Modes dโรฉvacuation des eaux pluviales
ย ย La gestion des eaux pluviales occupe une place importante dans lโassainissement des zones pรฉriurbaines. En effet, lโabsence de rรฉseau pluviale constitue un danger majeur pour les populations implantรฉes dans une zone non aedificandi marquรฉe par lโexistence de nombreux รฉtangs en pรฉriode pluvieuse et de dรฉpressions. Les enquรชtes nous ont rรฉvรฉlรฉ que la commune de Diamaguรฉne Sicap Mbao est trรจs peu desservie en matiรจre de systรจme de drainage des eaux pluviales et 17,8% des mรฉnages affirment lโexistence dโun rรฉseau pluviale dans leur quartier. Il faut signaler que ce dernier ne touche quโune faible partie des quartiers et ne couvre que les artรจres principales. Il sโagit entre autres :
โ La conduite dโeau pluviale sur la RN1
โ La conduite dโeau pluviale de la route de Mame Diarra Bousso
โ La conduite dโeau pluviale de Nassouroulaye 2B.
โ La conduite dโeau pluviale de la zone Sicap Mbao et une partie dโAinoumady
La conduite dโeau pluviale de Missirah Diamaguรฉne permet dโacheminer une partie des eaux provenant des diffรฉrents quartiers environnants vers le bassin de rรฉtention. Selon le dรฉlรฉguรฉ de quartier de Missirah Diamaguรฉne ยซ grรขce ร ce canal, les inondations au sein du quartier ont presque disparu. Avant lโinstallation de ce dernier, les eaux pluviales pouvaient atteindre 1 mรจtre de hauteur voire plus en cas de forte pluie et y stagnent durant toute lโannรฉe ยป. Par ailleurs, des quartiers comme Nassroulaye I, Sam Sam III, Darou Rahmane, Hamdallah, dรฉpourvus de rรฉseau de drainage des eaux pluviales, voient leurs populations entreprendre diffรฉrentes actions ou stratรฉgies pour รฉvacuer les eaux de leurs maisons, mais aussi de leurs quartiers afin de rendre leur habitation rรฉsiliente face aux inondations. Il sโagit entre autres des mรฉthodes rudimentaires (seaux et bassines) inefficaces pour drainer les eaux. Ce qui fait que les eaux pluviales y stagnent pendant lโhivernage et parfois elles deviennent permanentes. Les eaux dans les ruelles sont acheminรฉes vers les lieux de pompage. Le problรจme des inondations persiste encore mรชme dans les quartiers bรฉnรฉficiaires de rรฉseau de drainage des eaux pluviales. Diverses mรฉthodes sont utilisรฉes par les populations pour รฉvacuer les eaux pluviales dans leurs quartiers (cf. tableau 4). Si certaines concessions font recours ร la voie manuelle pour รฉvacuer les eaux pluviales dans la rue. Dโautres laissent les eaux stagner jusquโร lโรฉvaporation qui peut durer des jours voire des mois par manque de moyens ou de solutions. Le tableau ci-dessus montre que 34% des mรฉnages interrogรฉs affirment que les eaux de pluie sont รฉvacuรฉes par la voie manuelle. Les populations creusent des canaux de fortune pour acheminer les eaux. Lโabsence de rรฉseau dโassainissement fait que 34,6% des chefs de mรฉnages rรฉvรจlent que les eaux sont รฉvacuรฉes par des pompes. Cependant, 18,8% disent que les eaux sont acheminรฉes par des canaux pluviales. Il faut signaler que les quartiers qui bรฉnรฉficient de ces infrastructures sont ceux qui se trouvent le plus souvent sur les grandes artรจres ou de prรจs. Par ailleurs, 29,3% personnes interrogรฉes constatent que les eaux sโรฉcoulent de maniรจre naturelle. En gรฉnรฉral, ce sont les quartiers oรน les altitudes sont assez importantes (environ 9m). Dans les quartiers situรฉs dans les dรฉpressions oรน la nappe phrรฉatique est affleurante, 19,9% soutiennent que les eaux pluviales stagnent jusquโร lโรฉvaporation ร cause du caractรจre endorรฉisme des eaux et lโinaccessibilitรฉ de la zone. Une faible proportion de la population avec 2,1% remblaie leurs quartiers avec des gravats ou du sable afin dโempรชcher les eaux de stagner dans les rues.
