Assistant·e·s sociales et sociaux
Aide sociale
L’aide sociale est un « dispositif de protection sociale ancien qui […] occupe dans le paysage social une place originale qui se donne à voir par son histoire, ses caractéristiques, son organisation, ainsi que par les différentes formes qu’elle prend » (BARREYRE, BOUQUET, 1996, p.49). Afin de préciser cette notion, l’Office fédéral de la statistique (OFS) décrit l’aide sociale comme « dernier filet du système de sécurité sociale en Suisse » (SCHLANSER, 2017). Toute autre sécurité intervient au préalable et l’aide sociale est donc subsidiaire. Elle est attribuée sous condition de ressources (SCHLANSER, 2017, p.5).
La subsidiarité de l’aide sociale signifie également que « L’unité familiale pourvoit à l’entretien de ses membres. A défaut, la commune et l’État interviennent de façon appropriée » (Loi sur l’intégration et l’aide sociale, 1996, Art.2).
Comme l’indiquent KELLER et TABIN en parlant d’aide sociale : « […] il ne s’agit pas d’un revenu minimum garanti, mais d’une aide réduite au strict nécessaire en vue de permettre une existence conforme à la dignité et éviter la mendicité, selon des principes reconnus. » (KELLER, TABIN, 2002,p.21). Il est d’autre part important de noter que l’aide sociale en Suisse possède plusieurs composants : l’aide non matérielle et l’aide matérielle. La première servant à [favoriser] la prévention de l’exclusion, l’intégration sociale et l’autonomie de la personne. (LIAS, 1996, p.5). Il s’agit de l’accompagnement social et l’encadrement par des personnes compétentes. La seconde aide consiste à couvrir les besoins vitaux des personnes qui demandent assistance, de manière financière ou en nature.
Assistant·e·s sociales et sociaux
Il s’agit de professionnel·le·s formé·e·s et spécialisé·e·s dans le domaine social. Souvent considéré·e·s comme généraliste·s, sachant que leurs tâches sont variées ; allant de l’accompagnement psychosocial jusqu’à la connaissance des bases du droit concernant l’aide sociale. Ces professionnel·le·s sont aujourd’hui confronté·e·s à une modification de leur cadre de travail : « certes le travail social connaît les mêmes injonctions de performance d’individualisation et d’évaluation que le monde du travail en général mais s’il doit utiliser le management, ses finalités et objectifs sont liés aux valeurs humanistes et au respect inconditionnel des personnes prises en charge » (BOUQUET, 2016, p.140)
Normes d’aide sociale
La politique d’aide sociale en Suisse est de la compétence des cantons et l’on retrouve ainsi différents fonctionnements comme mentionnés dans la Loi fédérale sur la compétence en matière d’assistance des personnes dans le besoin : Art.2 al.2 « Les prescriptions et principes en vigueur au lieu d’assistance déterminent si une personne est dans le besoin » (LIAS, 1977). Néanmoins, des normes d’aides sociales sont édictées au niveau national par la Conférence Suisse des Institutions d’Action Sociale (CSIAS), afin d’orienter les cantons quant à leur décision en termes de lois. Cette conférence est constituée de l’ensemble des cantons, quelques 1500 communes, différents offices fédéraux, des organisations de l’aide sociale privée et de la Principauté du Liechtenstein (CSIAS, 2017). Cette dernière édicte des normes d’aide sociale qui ont une tâche d’indicateur à l’élaboration des lois cantonales. Chaque canton est libre d’appliquer ou non les conseils de la Conférence Suisse des Institutions d’Action Sociale (CSIAS). Ainsi certains cantons appliquent à la lettre les indications, mais d’autres régions se montrent encore plus restrictives quant à l’application de la politique d’aide sociale
Les lois qui encadrent l’aide sociale
« L’action sociale étant une pièce maîtresse de la politique sociale, le travailleur social dispose des moyens prévus dans le cadre de ces politiques pour accompagner les usagers » (BOUQUET, GARCETTE,2014, p.3). Différents auteurs se plongent sur la thématique de l’investissement social et les dangers d’une vision trop économique des politiques sociales.
Selon BONOLI, professeur de politique sociale à l’institut de hautes études en administration publique IDHEAP de l’Université de Lausanne, « l’État social contemporain doit s’adapter à de nouvelles conditions socio-économiques » (BONOLI, 2017 p.66). Il explique la notion d’investissement social en développant le modèle scandinave de sécurité sociale. En effet le Danemark, par exemple, dépense 2,2% de son produit intérieur brut (PIB) au service pour les familles et 1,6% aux politiques actives du marché du travail. Toujours selon l’auteur, la Suisse en comparaison dépense quant à elle 0,14% respectivement 0,6% de son produit intérieur brut (PIB) dans ces domaines. Mais ces dépenses ne mettent en aucun cas en péril la compétitivité économique de ces pays nordiques, mieux encore, elles offrent une certaine stabilité qui permet de mieux appréhender les fluctuations économiques mondiales. Pour cette raison, BONOLI ainsi que les autres auteurs désirent mettre l’accent sur l’importance de ces dépenses sociales qui sont en réalité plutôt à considérer comme des investissements
Les visions actuelles de la politique sociale
Les avis sont très partagés quand il s’agit de parler de politiques sociales, KNOEPFLE identifie cinq
discours actuels. Le premier émanant d’avantage des partis politiques bourgeois et des groupements économiques, qui mettent en cause l’état social. L’idée étant que « [traduction] l’état social devient trop cher est doit être réduit » (KNOEPFEL, 2017, p.468).
