La stratégie est un concept issu du domaine militaire, de la guerre plus précisément. Sa définition d’origine renvoie alors à une démarche raisonnée qui tient compte de l’environnement et des moyens disponibles, en vue d’obtenir la victoire ; inspirant des auteurs qui ont écrit sur le sujet, à savoir Sun TZU ou encore Carl Von CLAUSEWITZ. Dans le domaine des Sciences de l’Information et de la Communication (SIC), sciences récentes (1974) et en train de se construire, la stratégie présente des typologies. Les SIC préconisent donc une typologie des stratégies en fonction des dimensions temporelles, du domaine et du secteur d’application; il y a également la distinction entre stratégie générale et stratégie spécifique.
En communication, la victoire s’assimile à une « communication efficace », un terme qui vient d’Alex MUCCHIELLI, la référence incontournable en SIC. C’est dans l’optique d’atteindre cette communication efficace, dans le cadre d’une Action De Communication, que le Modèle SEDIAC ou Stratégie d’Elaboration d’une Action De Communication a été mis au point par Elisa RAFITOSON. D’après sa définition d’origine, le Modèle SEDIAC est « un outil scientifique destiné aux étudiants avancés, enseignants-chercheurs et professionnels concernés, en vue de leur permettre de réaliser une Action De Communication ». L’Action De Communication en question est un « ensemble organisé d’Interactions, dont la conception et la diffusion reposent sur les principaux référents théoriques des SIC ».
LE MODELE SEDIAC
DETERMINATION DES ENJEUX
La détermination des enjeux est la première étape du modèle SEDIAC. L’enjeu est par définition, ce qui est à perdre ou à gagner dans une situation donnée, c’est à-dire qu’il faut identifier et prendre en compte les risques que nous courons quand nous entreprenons une Action De Communication. En ce sens, l’enjeu renvoie à « ce qui est en jeu ». De par ce jeu, qualifié de communicationnel dans ce contexte, il faut se référer à Eric BERNE, plus particulièrement à son ouvrage intitulé « Des jeux et des hommes ».
La détermination des enjeux est ainsi la base du SEDIAC car c’est en fonction de cette première étape que sera définie la stratégie de communication, pour ensuite aboutir à une Action De Communication.
Distinction entre enjeux symboliques et enjeux opératoires
En fonction du paramètre de matérialité, il peut y avoir deux sortes d’enjeux.
Les enjeux opératoires : Les enjeux en question renvoient à des enjeux visibles et palpables. Il s’agit donc ici des enjeux concrets. Par exemple, la fluidité du trafic urbain.
Les enjeux symboliques : Les enjeux symboliques renvoient à la notion d’image. Ces enjeux sont donc d’ordre immatériel, c’est-à-dire qu’ils ne sont ni visibles, ni palpables. A part cela, ils renvoient également à la diffusion d’une image positive d’une personne ou d’un organisme.
Les différents types d’enjeux
En fonction de la situation de communication, nous pouvons avoir affaire à différents types d’enjeux.
Les enjeux identitaires :
Ces enjeux font intégralement partie des enjeux symboliques. En effet, ils renvoient au moment où l’image de soi est engagée. Il s’agit également de défendre son statut ou sa place dans une situation donnée. A cet effet, le but est de réduire le plus possible les écarts et les dissonances entre « l’image perçue » et « l’image voulue », sans pour autant négliger « l’image vraie ».
Pour le cas de la Commune Urbaine d’Antananarivo, ces enjeux seraient axés sur la crédibilité de l’équipe de Lalao RAVALOMANANA. En d’autres termes, ils se porteront sur le respect des engagements et des promesses faits par l’actuelle occupante de la Mairie d’Antananarivo, lors de sa propagande durant les élections municipales. Le slogan même de la CUA : « Tanà, ville moderne et agréable » entre en jeu. Il est incontestable que par ces temps de crise, la Commune s’efforce de redorer son image auprès des Tananariviens ; une épreuve qui mettra aussi en jeu les compétences de la CUA à gérer la Ville des Mille. Ainsi, la CUA veut gagner la reconnaissance des Tananariviens, et peut-être même au-delà des frontières de la Capitale.
Les enjeux relationnels :
Nous sommes confrontés ici aux différents types de relation qui existent entre les acteurs de la communication. Comme Dell Hymes l’a cité dans le modèle SPEAKING, il existe deux types de relation : les relations égalitaires et les relations hiérarchisées.
La Maire de la Commune Urbaine d’Antananarivo a voulu ainsi instaurer une relation hiérarchisée (verticale descendante) entre sa propre personne (et l’équipe qu’elle dirige) et les Tananariviens. Pour être plus explicite, cette relation s’est voulue être basée sur une relation entre une mère et ses enfants, d’où le nom de guerre « NENY ». En ce sens, une mère est l’un des piliers d’une famille; elle se doit d’éduquer, de protéger et de défendre ses enfants. Ainsi, Lalao RAVALOMANANA s’est voulue être la mère des Tananariviens, la personne qui allait améliorer la vie de ses « enfants » et qui ne doit pas décevoir ces derniers.
Les enjeux territoriaux :
Les enjeux territoriaux renvoient au fait de protéger, de défendre l’espace physique et psychique de soi, en instaurant une certaine distance avec autrui. A cet effet, il faut se référer aux travaux d’Edouard T. Hall sur la proxémie.
Les communications émanant de la CUA ciblent donc, principalement, les Tananariviens, de la même manière qu’elles sont axées sur la vie de la Ville des Mille. Il y a ainsi une délimitation, de par les enjeux territoriaux. Pour le cas des problèmes liés au transport ou à d’autres sujets, la Commune Urbaine d’Antananarivo ne s’occupera guère des problèmes qui ne sont pas sous sa juridiction, qui sont hors de son territoire.
Les enjeux d’influence :
En se référant au modèle de Roman JAKOBSON, plus particulièrement à la fonction conative, nous sommes en présence d’une fonction relative à l’influence. «Influencer » revient à dire « changer l’état initial » d’un ou de plusieurs participants à la communication, afin qu’ils adhèrent à la vision, au point de vue de celui qui influence.
La Commune Urbaine d’Antananarivo veut donc servir de « modèle à suivre » pour les communes environnantes, et aussi pour les autres communes à l’échelle nationale, si ses projets de développement se concrétisent en bonne et due forme. Même si ses projets ne se concrétisent pas, la CUA voudra être considérée comme étant une commune qui ose relever des défis de grande envergure.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I : LE MODELE SEDIAC
I. DETERMINATION DES ENJEUX
II. DETERMINATION DES OBJECTIFS
III. ANALYSE DE LA SITUATION DE COMMUNICATION
IV. CONSTRUCTION DU CADRAGE
V. ELABORATION DES COMMUNICATIONS
VI. DIFFUSION DE LA COMMUNICATION
VII. IMPACTS / EFFETS DE LA COMMUNICATION
VIII. CONFRONTATION DES RESULTATS AVEC LES OBJECTIFS
IX. RECADRAGE(S)
X. REPRISE DE CHAQUE ETAPE AVEC LES RECADRAGES EVENTUELS
PARTIE II : LA COMMUNE URBAINE D’ANTANANARIVO
I. PRESENTATION DE LA CUA
II. PROBLEMES DES TRANSPORTS AU SEIN DE LA VILLE D’ANTANANARIVO
III. LA DIRECTION DES TRANSPORTS ET DE LA MOBILITE URBAINE (TSIMBAZAZA)
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE ET WEBOGRAPHIE
LISTE DES ANNEXES