Astrophysique des jets relativistes

Astrophysique des jets relativistesย 

Objets compacts et accrรฉtion

Objets compacts

En astrophysique, le terme objets compacts dรฉsigne une triade dโ€™objets cรฉlestes aux propriรฉtรฉs gravitationnelles extrรชmes, constituant chacun lโ€™รฉtape ultime de lโ€™รฉvolution stellaire. On y trouve les naines blanches, les รฉtoiles ร  neutrons et les trous noirs. La formation de ces objets prend son origine ร  la ยซย mortย ยป des รฉtoiles, phase au cours de laquelle les rรฉserves en gaz combustible arrivent ร  รฉpuisement. Cette pรฉnurie de combustible entraรฎne lโ€™arrรชt de toute activitรฉ thermonuclรฉaire au sein de lโ€™รฉtoile et provoque, par consรฉquent, une chute de la production de photons au cล“ur de lโ€™รฉtoile. Faute dโ€™รฉclat, la pression radiative et la pression thermique du gaz chutent et ne rรฉsistent plus ร  la force gravitationnelle de lโ€™astre auto-gravitant. Lโ€™รฉtoile perd alors sa stabilitรฉ et sโ€™effondre sur elle-mรชme formant, via divers processus non discutรฉs ici, un objet beaucoup plus petit et beaucoup plus dense que la physique classique ne suffit plus ร  dรฉcrire. Mรชme si le sujet reste aujourdโ€™hui quelque peu obscur, les astrophysiciens estiment que plus lโ€™รฉtoile progรฉnitrice est massive, plus le rรฉsidu formรฉ est compact.

Zoologie

– Naines Blanches :
Dans le cas des naines blanches, lโ€™effondrement gravitationnel est stoppรฉ par la pression de dรฉgรฉnรฉrescence des รฉlectrons. Cette pression, dรฉcrite par la mรฉcanique quantique via le principe dโ€™incertitude de Heisenberg et surtout via le principe dโ€™exclusion de Pauli, interdit ร  deux fermions de se retrouver dans le mรชme รฉtat quantique au sein dโ€™un mรชme systรจme. Ce phรฉnomรจne permet aux naines blanches de conserver un rayon moyen de lโ€™ordre du rayon terrestre (โˆผ 5000km) pour des masses allant de 0.17Mยฏ(Kilic et al., 2007) ร  1.4Mยฏ (limite de Chandrasekhar) donnant lieu ร  des densitรฉs pouvant atteindre 10โน kg.cmโˆ’3 , soit 200 000 fois plus รฉlevรฉe que sur Terre. Bien que les naines blanches ne soient plus le siรจge de fusion thermonuclรฉaire, leur tempรฉrature de surface est toujours extrรชmement รฉlevรฉe ce qui leur permet de rester visibles par le biais de rayonnement thermique. Dโ€™ici plusieurs milliards dโ€™annรฉes, une fois ce refroidissement achevรฉ (ce nโ€™est le cas pour aucune naine blanche aujourdโ€™hui), ces rรฉsidus stellaires -ne brillant plus- sont destinรฉs ร  devenir des naines noires.

– ร‰toiles ร  neutrons :
Dans le cas des รฉtoiles ร  neutrons, lโ€™รฉquilibre est cette fois garanti par la pression de dรฉgรฉnรฉrescence des neutrons. Durant leur processus de formation, lโ€™effondrement gravitationnel entraรฎne une montรฉe si drastique de la densitรฉ et de la tempรฉrature que les conditions de capture รฉlectronique par les protons se retrouvent grandement favorisรฉes. Les deux particules se mettent alors ร  fusionner pour former un astre composรฉ quasi-exclusivement de neutrons, dโ€™oรน son nom. De part leur masse bien plus importante, les neutrons nรฉcessitent des densitรฉs bien plus รฉlevรฉes que les รฉlectrons pour remplir tous les รฉtats quantiques disponibles. Par consรฉquent le rayon moyen des รฉtoiles ร  neutrons est bien plus faible que celui des naines blanches. Une รฉtude rรฉalisรฉe sur un รฉchantillon de 35 รฉtoiles ร  neutrons estime sa valeur aux alentours de 10km pour des masses allant de 1.17Mยฏ ร  2Mยฏ(ร–zel and Freire, 2016), impliquant alors des densitรฉs de lโ€™ordre de 10ยนโธ kg.cmโˆ’3.