Risques sanitaires
ย ย Lโassainissement contribue ร amรฉliorer de maniรจre significative la santรฉ des populations. Le manque dโaccรจs de ce dernier est le principal responsable de nombreuses maladies hydriques causรฉes par un cadre de vie insalubre. A cela sโajoute le manque dโhygiรจne collectif et individuel, est un des facteurs qui favorisent le dรฉveloppement des pathogรจnes microscopiques responsables des infections. Cโest pour cela que lโassainissement est fortement liรฉ ร la santรฉ publique. La situation sanitaire des populations vivant dans les zones sujettes aux inondations est trรจs alarmante. Cโest le cas des zones pรฉriurbaines oรน l’assainissement est mรฉdiocre, offrent maintes occasions de transmission de maladies. La proximitรฉ avec les eaux usรฉes ou la mauvaise gestion des eaux occasionne la prolifรฉration des maladies ร transmission fรฉcale orale comme le cholรฉra, la fiรจvre typhoรฏde, les maladies diarrhรฉiques, etc. En effet, avec la rรฉcurrence des inondations, le Sรฉnรฉgal a connu ces derniรจres annรฉes des รฉpidรฉmies rรฉcurrentes de cholรฉra : 31 719 cas dont 458 dรฉcรจs notifiรฉs en 2005 ; 365 cas dont 09 dรฉcรจs en 2006 ; 3381 cas dont 14 dรฉcรจs en 2007 et 1290 cas dont 15 dรฉcรจs en 200818. Lโapparition et dรฉveloppement du cholรฉra des zones inondรฉes est essentiellement dรป aux problรจmes dโassainissement, aux difficultรฉs dโaccรจs ร lโeau potable, ร la dรฉgradation des conditions dโhygiรจne et aux mauvais comportements individuels et collectifs. Le prolongement des รฉpidรฉmies nโest pas seulement liรฉ ร la saison des pluies. Mais les facteurs sont permanents et imbriquรฉs depuis des lustres (stagnation des eaux et rรฉmanence de lโinsalubritรฉ : les sites humides sont constituรฉs par des dรฉpressions, ou les dรฉpรดts dโordures, les rejets des fosses et des eaux usรฉes). La carence de dispositifs adรฉquats de prise en charge des eaux usรฉes et le dรฉveloppement de certaines pratiques malsaines (dรฉpรดts sauvages, incinรฉration, รฉvacuation des eaux usรฉes dans la nature, etc.) exaspรจrent les problรจmes sanitaires et engendrent des maladies liรฉes ร lโeau. Cโest le cas de la commune de Diamaguรฉne Sicap Mbao, dont lโรฉvacuation des eaux usรฉes et pluviales dans certains quartiers reste ร dรฉplorer. La stagnation des eaux constitue un milieu favorable ร la prolifรฉration des microbes, avec des risques de contamination directe ou indirecte. Les habitants de la commune font face ร des risques sanitaires dโune grande acuitรฉ dans la mesure oรน les moustiques sont vecteurs de paludisme. Les moustiques se reproduisent rapidement dans les marรฉcages, les plans d’eau ou les mares ou les canaux d’รฉcoulement des eaux pluviales lorsque l’eau y stagne. Les populations les plus vulnรฉrables sont essentiellement les enfants et les femmes enceintes. La prรฉsence des zones inondables telles que Nasroulaye I, II et III, SamSam III, Aynoumady, etc. constituent des espaces ร risques ร cause de lโaffleurement de la nappe ainsi que la prolifรฉration des herbes aquatiques. La persistance de sols humides et la stagnation de lโeau favorisent le dรฉveloppement de vecteurs porteurs de maladies, notamment les moustiques. Certaines รฉtudes ont montrรฉ la corrรฉlation entre mauvais drainage urbain et lโaugmentation des maladies hydriques (Reed, 2012). Lโรฉtat de santรฉ des populations de commune est intrinsรจquement liรฉ ร la qualitรฉ des services en eau potable, assainissement et hygiรจne de base. Ainsi, le dรฉbordement des fosses ou lโรฉvacuation des eaux de vannes dans les rues peuvent provoquer une pollution fรฉcale et la prolifรฉration de maladies fรฉcales-orales obtenues par la consommation dโeau ou dโaliments contaminรฉs. L’รฉlimination des excrรฉtas humains dans de mauvaises conditions provoque la contamination des eaux de surface, des eaux souterraines et du sol, suscitant des problรจmes sanitaires qui, dans les pays en voie de dรฉveloppement, concernent presque tous les รชtres vivants (OMS, 1976). Les maladies liรฉes ร lโeau affectent en grande partie les enfants, par le fait quโils sont