Un second discours est que « [traduction] l’état social possède avant tout une tâche d’activation ». Ce postulat met en exergue l’intégration sociale et professionnelle (KNOEPFEL, 2017, p.469).
Le troisième discours est celui qui cherche à éviter les fraudes et exige ainsi aux institutions d’adapter ou même de mettre en place des mesures de contrôle, dans le sens qu’il n’est pas tolérable qu’il y ait « [traduction] abus sur l’état social » (KNOEPFEL, 2017, p.470). Le quatrième postulat est celui qu’il « [traduction] faut défendre l’état social » (KNOEPFEL, 2017, p.471). Cette vision se retrouve avant tout auprès des partis politiques de gauche et les syndicats qui désirent que toute la population puisse bénéficier d’une sécurité sociale adaptée. Le dernier discours demande « [traduction] qu’il faut réaménager fondamentalement l’état social » (KNOEPFEL, 2017, p.473). Cette dernière vision se détache des quatre autres, car elle revoit entièrement le système qui est en fonction actuellement en Suisse. De cette conception émane notamment l’idée d’introduire en Suisse un revenu de base inconditionnel (RBI), que la votation du 5 juin 2016 a rejeté avec 76.9% de non (ChF, 2016).
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Table des matières
1 INTRODUCTION
1.1 Choix de la thématique
1.2 Question de recherche
1.3 Objectifs de la recherche
2 CADRE THÉORIQUE
2.1 Notions de base
2.1.1 Aide sociale
2.1.2 Institutions
2.1.3 Normes
2.1.4 Assistant·e·s sociales et sociaux
2.2 Cadre légal de l’aide sociale
2.2.1 Lois fédérales
2.2.2 Normes d’aide sociale
2.2.3 Lois cantonales
2.3 L’aide sociale en Valais
2.3.1 Organisation de l’aide sociale en Valais
2.4 Cadre d’analyse
2.4.1 Dimension historique
2.4.1.1 Les différentes étapes de l’aide sociale en Romandie
2.4.1.2 La professionnalisation du métier
2.4.1.3 Les Indicateurs de l’impact historique sur l’aide sociale
2.4.2 Dimension lois et normes d’aide sociale
2.4.2.1 Les lois qui encadrent l’aide sociale.
2.4.2.2 Les visions actuelles de la politique sociale
2.4.2.3 Les Indicateurs de l’impact des lois sur l’aide sociale
2.4.3 Dimension de la pratique professionnelle
2.4.3.1 La pratique face aux attentes politiques
2.4.3.2 La pratique professionnelle face au système économique
2.4.3.3 La pratique professionnelle face à l’uniformisation
2.4.3.4 La pratique face à la complexité des tâches
2.4.3.5 La pratique face à la déontologie
2.5 Conclusion du cadre théorique
3 HYPOTHÈSES DE RECHERCHE
Hypothèse 1 (H1) – Les évolutions
Hypothèse 2 (H2) – Les législations
Hypothèse 3 (H3) – Les fondements
4 MÉTHODOLOGIE
4.1 Terrain d’enquête et population
4.2 Démarche pour l’obtention des données
4.3 Méthode d’entretien
4.3.1 Facteurs de risque pour la recherche (limites des données)
4.3.2 Planning de réalisation
4.4 Traitement et analyse des données
4.4.1 Transcription de l’entretien
4.4.2 Cadrage des résultats de recherche
4.4.3 Confidentialité
5 PHASE EMPIRIQUE
5.1 Personnes interrogées sur le terrain
5.2 L’aide sociale et son évolution
5.2.1 L’aide sociale en Valais – passé
5.2.2 L’aide sociale en Valais – présent
5.2.3 L’aide sociale en Valais – futur
5.3 L’aide sociale face aux normes
5.3.1 Les changements les plus marquants
5.3.2 Implications des changements de normes
5.3.3 Difficulté de la mise en place des normes
5.3.4 Situation concrète d’un changement de normes le plus récent
5.3.5 Les visions externes qui influencent les normes
5.3.5.1 Les politiciens et l’aide sociale
5.3.5.2 Les médias et l’aide sociale
5.4 L’aide sociale au quotidien
5.4.1 Les procédures dans l’aide sociale
5.4.2 Posture souhaitée
5.4.3 Posture réelle
5.4.4 Importance de la formation pour la posture
5.4.5 Travailler avec le cadre
5.4.6 Identité des assistant·e·s sociales et sociaux
6 RÉSULTAT DE L’ANALYSE
6.1 Vérification des hypothèses
6.2 Pistes d’actions futures
6.2.1 Pistes proposées par les professionnel·le·s
6.2.2 Pistes personnelles
6.3 Conclusion de la recherche
6.3.1 Conclusion scientifique
6.3.2 Conclusion personnelle
7 BIBLIOGRAPHIE
8 ANNEXES
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