lipides à hauteur de 56%, des glucides (34%) et des protéines (10%). Les besoins en micronutriments tels que les vitamines A, C, E, B2, D et la biotine, le zinc sont couverts à plus de 100%. Les besoins en sélénium sont couverts à 100% par le supplément .
Régime alimentaire des sujets
Les patients hospitalisés au service des maladies infectieuses reçoivent en général 4 repas par jour. Trois repas proviennent de l’hôpital et/ou des accompagnants (petit déjeuner, déjeuner et dîner) et sont servis à 7h, 13h et 18h. En plus de ces repas, les malades reçoivent tous les jours un repas à base de légumes provenant du micro jardin des maladies infectieuses mis en place par le Pr Papa Salif Sow, chef du service des Maladies Infectieuses et Tropicales du CHNU de Fann. Au cours de l’étude, les patients du groupe ATPE ont reçu 50 g d’ATPE à 11 h et 50 g à 17 h soit 100 g/jour. L’ATPE est consommé mélangé avec de la bouillie de farine de riz qui est préparée extemporanément. La bouillie de riz est préparée avec de la farine et de l’eau bouillie (9,1 g de farine pour 100 ml d’eau).
MESURES
Evaluation socio-économique et clinique
Après un examen clinique des patients, les données sont recueillies par le médecin traitant et rapportées dans un questionnaire qui comprend les parties suivantes (annexe 1 et 2) :
● Données socio-économiques
● Terrain et antécédents
● Affection chronique sous jacente
● Traitement antirétroviral
● Bilan biologique
● Clinique
● Devenir du patient à la fin de l’étude .
Mesures de la consommation alimentaire
La mesure de la consommation alimentaire est faite sur le tiers des patients de chaque groupe (10 sujets par groupe) et pendant 7 jours consécutifs. La ration individuelle pour chaque repas servi par l’hôpital ou apporté par les accompagnants est pesée avec une balance alimentaire (i-Balance 2600, Myweigh Scale Company, Phoenix, USA), la nature et la composition du repas sont notées. A la fin de chaque repas, les restes (R) éventuels sont pesés. Ainsi, la différence entre la quantité servie et la quantité restante a permis de calculer la quantité exacte d’aliment consommée par le patient. La composition des aliments est ensuite obtenue à l’aide de la table de composition des aliments Africains (FAO, 2012) et du logiciel Nutrisurvey/ENA.
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Table des matières
I. INTRODUCTION
II. METHODOLOGIE
1. TYPE ET CADRE DE L’ETUDE
1.1. Type d’étude et sujets
1.2. Cadre de l’étude
2. SUJETS
3. ATPE, SUPPLEMENT ET REGIME ALIMENTAIRE DES SUJETS
3.1. ATPE
3.2. Régime alimentaire des patients
4. MESURES
4.1. Evaluation sociodémographique et clinique
4.2. Mesure de la consommation alimentaire
4.3. Mesures anthropométriques
4.4. Mesure de la composition corporelle par impédancemétrie
4.5. Prélèvements sanguins
4.6. Mesure du taux d’hémoglobine
4.7. Dosage de la ferritine plasmatique
4.8. Dosage du rétinol plasmatique
4.9. Dosage du zinc plasmatique
4.10. Dosage de la Protéine C–Réactive (CRP) et de l’alpha-1-Acide Glycoprotéine (AGP)
4.11. Mesure du taux de CD4
5. SAISIE, TRAITEMENT ET ANALYSE STATISTIQUE DES DONNEES
III. RESULTATS
1. CARACTERISTIQUES DES SUJETS DE L’ETUDE
1.1. Evolution de la taille de l’échantillon
1.2. Caractéristiques socio-économiques des patients
1.3. Caractéristiques cliniques des patients à l’entrée
2. CONSOMMATION ALIMENTAIRE DES PATIENTS
3. EVOLUTION DES PARAMETRES ANTHROPOMETRIQUES ET DE LA COMPOSITION CORPORELLE DANS LES DEUX GROUPES
4. POURCENTAGE DE GAIN DE LA COMPOSITION CORPORELLE APRES
9 SEMAINES A DOMICILE
5. EVOLUTION DU STATUT INFLAMMATOIRE/INFECTIEUX ET IMMUNOLOGIQUE (CD4) DES PATIENTS DANS LES DEUX GROUPES
6. EVOLUTION DU STATUT EN FER DANS LES DEUX GROUPES
7. EVOLUTION DU STATUT EN VITAMINE A DANS LES DEUX GROUPES
8. EVOLUTION DU STATUT EN ZINC DANS LES DEUX GROUPES
IV. DISCUSSION
V. CONCLUSION ET PERSPECTIVES
VI. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES
RESUME