souvent en contact avec les eaux usรฉes et les ordures. Dans les rues, ils pratiquent diffรฉrentes sortes de jeux (football, la billeโฆ) (Photo 7). Ils rentrent chez eux avec les mains remplies de sable ou de saletรฉ. Et leurs parents ne prennent pas la peine de veiller ร ce que les enfants se lavant bien les mains avant de manger ou boire. C’est ce qui explique peut-รชtre la frรฉquence des maladies diarrhรฉiques, des dermatoses et des parasitoses intestinales dans la commune. Ainsi, selon les mรฉnages, la cohabitation avec les eaux usรฉes peut รชtre ร lโorigine de plusieurs maladies : paludisme, diarrhรฉe, cholรฉra, dermatose, etc. (Figure 18). Le paludisme, cholรฉra et les diarrhรฉes constituent les principales causent de morbiditรฉ chez les enfants. Malgrรฉ les campagnes de sensibilisation et les dons de moustiquaires, le paludisme reste encore la maladie qui sรฉvit le plus dans les pays en dรฉveloppement. Dโaprรจs les rรฉponses obtenues auprรจs des mรฉnages, le paludisme est la maladie la plus frรฉquente avec 64,4%. En effet, la prรฉsence quasi permanente des eaux stagnantes dans certains quartiers, le dรฉversement des eaux usรฉes dans le sol ainsi que la rรฉcurrence des inondations favorisent la prolifรฉration des moustiques. De ce fait, toutes les populations de la commune sont exposรฉes aux piqรปres moustiques. Cette situation peut affecter mรชme les quartiers adjacents. La diarrhรฉe et le cholรฉra constituent รฉgalement les maladies les plus frรฉquentes. Elles reprรฉsentent respectivement 24,6% et 30,9% des rรฉponses. Dโaprรจs les mรฉnages la frรฉquence de ces maladies essentiellement due ร la prรฉcaritรฉ du cadre de vie, le manque dโhygiรจne individuel et collectif. Cependant, il faut souligner que ces maladies touchent plus les populations dรฉmunies. En dehors de ces trois maladies citรฉes prรฉcรฉdemment, dโautres maladies ont รฉtรฉ dรฉclarรฉes par les populations. Il sโagit entre autres des maladies dermatoses avec 14,4%. Ces derniรจres sont plus frรฉquentes en pรฉriode hivernage et touchent gรฉnรฉralement les enfants. Et, dโautres maladies (4,2%) telles que la tuberculose, le rhumatisme qui sont faiblement รฉvoquรฉes. Toutefois, la construction de systรจmes dโรฉvacuation performante peut contribuer ร amรฉliorer le cadre de vie des populations et ร lutter de maniรจre efficace la propagation de ces maladies hydriques.
Programme dรฉcennal de Lutte contre les Inondations (2012-2022)
ย ย Depuis le retour des prรฉcipitations ร la normale, les zones pรฉriurbaines ont toujours รฉtรฉ confrontรฉes ร des inondations rรฉcurrentes qui nโont cessรฉ dโimpacter nรฉgativement les conditions de vie des populations. Cโest dans ce contexte quโen 2012 lโEtat a dรฉfini un programme dรฉcennal de lutte contre des inondations (PDLI) dโun montant de 750 milliards de FCFA par le biais de lโONAS pour la pรฉriode 2012-2022. Le PDLI vise ร prรฉserver les vies humaines, ร rรฉduire les incidences nรฉgatives aux plans รฉconomique et environnemental. Il sโarticule autour de trois volets essentiels :
โข Lโamรฉnagement du territoire
โข La restructuration urbaine
โข Le relogement et la gestion des eaux pluviales.
Le PDLI a permis la rรฉalisation plus de 65.000 ml de rรฉseaux de drainage, plus dโune dizaine de stations de pompage et plus dโune vingtaine de bassins de rรฉtention notamment ร GrandYoff, Dalifort, Diamaguรฉne Sicap Mbao, Guinaw rails Sud, etc. (https://www.onas.sn/). Un certain nombre dโouvrages ont รฉtรฉ rรฉalisรฉs ร Diamaguรฉne Sicap Mbao dans le cadre duย Programme dรฉcennal de lutte contre les inondations, en vue de rรฉduire lโimpact nรฉgatif des inondations. Des bassins, des stations de pompages et de relรจvement ont รฉtรฉ construits. Les ouvrages mis en place sont รฉquipรฉs de pompes et รฉlectropompes dโune grande capacitรฉ que sont :
โข La station de Sam-Sam avec ses deux pompes de 500m3 /h, dont les eaux sont pompรฉes ร partir de la dรฉpression de Sam-Sam et qui refoule vers la station de Gouy Saapot ;
โข La station de Gouy Saapot avec ses deux pompes dโune capacitรฉ de 700m3 /h, qui dรฉverse vers lโocรฉan.