– Trous noirs :
Dans le cas oรน la pression de dรฉgรฉnรฉrescence des neutrons nโ€™est pas assez consรฉquente pour contrebalancer lโ€™effondrement gravitationnel, lโ€™objet continue son inexorable contraction pour former un trou noir (Figure 1.1). Dans ces objets, toute la masse du rรฉsidu stellaire est ramenรฉe en un point, appelรฉ singularitรฉ gravitationnelle. Le champ gravitationnel de cette singularitรฉ est si immense que la lumiรจre elle-mรชme sโ€™y retrouve piรฉgรฉe, formant une surface au delร  de laquelle toute information est perdue : lโ€™horizon des รฉvรจnements. Selon la rotation du trou noir, cette frontiรจre est plus ou moins proche de la singularitรฉ.

Binaires X

Les binaires X (XRBs pour X-ray binaries) sont des systรจmes binaires dans lequel lโ€™un des composants est une รฉtoile ร  neutron ou un trou noir de masse stellaire accrรฉtant la matiรจre dโ€™une รฉtoile compagnon conventionnelle. Dans ces systรจmes, lโ€™influence gravitationnelle de lโ€™objet compact est telle que lโ€™รฉnergie libรฉrรฉe durant le processus dโ€™accrรฉtion mรจne ร  des รฉmissions hautement รฉnergรฉtiques observรฉes principalement dans le domaine des rayons X. Il est important de noter ร  ce propos que ces รฉmissions varient sur des รฉchelles de temps typiques qui sont comparables aux รฉchelles de temps humaines (jours, semaines, …; ce qui nโ€™est clairement pas le cas de lโ€™accrรฉtion des trous noirs supermassifs dans les noyaux actifs de galaxies). Ces configurations font des binaires X dโ€™excellents laboratoires pour รฉtudier la physique de lโ€™accrรฉtion, mais aussi la gravitรฉ extrรชme, les processus radiatifs ร  hautes รฉnergies, lโ€™รฉvolution stellaire; sans oublier lโ€™accรฉlรฉration et lโ€™รฉjection de matiรจre sous forme de jets. Selon la masse de lโ€™รฉtoile donneuse, on distingue deux sous-catรฉgories de binaires X : les binaires X de grande masse (HMXBs pour High mass X-ray binaries) et les binaires X de faible masse (LMXBs pour Low-mass X-ray binaries). Dans la premiรจre sous-catรฉgorie, lโ€™รฉtoile compagnon est plus massive que lโ€™objet compact central (M & 10Mยฏ). Il sโ€™agit gรฉnรฉralement dโ€™une รฉtoile massive de la sรฉquence principale de type O ou de type B, ou mรชme dโ€™une supergรฉante bleue (Tauris and van den Heuvel, 2006). Dans les LMXBs, on observe le cas inverse, ร  savoir une รฉtoile compagnon moins massive que lโ€™รฉtoile ร  neutron ou que le trou noir (M . 1.5Mยฏ). Typiquement, les รฉtoiles donneuses des LMXBs sont des รฉtoiles de faible masse de la sรฉquence principale (type G, K ou M) ou bien des gรฉantes rouges.