Chaque jour des opรฉrations de pompages sont effectuรฉes ร la station de Sam Sam de 9h ร 14h au niveau de la dรฉpression de Sam Sam en vue de rabattre le niveau de nappe mรชme en pรฉriode sรจche. Ces ouvrages dโassainissement lancรฉs depuis 2013 ont eu un impact positif notable. Toutefois, ils nโont pas permis dโรฉradiquer totalement le phรฉnomรจne des inondations dans la commune.
|
Table des matiรจres
INTRODUCTION
I. PROBLEMATIQUE
1. Contexte dโรฉtude
2. Justification
4. Objectif gรฉnรฉral
5. Objectifs spรฉcifiques
6. Hypothรจses
II. DEFINITION DES CONCEPTS
III. METHODOLOGIE
1. Recherche documentaire
2. Collectes de donnรฉes
โข Les enquรชtes quantitatives
3. Traitement des donnรฉes
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DE LA COMMUNE DโARRONDISSEMENT DE DIAMAGUENE SICAP-MBAO
CHAPITRE I : PRESENTATION PHYSIQUE DE LA ZONE
I. Situation et limites territoriales
II. Cadre physique
II.1 La gรฉologie
II.1.1 Le quaternaire
II.2 Le relief
II.3 La pรฉdologie
II.3.1 Les sols hydromorphes
II.3.2 Les sols ferrugineux tropicaux non lessivรฉs
II.4 Hydrologie
II.5 Hydrogรฉologie
III. Analyse des paramรจtres climatiques
III.1 Le climat
III.2 Les tempรฉratures
III.3 Insolation
III.4 Humiditรฉ relative
III.5 รvaporation
III.6 Analyse des prรฉcipitations
III.6.1 Variabilitรฉ interannuelle de la pluviomรฉtrie
III.6.2 Distribution inter-mensuelle de la pluviomรฉtrie
CHAPITRE II : CADRE HUMAIN
I. Aspects socio-dรฉmographiques
I.1 Historique du peuplement
I.2 รvolution dรฉmographique
I.3 La structure par รขge
I.4 Habitat
I.4.1 Habitats spontanรฉs irrรฉguliers
I.4.2 Habitats spontanรฉs rรฉguliers
I.4.3 Habitats planifiรฉs
I.5 Statut dโoccupation
2. Les infrastructures et รฉquipements
Carte 8 : Les infrastructures et รฉquipements de Diamaguene Sicap Mbao
DEUXIEME PARTIE :GESTION DES EAUX USEES DOMESTIQUES ET PLUVIALES A DIAMAGUรNE SICAP MBAO
CHAPITRE III : GESTION DES EAUX USEES DOMESTIQUES ET PLUVIALES
I. Etat des lieux de lโassainissement de la commune
I.1 Modes dโรฉvacuation des eaux usรฉes domestiques
I.1.1 Modes dโรฉvacuation des eaux mรฉnagรจres
I.1.2 Modes dโรฉvacuation des eaux de vannes
I.2 Frรฉquence des vidanges
I.3 Modes dโรฉvacuation des eaux pluviales
II. Modes dโรฉvacuation des ordures mรฉnagรจres
CHAPITRE IV : LES CONTRAINTES DE LโASSAINISSEMENT DE LA ZONE DโETUDE
I. Les facteurs naturels
I.1 La gรฉomorphologie
I.2 Les facteurs Climatiques
I.3 La remontรฉe de la nappe phrรฉatique
II. Les facteurs anthropiques
II.1 Le poids dรฉmographique
II.2 Lโoccupation anarchique de lโespace
II.3 Le manque de rรฉseau assainissement
II.4 Comportement des populations
TROISIEME PARTIE :IMPACTS DES EAUX USEES SUR LE CADRE DE VIE DES POPULATIONS ET LโANALYSE DE LโINTERVENTION DES ACTEURS DE LโASSAINISSEMENT
CHAPITRE V : IMPACTS DES EFFLUENTS SUR LE CADRE DE VIE DES POPULATIONS
I. Impacts environnementaux
I.1 Pollution de la nappe
I.2 Lโinsalubritรฉ dans les quartiers
I.3 Dรฉgradation du cadre de vie
I.4 Impacts du dรฉficit dโassainissement dans le milieu marin
II. Risques sanitaires
III. Consรฉquences socio-รฉconomiques
CHAPITRE VI : LES STRATEGIES DโAMELIORATION DU SECTEUR DE LโASSAINISSEMENT
I. Stratรฉgies initiรฉes par lโรฉtat du รtat du Sรฉnรฉgal
I.1 Le Programme dโassainissement des quartiers pรฉriurbains de Dakar (2002-2007)
I.2 Le programme eau potable et assainissement du millรฉnaire (2005-2015)
I.3 Programme de Structuration du Marchรฉ des Boues de Vidange (PSMBV)
I.4 Projet de gestion des eaux pluviales et dโadaptation au changement climatique (2012-2019)
I.5 Programme dรฉcennal de Lutte contre les Inondations (2012-2022)
II. Les Organisations Non Gouvernemental (ONG)
III. La municipalitรฉ
IV. Les stratรฉgies adaptation des populations
CONCLUSION
Tรฉlรฉcharger le rapport complet