Accrรฉtion dans les binaires Xย 

Dans les XRBs, deux processus de transfert de matiรจre de lโ€™รฉtoile compagnon vers lโ€™objet compact central coexistent : lโ€™accrรฉtion par vents stellaires et lโ€™accrรฉtion par dรฉbordement du lobe de Roche. De maniรจre gรฉnรฉrale le premier mode est plutรดt associรฉ aux HMXBs tandis que le deuxiรจme est clairement identifiรฉ aux LMXBs (mรชme sโ€™il est retrouvรฉ aussi dans les HMXBs). En effet, les รฉtoiles donneuses massives des HMXBs produisent des vents stellaires trรจs puissants (mห™ โˆผ10โปโถMยฏ.yโˆ’1 ; Meier, 2012) qui font offices de premiers vecteurs au transfert de masse. Lโ€™accrรฉtion par dรฉbordement du lobe de Roche existe รฉgalement mais se trouve รชtre assez instable compte tenu du rapport de masse entre le compagnon et lโ€™objet central. Dans les LMXBs, les vents stellaires รฉmis par lโ€™รฉtoile compagnon sont beaucoup trop faibles pour รชtre pris en compte, on y privilรฉgie alors nettement lโ€™accrรฉtion par dรฉbordement du lobe de Roche, beaucoup plus stable dans ces configurations . Le lobe de Roche est la surface รฉquipotentielle du potentiel de Roche tenant compte des forces gravitationnelles et centrifuges appliquรฉes ร  une รฉtoile dans le systรจme binaire . En substance, toute matiรจre situรฉe ร  lโ€™intรฉrieur du lobe de Roche dโ€™un astre est gravitationnellement liรฉe ร  cet astre. Dans un systรจme binaire, les intersections des deux lobes de Roche sont appelรฉs points de Lagrange et reprรฉsentent les endroits prรฉcis oรน force gravitationnelle et centrifuges se neutralisent. Dans lโ€™รฉventualitรฉ oรน un objet tiers est placรฉ sur lโ€™un de ces points de Lagrange, celui-ci orbitera alors les deux autres objets en parfait รฉquilibre.

ร‰jections dans les binaires Xย 

Les XRBs sont parfois รฉgalement le siรจge dโ€™รฉjections ultra-rapides de matiรจre : les jets relativistes. Ces รฉjections, observรฉes principalement dans le domaine radio et infrarouge proche, sont รฉmises de maniรจre bilatรฉrale le long de lโ€™axe de rotation du disque dโ€™acrรฉtion formรฉ autour de lโ€™objet compact. ร‰jections discrรจtes ou jets continus et compacts, elles peuvent atteindre des vitesses de lโ€™ordre de la cรฉlรฉritรฉ de la lumiรจre (voir mรชme avoir un mouvement apparent supraluminique; Mirabel and Rodrรญguez, 1994) et sโ€™รฉtendre dans le milieu interstellaire sur plusieurs parsecs. Les sources dans lesquelles sont observรฉs ces jets relativistes sont appelรฉes microquasars en รฉcho aux quasars, ces galaxies prรฉsentant des noyaux trรจs actifs extrรชmement lumineux et dont les propriรฉtรฉs physiques sont similaires . Bien que ces microquasars puissent รชtre des HMXBs ou des LMXBs, lโ€™observation des jets relativistes se fait essentiellement dans les LMXBsย  . Ces derniรจres prรฉsentent lโ€™avantage de faciliter les observations multi-longueurs dโ€™ondes du jet de part lโ€™absence dโ€™รฉtoile compagnon brillante. Elles permettent aussi, via leur activitรฉ dโ€™accrรฉtion , de sonder une gamme รฉtendue de taux dโ€™accrรฉtion, quand les HMXBs sont elles souvent persistantes.

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Table des matiรจres

Introduction
1 Astrophysique des jets relativistes
1.1 Objets compacts et accrรฉtion
1.2 Couplage Accrรฉtion/ร‰jection
1.3 ร‰mission des jets relativistes
1.4 Instruments dโ€™intรฉrรชt
2 Modรฉlisation de lโ€™รฉmission du jet compact de MAXI J1836-194
2.1 MAXI J1836-194
2.2 Le modรจle de chocs internes ishem
2.3 Modรฉlisation
2.4 ร‰tude de la dรฉgรฉnรฉrescence
2.5 Conclusions de lโ€™รฉtude
3 Limites de lโ€™รฉtude et perspectives
3.1 Le refroidissement des particules
3.2 Lโ€™incidence de lโ€™angle dโ€™inclinaison
Conclusion
A Publications
A.1 En tant que premier auteur
A.2 En tant que co-auteur
Bibliographie

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